Traité de Métapsychique - Charles RICHET
Traité de Métapsychique - Charles RICHET
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INTRODUCTION
Charles Richet réalisa son Traité de Métapsychique avec une grande minutie et selon des critères précis tels qu'on les rencontre dans les ouvrages scientifiques de son époque (1922).
Dans l'introduction de son livre, Ch. Richet fera, dès le départ, la distinction entre la métapsychique objective et la métapsychique subjective en les définissant comme suit :
« La métapsychique objective mentionne, classe, analyse certains phénomènes extérieurs, perceptibles à nos sens, mécaniques, physiques ou chimiques, qui ne relèvent pas des forces actuellement connues, et qui paraissent avoir un caractère intelligent ».
La métapsychique subjective (que Ch. Richet baptisa « cryptesthésie ») « étudie des phénomènes qui sont exclusivement intellectuels. Ils se caractérisent par la notion de certaines réalités que nos sensations n’ont pu nous révéler …. La métapsychique subjective est intérieure, psychique, non matérielle ; la métapsychique objective est matérielle et extérieure. »
L’AUTEUR
Charles Robert Richet (26 août 1850 à Paris - 3 décembre 1935 à Paris) est un physiologiste français, lauréat du Prix Nobel de physiologie ou médecine de 1913 pour la description de l'anaphylaxie, et président de 1920 à 1926 de la Société française d'eugénisme.
La liste des sujets d’intérêt de Charles Richet couvre pratiquement tous les domaines de la physiologie : le système nerveux et l’excitabilité musculaire, la sécrétion gastrique, la polypnée thermique et la régulation de la température, l’excrétion rénale des électrolytes et le régime déchloruré, les anémies aiguës, le choc hypovolémique et ses traitements de substitution, l’anesthésie animale et la découverte du chloralose, l’alimentation, la nutrition et la fermentation lactique, la leucocytose, la physiologie comparée allant des bactéries aux mammifères en passant par les batraciens et les crustacés. Son œuvre médicale dépasse le cadre de la physiologie avec la tuberculose qu’il essaya de soigner par sérothérapie et par l’apport de viande crue appelée zomothérapie et, bien entendu, les phénomènes psychiques dont le somnambulisme et la parapsychologie. Les conclusions auxquelles il a abouti sont pour beaucoup d’entre elles toujours admises et enseignées.
En 1905 Charles Richet fut le président de la Society for Psychical Research de Londres.
En 1891, il fonde les Annales des Sciences Psychiques qui furent reprises par l’I.M.I en 1919 sous le nom de Revue Métapsychique.
En 1929 et jusqu’à son décès en 1935, Charles Richet fut le second président de l’I.M.I à Paris.
PRINCIPAUX OUVRAGES
Œuvres scientifiques et philosophiques (Liste non exhaustive)
- Traité de métapsychique F. Alcan (Paris), 1922, réédité en 1922 et en 1994.
- Recherches expérimentales et cliniques sur la sensibilité, [Thèse de médecine présentée et soutenue à la Faculté de médecine de Paris le 23 janvier 1877,
- Structure et physiologie des circonvolutions cérébrales, Germer Baillière (Paris), 1878.
- Des propriétés chimiques et physiologiques du suc gastrique chez l'homme et chez les animaux. Suivi de Propositions données par la Faculté, G. Baillière (Paris), 1878,
- Physiologie des muscles et des nerfs, G. Baillière (Paris), 1882,
- L'homme et l'intelligence : fragments de psychologie et de physiologie, Félix Alcan (Paris), 1887,
- Essai de psychologie générale, Alcan (Paris), 1888,
- La chaleur animale, F. Alcan, 1889.
- Cours de physiologie : programme sommaire, aux bureaux des revues (Paris), 1891,
- Dans cent ans, P. Ollendorff (Paris), 1892 (2e édition),
- Exposé des travaux scientifiques de M. Charles Richet, impr. de Chamerot et Renouard (Paris), 1894,
- Physiologie, [Travaux du laboratoire de M. Charles Richet], Félix Alcan, 1895
- L'idée de l'arbitrage international est-elle une chimère ?, V. Giard et E. Brière (Paris), 1896,
- Les guerres et la paix Schleicher Frères (Paris), 1899,
- « De la résistance des canards a l'asphyxie », dans J. physiol. pathol. Gén 1, 1899.
- Exposé des travaux scientifiques de M. Charles Richet, Chameroy et Renouard (Paris), 1901,
- Le passé de la guerre et l'avenir de la paix, Société d'éditions littéraires et artistiques, Librairie Paul Ollendorff, 1907
- L'Anaphylaxie, impr. de Levé (Paris), 1911
- Les coupables, Ernest Flammarion, 1916.
