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Médiums 2

Espoir, Étoile et Browning

Pour les premiers membres de la Société pour la recherche psychique, la question brûlante était celle de la vie au-delà de la mort et de savoir comment obtenir une preuve concluante en faveur de (ou contre) son existence. Il parut donc naturel de décider que ces chercheurs psychiques, une fois morts, essaieraient de fournir la preuve de leur propre survie, s'ils en connaissaient une.

De l'avis de nombre de leurs collègues vivants, ils y parvinrent au moyen des correspondances croisées. La correspondance croisée, qui est le fait de deux ou plusieurs médiums, est constituée par des déclarations séparées et dépourvues de sens, se présentant parfois sous la forme de dessins, mais qui, rassemblée, composent un tout intelligible. Les correspondances croisées de la S.R.P. étaient intéressantes, non seulement parce qu'il paraissait peu probable que les rapports entre les déclarations fussent dus au pur hasard, mais encore parce que les thèmes (par exemple, des références à un ouvrage ou à un poème de la Grèce classique) débordaient largement les centres d'intérêt et la culture de certains des médiums qui les produisaient, ces thèmes étant le reflet des souvenirs, des intérêts et des qualifications professionnels des prétendus intervenants, dont plusieurs étaient des humanistes. Il semblait que les correspondances croisées fussent le signe d'un plan complexe conçu par les chercheurs défunts de la S.R.P. et difficilement explicable par la télépathie entre les vivants.

Mme Piper fut l'un des médiums des correspondances croisées. Mme Alice Fleming (1868-1948), sœur de Rudyard Kipling, connue sous le nom de Mme Holland, en était un autre. Mme Fleming avait écrit des poèmes automatiques et, en 1903, après qu'elle fut entrée en communication avec la Société pour la recherche psychique et eut lu « Human Personality and Its Survival of Bodily Death » (La personnalité humaine et sa survie à la mort physique), de F. W. H. Myers (1843- 1901), ce dernier parut commencer à écrire par son intermédiaire. Il y eut aussi des écrits automatiques dont on prétendit qu'ils avaient pour auteurs Edmund Gurney (1847-1888) et Henry Sidgwick (1838-1900) qui, comme Mycrs, comptaient parmi les fondateurs de la S.R.P. Mme Fleming vivait en Inde, ce qui rend d'autant plus improbable qu'elle pût recevoir par des voies ordinaires les informations qu'elle communiquait.

Mme A.W. Verrall(1859-1916), professeur de latin et de grec à l'université de Cambridge, appartenait elle aussi à cette catégorie de médiums. En 1901 elle commença à pratiquer l'écriture automatique, certains messages paraissant provenir de membres récemment décédés de la S.R.P. Sa fille Helen (qui deviendra Mme W. H. Salter, 1883-1959) devint à son tour un médium de la correspondance croisée. Mlle Verrall prit une part active au travail de recherche et de publication de la S.R.P., dont elle fut pendant un temps vice-présidente.

Parmi les cas de correspondances croisées, on trouve notamment celui que l'on appela «Hope, Star and Browning» (Espoir, Étoile et Browning). En janvier 1907, l'idée d'une anagramme fut suggérée dans un écrit automatique de Mme Verrall, de source non identifiée, dans lequel apparaissaient les mots « rats star tars » (ces mots, composés, ainsi qu'on l'aura remarqué, des mêmes lettres en anglais, signifient: rats, étoile, goudrons). Cinq jours plus tard, ce fut aster, mot grec signifiant étoile, qui vint sous sa plume, puis, ultérieurement, le vers: «Et tout un miracle et un désir sauvage ... Un désir ailé ... l'espoir qui quitte la terre pour le ciel. .. L'Abt Vogler pour la terre ...». Mme Verrall remit ces écrits à 1. G. Piddington ( 1869-1952), un chercheur de la S.R.P. qui travaillait sur les correspondances croisées. (Piddington fut président de la S.R.P. en 1924-1925.)

