Créer un site internet

L’acupuncture - ?? - 1

Mots-Clés:acupuncture,acuponcture,guérison,chine,Asie,médecine alternative,médecine complémentaire,Tao,Yang,Yin,méridiens,aiguille,moxa

Acupuncture 1

Depuis des millénaires, les Chinois pratiquent l'acupuncture (zhenjiu en chinois) pour soulager la douleur ou rétablir la santé. Cette manière de traiter la maladie ne s'appuie sur aucune théorie médicale connue. Pourtant, les petites aiguilles métalliques sont efficaces. Pour les Occidentaux, l'acupuncture est bien un mystère scientifique et... philosophique !

Dans des couches archéologiques datées de 4000 à 5000 ans, une équipe chinoise a retrouvé du matériel d'acupuncture - essentiellement des aiguilles - en silex, en os, en bambou et même en terre cuite. Ces vestiges établissent l'acupuncture, médecine traditionnelle du peuple chinois, comme la forme la plus ancienne de soins médicaux pratiqués par l'humanité.

Le 16 novembre 2010, l’acupuncture a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Appelée « Chén jué [ ?? ] » (coup d'aiguille) par les Chinois, son nom occidental dérive du latin « acus » (aiguille). Cette méthode thérapeutique a été introduite en France par Georges Soulié de Morant, un sinologue du début du XXème. siècle, qui a traduit en français plusieurs traités d'acupuncture, dont le célèbre « Huangdi NeiJing [ ???? ] ». Considéré comme l'ouvrage médical le plus ancien du monde, la première rédaction de ce document remonterait au XVIIIème. siècle avant notre ère. L'édition connue des médecins et des historiens est une collection de trente-quatre livres différents, qui sont autant de conversations entre l'empereur Huangti et son ministre.

Huangdi neijingHuangdi NeiJing [ ???? ]

Il ressort de la lecture du Neijing, probablement rédigé sous sa forme actuelle au III ème. siècle avant notre ère, entre la fin de la dynastie des Zhou et le début de celle des Qin, que l'acupuncture était alors largement utilisée et s'insérait dans un ensemble de pratiques médicales qui faisaient appel aux vertus des plantes, aux régimes alimentaires, aux massages ou aux exercices physiques.

En fait, dès cette époque-là, l'originalité fondamentale de la médecine orientale s'affirme. L'acupuncture n'est qu'une partie de cette médecine et vise à prévenir plutôt qu'à guérir. Un médecin chinois est toujours frappé par l'extrême spécialisation qui régit la médecine occidentale. Pour une personne imprégnée de philosophie orientale, le corps et l'âme sont indissolublement liés : l'homme s'intègre dans un univers qui l'influence par le cycle des saisons.

Cet univers est caractérisé par ses flux et ses reflux d'énergie. La pensée chinoise est commandée par la notion d'alternance: la lumière et l'obscurité, le froid et la chaleur, le sec et l'humide, le ciel et la terre, le Soleil et la Lune...

Ces oppositions sont représentées par le Yin et le Yang, deux concepts quasi intraduisibles, symbolisés par la notion - elle aussi intraduisible - de Tao (ou Dao). Grossièrement, on pourrait définir le Tao comme le « chemin » ou le « mode de vie ». Il est le plus souvent illustré par un symbole sacré, où le Yin et le Yang s'interpénètrent en s'équilibrant.

Tao 2

Yin et Yang

Ce symbole sacré (Yin-Yang) présente la synthèse de l' « oscillation universelle », la loi unique du Tao, qui fonde l'ensemble des conceptions chinoises en matière de morale, de science, de philosophie ou de religion.

Un homme qui vit selon les lois de la nature - selon ce qui est plus que selon ce qui devrait être - est un homme sain. Il est en harmonie avec le Tao. Désobéir aux lois de la nature revient à briser cette harmonie, ce qui entraîne le déséquilibre et la maladie.

Dans la médecine chinoise, la santé se résume au concept, toujours intraduisible, de Qi (ou Chi) c'est la force, ou l'énergie, vitale. Si le Qi ne coule pas doucement et harmonieusement à travers le corps, des troubles mentaux et toutes sortes de maladies se manifestent. L'homme est immergé dans la nature. Pour les Chinois, celle-ci est constituée de cinq éléments qui sont : le feu, le bois, le métal, la terre et l'eau ainsi que du Yin et du Yang, qui prédominent alternativement dans chacun d'eux.

Si le soleil est Yang, la lune est Yin. D'une manière générale et simplifiée, le Yin symbolise plutôt la réceptivité, l'élément femelle, le sombre, le caché, le doux et l'humide. Le Yang est dynamique, masculin, lumineux, dur et sec. Pour qu'un corps connaisse santé et bonheur, Yin et Yang doivent s'équilibrer en permanence. Un excès de l'un ou de l'autre provoque la maladie.

