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Corps astral et plan astral

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Corps astral 1

Le monde physique dans lequel se produisent les expériences naturelles de la vue et de l'ouïe, ne constitue pas l'unique domaine d'activité de l'être humain à tous les niveaux de son existence. Les hommes de tous les pays et de tous les degrés de civilisation ont cherché à pénétrer dans d'autres régions de la conscience situées hors du champ des facultés ordinaires. Il existe, croit-on, une autre dimension qui ne relève pas jusqu'à présent d'une explication en termes scientifiques mais dont il est possible d'obtenir des récits de première main. Les saints et les prophètes ont rapporté leurs voyages en des lieux qui, à leurs yeux, eurent tout autant de réalité que n'importe quel endroit figurant sur une carte géographique. Saint Paul parle, en ces termes, d’un homme qu’il a connu  : «mais je sais que cet homme dans cet état-là – est-ce dans son corps, est-ce sans son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – cet homme-là a été emporté au paradis et il a entendu des paroles ineffables, qu’un homme ne doit pas redire.» (IIème Épître aux Corinthiens, XII. 3-4).

Il s'agit là d'un univers qui transcende la conception et qui, dans ses plans secrets, renferme tous les ciels et tous les enfers. C'est vers ce monde que monte le mystique, vers lui que se dirige le chaman, là que vivent les ancêtres des peuplades tribales. Pays d’une miraculeuse beauté, il peut pourtant aussi se présenter comme un décor de cauchemar. La reconnaissance de son existence en dehors de toute géographie terrestre trouve sa traduction populaire dans l'hypothèse d'une quatrième dimension et dans des expressions comme double vue ou sixième sens grâce auquel il serait possible de percevoir cette dimension.

L'homme agit à plusieurs niveaux et, à chacun d'eux, c'est une autre facette de son être multiforme qui entre en jeu. Il y a le corps, la partie tangible que tout le monde admet. Les Grecs l'appelaient soma et la comparaient à une prison ou à une tombe parce qu’un élément non physique s’y trouvait maintenu prisonnier. Quelque chose anime cette masse inerte d'os et de chair et lui confère sa vitalité, permettant à l'homme d'agir sur les plans physique et physiologique, faculté qu’il partage avec les animaux. Quand il raisonne, un autre aspect de sa personnalité apparaît. Mais il obéit aussi à des désirs plus élevés et aspire à quelque chose qu'il reconnaît, aussi faiblement que ce soit comme supérieur à lui-même. C'est ce que l'on a exprimé en disant que l'homme a une âme.

Après des siècles d'hypothèses quant aux composantes non physiques de l'être humain, il est toujours aussi difficile de définir ou d'établir une distinction précise entre le concept de l'âme et celui de l'esprit, ce que les anciens Égyptiens désignaient par ka et ba, les Grecs par psyché et nous, les Juifs par neshamah, ruah et nefesh, les Musulmans par sirr, ruh et nafs, les Hindous par atman et jiva, et les savants du Moyen Âge par anima divina et anima humana, une vingtaine d'autres noms encore ayant été donnés au cours des siècles à ces éléments intangibles par les différents peuples.

KaKa

Mais il existe, en se frayant un chemin à travers les stratifications complexes de toutes ces idées, la théorie, toute simple du corps astral, concession minimum recherchée par les occultistes, et qui offre une hypothèse pratique pour justifier une série importante de phénomènes humains impossibles à expliquer valablement par une autre voie. Grâce à cette théorie, les occultistes ont tenté de donner une explication au sommeil et aux rêves, aux différentes formes de folie, à l'épilepsie, au dédoublement de la personnalité, aux visions et aux états extatiques et, pour ceux qui y croient, à la possession, à la bilocation, aux formes de pensée, aux fantômes, aux vampires et aux phénomènes obligés des séances de spiritisme comme l’ectoplasme, la matérialisation et les apports.

Il y a, en outre, les témoignages de plus en plus nombreux d'expériences extra-corporelles vécues dans des circonstances normales et par des personnes ordinaires, qui ont brusquement pris conscience d'elles-mêmes en dehors du cadre physique. Un homme raconte comment, renversé par une voiture, il s'est senti sortir de lui-même (conscience désincarnée) et a vu des gens se rassembler autour de sa propre forme allongée sur le sol. Des malades ayant subi une opération ont rapporté avoir vécu une expérience similaire : ils étaient sortis d'eux-mêmes et pouvaient ainsi observer, au départ d'une position avantageuse située non loin du plafond, ce que l'on était en train de faire à leur corps physique.  Ernest Hemingway, atteint par un shrapnel dans une tranchée en Italie au cours de la Première Guerre mondiale, sentit quelque chose s'évader de son corps. «comme si l'on tirait d'une poche un mouchoir de soie tenu par un coin».

