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Le Triangle des Bermudes 2

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Démystifications

Certains n'hésitent pas à avancer que le Triangle des Bermudes est un des plus grands mystères de tous les temps. Il se passerait dans cette région de bien étranges phénomènes que la science moderne n'est pas encore en mesure d'expliquer. Qu'en est-il exactement?

En premier lieu, le nombre des disparitions est loin d'être aussi important que certains le prétendent. Sur 150000 bateaux qui traversent cette zone chaque année, 10 000 seulement envoient des messages de détresse et 100 font naufrage. La proportion n'est donc que de 0,07 %.

Ouragans, tempêtes et trombes marines expliquent une bonne partie de ces disparitions. A ces phénomènes naturels, que l'on rencontre dans toutes les mers du monde, il faut ajouter l'influence du Gulf Stream, assez forte dans ces régions pour emporter un navire loin de sa route initiale ou pour disperser une épave en peu de temps.

Bermudes, le triangle maudit - Thalassa (reportage complet)

Examinons maintenant les cas les plus connus sans tenir compte de l'ordre chronologique. Le Bella est un navire britannique qui aurait disparu en 1854 entre Rio de Janeiro et la Jamaïque. Déséquilibré par un trop lourd chargement, il aurait chaviré. Toutefois, Alan Landsberg se demande pourquoi cela se produisit exactement au moment où il entrait dans le Triangle fatal.

En fait, le Bella n'a jamais existé. Un bateau de ce nom a bien été construit à Liverpool en 1852, mais il n'a jamais fait naufrage. Seul un navire associé à l'affaire de l'héritage de Richard Tichborne pourrait correspondre. Or, ce dernier n'a jamais été perdu : son épave fut retrouvée six jours après le départ de Rio. Ce qui implique que, même dans les meilleures conditions, le Bella ne pouvait se trouver à moins de 3 200 km du Triangle des Bermudes au moment de la catastrophe !

Le trois-mâts allemand Freya aurait subi un sort semblable. Il aurait quitté Manzanillo, à Cuba, en 1902 et aurait été retrouvé abandonné de son équipage dans le Triangle. Tout semblait indiquer qu'il avait été pris dans une violente tempête, alors qu'aucune n'avait été signalée. Il faut rappeler cependant l'existence d'une forte activité volcanique dans cette région. Toutefois, cette dernière précision importe finalement peu, puisque tout le reste est presque entièrement faux ! Ce n'est pas dans le Triangle des Bermudes, mais dans le Pacifique, que l'on retrouva le bateau abandonné. Quant au port de départ, ce n'était pas Manzanillo de Cuba, mais Manzanillo du Mexique ...

Le Bella et le Freya ne devinrent des « bateaux-mystère » que lorsque l'on commença à parler du Triangle des Bermudes. Quant au Lotta, au Viego et au Maramon, ou Miramonde, impossible d'en retrouver la trace. Ont-ils seulement jamais existé?

Au XIXème siècle et au début du XXème, les bateaux n'étant pas encore équipés de radio, l'endroit exact du naufrage était difficile à localiser. Prenons le cas de l’Atalante (et non pas Atlanta, comme certains l'appellent à tort) : la traversée des Bermudes ne constituait qu'une petite partie (800 km) du long voyage de 4800 km que le navire aurait dû effectuer. Rien ne permet donc d'affirmer qu'il fit naufrage dans la zone fatale. En revanche, nous savons que l'équipage, constitué en grande partie d'élèves officiers, manquait d'expérience pour faire face aux tempêtes qu'il rencontra sur sa route.

Le Cyclops. un des premiers bateaux munis d'un équipement radio, eut lui aussi à affronter des vents violents atteignant jusqu'à 135 km/h. Déséquilibré par un chargement de charbon trop important, il a vraisemblablement chaviré et coulé en quelques instants.

Quant au cargo japonais Raifuku Maru, qui aurait disparu en 1925 après avoir envoyé un étrange message, tout s'explique en fait simplement. Le message original était : « Now very danger. Come quick ! » (Danger imminent. Venez vite!) Mais, à cause d'interférences électriques, l' Homeric, un paquebot de la compagnie White Star, reçut le « mystérieux » message mentionné précédemment (Danger poignard. Au secours ! vite !). Il arriva sur les lieux pour voir le Raifuku Maru sombrer au milieu d'une mer déchaînée.

Dans le cas du Sandra, seuls le nom et la nationalité sont exacts : il ne mesurait pas 106 m de long, mais 185 m ; son équipage n'était pas composé de 28 hommes, mais de 11 ; et la catastrophe eut lieu non pas en juin 1950, mais en avril. Quant au ciel, il ne devait certes rien avoir de clément sous l'ouragan qui souffla à cette époque !

Tempêtes et autres mauvaises conditions météorologiques expliquent d'ailleurs de nombreux autres cas de disparitions mystérieuses : celles de l'Anglo Australian en 1938, du yacht Connemara IV en 1955 et du Revonoc en 1958, par exemple. On pourrait en citer d'autres. Comme Charles Berlitz le dit lui-même : « Lorsque l'on sait ce qu'est devenu un navire, le mystère cesse ... »

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C'est avec les disparitions d'avions que le Triangle des Bermudes acquit une réputation internationale, et tout particulièrement avec celle de cinq bombardiers de la marine américaine.