- Ce que toute femme doit savoir : conférences faites à la Croix-Rouge, Alcan (Paris), 1917,
- La Sélection humaine, Félix Alcan (Paris), 1919,
- L'homme stupide, Ernest Flammarion (Paris), 1919,
- Pour la paix, Paris, G. Ficker, 1920
- Dictionnaire de Physiologie 2e Fascicule, 209-576, Alcan (Paris), 1923.
- Le savant, Hachette (Paris), 1923,
- L'intelligence et l'homme. Études de psychologie et de physiologie, Félix Alcan (Paris), 1927.
- Notre sixième sens, Aubier (Paris), 1928.
- L’Avenir et la Prémonition, Aubier (Paris), 1931
- La grande espérance, Aubier (Paris), 1933
- Souvenirs d'un physiologiste, J. Peyronnet (Joigny (Yonne)), 1933,
- Au secours!, J. Peyronnet & clet (Paris) 1935
En collaboration
- avec Joseph Reinach (1856-1921) : Manuel de l'enseignement primaire, C. Delagrave (Paris), 1888,
- avec Sully Prudhomme : Le problème des causes finales, F. Alcan (Paris), 1902,
- avec Jacques Novicow (1849-1912) et Camille Flammarion (1842-1925) : L'illusion patriotique, L’Idée libre (Conflans-Sainte-Honorine), 1925
Romans et nouvelles (sous le nom de Charles Épheyre)
- Sœur Marthe, Paul Ollendorff, Paris, 1890, Repris sous forme de livret d'opéra dans : Charles Epheyre et Octave Houdaille, Sœur Marthe, drame lyrique en 2 parties, 3 actes et 5 tableaux. Musique de Frédéric Le Rey [créé à Paris, Théâtre des Variétés (Théâtre lyrique populaire), le 1er juillet 1898], Paul Ollendorff, Paris, 1898,
- « Le microbe du Professeur Bakermann, récit des temps futurs », La Science Illustrée du no 257 (29 octobre 1892) au no 260 (19 novembre 1892).
- « Le Mirausorus », La Science Illustrée du no 271 (24 février 1893) au no 280 (8 avril 1893).
LE TRAITÉ DE MÉTAPSYCHIQUE
Livre Premier
De la métapsychique en général
- Chapitre I : Définition et classification
- Chapitre II : Y a-t-il une métapsychique ?
- Chapitre III : Historique
- Chapitre IV : Les médiums
Dans la première partie de son ouvrage, Ch. Richet forme un vœu :
Mais ce jour n’est pas encore venu, et provisoirement nous conclurons : 1° - que les faits de la métapsychique sont réels ; 2° - qu’il faut les étudier sans souci religieux, comme on étudie les autres sciences ; 3° - qu’ils semblent dirigés par des intelligences, humaines ou non humaines, dont nous ne saisissons que fragmentairement les intentions »
Livre Deuxième
De la métapsychique subjective
- Chapitre I :
- De la métapsychique subjective en général
- Des limites entre le psychique et le métapsychique
- Hasard et calcul des probabilités dans les faits métapsychiques
- Des erreurs d’observation
Dans ce chapitre, Ch. Richet émet l’hypothèse « qu’il y a dans notre intelligence des facultés de connaissance qui ne sont pas déterminées encore, qui ne sont ni banales, ni quotidiennes, mais irrégulières dans leurs manifestations encore mystérieuses. »L’auteur fait également la distinction entre le psychique et le métapsychique : « Tout ce que peut faire une intelligence humaine, même très profonde et très subtiles, est psychique. Sera métapsychique, tout ce qu’une intelligence humaine, même très profonde et très subtile, ne peut faire. »
- Chapitre II :
- De la cryptesthésie (ou lucidité) en général
- Définition et classification
- Rapport de cryptesthésie avec la lucidité et la télépathie
- Phénomènes se rattachant à la psychologie normale et n’ayant que l’apparence de la cryptesthésie
- Classification des modalités de la cryptesthésie
- De la cryptesthésie (ou lucidité) en général
Ch. Richet défini la cryptesthésie ainsi : « Presque toute la métapsychique subjective peut se ramener à un seul phénomène, celui que les magnétiseurs, il y a un siècle ont appelé lucidité [...], et que je proposerai d'appeler la cryptesthésie [... qui] indique qu'il y a une sensibilité cachée, une perception des choses, inconnue quant à son mécanisme, et dont nous ne pouvons savoir que les effets.
”En d’autres termes, il me semble que Richet nous donnait là une définition de ce que nous appelons le “sixième sens”.