Mme Verrall et Piddington remarquèrent qu'une grande partie du matériel ressemblait fort à des citations tirées de deux poèmes de Robert Browning, dont Abt Vogler (L'abbé Vogler). En février de la même année, Piddington tenait séance avec Mme Piper, lorsque Myers parut intervenir, déclarant qu'il avait précédemment communiqué quelque chose à Mme Verrall: «J'ai fait allusion à l'espoir et à Browning. J'ai aussi parlé d'étoile». Piddington observa que, dans les écrits que lui avait remis Mme Verrall, il y avait des références aux étoiles, à l'espoir et à Browning. Non seulement le mot «espoir» était cité, mais il était comme souligné par le fait qu'il s'agissait d'une citation erronée d'un poème de Robert Browning. La citation exacte n'aurait pas dû être «l'espoir qui quitte...» mais «la passion qui quitta le sol pour se perdre dans le ciel». Une fois la séance terminée, lorsque Mme Verrall relut le texte, l'erreur la surprit: «Je savais parfaitement, quand j'ai lu le texte, que cela aurait dû être passion ... Je me demandais pourquoi cette chose idiote avait dit espoir».

Mme Verrall nota aussi qu'il y avait des allusions aux oiseaux dans son texte, à la fois dans «un désir ailé» et dans le nom de Vogler qui se rapproche du mot allemand Vogel signifiant oiseau. En fait, à l'insu de Mme Verrall, ce thème faisait déjà partie des correspondances croisées, non grâce à Mme Piper mais à Mlle Verrall. Une semaine environ avant que sa mère ait sorti le texte sur le thème de l'espoir, de l'étoile et de Browning, Mlle Verrall avait produit une œuvre automatique ornée de dessins représentant un oiseau et une étoile et comportant une allusion à des oiseaux chanteurs. Mme Verrall lui dit ensuite qu'il s'était produit un phénomène de correspondance croisée et l'encouragea à y participer. Les mots qui avaient été effectivement communiqués ne s'y trouvaient pas mentionnés, à l'exception d'une anagramme de cinq lettres qui avait figuré dans le message. Le surlendemain, elle dessina une étoile, écrivant à côté: «Cela était le signe qu'elle comprendra ... et une étoile par-dessus tout», et à la ligne suivante, «rats partout dans la ville de Hamelin...». Le texte comportait aussi une référence au «rythme qui traverse toute l'harmonie céleste» et les «trois mystiques (?)». Cela paraissait correspondre à certains vers du texte précédemment écrit par sa mère, texte dont Mlle Yerrall n'avait pas eu connaissance:  Sur la terre les sons brisés ... Dans le ciel l'arc parfait, Le C majuscule de cette vie.

Le matériel est d'autant plus intéressant que Myers était un admirateur notoire de la poésie de Browning et des thèmes idéaux qui transparaissaient à travers ses écrits.

Mme Gladys Osborne Leonard (1882- 1968) fit, tout enfant encore, l'expérience d'un autre monde dans ses visions d'une vallée heureuse, habitée par des gens élégants et radieux. Mais lorsque ses parents les lui interdirent, celles-ci s'effacèrent. Arrivée à l'âge adulte, une relation l'invita à une séance de spiritisme. D'autres suivirent et, petit à petit, elle devint médium à transe. Elle attira d'abord l'attention du public en raison des séances qu'elle tint en compagnie de Sir Oliver Lodge (1851- 1940). Lodge, qui avait été élevé à la chevalerie pour son œuvre de physicien, entreprit des expériences de télépathie dans les premières années de la S.R.P. Il s'intéressa également beaucoup à la question de la survie. En 1915, après qu'un de ses fils eut été tué au cours de la Première Guerre mondiale, il collabora à des séances avec Mme Leonard. Dans son livre intitulé Raymond, il a décrit le matériel qui le convainquit, sans doute possible, de ce que son fils continuait à vivre.

