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Les médiums 4

Médiums à effets physiques

D. D. Home (1833-1886), né en Écosse, émigra en Amérique avec une tante et un oncle, dès l'âge de neuf ans. Peu après la mort de sa mère, des phénomènes d'esprits frappeurs, parmi lesquels des coups et des déplacements de meubles, se produisirent dans son voisinage. Les tentatives effectuées en vue d'exorciser «l'esprit» ayant échoué, sa tante lui demanda de partir. Il avait alors dix-sept ans. Il semble que Home ait été rapidement capable de maîtriser ces incidents car, dès 1851, il s'était fait un nom comme médium à effets physiques, et sa réputation se maintint jusqu'à sa mort. En 1855, il partit pour l'Angleterre et, à partir de ce moment, passa la plus grande partie de sa vie à voyager à travers l'Europe, faisant la démonstration de ses facultés.

En règle générale, la pièce dans laquelle Home opérait était bien éclairée. Les manifestations commençaient ordinairement par des coups et des mouvements de la table. Celle-ci, raconte-t-on, atteignait le stade de la lévitation les quatre pieds se décollant du sol; les instruments de musique se mettaient à jouer, les objets légers se promenaient, des mains invisibles giflaient les assistants et tiraillaient leurs vêtements. Des mains se matérialisaient parfois et il semble bien qu'on en ait vu. De temps à autre, le médium se soulevait lui-même de terre par lévitation.

L'incident le plus impressionnant est sans doute celui au cours duquel Home traversa une fenêtre ouverte, se mit à flotter au-dehors à environ douze mètres du sol et rentra par la fenêtre d'une pièce voisine, distante d'un peu moins de 2,50 mètres de la première. Parmi les personnes présentes figuraient Lord Adare (futur comte de Dunraven). le Maître de Lindsay (futur comte de Crawford) et le capitaine Wynne.

Il arrivait que Home délivrât des messages provenant soi-disant de parents et amis décédés des personnes présentes; ces messages concordaient souvent avec des faits dont il ne pouvait avoir eu normalement connaissance. On n'a jamais pu faire la preuve de supercherie dans les séances qu'il organisait.

D'un point de vue scientifique, les observations les plus intéressantes ont été faites par Sir William Crookes (1832-1919), célèbre physicien, connu surtout pour sa découverte du thallium. En matière de recherche psychique, il s'intéressa particulièrement aux médiums. Il fut président de la S.R.P. de 1896 à 1899.

Dans un article paru dans le Quartery Journal of Science de juillet 1871, Crookes décrit un appareil tout simple, de sa fabrication, destiné à expérimenter la prétendue faculté de Home de modifier le poids des objets: «Il se composait d'une planche d'acajou de 36 pouces de longueur sur 9 1/2 de largeur et 1 d'épaisseur (1 pouce 2,54 cm). À chaque bout était vissé un tasseau d'acajou d'un pouce et demi de largeur, formant les pieds. Une extrémité de la planche reposait sur une table fixe, tandis que l'autre était soutenue par une balance à ressort suspendue à un trépied ferme. La balance était équipée d'une échelle graduée enregistreuse, capable de noter le poids maximum indiqué par l'aiguille. L'appareil était installé de telle sorte que la planche d'acajou était horizontale, ses pieds reposant à plat sur le support. Dans cette position, son poids était de 3 livres (environ 1360 grammes), ainsi que l'indiquait l'aiguille de la balance.

Avant que M. Home n'entrât dans la pièce, l'appareil avait été mis en place et aucune explication ne lui avait été fournie, fût-ce sur la destination de certains de ses éléments, avant qu'il n'eût pris place ... M. Home posa légèrement son doigt à l'extrémité du bord de la planche le plus éloigné de la balance, le docteur Huggins et M. Crookes étant assis chacun à un bout pour surveiller; dans ces conditions, l'aiguille de la balance bougea à plusieurs reprises, la plus grande traction vers le bas étant de 6 livres (c'est-à-dire que l'aiguille indiquait un poids total de 9 livres). On avait particulièrement remarqué, nous dit M. Crookes, que les doigts de Home ne s'étaient à aucun moment éloignés de plus d'un pouce et demi de l'extrême bord de la planche - c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas dépassé le point d'appui - si bien qu'il était matériellement impossible que les mouvements descendants de la planche indiqués par l'aiguille eussent été provoqués par une quelconque pression des doigts. En outre, aussi bien ses mains que ses pieds étaient étroitement surveillés par tous ceux qui se trouvaient dans la pièce.»

Eusapia Palladino (1854-1918) naquit dans un petit village de la campagne italienne. Orpheline de bonne heure, elle vint travailler à Naples comme blanchisseuse. La famille dans laquelle elle vécut organisait des séances de spiritisme qui, semble-t-il, stimulèrent ses facultés psychiques. Parmi les phénomènes qu'elle provoquait, il y avait des coups frappés contre les murs, l'apparition de lumières, les vibrations d'une guitare, des déplacements d'objets, la lévitation de tables. Elle fut examinée par le docteur et criminologiste Cesare Lombroso (1836-1909) et par le physiologue français Charles Richet (1850-1935), prix Nobel. L'un comme l'autre furent convaincus de l'authenticité des phénomènes. Par contre, les expériences réalisées en Angleterre par F.W.H. Myers et d'autres laissèrent les témoins assez perplexes. En fait, il ne fait guère de doute que, lorsque les conditions étaient peu sévères, Palladino en profitait pour susciter elle-même les manifestations en trichant purement et simplement. Toutefois, les mêmes phénomènes physiques se produisaient lorsqu'elle était étroitement surveillée et apparemment dans l'impossibilité de toucher aux objets-cibles. Afin de régler la question de l'authenticité des phénomènes, la Société pour la recherche psychique désigna, en 1908, une commission chargée de procéder à des vérifications. Elle se composait dEverard Feilding, Hereward Carrington et W. W. Baggally.