L'habitat naturel du corps astral est le plan astral, et il n'est pas toujours besoin de l'élan que lui imprime un accident pour qu'il se détache et s'enfuie. Des personnes ont décrit comment, alors qu'elles marchaient dans la rue ou travaillaient dans un jardin, elles s'étaient soudain désincarnées et éloignées quelque peu pour observer elles-mêmes et les autres vaquant à leurs diverses occupations, avant de réintégrer, quelques secondes plus tard, leur corps physique. Ces expériences exsomatiques, dans lesquelles un individu se trouve projeté à l'extérieur de son propre corps, aussi incroyables qu'elles puissent paraître à ceux qui ne les ont jamais vécues, bénéficient pourtant du témoignage de personnes d'une intégrité reconnue; leur authenticité est admise par un nombre grandissant d'anciens sceptiques et elles font l'objet d'études de la part des chercheurs les plus sérieux.

Voyage astral

Comme l'âme, le corps astral est désigné par une multitude de noms, chacun tentant de donner une idée de l'un ou de l'autre de ses comportements ou de ses qualités : corps subtil, corps de l'énergie, corps des nerfs, corps vital, double, âme mortelle (pour la distinguer de l'âme immortelle), corps des sentiments ou des sensations, corps de la conscience, corps du rêve, corps du désir, corps thanatique (de thanatos, la mort chez les Grecs, c'est-à-dire le corps qui subit l'expérience de la mort et de l'état post mortem), corps de lumière, corps lumineux. Le corps astral est représenté comme une réplique exacte, mais immatérielle du corps physique et, chez l'adulte normal en état de veille, on croit que les deux sont parfaitement alignés; on dit alors qu'ils «coïncident».

Dans certaines circonstances, les deux corps rompent au contraire l'alignement. Chez les bébés, il est normal qu'ils ne coïncident pas. Chez les personnes très âgées, très affaiblies ou très malades la «décoïncidence» a tendance à se produire facilement. Les individus sous l'influence de la boisson ou de drogues ont toutes les chances,  dans une mesure plus ou moins grande, de rompre aussi la coïncidence. Dans tous ces cas, à l'état de veille, le corps physique agit dans une sorte de brouillard et les choses échappent à la vue; on perçoit un manque de coordination, une maladresse dans la démarche et les gestes, une difficulté d'expression et une perte de contact avec les réalités de la vie quotidienne.

Pendant le sommeil, le corps d'une personne normale «décoïncide» tout naturellement. L’irrésistible envie de dormir qui nous prend tous s'explique, selon les occultistes, par le besoin naturel qu'a le corps astral de s'affranchir des limites que lui impose la chair et d'aller «prendre l'air». Ce qu'il vit alors au dehors peut parfois se projeter dans le cerveau sous forme de rêves, lesquels sont cependant la plupart du temps déformés lors de leur transmission par l'appareil cérébral. Selon certains occultistes, le corps astral qui se détache demeure relié au corps physique par une mince corde, dont certains médiums affirment qu'ils peuvent la voir, et qui est un moyen de maintenir le contact et la communication entre les deux corps. À la mort, la corde se casse et l'astral est libéré de façon permanente, tout comme la rupture du cordon ombilical libère le bébé du ventre de sa mère.

La projection astrale

Corps astral1Sur la toile de fond de ces croyances, on peut définir le plan astral comme le lieu où se produisent les expériences occultes supérieures. Lorsque, pour une raison quelconque, le corps astral échappe à la coïncidence,  il pénètre dans le plan d'une autre dimension. La plupart des expériences qui s’y produisent lors d'une «décoïncidence» involontaire, ne laisseront qu'un vague souvenir et, si elles en laissent un malgré tout, son sens échappera sans doute. Aussi les hommes se sont-ils mis en quête de moyens grâce auxquels le corps astral évadé serait à même de rapporter à la conscience éveillée un souvenir précis de son séjour sur le plan astral. En termes d'occultisme, l'occultiste gravit les différents plans (il n’y en a pas qu’un seul) par un procédé rituel particulier dont l'enseignement ne peut être livré qu'à ceux qui sont aptes à le recevoir. Le principe de la formation à cette technique consiste à projeter délibérément l'astral hors de la coïncidence, tout en gardant la pleine conscience de ce qu'il lui arrive ensuite. On accède donc au plan astral en pleine conscience puisque le lien entre la conscience normale et la conscience astrale n'est pas rompu.