Mme Leonard tint aussi le rôle de sujet dans les «tests des livres» du révérend C. Drayton Thomas (mort en 1953), un chercheur de la S.R.P. où il était membre du Conseil. Ces expériences avaient pour but d'écarter toute possibilité de télépathie entre participants vivants présents aux séances de spiritisme. Ordinairement, les informations vérifiables transmises par des API par l'intermédiaire d'un médium sont connues de quelque personne vivante, qu'il s'agisse du consultant ou de ses amis et parents. li semble donc possible que le médium utilise ses facultés télépathiques pour puiser ses renseignements dans le cerveau de ces personnes vivantes plutôt que chez un quelconque API. Drayton Thomas pensa donc que, si le médium réussissait à obtenir des informations qu'aucun vivant ne pourrait connaître, la preuve serait faite de l'existence de la vie au-delà de la mort.

En octobre 1921, Sir William F. Barrett (1844- 1925) tint une séance de «test des livres» avec Mme Leonard. Barrett, l'un des fondateurs de la Société pour la recherche psychique, était un physicien distingué dont les recherches conduisirent, entre autres, à la mise au point du téléphone. Au cours de la séance, Myers apparut et s'adressa à Barrett par le truchement du contrôle de Mme Leonard. Barrett raconte: «Il dit qu'il y avait des livres du côté droit d'une pièce du haut de notre maison de Devonshire Place, dans laquelle ... Mme Leonard n'était jamais venue. Cette déclaration était tout à fait juste; il y a, du côté droit du salon se trouvant à l'étage, une bibliothèque pleine de livres. Le contrôle poursuivit en disant que, sur le second rayon, à quatre pieds du sol dans le quatrième livre en partant de la gauche, en haut de la page 78, se trouvaient des mots dont il (M. Fred Myers) désirait que vous les considériez comme une réponse directe de sa part à toutes les recherches que vous avez effectuées depuis sa mort. À la question de savoir s'il pouvait donner le titre du livre, la réponse fut «Non», mais qu'en passant la main sur la couverture de l'ouvrage, il avait éprouvé un sentiment de «progression». Le contrôle poursuivit: «À deux ou trois volumes de ce livre-test se trouvent un ou deux livres traitant de problèmes auxquels s'était intéressé Sir William, mais pour lesquels son intérêt s'est relâché dans les dernières années. Ils sont liés aux études de sa jeunesse et il en gardera un souvenir particulier car ils lui rappelleront son jeune temps». Je n'avais aucune idée des livres dont il était question mais, à mon retour chez moi.je découvris, exactement à la place indiquée, que le livre-test était le Middlemarch de George Eliot. Le titre figurait bien en évidence sur la couverture, la dernière partie «rnarch» comportant, comme l'avait dit le contrôle, une idée de progression. À la première ligne de la page 78 se trouvent les mots: «Oui, oui, je m'en souviens- vous verrez que je me les suis tous rappelés», citation venant singulièrement à propos, étant donné que, depuis le décès de M. Myers, j'avais consacré une grande partie de mon travail à la question de la vie au-delà de la mort et à tenter de déterminer si le désincarné gardait le souvenir de ses amis sur la terre.

Mais la clé la plus importante de ce test des livres est la phrase: «à deux ou trois volumes de ce livre-test», etc. En essuyant ces étagères, la bonne avait - ce que nous ignorions - remplacé deux des romans de George Eliot par deux volumes des œuvres du docteur Tyndall, à savoir Heat (La chaleur) et Sound (Le son) qui, à ma surprise, se trouvaient exactement à la place indiquée. Dans ma jeunesse, j'avais été, pendant quelques années, l'assistant du professeur Tyndall ; or ces livres dataient de cette époque, et les recherches et les expériences dont il y est question constituaient «les études de ma jeunesse». Un examen attentif de tous les autres rayons et volumes ne donna rien qui fût de près ou de loin en rapport avec le test donné. On ne peut donc attribuer cela au hasard et la clairvoyance à distance ne peut pas non plus expliquer la chose, car Mme Leonard ignorait tout de ma maison et de ma jeunesse, que M. Myers. lui, connaissait par contre très bien.»