Examinons tout d'abord le cas du Star Tiger et du Douglas DC-3, disparus tous deux en 1948, le premier le 30 janvier, le second le 28 décembre.

C'est à la fin du vol qu'il effectuait des Açores aux Bermudes que l'on perdit la trace du Star Tiger, un Tudor IV britannique. Peu avant, le pilote aurait demandé des indications sur sa position exacte. Son dernier message n'a jamais été, comme on l'a prétendu : « Conditions météo excellentes. Arriverons à l'heure prévue ». La situation était loin d'être aussi idéale. Nuages bas, vents violents avaient gêné le pilote pendant tout le vol. Il était en retard sur l'horaire prévu et avait été obligé de réduire la marge de sécurité de carburant supplémentaire.

Est-ce par hasard si l'avion disparut au moment le plus critique du vol? Il lui était impossible de rejoindre un autre aéroport que celui de la Grande Bermude faute de carburant. D'autre part, il ne pouvait voler à plus de 600 m d'altitude à cause des vents. Dans de telles conditions, un simple incident, une panne de moteur, par exemple, a pu avoir des conséquences catastrophiques.

Pour créer le « cas mystérieux », certains auteurs n'hésitent pas à commettre des omissions ou à déformer sciemment les faits. C'est très net dans le cas du Douglas DC-3. Avec 27 passagers à bord, l'avion avait quitté San Juan, Porto Rico, à destination de Miami. Le capitaine Robert Linquist aurait signalé qu'il n'était plus qu'à 80 km de Miami et qu'il apercevait déjà les lumières de la ville. La tour de contrôle lui ayant transmis les instructions pour l'atterrissage ne reçut jamais de réponse. Il est précisé, d'autre part, que l'avion disparut près de la côte, là où l'eau est peu profonde, pas plus de 6 m, et que, pourtant, on ne l'a jamais retrouvé.

Mais, en réalité, le pilote du DC-3 avait signalé auparavant que la radio était défectueuse, fait essentiel que beaucoup d'auteurs omettent de rapporter. Le silence n'indique donc pas nécessairement le moment précis de la catastrophe. Cette panne de radio explique d'autre part l'absence de message de détresse. Enfin, si le pilote signala bien sa position (80 km de Miami), il n'a jamais fait aucune allusion aux lumières de la ville. Il semblerait que certains auteurs aient ajouté ce détail pittoresque, assurant qu'elles devaient être visibles de cette distance.

Que s'est-il donc passé? Au cours du vol, le pilote avait dû faire face à un vent de nord-est. A l'approche de la Floride, la direction des vents changea. La tour de contrôle de Miami en fit part au pilote. Mais si, à cause du mauvais fonctionnement de la radio, il ne reçut jamais le message, ce qui est vraisemblable, il est possible qu'il ait manqué la péninsule de Floride et qu'il se soit engagé dans le golfe du Mexique. Or, dans cette zone, des endroits où l'eau est effectivement peu profonde, voisinent avec de véritables gouffres qui peuvent descendre jusqu'à 1500 m, ce que de nombreux auteurs oublient, comme par hasard, de préciser. Ce n'est donc pas parce que cet avion n'a jamais été retrouvé qu'il faut à tout prix faire intervenir un phénomène surnaturel.

Star tiger 1

Star Tiger

Dc 4Douglas DC-3

En revanche, le mystère semble rejoindre la science dans le cas du satellite qui tombait systématiquement en panne au-dessus des Bermudes. C'est du moins ce que déclara le professeur Wayne Meshejian il y a quelques années. La réalité est en fait plus complexe. Ce satellite emmagasinait des informations visuelles et infrarouges sur la couverture nuageuse et transmettait ces informations à la Terre. Pour des raisons pratiques, on dissocia les deux : le signal infrarouge continua à être transmis directement ; le signal visuel, quant à lui, fut enregistré sur bande magnétique pour utilisation ultérieure. Or, le satellite, par pur hasard, passa au-dessus des Bermudes juste au moment où l'on changeait la bande et où, par conséquent, aucun message visuel n'était transmis.

Citons en dernier lieu le cas de l'appareil de la compagnie Eastern Airlines que les radars auraient perdu de vue pendant dix minutes, au bout desquelles il réapparut et atterrit sans problème. C'est alors que les passagers s'aperçurent que toutes les montres retardaient de dix minutes. Cette histoire a tout simplement été inventée de toutes pièces : ni le personnel de l'aéroport de Miami ni celui de la compagnie concernée n'ont jamais entendu parler de ce vol, décidément bien mystérieux !

Des réponses… ?

Il suffit de lire les nombreux ouvrages qui traitent des disparitions mystérieuses du Triangle des Bermudes pour constater que leurs auteurs manquent trop souvent de méthode et de sérieux. Ivan T. Sanderson affirme, par exemple, que douze « zones de perturbation » encerclent le globe. Comment en est-il arrivé à cette conclusion? Tout simplement, semble-t-il, en repérant sur une carte tous les endroits où sont survenus des naufrages ou des catastrophes aériennes : si le nombre en est assez élevé, cela indique la présence d'une de ces zones, d'un « tourbillon malin » ! Que penser d'une telle méthode?