Il y a plusieurs moyens de réaliser une projection astrale. L'un d'eux consiste à s'allonger, à fermer les yeux et à se détendre; puis, le sujet s'imagine debout au pied du lit regardant sa propre forme couchée. La clé de cette méthode est la visualisation; il faut l'intensifier et la maintenir, puis opérer un transfert de la conscience jusqu'à ce que celle-ci évacue effectivement le corps pour aller rejoindre l'observateur. Une autre méthode, plus difficile, consiste à se préfabriquer un rêve avant de se coucher et, juste avant de sombrer effectivement dans le sommeil, «d'entrer dans le rêve». Une autre encore consiste à s'étendre, sans bouger, à concentrer son attention sur l'un de ses orteils jusqu'à ce que l'on commence à éprouver une impression de léger « bourdonnement », puis à transmettre cette sensation aux autres orteils; on recommence alors l'opération avec l'autre pied. Ensuite, on remonte lentement jusqu'aux chevilles, aux genoux, aux hanches, à l'estomac, à la poitrine, aux bras, au cou et à la tête, jusqu'à avoir la sensation que le corps tout entier « bourdonne ». Brusquement, on se sentira flotter. Chez les sujets dotés d'une constitution qui les prédispose à «décoïncider», l'astral se projettera sans grande difficulté mais, dans la plupart des cas, l'expérience pourra demander des mois, voire des années de pratique.

Par contre, l'intériorisation de l'astral, c’est-à-dire sa rentrée dans le corps, est facile et se fait d'elle-même quand vous vous réveillez le matin après une bonne nuit de repos. Si, pour une raison quelconque, vous vous réveillez brusquement, la coïncidence est instantanée. Le retour peut s'effectuer à la vitesse de l'éclair. Si l'astral réintègre précipitamment le corps physique, celui-ci reçoit, au moment de l'assemblage, un choc susceptible de provoquer des palpitations ou un sentiment passager de panique. C'est pourquoi, dans bien des parties du monde, on pense qu'il ne faut jamais réveiller brusquement une personne endormie car, dans ce cas, son âme pourrait ne pas revenir à temps ou effectuer une rentrée trop brutale et tuer le corps.

4emdimension1Le monde astral est rempli de maisons aux caractères topographiques d'une étonnante diversité. Quelques rares petits secteurs ont cependant pu, à grand-peine, être tracés et ils constituent le champ d'opération de différentes écoles d'occultisme. L'œuvre, secret de la plupart des ordres ésotériques tant en Orient qu'en Occident, se fonde sur la connaissance de ces plans intérieurs, chaque école enseignant la géographie des plans particuliers de sa spécialité, en y joignant une description des habitants, de leurs demeures, de la langue qu'ils parlent. On ne se déplace pas au petit bonheur dans les plans. Il faut y respecter un protocole sévère et chaque plan a ses propres lois.

Lors de son initiation première, l'étudiant apprend les rites de son grade en même temps que les invocations appropriées, les noms des anges gardiens, les couleurs, les odeurs et autres symboles relatifs aux plans. On le met en garde contre les démons vindicatifs qui se tiennent, menaçants, sur le seuil de chacun d'eux et on l'arme de formules protectrices et de rites de proscription dont il se servira en cas de besoin. Le genre d'initiation varie selon le degré d'avancement de l'élève et le genre d'enseignement dispensé dans l'école. Certains ordres ésotériques utilisent des symboles religieux et les progrès du candidat sont liés à son attitude morale, appelée à éviter tout écart par rapport au code social et religieux admis. Les écoles de magie noire, par contre, ont recours aux drogues et aux rites sexuels pervers, et abjurent la religion.