- Chapitre III :
- Cryptesthésie expérimentale
- Cryptesthésie chez les individus normaux
- Cryptesthésie dans l’hypnotisme et le somnambulisme
- Effluves magnétiques
- Développement de la cryptesthésie par l’hypnotisme
- Cryptesthésie expérimentale
- Cryptesthésie dans l’hypnotisme
- Expériences sur les sujets hypnotisés
- Conclusions
- Cryptesthésie spirite
- Exposé des faits
- Méthode de l’alphabet caché
- Correspondances croisées
- Lectures de livres
- Cryptesthésie chez les sensitifs
- Psychométrie ou cryptesthésie pragmatique
- Transposition des sens
- Vision par le cristal
- Xénoglossie
- Conclusions relatives à la cryptesthésie expérimentale
- De l’identification des personnalités spiritiques
Dans la cryptesthésie expérimentale, Charles Richet classifie les faits de lucidité, clairvoyance et télépathie.
- Chapitre IV :
- De la baguette divinatoire
- Historique
- Exposé des faits
- De la force rhabdique
- Conséquences au point de vue de la cryptesthésie
- De la baguette divinatoire
De la baguette divinatoire, Richet dira :
« On ne peut pas nier l’existence de forces pragmatiques, ou telluriques, mais que je préfère appeler rhabdiques, qui mettent en jeu la cryptesthésie du baguettisant, absolument comme chez un sensitif le contact d’un objet lui apporte des connaissances spéciales que ses sens normaux ne lui peuvent révéler (…) La baguette divinatoire est un instrument capable de mettre en jeu la cryptesthésie pragmatique : c’est-à-dire de révéler sur les choses des faits que nos sens normaux sont impuissants à nous apprendre. »
- Chapitre V :
- Métapsychique animale
Dans ce traité, Charles Richet consacre quelques lignes concernant la métapsychique animale. Il y fait référence à des chevaux, chiens, chats et autres animaux ayant la faculté de calculer. Son avis est assez réservé lorsqu’il dit en parlant des chevaux : « l’automatisme de l’intelligence des chevaux n’implique aucunement l’hypothèse d’un phénomène métapsychique, c’est-à-dire d’une forme intelligente différente des forces connues ».
En conclusion de ce chapitre, il dira : « C’est extraordinaire ; c’est invraisemblable, mais cela n’a rien à faire avec la métapsychique qui nous ouvre des mondes inconnus ».
- Chapitre VI :
- Cryptesthésie accidentelle : monitions
- Des monitions en général
- Classification et définition
- Des conditions nécessaires pour que les monitions méritent d’être considérées comme telles
- De l’hypothèse d’une coïncidence fortuite
- Des conditions dans lesquelles se produisent les monitions
- De la forme symbolique que prennent les monitions
- De l’hypothèse télépathique dans les monitions
- De la fréquence des monitions
- Des monitions en général
- De quelques monitions non collectives autres que les monitions de de mort
- Monitions de mort
- Monitions collectives
- Monitions collectives, dans lesquelles la monition n’a été ni simultanée, ni identique
- Monitions complètement et simultanément collectives
- Conclusions
"D’après son étymologie latine, le mot « monition » indique qu’on est averti de quelque chose. Mais cela n’indique pas nécessairement l’intervention d’une intelligence étrangère. Le mot en effet est encore applicable au cas où la monition viendrait de notre intelligence inconsciente qui aurait acquis la connaissance – par cryptesthésie – d’une réalité extérieure, et qui la symboliserait." (Note 270, Livre II)
En partant de son analyse sur la lucidité expérimentale et en étudiant la lucidité accidentelle, Charles Richet affirme : « Il y a d’autres voies à la connaissance que les voies habituelles » et de préciser : « C’est là notre conclusion ferme, aussi solidement établie que les faits les plus certains de la physique, de la chimie et de la mathématique »
- Chapitre VII :
- Cryptesthésie prémonitoire
- Des prémonitions en général
- Des auto-prémonitions
- Auto-prémonitions de maladies
- Auto-prémonitions de mort accidentelle
- Des prémonitions proprement dites
- Prémonitions dans l’hypnotisme
- Prémonitions spirites
- Prémonitions accidentelles
- Prémonitions de maladies ou de mort
- Prémonitions d’événements divers
- Cryptesthésie prémonitoire
Pour qu’il y ait cryptesthésie prémonitoire, Ch. Richet stipule qu’il faut trois conditions pour que l’on puisse parler de prémonition :
1) Le fait annoncé doit être indépendant, et absolument indépendant, de la personne qui a eu la prémonition.
2) Que l’annonce du fait ne puisse être due ni à la sagacité, ni au hasard.
3) Il faut également examiné avec soins extrêmes, les conditions dans lesquelles le fait a été recueilli, indiqué.
Toutefois, l’auteur émet certaines réserves considérant que des prémonitions peuvent s’expliquer par de l’autosuggestion. Celles-ci concernent principalement les auto-prémonitions, les prémonitions hypnotiques, spirites et accidentelles.