C'est le déséquilibre de l'énergie qui est exprimé par les symptômes physiques ou mentaux, tantôt dans son côté Yang, tantôt dans son aspect Yin. Mais il s'agit toujours de la même maladie. Cette notion de principe générateur unique différencie la manière même d'aborder la maladie qu'ont les Orientaux et les Occidentaux. Pour certains médecins, chinois ou européens, il est d'ailleurs quasi impossible de traduire correctement les mots chinois dans les langues occidentales. D'où la difficulté d'exporter et d'expérimenter avec succès une thérapeutique aussi subtile que l'acupuncture.

Pour les Chinois, le Qi circule dans tout le corps par un ensemble de canaux invisibles parcourant la peau. Ce sont les J?ngluò (??) les méridiens. Il existe douze paires principales de méridiens, réparties de part et d'autre du corps. Chacune correspond à peu près à un organe (poumons, gros intestin, estomac, rate-pancréas, cœur, intestin grêle, vessie, reins, péricarde : « Maître Cœur », trois foyers : « Triple Réchauffeur », vésicule biliaire, foie).

Deux paires de méridiens sont reliées à deux organes inconnus des physiologistes occidentaux : celui qui règle la circulation sanguine et celui qui maintient la chaleur du cœur et l'intensité des émotions. Il existe également deux méridiens « centraux » : le Du Mai (Vaisseau Gouverneur), qui remonte la colonne vertébrale, et le Ren Mai (Vaisseau de Conception), qui suit l'axe du corps vu de face.

Les méridiens et leurs trajets

Aux douze méridiens correspondent douze « pouls chinois » : six pouls superficiels, qui ressortent du Yang, et six pouls profonds, qui sont Yin. Ces pouls chinois permettent aux médecins de déceler, extérieurement, le mauvais fonctionnement des organes internes du corps.

Il faut une longue expérience pour les prendre et les étudier. Cette recherche se fait généralement sur les avant-bras et les poignets, par pression plus ou moins légère selon le type de pouls à prendre. La tradition veut que cette méthode d'étude date de Confucius : à l'époque, il était indécent de se déshabiller devant un médecin... Dans certains pays, cette prise de pouls est toujours pratiquée pour des raisons identiques.

Un des avantages du diagnostic d'après la consultation du pouls chinois - qui est alors estimé normal, faible, fort, « comme un fil », « pâteux », etc. - est la détection précoce de déséquilibres qui n'ont pas encore été ressentis. Le médecin peut alors intervenir avant même l'apparition des symptômes. Évidemment, un praticien sans scrupules pourrait en profiter pour procéder au traitement long et coûteux d'une maladie sans fondement réel.

Sur chaque méridien, on trouve un nombre variable de « jue » (points d'acupuncture), qui sont les lieux d'entrée et de sortie de l'énergie vitale, le Qi. En stimulant ces points avec des aiguilles, on obtient un certain effet sur l'organe qui correspond au méridien. A l'origine, les Chinois utilisaient trois cent soixante-cinq points. Au XIVème siècle, ils travaillaient avec six cent cinquante-sept points. Pour certains, on en compterait près de deux mille. La tendance moderne tend plutôt à une diminution de ces points. Leur nombre est de trois cent soixante et un, dont trois cent neuf sont bilatéraux.

Les points classiques, connus de tous les acupuncteurs, figurent sur des planches anatomiques, des mannequins ou des figurines de conception très ancienne. Pour plus de facilité, les acupuncteurs les désignent par des numéros : « vésicule 1 (V1) », « foie 4 (F4)», etc. Leurs noms chinois étaient plus poétiques et précisaient leur fonction : « Flux Soulagé », « Affaire Difficile », « Grand Éliminateur», « Fontaine Jaillissante », « Palais de l’Esprit », etc. Ces points peuvent curieusement être placés relativement loin de l'organe à traiter: par exemple, on peut soigner le foie en stimulant un point placé dans la cheville ...

Manequins

Pour « poncturer » (piquer), les acupuncteurs utilisent des aiguilles métalliques : Les aiguilles peuvent être fabriquées de différents métaux : or, argent, fer, zinc, cuivre, molybdène et cobalt, mais de nos jours, en Occident, la grande majorité sont faites d'acier inoxydable. Elles sont stériles et à usage unique, ce qui élimine tout risque de transmission de maladie. L'acier inoxydable est idéal pour l'acupuncteur, car c'est un métal résistant et flexible, qui ne rouille pas. Plusieurs aiguilles possèdent un corps en acier inoxydable et un manchon en alliage de cuivre.