L'adepte d'une école de sorcellerie peut, quand il est dans son corps astral, bénéficier de ce qu'on appelle le congressus subtilis, c'est-à-dire de rapports sexuels avec le corps physique ou astral d'une autre personne. On croit possible d'extraire les corps astraux de personnes vivantes au moment où leur corps physique est endormi et de les unir sexuellement. Certains magiciens modernes, comme l'abbé Louis Van Haecke (mort en 1828) et l'abbé Joseph-Antoine Boullan (mort en 1893), se sont affirmés capables d'enseigner à des élèves comment utiliser les corps astraux d'autres personnes, qu'elles fussent vivantes ou mortes, à des fins de plaisir sexuel.

Abbe joseph antoine boullan

Abbé Joseph Antoine Boullan

Abbe louis van haeckeAbbé Louis Van Haecke

Les références au corps astral se trouvent disséminées dans d'anciens écrits. Les procédés décrits dans le « Livre des morts égyptien » sont réputés être des méthodes pour aider l'âme d'un défunt à parer aux dangers qu'elle pourrait rencontrer dans l'autre monde. Bien qu'ils soient manifestement destinés aux esprits des morts, de nombreux occultistes les considèrent comme des rites à l'intention, non pas des âmes des défunts, mais des initiés avançant sur les plans. La cérémonie de la mort et de la résurrection fait partie de maintes initiations occultistes. Le « Livre des morts » fournit des formules pour saluer les dieux et donne aussi les répliques correctes à opposer aux diverses entités démoniaques susceptibles de hanter ou barrer le chemin. Il faut affronter le crocodile et le serpent, parlementer avec les gardiens des enfers et les flatter. Il existe des formules magiques pour assister le voyageur dans la barque du dieu-soleil, d'autres pour empêcher quelqu'un de marcher la tête en bas, d'autres encore pour aider l'âme à regagner la terre.

Les centres secrets

Dans tous les rites, l'ascension des plans a pour objet d'établir le contact avec une autre dimension et de l'explorer. Pour certains occultistes, cette dimension est la région de la lumière astrale, invisible à nos regards mais d'une extrême clarté et pleine de force créatrice. Avant la chute, on dit qu'Adam avait «entendu la Lumière parler». En termes de physique, cette dimension est une toile bourdonnante de vibrations, émettant de façon ininterrompue des pulsations qui s’entremêlent à travers le cosmos. C'est à cause de cette toile, qui forme le tissu de l'univers, que toutes les choses se trouvent intimement liées; à cause d'elle aussi que rien ne se perd jamais et que, quelque part dans cette toile, chaque pensée, chaque mot et chaque geste sont pris et empêtrés. Les occultistes parlent de l'enregistrement éthérique ou enregistrement akashique (du sanscrit akasha, éther) qui renferme toute l'histoire du monde depuis sa création. On dit que les hommes de haut rang peuvent pénétrer dans le passé, voyager sur ces radiations et promener leurs regards sur les événements appartenant à des époques depuis longtemps révolues.

L'homme lui-même fait partie de cette toile. Son corps est un microcosme, un univers miniature ou une division spécialisée de la structure générale et, en tant que tel, se trouve en contact avec tout ce qui existe autour de lui. Nous sommes au centre d'un océan agité d'événements qui agissent constamment les uns sur les autres, mais sont heureusement isolés pour éviter le choc total. Une miséricordieuse providence nous a dotés d'oreilles pour ne point entendre la cacophonie de cet autre monde, d'yeux pour ne point voir une grande partie de ce qui se passe autour de nous, et d'un cerveau pour filtrer le flot ininterrompu d'impressions qui, sans cela, déborderaient et nous submergeraient.

Mais, parallèlement, le corps contient certains centres cachés qui autorisent l'accès aux forces occultes. La théorie selon laquelle il se produit une véritable invasion du monde astral dans ces centres permettant le contact et la communication entre deux mondes, constitue le fondement d'une grande partie de l'enseignement de l'occultisme. Tout comme le corps astral et le plan astral sur lequel celui-ci opère, les centres secrets sont invisibles. Chacun d'eux se compose d'un plexus de vibrations et, dans le système hindou de physiologie occulte, ces plexus sont connus sous le nom de chakras (en sanscrit, « roues »). L'activation consciente de ces chakras constitue le moyen d'exploration du plan astral.

