Les OVNIs, toute une histoire (2)

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La guerre des commissions

Le 23 septembre 1947, le nombre de témoignages et la qualité, souvent fort crédible, des observateurs, amènent le général Nathan Twining, alors chef de l'Air Material Command, à suggérer la création d'une commission d'étude des rapports. C'est avec la création effective, le 22 janvier 1948, du projet Sign, que les États-Unis vont inaugurer une longue liste de commissions de toutes sortes qui se termineront sur le fiasco du projet Blue Book.

Bluebook

Commission Bluebook

L'une des premières grandes affaires traitées par le Projet Sign sera celle du capitaine Thomas Mantell qui s'écrase dans le Kentucky, le 7 janvier 1948, aux commandes de son F-51 en poursuivant un phénomène qu'il ne reconnaît pas. Pour les gens de Sign, le pilote n'a pu se tuer qu'en poursuivant la planète Vénus, une hypothèse qui laissera perplexe plus d'un observateur et qui constituera une maladresse dont le gouvernement américain se fera une spécialité.

Le Projet Sign est bientôt rebaptisé et devient Projet Grudge le 11 février 1949. Tous ceux qui, au sein de Sign, pouvaient encore se targuer d'une relative objectivité, sont systématiquement écartés au profit de gens fermement convaincus que les «soucoupes volantes» n'existent pas, et ce quoi qu'il puisse leur être donné d'entendre ou de voir. Dans son livre publié en 1956, le capitaine Edward Ruppelt déclare: «Avec le changement de nom et de personnel, vint le changement d'objectif, clairement affiché, qui était de se débarrasser des ovnis. Ce ne fut jamais écrit nulle part, mais il ne fallait guère d'effort pour voir que là se situait le véritable but du Projet Grudge, Ce but inavoué transparaissait dans chaque mémorandum; rapport ou directive». Le capitaine Ruppelt savait parfaitement de quoi il parlait. En septembre 1951, il allait être nommé directeur (le dernier) de Grudge, Ruppelt, qui avait une attitude extrêmement ouverte vis-à-vis des ovnis allait être, à son corps défendant, le «ver dans le fruit». Celui par lequel les «pro-ovnis» allaient prendre leur revanche.

Edward ruppelt à gauche et le général Samford

Edward Ruppelt (à gauche) et le Général Samford

Le 7 avril 1952 voit la parution d'un article dans Life qui marquera longtemps les esprits. Franchement sympathisant de l'hypothèse extraterrestre, il sera bâti (comme on l'apprendra plus tard) autour de l'opinion exprimée officieusement par divers gradés du Pentagone. Réponse officielle de l'Office of Public Information du Pentagone : «L'article est factuel mais les conclusions de Life ne reflètent que l'opinion de la rédaction». Entre-temps, en mars 1952, Grudge avait cédé la place au Projet Blue Book, officiellement mis en place pour déterminer ce qu'étaient les ovnis et pour donner le change à un public dont l'opinion devenait pressante. Les propositions constructives allaient bon train et il semblait bien que la nouvelle orientation du Pentagone augurait des résultats intéressants, d'autant que l'astronome Allen Hynek, associé au projet en tant que consultant, découvrait que de certains de ses collègues avaient, eux-mêmes, vu des ovnis. La situation n'allait pas durer ...

En septembre 1953, Ruppelt est relevé de ses fonctions et il quitte l'Armée. En décembre de la même année, le commandement interarmées diffusait le JANAP 146, un texte qui interdisait au personnel militaire d'évoquer ses observations sous peine d'écoper de 10 ans de prison et d'une amende de 10000 $. L'étude des ovnis par les autorités américaines entre alors dans sa période la plus «noire» selon les historiens de l'ufologie. De leur côté, les civils s'organisent en associations plus ou moins sérieuses et plus ou moins efficaces et, la mondialisation du phénomène aidant, les livres commencent à fleurir.

Vague d'observations

Ce qui va durablement retenir l'attention en ce début des années 50 sera la formidable vague d'observations en Amérique du Sud et en Europe. Le poète et visionnaire Jean Cocteau note, le 9 septembre 1954 : « Les soucoupes volantes se montrent beaucoup cette semaine. Une d'elles se serait posée mardi matin dans un champ bordant la route d'Harponville-Contay (Somme). Deux ouvriers auraient assisté à son départ silencieux, en diagonale, puis à la verticale.» En fait, les quatre derniers mois de 1954 verront une augmentation importante des observations en France et en Italie qui restera unique dans les annales de l'ufologie.

Le 16 octobre, Cocteau écrit: «Hier, à la demande d'Aimé Michel, j'avais justement écrit la préface de la nouvelle édition de son livre Lueurs sur les soucoupes volantes». Puis, plus loin : «C'est le docteur Ricoux qui vient de me donner la meilleure explication des soucoupes volantes en me rappelant le bonhomme d'Ampère et le champ magnétique. Remarquant que les soucoupes se manifestent toujours par régions, il suppose que la planète ou le pays d'où elles viennent projettent une route magnétique où elles se meuvent comme le bonhomme d'Ampère et ajoutent à leur système de stabilité un gyroscope qui tourne autour de l'engin».

1954harponville yves de gillaboz a gauche et emile renard

Harponville (FR) 1954 / Yves de Gillaboz (à gauche),et Emile Renard

Lueurs sur les soucoupes volantes paraît finalement à la fin 1954, sans la préface de Jean Cocteau, et bien trop tôt pour intégrer une succession d'observations. L'ouvrage aura cependant le mérite d'arriver au cours de la «grande vague» et connaîtra un succès certain tout comme, d'ailleurs, « Les Soucoupes volantes viennent d'un autre monde » de Jimmy Guieu. Le déchainement médiatique au cours de cette année n'aura d'égal que le nombre d’observations puisque, pour le seul français, des centaines de cas seront répertoriés entre le début septembre et la fin octobre. Véritable phénomène de  société, les soucoupes résonnent cette année-là dans les colonnes des journaux qui amplifient volontiers la paranoïa ambiante. Un homme tire sur son voisin pensant qu'il s'agissait d'un martien, un maire interdit le survol de sa commune aux soucoupes volantes … Rarement depuis la panique engendrée  par la diffusion radiophonique de La Guerre des Mondes par Orson Welles, en 1938, on avait assisté à autant de fébrilité. Beaucoup d'affaires époque ont été mises sur le compte d'un phénomène de rumeur.

Il n'en demeure pas moins que l'année  1954 laissera à l'ufologie française quelques-uns ses cas les plus troublants.

Comme il serait évidemment fastidieux de les énumérer tous, nous avons donc choisi d'en illustrer un, plutôt caractéristique des observations de l'époque.

(1) - Les documents, autrefois classés top-secret pour la plupart, sont des copies d' originaux. Les seules modifications qu'ils ont pu éventuellement subir sont dues à leur mise en conformité avec les impératifs de la publication ou à la banalisation, pour les documents français, du nom des protagonistes, afin de préserver la vie privée ou le secret professionnel. Les censures au feutre noir sont le fait des organismes émetteurs. (2) DOSSIER OVNI - Marshall Cavendish

Les OVNIs, toute une histoire

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