Poltergeist d’Enfield -3- (UK)

Mots-Clés :Poltergeist,Enfield, Angleterre,1977,Peggy Hodson,Margaret,Janet,John,Billy,Maurice Grosse,Guy Playfair

Enfield

Controverse et scepticisme

Grosse et Playfair reconnurent que Margaret et Janet avaient parfois essayé de les duper, mais insistèrent sur le fait que cela s'était produit à de rares occasions, qu'elles avaient été rapidement démasquées et qu'elles avaient alors avoué leur supercherie. A vrai dire, ils jugèrent que cela n'aurait pas été normal si les enfants n'avaient pas essayé de copier ce qui se passait autour d'eux. Janet avoua quelque temps plus tard qu'ils avaient triché «environ deux pour cent du temps».

La famille et les voisins directs pensaient que le phénomène était réel. Ceux qui connaissaient Peggy Hodgson n'avaient aucun doute sur son intégrité personnelle. Cependant, certains témoins se manifestèrent pour contester la véracité des faits (mais souvent après avoir effectué seulement quelques visites et, dans certains cas, sans avoir pris la peine de se rendre sur place).

Le traitement médiatique était de toute évidence superficiel et sensationnaliste, avec des titres tels que "Enigme : des fantômes sèment la terreur dans une famille!","Des chasseurs de fantômes affrontent le mystère des enfants possédés ou manipulés" et "Phantom Fred est une puissance terrifiante!" (accompagnée d'une image spectrale de Playfair).

''This House is Haunted'' fut publié en 1980. Ce livre fut l'objet d'une critique emplie de scepticisme de la part d'Anita Gregory, membre de la SPR et investigatrice, qui se rendit en décembre 1977 à Enfield en compagnie de John Beloff. Tous deux affirmèrent que les filles aimaient faire du théâtre; Gregory déclara que, selon les propos de John Burcombe, Janet avait trouvé par elle-même le truc pour s'exprimer d'une voix grave et qu'elle aimait surprendre toute personne étrangère.

Gregory assura également que, d'après les dires de Peggy Nottingham, tout ce qui se passait alors était "pure absurdité" et "était entretenu par les enquêteurs". Suite aux réactions de Grosse, Gregory réitéra ses soupçons quant à la paranormalité des voix produites par les filles, ainsi que sa conviction selon laquelle le livre de Playfair était trop fragmentaire, peu systématique, imprécis, ambigu et confus et ne pouvait donc pas être considéré comme une contribution à la recherche.

Melvyn Harris, une auteure de livres de démystification,  analysa les photographies de « This House is Haunted » : elle en conclut qu'elles présentaient les filles comme étant les instigatrices des "troubles virulents" et réfuta avec force qu'ils puissent être considérés comme des événements paranormaux.

Janet4En réponse, Playfair justifia son point de vue en faveur des  photos. Selon lui, sur la séquence de torsion des rideaux, [Harris] suggère que le rideau "a simplement été heurté par les couvertures et draps du lit, ce qui l'a fait tomber du rebord de la fenêtre". Il n'explique pas comment le rideau se déplace ensuite dans la pièce, comme on peut clairement le voir sur la première photo, au lieu de se diriger vers la fenêtre, comme on pourrait s'y attendre. Il n'explique pas non plus comment le rideau se déplace vers la droite, dans le sens opposé à celui des couvertures et des draps, puis s’enroule dans une spirale serrée. Dans la séquence des oreillers, il n'explique pas comment l'oreiller qui se trouvait à la tête du lit, se plie en deux, suspendu dans les airs, puis change de direction, un mouvement qu'il fait clairement. Si Rose avait jeté les deux oreillers (d'une main), ils auraient probablement suivi la même trajectoire et atterri ensemble, ce qu'ils ne font pas. "De tels mouvements", dit-il, "correspondent sûrement à ceux que l'on retrouve dans des événements quotidiens et ordinaires. Pas dans le monde où je vis".