Mme Winifred Coombe Tennant (1874-1956), connue sous le nom de Mme Willett, faisait elle aussi partie du groupe des médiums de la correspondance croisée de la S.R.P. Menant une vie professionnelle très remplie (elle était juge de paix et déléguée de la Grande-Bretagne à la Société des nations), elle commença à s'intéresser activement à la parapsychologie après la mort de sa fille en 1908. Elle se livra à l'écriture automatique après avoir correspondu avec Mme A. W. Verrall. Sir Oliver Lodge tint souvent des séances avec elle, mais elle travailla surtout avec Gerald W. Balfour (1853-1945). Ce dernier, qui devait devenir le second comte de Balfour, était membre du parlement et occupa divers postes gouvernementaux. Il fut président de la S.R.P. en 1906-1907. Son frère, Arthur Balfour, le premier comte de Balfour fut Premier ministre de 1902 à 1905. Lui aussi s'intéressait à la recherche psychique et avait présidé la S.R.P. en 1893.

Alors que Mme Piper et Mme Leonard recevaient leur matériel lorsqu'elles étaient en transes, par l'intermédiaire de contrôles, Mme Willett, en règle générale, restait pleinement consciente lors de ses expériences d'écriture automatique.

Une série de communications, désignées sous le nom de «cas du dimanche des Rameaux», semblèrent provenir d'une certaine Mary Lyttelton, morte le jour des Rameaux, peu de temps avant l'annonce officielle de ses fiançailles avec Arthur Balfour. Les allusions à Mary et à Balfour, dans les écrits de Mme Willett, étaient toujours cachées et le médium ne les comprenait pas. Un jour, Mme Willett écrivit: «Le May Flower - le bateau qui fit voile vers le Nouveau Monde. Mais ce n'est pas d'un bateau, mais d'une personne que je veux parler. .. Une jeune fille mince, avec une abondante chevelure qu'elle coiffe en lourdes nattes ... Qu'a-t-elle à voir avec la Chevelure de Bérénice?».

Or Mary Lyttelton était née en mai et on l'appelait May dans sa famille. Lors de la maladie qui l'avait emportée, on lui avait coupé les cheveux et une grande boucle en avait été donnée à Balfour, qui la conservait dans un écrin d'argent façonné à cette intention. Il y a une allusion à la chevelure dans le texte car De Coma Berenices (De la chevelure de Bérénice) est un poème de Catulle racontant que Bérénice se fit couper les cheveux pour les dédier dans un temple à l'heureux retour de son époux.

Arthur Balfour ne se maria jamais. Il mourut à l'âge de quatre-vingt-un ans, cinquante-cinq ans après Mary Lyttelton. Six mois avant sa mort, il se trouvait au domicile de son frère, Gerald Balfour, où Mme Willett avait été également invitée. Puis, un autre soir, Gerald emmena Mme Willett chez Arthur pour ce qui devait n'être qu'une courte visite. Arthur Balfour était allongé sur un divan et un gramophone jouait le Trio en si bémol de Beethoven. À la surprise de Gerald Balfour Mme Willett demeura plus longtemps que prévu:

«Elle ferma aussitôt les yeux et me murmura: «Cette pièce est pleine de présences» ... A. J. B. (Arthur Balfour) restait allongé sur le dos à écouter la musique ... Mme Willett se mit à me décrire à voix basse ce qu'elle voyait ou plutôt ce qu'elle ressentait mentalement - car, bien qu'elle parlât comme si elle voyait un spectre, elle m'expliqua qu'elle voyait uniquement par les yeux de l'esprit. Toute son attention se concentrait sur un personnage unique, celui d'une dame vêtue à l'ancienne mode, jeune, parée d'une épaisse et magnifique chevelure. De toute sa personne émanait une éclatante lumière; elle se tenait auprès du coussin d'A.J.B., la main posée sur son bras, abaissant sur lui un regard d'une infinie tendresse. Je dis: «Je sais de qui il s'agit», mais Mme Willett n'en tint aucun compte. Je pense que c'est à peu près à ce moment-là qu'elle dit: «Cette pièce est comme une cathédrale». Elle se plaignit du froid déclara qu'un vent glacial soufflait entre elle et moi et parut étonnée et incrédule quand je lui eus dit ne rien sentir. Elle demanda également s'il était possible qu'A.J.B. ne se rendît pas compte de la présence de la dame. Je répondis que je le pensais et qu'il était aussi imperméable et aussi peu médium que moi-même. Vers la fin du deuxième mouvement du Trio, Mme Willett remarqua qu'elle avait été quasiment en état de transe et que c'était uniquement en faisant de gros efforts qu'elle avait pu demeurer consciente.»

L'histoire de ces communications et de l'amour de Balfour pour Mary Lyttelton ne fut connue qu'en 1960, à la suite de la publication par sa sœur, Jean Balfour, d'un article sur le «Cas du dimanche des Rameaux». Précédant de trois ans cette parution, un chapitre de la même histoire avait déjà été écrit par un autre auteur. L'initiative en revint à W. H. Salter (1880-1970), membre de la S. R.P. et président de la société en 1947- 1948. En 1957, un an après la mort de Mme Willett, il écrivit au médium et écrivain Géraldine Cummins pour la prier de bien vouloir essayer d'obtenir un message de la mère, décédée, d'un certain major Coombe Tennant. Mlle Cummins ignorait qu'il s'agissait de Mme Willett. Au cours des trois années suivantes, elle rédigea une série de textes provenant, semblait-il, de Mme Willett et se référant à des épisodes de sa vie qui n'étaient connus que de sa proche famille et de ses amis intimes. Parmi ces souvenirs, plusieurs concernaient les communications de Balfour. Un des textes avait trait à une vision qu'avait eue Mme Willett au domicile de celui-ci: «Il y a plusieurs années, j'ai passé une heure étrange dans une pièce où nous étions trois. Nous écoutions de la grande musique. Tout était calme. Mais la musique ne me transportait pas. Elle peuplait la pièce de morts invisibles. Tout d'abord, je sentis, plutôt que je ne perçus, leur présence. Comme je l'ai appris depuis, j'étais en liaison avec la troisième personne du trio, la pensée profonde d'un homme vivant qui se reposait, détendu, et qui semblait à demi endormi. Et, brusquement, la présence des morts que je sentais se transforma en une apparition visible d'un autre être. Ce que je voyais ne ressemblait en rien à un fantôme. Cela avait autant de réalité que ma main - simplement une femme portant un vêtement démodé. Elle appartenait à une autre époque ... (elle était) si jolie - l'incarnation de la jeunesse - qu'elle l'éclairait littéralement de ses rayons alors qu'elle se tenait auprès de lui - les rayons d'un soleil caché en quelque sorte et qui émanaient de son corps tandis qu'elle abaissait son regard sur lui. Pour moi, l'effet était tout à fait étrange, extrahumain, bien qu'elle eût une apparence parfaitement humaine, avec une épaisse et magnifique chevelure ... J'appris plus tard que j'avais vu et décrit à mon compagnon, le deuxième du trio, une personne morte depuis plusieurs années; que ma vision était très importante pour le vieil homme qui reposait, allongé, oublieux de sa visiteuse. Cette jeune fille avait appartenu aux premières années de son âge d'homme, et il n'y en avait eu aucune autre dans sa longue existence'… Lorsque celle que vous appellerez le fantôme apparut auprès du vieillard, je me sentis glisser, fondre, disparaître dans le sommeil de la transe. Oh! J’ai toujours eu peur de ne pas me maîtriser, d'être chassée de moi-même. Cela signifiait que je pourrais devenir impropre à faire mon travail que j'aimais tant. Aussi luttai-je de toutes mes forces pour conserver la maîtrise de moi-même. Je revins à moi, mais cela signifiait que le fantôme avait disparu.»