Everard Feilding (1867-1936) second fils du comte de Denbigh, avait déjà examiné un certain nombre de médiums à effets physiques et convaincu plusieurs de supercherie. Hereward Carrington (1880-1958), qui naquit à Jersey mais accomplit la plus grande partie de son œuvre de parapsychologue aux États-Unis, s'était livré à des expériences semblables avec des médiums à effets physiques. C'était un magicien amateur, tout comme le troisième membre du groupe, W. W. Baggally. Celui-ci, également doté d'une grande expérience des médiums à effets physiques, en était venu à douter de l'existence de véritables phénomènes physiques. Pour sa part, Feilding partageait ce scepticisme, se demandant s'il finirait un jour par découvrir autre chose que du truquage.

Les trois hommes organisèrent onze séances expérimentales en novembre et décembre 1908 à Naples (Baggally n'assista pas aux quatre premières). La pièce servant aux expériences faisait partie de l'appartement des enquêteurs. Elle contenait une table rectangulaire, placée près d'un des angles de la pièce. Ce coin même était isolé par un rideau, de façon à former un petit cabinet. Le médium prenait place au bout de la table, le dos tourné au cabinet. D'ordinaire,  deux des enquêteurs l'encadraient, le troisième lui faisant souvent face à l'autre extrémité de la table. Il y avait habituellement, à l'intérieur du cabinet, une petite table recouverte de plusieurs objets. Le sol du cabinet était composé de carreaux étroitement cimentés l'un à l'autre. L'un des murs était fait de grosses pierres et donnait sur la rue, l'autre était mitoyen avec la chambre à coucher de Baggally. Il n'y avait ni porte ni ouverture menant au cabinet, auquel on n'accédait que par le rideau. Parfois d'autres personnes participaient aux examens, généralement des chercheurs italiens. La lumière était faible mais suffisante pour observer le médium pendant le déroulement des principaux phénomènes.

Au cours des onze séances, on enregistra un total de 470 phénomènes manifestement paranormaux. dont 305 alors que les bras et les jambes du médium étaient surveillés ou tenus par deux des membres de la commission de la S.R.P. et 144 alors que Palladino était contrôlée de la même façon par un membre de la S. R.P. et un autre enquêteur. Parmi les événements du premier groupe, dans trente-quatre cas, la table autour de laquelle se tenaient les enquêteurs et le médium se souleva complètement du sol par lévitation. Une fois, par exemple, ses quatre pieds quittèrent le sol en pleine lumière pendant que Baggally et Carrington surveillaient les mains et les jambes (ou plutôt la robe longue) du médium et que Baggally gardait la main droite posée sur ses genoux. À cinquante-neuf reprises. les rideaux se gonflèrent et bougèrent derrière le médium: vingt-huit fois, des objets enfermés dans le cabinet se déplacèrent, et l'on constata quarante et un mouvements d'objets - autres que la table - à l'extérieur de celui-ci. Par quarante-deux fois, les enquêteurs furent saisis ou touchés par une main ou quel qu’autre objet tangible. à travers le rideau ou à l'extérieur de celui-ci. C'est ainsi qu'au moment où Baggally surveillait les mains du médium et les tenait séparément dans les siennes, une autre main, apparemment matérialisée, lui saisit le bras et le toucha en d'autres endroits du corps. Baggally exclut la possibilité qu'il aurait pu être ainsi attrapé par le pied du médium ou par une autre personne présente dans la salle. Il fut «amené à conclure (aussi absurde que cela me paraisse) que la force surnaturelle qui m'avait apporté la preuve évidente de son existence à travers les phénomènes décrits ci-dessus, pouvait produire les effets d'une matière tangible et prendre la forme d'une main».

À trois reprises, ils virent effectivement une main sortir du cabinet, puis y retourner. Par cinq fois, ils aperçurent des objets semblables à des têtes qui eux aussi sortaient du cabinet et y rentraient. À la fin de l'enquête, Feilding se joignit à Carrington et à Baggally pour exprimer l'opinion que «dans une large proportion, les manifestations dont nous avons été les témoins à Naples dépassaient nettement les possibilités de toute forme imaginable de truquage». Ce qui n'empêchait pas Eusapia Palladino, quand les conditions étaient relâchées, de simuler parfois les phénomènes.

En 1909, Carrington l'emmena aux Etats-Unis et, au début de l'année suivante, une série d'expériences eurent lieu à l'université de Columbia avec la participation de membres de la faculté et d'experts des spectacles de magie. Palladino suscita des phénomènes en l'absence de tout contrôle mais, dès que celui-ci fut institué le nombre des incidents décrut. La plupart des assistants n'eurent aucunement l'impression d'avoir assisté à des phénomènes authentiques.

 

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Astral 2000 - Gérard - Juillet 2021

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