Pour Charles Richet, « la prémonition est un fait démontré. Fait étrange, paradoxal, d’apparence absurde, mais enfin qu’on est forcé d’admettre ».
Livre Troisième
De la métapsychique objective
- Chapitre I :
- Métapsychique objective en général
Ch. Richet regroupe dans la métapsychique objective les télékinésies, les ectoplasmies et les maisons hantées.
- Chapitre II :
- Mouvements d’objets (télékinésies)
- Mouvements de tables
- Mouvements d’objets (télékinésies)
Au sujet des tables en mouvement, l’auteur réalisa l’expérience suivante dont il nous donne cette description : « J'avais fait construire, pour les expériences que je voulais faire dans l'île Ribaud avec Eusapia Paladino, une table carrée de 1 mètre de hauteur et de 1 mètre de côté. En outre, les pieds de la table étaient pointus, pour qu'il fût difficile de soulever cette table par les pieds.(*) Il se trouva que, lorsque Ochorowicz et moi nous vîmes cette table, que le menuisier venait apporter, nous la jugeâmes beaucoup trop lourde (20 kilos). Pourtant nous essayâmes le soir même l'expérience. Or, à peine Eusapia eut-elle touché du bout des doigts cette lourde table qu'il y eut des soulèvements énormes, des balancements considérables, et que, même sans que les pieds de cette table fussent touchés, elle se souleva de quatre pieds complètement».
(*) Cette précaution prise par Richet permet, me semble-t-il, d’éviter la technique du sabot dont je vous reparlerai.
- De quelques télékinésies expérimentales
- Des bruits et des raps
- De l’écriture directe
Rappellons que l' « écriture directe » ne doit pas être confondue avec l’écriture automatique.
- Chapitre III :
- Des ectoplasmes (matérialisations)
- De la fraude dans les expériences d’ectoplasmie
- Des principales ectoplasmies expérimentales
- Des ectoplasmes (matérialisations)
- Chapitre IV :
- Lévitations
- Chapitre V :
- Bilocations
- Les bilocations objectives
- Les monitions d’approche
- Bilocations
- Chapitre VI :
- Les hantises
- Des hantises en général
- Des hantises de maisons (subjectives)
- Télékinésies des maisons hantées
- Conclusions
- Les hantises
Livre Quatrième
Conclusion
Dans sa conclusion, Ch. Richet écrit :
« (En ce qui concerne la métapsychique) … Soyons sobre de toute spéculation vaine. Approfondissons et analysons les faits. Mettons autant de rigueur dans l’expérimentation que d’audace dans l’hypothèse. Alors la Métapsychique sortira de l’Occultisme, comme la Chimie s’est dégagée de l’Alchimie. Et nul ne peut prévoir quelle en sera l’étonnante destinée.
Tout de même, il ne faut pas se faire trop d'illusions. Les fragments de vérités incomprises, que nous présente la science de l'occulte, nous montrent la misère de notre humaine intelligence. L'astronome, en étudiant les astres, est bien vite convaincu que l'homme est un être prodigieusement infime. De même, dans la métapsychique, quand de pâles et fugitives lueurs nous révèlent des mondes intellectuels frémissant autour de nous, et en nous, nous sentons que ces mondes nous resteront, pour toujours peut-être, aussi lointains et incompréhensibles que les étoiles incompréhensibles et lointaines qui peuplent la voûte céleste.
Mais ce n'est pas une raison pour ne pas redoubler nos efforts et nos labeurs. Il y a là de grands mystères à approfondir. La tâche est si belle que, même si elle doit échouer, l'honneur de l'avoir entreprise donne quelque prix à la vie ».
ANALYSE PERSONNELLE
Le Traité de Métapsychique de Charles Richet a été et est encore de nos jours une référence en matière de parapsychologie. Charles Richet émaille son œuvre de nombreux exemples concrets, d’explications ou tentatives d’explications pragmatiques.
Ses analyses, menées avec l’esprit scientifique dont il faisait preuve, sont judicieuses, mêlant ses convictions au scepticisme et au rationnel. Il est à noter que, lorsque c'est nécessaire, l’auteur utilise les statistiques comme dans son chapitre consacré à « La baguette divinatoire » ou encore, dans celui consacré aux « monitions ».
Cependant, une précision s'impose : il faut remarquer que, depuis la sortie de cet ouvrage, la terminologie en matière de parapsychologie a bien évolué. Il en est de même pour ce qui concerne certaines formulations explicatives ou certaines démarches d’analyse.
Si tout comme moi, vous avez la possibilité de vous procurer cet ouvrage devenu rare, vous aurez entre les mains une œuvre magistrale qui peut être qualifiée d’intemporelle.
Astral 2000 – Gérard – Juin 2016