Triange monde 1La Mer du Diable, une de ces zones, se trouverait au large des côtes du Japon. Sa localisation exacte reste cependant sujette à controverse. Charles Berlitz et Vincent Gaddis la situent entre le Japon et les îles Bonin, John Godwin entre Iwo Jima et l'île Marcus, Adi Kent Thomas Jeffrey et John Wallace Spencer entre le Japon et les îles Mariannes. Enfin, selon d'autres auteurs, elle constituerait un triangle : Japon-Wake Island-Guam!

Entre 1950 et 1954, neuf cargos auraient disparu dans cette zone mystérieuse. Selon Charles Berlitz, le gouvernement japonais aurait, en 1955, chargé une équipe de savants de résoudre ce mystère. Conclusion : le navire expérimental Kaiyo Maru n° 5 disparut à son tour. En fait, il ne s'agit pas de neuf cargos, mais de neuf bateaux de pêche, de 62 à 192 T, dont on a perdu la trace entre 1949 et 1953. Quant au Kaiyo Maru n" 5, il ne disparut pas en 1955, mais en 1952. Il y avait bien des chercheurs à bord, mais ils étudiaient la naissance d'un îlot volcanique. Enfin, les autorités japonaises n'ont jamais interdit l'accès de cette zone ...

Les tentatives d'explication du mystère du Triangle des Bermudes ne manquent pas : ovnis (certainement la plus populaire), mini « trous noirs » ou passages dans d'autres dimensions.. Selon Charles Berlitz, l'Atlantide, le continent englouti serait situé au large de Bimini, dans les Bahamas. Une machine (ou une arme inconnue), dernier vestige des prouesses technologiques atlantes, fonctionnerait encore quelque part au fond de la mer et désintégrerait parfois bateaux et avions. Évidemment, il ne peut en donner la moindre preuve…

L'hypothèse d'une anomalie magnétique dans le Triangle des Bermudes semble, à première vue, reposer sur des bases plus solides. Certains font en effet remarquer que, dans cette région, l'aiguille de la boussole n'indique pas le pôle Nord magnétique, mais le pôle Nord réel. Cela n'a en fait rien de mystérieux : la science explique ce phénomène par ce qu'il est convenu d'appeler les agones. En certains endroits de la Terre, le pôle Nord réel et le pôle Nord magnétique se trouvent sur la même ligne. Ce qui est le cas au large des côtes de la Floride. Plus on s'éloigne des agones, plus la différence entre le pôle Nord réel et le pôle Nord magnétique s'accroît. Quant à l'aiguille de la boussole qui s'affole soudain, cela vient tout simplement de variations magnétiques locales. Phénomène qui s'observe ailleurs que dans la zone du Triangle. Donc, là non plus, rien de vraiment mystérieux.

Mais, voilà, le filon rapporte ! Pour créer et entretenir le « rnystère », les auteurs recourent à certaines techniques, que l'on retrouve de livre en livre. L'analogie et ses « comme si » est une des plus fréquentes. Charles Berlitz écrit, par exemple, que « souvent, on ne retrouve pas les épaves, comme si les bateaux et leurs équipages avaient été enlevés dans une autre dimension ».

La technique du « pas encore » est aussi très utilisée. « Les savants n'ont pas encore découvert la nature des forces étranges qui se manifestent dans le Triangle des Bermudes », déclare le même auteur. Ce qui implique qu'ils les étudient, donc qu'ils croient en leur existence.

Berlitz fait parfois des comparaisons véritablement absurdes. Ainsi, il commente : « On a dit que le Revonoc était entré en collision de nuit avec un cargo de grand tonnage. Ce qui est déjà impossible dans le cas de petits voiliers l'est encore plus dans le cas de disparitions de navires marchands : si un cargo renversait un cargo de même taille, cela se remarquerait ». Pour information, précisons de toute façon que le Revonoc a disparu en 1958, dans une des plus « violentes tempêtes qu'ait connues le sud de la Floride » (commentaire du New York Times).

Si Berlitz prenait la peine de s'informer avec sérieux, peut-être commettrait-il moins de grossières erreurs : ainsi, dans ‘’Le Triangle des Bermudes’’, il affirme que le Star Tiger disparut un jour de janvier 1948 après avoir envoyé le message suivant : « Conditions météo excellentes. Arriverons à l'heure prévue ». Cela n'est que pure invention. Rien de la sorte ne figure dans le rapport d'enquête, ni dans les conclusions de l'enquête publique parues dans les journaux de l'époque.

En fait, il a été établi que les conditions météorologiques étaient loin d'être excellentes. Mais, bien que cet élément capital dans la disparition du Star Tiger ait été mentionné plusieurs fois, Berlitz n'en continue pas moins à l'ignorer délibérément...

 

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Astral 2000 – Gérard – Novembre 2018

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