Créer un site internet

L’incorruptibilité des corps 3

Mots-clés : Astral 2000,incorruptibilité des corps,Bernadette Soubirous,Saint Charbel Makhlouf,Pied de sainte Thérèse d'Avila,Sainte Catherine de Bologne,Sainte Catherine de Gênes,Sainte Catherine Sienne,Sainte Catherine Labouré,Sainte Osanna Mantoue,momie de Bouriatie,Lama Itigilov,Saint André Bobola,Sainte Cécile,Saint Charbel Makhlouf,Saint François de Sales,Zofia Bosniakova,Christian Kahlbutz,Saint François Xavier

Saint francois de sales

Saint François de Sales

En dépit de la croyance qui voit dans l'incorruptibilité du corps une « faveur divine », les autorités ecclésiastiques n'en concluent pas pour autant à la sainteté du défunt. En 1977, à Espartinas, en Espagne, un caveau familial fut ouvert à l'occasion des funérailles d'un vieil homme. Quelle ne fut pas la surprise du fossoyeur et de ses aides lorsqu'ils découvrirent le corps intact d'un des fils du mort, enterré là depuis quarante ans.

Le jeune garçon, José Garcia Moreno, était mort en 1937, à l'âge de onze ans, des suites d'une méningite. Tout le village défila bientôt devant la tombe, s'émerveillant devant le petit cadavre miraculeusement préservé sous les lambeaux de vêtements qui le couvraient, et supputant que l'enfant avait dû être un saint pour recevoir une telle marque de la bienveillance divine. Une pétition fut envoyée au Vatican pour demander sa canonisation. Toutefois la Congrégation des rites considère que des phénomènes surnaturels comme les stigmates, les visions, la lévitation ou l'incorruptibilité ont moins de poids qu'une vie de piété et de vertu exemplaires.

Parfois, la nature religieuse de l'incorruptibilité est encore moins évidente. En 1644, une comtesse hongroise renommée pour sa beauté, Zofia Bosniakova, mourut à l'âge de trente-cinq ans après avoir été mariée deux fois et avoir donné naissance à un fils. Son premier mari, épousé à dix-sept ans, avait succombé un an après les noces. Le second époux, Franco Wesslenyi, diplomate réputé tout autant que duelliste invétéré, montrait une humeur bruyante et querelleuse, si bien que la comtesse fit retraite dans son château de Strecno, dans le nord de la Slovaquie, menant une vie austère et pieuse.

En 1689, lors de travaux de restauration des bâtiments, le cercueil de la châtelaine fut ouvert, révélant sa beauté toujours intacte. Si l'on en croit l'histoire locale (mais peut-on la croire, justement ?) la « Dame de Strecno », bien qu'elle n'ait point été béatifiée, reposerait aujourd'hui dans une église de Teplice, en République Tchéque, toujours revêtue d'une robe qu'elle confectionna elle-même, et toujours aussi belle après 336 ans.

Zofia bosniakova

Zofia Bosniakova

L'exemple que nous allons citer maintenant est fort curieux, car, cette fois, l'incorruptibilité n'est pas l'indice d'une vertu hors du commun, bien au contraire ! Christian Kahlbutz, un chevalier allemand, ressemblerait plutôt à l'irascible second mari de la douce comtesse Zofia.

Christian kahlbutzChristian Kahlbutz

Kahlbutz n'était certes pas dépourvu de bravoure, comme il le prouva en 1675, en défendant vaillamment sa province natale du Brandebourg contre les envahisseurs suédois. Mais il se révéla aussi un odieux tyran local, abusant notamment de ce que l'on appelait alors « le droit de cuissage seigneurial ». Et il semble, que, outre ses onze enfants légitimes, il ait engendré çà et là une nombreuse progéniture. Lorsqu'une jeune paysanne refusa ses hommages, il se vengea en tuant son fiancé. La jeune fille le fit comparaître en justice.

Il échappa néanmoins à son juste châtiment grâce à sa position sociale et au serment solennel qu'il prononça en cette circonstance : « Je jure que je ne suis pas le meurtrier. Que le Seigneur empêche mon corps de pourrir si je mens ! » Il mourut en 1702, et ce ne fut qu'en 1792, lorsque les nouveaux châtelains entreprirent de rénover la chapelle, que l'on découvrit son cadavre intact dans son cercueil. Le crime, qui ne faisait de doute dans l'esprit d'aucun de ses contemporains, se voyait ainsi confirmé d'éclatante façon.

Cette anecdote pittoresque puise probablement dans le folklore local, et son aspect édifiant est trop évident pour n'être pas fabriqué. Néanmoins, la conservation inexplicable du corps du chevalier reste un fait avéré. Pendant les Jeux olympiques de Berlin, en 1936, les visiteurs affluèrent au village de Kampehl afin de contempler le cadavre brun et racorni dans son cercueil ouvert. Toutefois, celui-ci fut rapidement recouvert d'une plaque de verre, car les curieux avaient pris la fâcheuse habitude de couvrir le linceul (également intact depuis la mise en bière) d'inscriptions d'un goût douteux.

Rappelons qu'en 1895, Rudolf Virchow, le pathologiste bien connu, avait pratiqué une autopsie et n'avait décelé aucune trace d'un embaumement antérieur. Il put de la sorte vérifier le remarquable état de conservation des tissus et des viscères. Une autre équipe scientifique berlinoise entreprit ultérieurement diverses investigations, sans pouvoir résoudre cette énigme.