Eileen J. Garrett (1893-1970) fut à la fois un remarquable médium et un auteur de talent qui exerça une grande influence sur la recherche et l'enseignement de la parapsychologie grâce à la Fondation de la parapsychologie qu'elle créa et dont elle assuma la présidence. Mme Garrett fit preuve de facultés psychiques dès l'enfance. Elle les développa sous la conduite de J. H. McKenzie (1869- 1929) à l'université anglaise de Science psychique. Mme Garrett était un médium à transe bien qu'elle travaillât également en état de veille. Elle persuada de nombreuses personnes qu'elle communiquait avec les morts, mais elle n'avait elle-même aucune certitude quant à l'identité de ses contrôles ou des prétendus API. Elle passa la première partie de sa vie en Irlande et en Angleterre, puis se rendit aux États-Unis, en 1931, à l'invitation de la Société américaine pour la recherche psychique. Elle participa à des expériences à l'université Duke invitée par J. B. Rhine et William McDougall (1871-1938) qui fut le premier président du Service de psychologie et qui fonda avec Rhine le Laboratoire de parapsychologie de Duke. À Duke. Mme Garrett servit de sujet dans une série d'expériences menées par J. G. Pratt, qui fit faire un grand pas à la méthodologie des tests de médiums et à l'estimation statistique de leurs réactions.

Avant de se rendre en Amérique, Mme Garrett avait présenté une série de messages se rapportant à la catastrophe du dirigeable R. 101. À plusieurs reprises, le capitaine Hinchliffe, qui avait perdu la vie au cours d'un vol transatlantique, parut s'exprimer par l'intermédiaire de Mme Garrett et prédit que le R. 101 s'écraserait. Les mises en garde se poursuivirent tandis que le dirigeable effectuait son dernier vol. Quelques heures avant le désastre, Hinchliffe déclara, lors d'une séance de spiritisme: «Les tempêtes se lèvent. Il n'y a qu'un miracle qui puisse les sauver».

Trois jours après la catastrophe, certains des membres de l'équipage du R. 101 qui avaient péri parurent se mettre à communiquer par l'intermédiaire de Mme Garrett, établissant les circonstances qui avaient préludé à l'accident. Les messages comportaient des renseignements techniques sur le dirigeable que, selon toute apparence, Mme Garrett ne pouvait connaître.

Tout comme d'autres médiums, Mme Garrett recourait fréquemment à l'association entre êtres et objets (Psychométrie) pour faciliter son approche par l'esprit d'une personne lointaine, que celle-ci fût vivante ou morte. Dans une expérience de cette sorte effectuée par le docteur Le Shan, psychologue et parapsychologue américain, on utilisa un morceau de chemise appartenant à une personne disparue sans laisser de traces. un certain docteur B. Celui-ci s'était véritablement évanoui dans la nature après avoir assisté à une conférence médicale. Au début de l'expérience, on se contenta de dire à Mme Garrett qu'il s'agissait d'un homme qui avait disparu et dont la femme, bouleversée, désirait vivement savoir où il se trouvait.

Après la première expérience (le 18 mars 1966), effectuée alors que Mme Garrett se trouvait en transes, on dut choisir un autre objet, son contrôle ayant déclaré que le tissu «... ne renferme pas grand-chose - seulement son angoisse», et on réclama quelque chose comme une pipe ou un autre accessoire que le disparu portait habituellement sur lui. Dans l'expérience suivante (le 28 mars) on se servit de son stylo, enveloppé dans un emballage.

 

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Astral 2000 - Gérard - Juillet 2021

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