L'ascension des plans

Chakras 1Un certain nombre d'occultistes occidentaux utilisent le système des chakras, mais de nombreux autres lui préfèrent l'ascension des plans au moyen de l'arbre sephirotique emprunté à la cabale juive. Selon les cabalistes, le monde a été créé par dix émanations, ou effluves, de Dieu, chacune constituant un sephirah. Dans leur totalité, ces dix sephiroth englobent l'univers dans son intégralité. Dessiné sur le papier, l'arbre paraît n'occuper qu'un plan unique mais, en réalité, les sephiroth se situent à divers niveaux, qui représentent les différents mondes.

L'ascension des plans commence au départ du sephirah le plus bas pour s'élever, degré par degré, jusqu'au plus élevé. Bien qu'ils ne soient que dix, la liaison entre les sephiroth forme vingt-deux sentiers, au long desquels s'effectuent l'ascension ou la descente. Les dix sephiroth et les vingt-deux sentiers constituent à eux tous une série de trente-deux étapes, reliées entre elles sur l'arbre. Autour des sephiroth s'est développé un vaste réseau de correspondances lourdes de symboles. On les associe aux divinités, aux archanges, aux démons, aux correspondances corporelles, aux vertus, aux vices, aux tarots, aux couleurs, aux nombres, aux plantes et aux animaux, et à maintes autres sortes d'objets et de qualités. Il faut apprendre les symboles de chaque sephirah pour savoir, par les symboles qui y sont attachés, à quel point de l'ascension on est parvenu.

Les premiers pas dans l'exercice de l'occultisme sont très compliqués car ils exigent une grande puissance de concentration et une aptitude considérable à la méditation. Une fois qu'il possède la maîtrise des modes d'association et que son subconscient s'est enrichi du symbolisme du sentier, l'élève consacre de longues séances à se familiariser avec les symboles sans chercher, à ce stade, à avancer dans quelque direction que ce soit; pendant cette période de vagabondage libre et détendu, le corps astral, progressivement libéré, avance en direction du point pour lequel il a été préparé.

Une fois en marche, la conscience astrale exige à nouveau d'être soigneusement dirigée. Il existe plusieurs voies permettant d'avancer au long des plans; on leur a donné des noms qui les décrivent, par exemple «l'éclair» là où le sentier zigzague, «la flèche flamboyante» là où il longe tout droit le tronc de l'arbre, ou «le serpent ardent» là où il grimpe en serpentant. Quel que soit le parcours choisi, le procédé est soigneusement établi d'avance. Il est inutile, voire dangereux, d'emprunter un sentier pour lequel on n'a pas été dûment préparé.

Il est douteux qu'il soit possible d'atteindre le plexus le plus élevé pour qui se conforme au système des chakras, ou le sephirah du sommet pour l'adepte du cabalisme. En tout cas, c'est extrêmement rare. Les textes hindous décrivent en termes délirants la merveilleuse sensation qu'éprouve l'esprit en atteignant le dernier chakra, situé juste au-dessus de la calotte crânienne: c'est la grande béatitude, la révélation suprême, l'union divine, la lumière infinie. Les cabalistes ont eux aussi décrit une expérience parallèle et parlé de transe profonde et de communication avec les êtres angéliques des plans supérieurs. On donne à l'ultime échelon le nom de mors osculi, la mort du baiser, par laquelle l'âme, transportée dans un royaume supraterrestre, éprouve une béatitude d'une intensité telle que le corps en subit une espèce de mort.

Arbre des sephirothL'Arbre de vie - Les sephiroth

Les sages de la secte hassidique juive font aussi aIIusion à une sorte de mort «aussi difficile que de passer une corde dans un anneau sur un grand mât, et aussi facile que d'enlever un cheveu du lait, et cela appelle la mort dans le baiser». Pic de la Mirandole (1463-1494), savant de la Renaissance, écrivait: «Les savants cabalistes ont écrit que nombre de patriarches anciens, parmi lesquels Abraham, Isaac, Jacob, Moïse. Aaron et Elie sont morts en état d'extase spirituelle, c'est-à-dire qu'ils sont morts sous la mort du baiser». Thomas Vaughan, écrivain et mystique anglais décédé en 1666, mentionne en passant la mors osculi, mais ne la décrit pas car c'est une question «dont», déclare-t-il, «je ne dois pas dire une seule syllabe».