Si l'on écarte l'idée d'un miracle divin, quelles sont les autres hypothèses susceptibles d'expliquer un aussi étrange phénomène que l'incorruptibilité des corps après la mort ? La première supposition qui vient à l'esprit est évidemment l'embaumement préalable du corps : celui-ci est aisément décelable et implique, en outre, dans la plupart des cas, l'ablation des viscères. Or les examens ordonnés par les autorités ecclésiastiques visaient généralement à rechercher des traces de substances employées par les embaumeurs, et l'on a trouvé fréquemment des organes internes en parfait état. L'absence de viscères n'est d'ailleurs pas une preuve d'embaumement, étant donné que les organes de certains saints ont été souvent prélevés, comme ceux de saint François-Xavier, par exemple, pour être utilisés comme des reliques sacrées ; dans ce cas, c'est seulement lors de la première exhumation que l'incorruptibilité peut être dûment établie.

Saint francois xavier

Saint François Xavier

Joan Cruz, l'auteur des Incorruptibles, distingue trois types d'incorruptibilité physique : les corps délibérément conservés (par l'embaumement ou tout autre technique), les corps préservés accidentellement, ou grâce à des causes naturelles plus ou moins bien déterminées, et, enfin, les cas d'incorruptibilité authentique, surnaturelle. Les manifestations qui relèvent de la deuxième catégorie, pour avoir des causes purement matérielles, n'en sont pas moins prodigieuses. Le père Thurston et Joan Cruz citent ainsi de nombreux lieux dont le sol, dit-on, a la vertu de préserver les cadavres qui lui sont confiés, et pas toujours par momification.

Au Chili, on découvrit en 1954, dans une grotte de montagne, le corps naturellement momifié d'un jeune garçon dont le décès remontait à cinq siècles environ. Il s'agissait sans doute d'une victime offerte en sacrifice aux divinités et que l'on abandonna à cette altitude, après l'avoir droguée, pour qu'elle gèle. On sait également que de nombreux corps humains datant de l'âge du fer ont été découverts, parfaitement conservés, dans les tourbières du Danemark, d'Irlande ou d'Écosse (on note toutefois une décoloration très accentuée, due aux processus chimiques naturels).

Des momies ...

On connaît de nombreux exemples de conservation des corps dans l'alcool, le formol, le sel, le sable ... mais aussi dans d'autres substances inattendues comme le miel, le rhum ou le guano. Mais, dans tous ces cas, on ne peut pas vraiment dire qu'il s'agisse d'une véritable incorruptibilité du corps lui-même.

Certains cimetières, ou lieux de sépulture, ont été choisis précisément en raison de leurs propriétés particulières, c'est-à-dire de conditions naturelles propres à stopper ou à ralentir le processus naturel de décomposition. Les catacombes de Palerme et de Malte sont ainsi réputées pour leurs momies naturelles, à propos desquelles un auteur du XIXème siècle notait : « Elles sont vêtues ainsi qu'elles l'étaient durant leur vie... La peau et les muscles sont aussi racornis que de la morue séchée. Aucune n'est cependant réduite à l'état de squelette, bien que certaines d'entre elles soient là depuis deux-cent-cinquante ans »

Au XVIIIème siècle, il était fort à la mode, pour l'aristocratie allemande, de se faire enterrer dans la crypte doublée de plomb de la cathédrale de Brême. Et ce, depuis que l'on y avait découvert le cadavre étonnamment bien conservé d'un ouvrier qui avait été victime d'un accident bien des années auparavant.  

La crypte de l'église Saint Michael de Dublin posséderait, semble-t-il, les mêmes propriétés. Un rapport datant de 1901 mentionne la découverte « d'un pathétique cadavre de bébé, dont les poignets dodus portaient encore les rubans blancs fanés dont on les avait parés le jour des funérailles », tandis que le cercueil portait la date 1679. La remarquable conservation des corps est sans doute due à l'extrême sécheresse de l'air ainsi qu'à l'absence de poussière, conditions également présentées par la nécropole de Kiev, où l'on peut voir un très grand nombre de corps racornis gisant dans leurs cercueils ouverts mais désormais recouverts d'une plaque de verre. On a également évoqué le rôle possible des radiations, dans le cas du chevalier brandebourgeois que nous avons cité précédemment, ou dans celui des cadavres desséchés, vieux de plus de deux-cent-cinquante ans, trouvés au château de Wasserburg-Sommersdorf, toujours en Allemagne. Bien que l'on ait effectivement détecté de faibles radiations dans les tombes du château, cette explication ne saurait être généralisée. Et surtout, elle ne peut rendre compte des corps véritablement intacts et non momifiés (pour les exemples que nous venons de citer, les cadavres étaient toujours racornis, déformés et absolument rigides). Joan Cruz fait remarquer que ces caractéristiques ne sont pas celles de la véritable incorruptibilité, qui s'accompagne toujours d'une grande souplesse et d'une remarquable fraîcheur, même après des siècles ...

A suivre ... ICI

Astral 2000 - Gérard - Décembre 2017

2 votes. Moyenne 3.50 sur 5.

Ajouter un commentaire