Dans une réponse ultérieure adressée à Gregory, Grosse se défendit contre les critiques qu'elle avait formulées et souligna qu'elle avait concédé que l'affaire incluait de bonnes preuves et de bons témoignages; sur ce, Grégory réagit à son tour en exprimant encore plus de critiques, notamment des griefs quant au manque de séquences vidéo probantes …

Grosse et Playfair publièrent d'autres réflexions quelques années plus tard, en 1988. Ils attirèrent l'attention sur le grand nombre de témoignages écrits et oraux. Ils décrivirent en détail les problèmes constants et anormaux que les professionnels et eux-mêmes avaient rencontrés avec les équipements d’enregistrement audio et vidéo lorsqu’ils essayaient de recueillir des preuves. Ils déplorèrent le manque d'objectivité  de certains médias, en dénonçant les «nombreuses inexactitudes, distorsions, demi-vérités et mensonges flagrants sur l'affaire Enfield qui s'étaient infiltrés au fil des ans dans des articles de presse ainsi que dans des émissions radiophoniques et télévisées». Ils révélèrent également que certains journalistes avaient tenté sans succès de corrompre la voisine, Mme Nottingham, en lui proposant 1000 £ si elle déclarait que tous les événements constituaient  «un tissu de mensonges». (sa famille et elle-même firent par la suite des déclarations signées, réfutant ainsi que ces allégations soient fausses).

En 2012, Janet apparut dans l'émission de télévision This Morning avec Playfair et Deborah Hyde, rédactrice en chef du magazine «The Skeptic». Les critiques formulées par Hyde sur la version des faits avancée par Mary Rose Barrington donnèrent lieu à une correspondance entre les deux parties, reprise dans une édition ultérieure du magazine. Alan Murdie, avocat et membre du conseil de la SPR, est revenu sur le sujet dans un article ultérieur du magazine, dans lequel il affirmait que Hyde avait laissé passer une occasion de poser des questions détaillées, préférant parler plutôt en termes de généralisation.

Enfield lego 1Vers la fin de sa vie, Grosse était très occupé à défendre son enquête sur les événements d'Enfield, à rédiger des articles pour un grand nombre de publications et à prendre la parole lors de conférences. En 1995, il participa à une édition du programme télévisé populaire ITV Strange but True en compagnie du présentateur Michael Aspel. Deux ans plus tard, après avoir été attaqué par le psychologue Nicholas Humphries dans l'émission Is There Anybody There de Channel 4 , il  apparut dans le programme Droit de réponse afin de donner sa version des événements.

Un différend éclata en 1992 au sujet de la série télévisée Ghostwatch de la BBC, inspirée de certains aspects de l’affaire Enfield; cela se termina par un arrangement à l'amiable sous la forme d'une compensation financière en faveur de Playfair. En 1998, Grosse intenta une action en justice contre le comédien David Baddiel car ce dernier avait donné le nom de Grosse à un personnage de son roman Time for Bed, un enquêteur psychique qui s'enfuit avec une femme mariée. Baddiel dut procéder à un versement à la suite d'un règlement  à l'amiable; les fonds ainsi obtenus furent octroyés à des oeuvres de bienfaisance.

Grosse intervint également dans un documentaire français L’Odyssée de l’étrange (1995). Il fut interviewé par une société cinématographique japonaise en 1996, date à laquelle Terry Wilkins, fils de l'ancien occupant de la maison Enfield et de l'entité putative "Bill Wilkins", confirma que son père était décédé dans la maison, de nombreuses années auparavant, lors de circonstances que la voix de Janet avait décrites.

Playfair resta un chercheur actif, un auteur et un membre du conseil de la SPR. Il continua de défendre vigoureusement la légitimité de l'enquête et les revendications de paranormalité. En 2007, il prit le Times à partie pour avoir formulé des commentaires infondés sur ces événements. Playfair souligna également le soutien témoigné par la communauté universitaire quant à ses comparaisons qu'il avait établies entre certaines caractéristiques de cette affaire et celles du syndrome dit de la Tourette.

La suite ici : Poltergeist d'Enfield -4- (UK)

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