Le festin des démons

Mais à côté de la divine extase qui attend l'adepte avancé sur les plans astraux, d'indicibles épreuves sont également possibles aux échelons les plus bas. Certaines d'entre elles se produisent sous la forme de rencontres inattendues, mais d'autres sont délibérément recherchées par l'élève pour consolider la fibre de son esprit dans cette confrontation avec les habitants des plans intérieurs et pour apprendre de première main ce dont ils sont capables. Le corps astral peut recevoir d'effrayantes blessures et même être mis en pièces et désintégré en cours de route, auquel cas l'élève risque de n'avoir pas le courage de pousser l'aventure plus avant. Si, par contre, il sort victorieux de l'épreuve, le pouvoir sur ces êtres lui est promis sur terre. Dans l'occultisme occidental, les formes terrifiantes qui hantent les plans intérieurs ont reçu des titres comme le Sans-Tête, le Redoutable, le Destructeur, le Lacéreur, le Mangeur d'âmes, ou portent des noms inspirés des anciens démons de Mésopotamie, de Chanaan et autres.

Dans le rite tibétain du chod, ou découpage, l'adepte hautement instruit invite les êtres élémentaux à faire un festin de son corps. C'est un rite terrifiant, où toute l'opération se passe sur le plan astral, le sujet étant en parfait état de conscience. Il se pratique toujours de nuit et dans la solitude, sur un lieu de crémation, dans un cimetière ou tout autre endroit solitaire où il ne risque pas de se voir dérangé. L'adepte exécute une bizarre danse sautante et tourbillonnante, entonne un mantra en un baragouin sauvage, invitant les démons à venir participer au festin qui leur est offert. Lentement, les formes spirituelles apparaissent en réponse à son invocation et l'une d'entre elles, généralement un hideux démon femelle, avance, une épée à la main, sur le pratiquant dont elle découpe le corps, arrache le cœur, les viscères et les membres. En poussant des cris de triomphe macabre. Les autres démons se jettent sur la victime, lui arrachent des morceaux de chair et boivent son sang. Tant que dure le festin, l'adepte lui-même subit pleinement la tragédie de son sacrifice car il ressent tout ce qui lui arrive. Lorsque les esprits s'en vont, son corps astral se reconstitue lentement.

4emdimensionUn occultiste moderne, Victor Neuburg, ami et disciple d'Aleister Crowley, nous a légué, de ses aventures sur les plans, un récit qui rappelle ces terribles rites tibétains. Il raconte avoir été attiré dans des gouffres, jeté dans des abîmes labyrinthiques et s'être mesuré à d'étranges fantômes. Un jour qu'il méditait sur lui-même selon le rite de «l'infini», il rencontra l'archange Gabriel qu'il décrivit vêtu de blanc avec des taches vertes sur les ailes. Il gravit les plans et fut crucifié par deux anges. Puis, il fut attaqué par un géant rouge contre lequel toutes ses armes se révélèrent impuissantes. Il fut taillé en pièces et reconduit dans son propre corps. « J'ai eu bien du mal », écrit-il dans son Magical Diary (Journal magique), « à me réinstaller dans mon corps. » Lors d'une confrontation avec une prêtresse vierge, on lui coupa les mains et les pieds et il fut sacrifié sur un autel; la prêtresse prononça ensuite certaines formules et il se releva glorifié.

Toutes ces aventures se déroulent dans un monde qui leur est propre, un monde aux vastes perspectives comme dans les paysages surréalistes, peuplé de dieux égyptiens, d'habitants de l'au-delà et d'êtres cauchemardesques tels qu'en suscitent la fièvre ou le délire. On entend des voix - on les surprend plutôt - qui semblent sortir de l'ombre: juste à la limite du son, menaçantes ou caressantes. On retrouvera pareilles descriptions, mot pour mot dans les visions des drogués sous l'influence du LSD.

Comme les autres expériences des confins de l'au-delà, les expériences astrales ont souvent été négligées dans le passé, considérées comme hallucinatoires, ou expliquées comme des réminiscences de quelque mémoire archaïque de l'inconscient collectif, des dramatisations vivantes de peurs profondes, des visualisations de vœux secrets, toutes choses entièrement subjectives et peu dignes d'être prises au sérieux. Mais aujourd'hui on a, face au défi que représente ce sujet, une approche très différente: «Si tout cela est dans le cerveau, qu'on en apprenne davantage sur le cerveau.» La révélation pourrait conduire à un nouveau mysticisme.

Astral 2000 - Gérard - Avril 2018

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