AiguilleAiguille contemporaine

Anciennes aiguilles 1Anciennes aiguilles

Anciennes aiguillesAnciennes aiguilles reproduites dans le Zhenju dacheng (1601)

Ces aiguilles, dont la longueur varie de 1 à 5 centimètres, sont enfoncées directement dans la peau. La plupart du temps, ce n'est pas douloureux. Une fois l'aiguille insérée correctement, l'acupuncteur peut la laisser en place ou la manipuler pour renforcer certains effets thérapeutiques. La manipulation des aiguilles est un art sophistiqué qui exige une grande dextérité. Trois techniques de base sont utilisées couramment :

  • Liu Zhen Fa : laisser l'aiguille en place. L'aiguille demeure dans l'épiderme de 10 à 30 minutes selon l'effet recherché.
  • Ti Cha : tirer et enfoncer l'aiguille. Après avoir inséré l'aiguille, l'acupuncteur exécute un petit mouvement de va-et-vient vertical.
  • Nian Zhuan : tourner l'aiguille. Lorsque l'aiguille est à la bonne profondeur, l'acupuncteur la fait rouler par le manchon entre son pouce et son index. S'il veut tonifier le Qi, il effectuera de petits mouvements de rotation de 45o à 90o; s'il désire plutôt disperser le Qi, la rotation sera plus ample, de 180o à 360o.

Acupuncture 1

Certains acupuncteurs utilisent des moxas pour redonner de l'énergie à un organe affaibli : ces cautères en bois d'armoise sont placés au-dessus du point choisi, qu'ils doivent chauffer et non brûler. Pour les personnes qui ne supporteraient pas les aiguilles, il est possible de recourir au massage des points sensibles.

Moxa

Acu et moxaTechnique des moxas

Les résultats d'un traitement par acupuncture varient sensiblement d'un individu à l'autre. Le soulagement peut être instantané ou progressif. Certains sujets font même état de bouffées d'euphorie. Parfois, d'autres patients ressentent plus durement leurs maux après une séance d'acupuncture et ne connaissent la guérison qu'après plusieurs séances.

D'où vient le succès généralement constaté ? A vrai dire, aucune réponse satisfaisante n'existe. De l'autosuggestion ? Effet placebo ? Parfois, peut-être, mais pourquoi les animaux peuvent-ils être guéris par ces aiguilles « magiques », alors qu’ils ne sont pas conscient du pourquoi et du comment le traitement appliqué ? Des impulsions électriques déclenchées sous la peau et le long des nerfs par les aiguilles ? On a vu qu'il était possible de guérir une partie du corps en piquant une autre partie...

En fait, après des années de recherches, le mystère reste flou. Toutefois, une étude menée par une équipe de neuroscientifiques américains en 2010, laisse supposer que la molécule d'adénosine serait impliquée dans les résultats analgésiques obtenus par l’acupuncture sur des souris.

S'il n'y a pas de détérioration organique irréversible, l'acupuncture peut guérir de nombreux troubles fonctionnels ou psychosomatiques. Dans le cas d'allergies rebelles, de migraines persistantes, d'arthrose ou de rhumatismes chroniques, les petites aiguilles métalliques ont réussi là où les médicaments ordinaires avaient échoué.

Les exemples abondent. Tel malade qui ne pouvait plus bouger le bras gauche, pour cause de névralgie, a été guéri dès sa première séance. En chine, on a même commencé avec succès à opérer sans endormir, mais sous acupuncture anesthésiante, des appendicites ou des extractions dentaires.

Certes, il ne s'agit pas de miracles. Les Chinois expliquent cette efficacité par la notion du Qi, difficilement perceptible par un Occidental. Pourtant, même en Occident, il existe une tendance naturelle et spontanée à désigner un trouble sans gravité en termes de flux. Un malade, souffrant de douleurs diffuses dans une partie du corps, les décrit souvent comme une « ligne » qui pourrait rappeler le méridien classique de l'acupuncture. De même, chacun connaît empiriquement les endroits de son corps où une simple pression du doigt peut soulager une petite douleur.

Il va sans dire que si l'acupuncture n'était pas efficace, elle ne se serait pas transmise de génération en génération pendant plusieurs milliers d'années.

De plus en plus utilisée, l'acupuncture est, en même temps, de plus en plus étudiée. Plusieurs hypothèses viennent d'être avancées sur les principes de son efficacité. Elles nous ouvrent de nouvelles perspectives sur le fonctionnement de notre corps.

Les Chinois ont l'esprit pratique: ce qui leur importe n'est pas de prouver l'existence ou l'absence des méridiens, ce n'est pas de comprendre les principes qui régissent l'acupuncture, mais, tout simplement, de tirer parti des avantages médicaux qu'elle procure et de l'appliquer à tous les aspects possibles de la médecine des corps et des esprits.

La suite : L’acupuncture - ?? - 2

Astral 2000 - Gérard - Juillet 2019

 

4 votes. Moyenne 4.75 sur 5.

Ajouter un commentaire

 
×