EXPÉRIENCES PSI SPONTANÉES
Mots-Clés : PSI,PES,PK,clairvoyance,précognition,télépathie,psychokinésie
Certaines personnes n'ont jamais vécu une expérience «psychique» ou, le cas échéant, l'ignorent. Prenons un exemple réel assez précis. Une femme a un cauchemar au cours duquel elle voit son frère se suicider dans une meule de foin de sa grange. Après avoir voyagé toute la nuit pour vérifier son rêve, elle le trouve effectivement, à son arrivée, à l'endroit où elle avait cru le voir tomber. Il est alors évident que cette personne a vécu une expérience assimilable à un phénomène de perception extra-sensorielle et de clairvoyance. Si l'on peut s'assurer que l'histoire est vraie et que la femme ne possédait pas de renseignement qui aurait pu lui faire supposer cette issue fatale, le cas devient alors très impressionnant.
Dans les cas de clairvoyance spontanée, la PES fonctionne intuitivement sans que la personne sache comment lui est parvenue l'information. Elle peul avoir eu ce qu'elle appelle un pressentiment - par exemple, un simple désir de prendre un chemin inhabituel pour rentrer chez elle. Elle découvrira plus tard que cette initiative lui a permis de faire quelque chose de très important qu'elle aurait complètement omis autrement, quelque chose dont elle n'avait pas eu connaissance auparavant. Elle peut en avoir l'intuition avant que l'événement n'ait même commencé à se produire, et il s'agirait alors d'une précognition. Mais, en supposant que cette personne imaginât un motif rationnel qui l'ait décidée à changer de chemin en cette occasion particulière, alors, si elle est logique, elle ne considérera pas cela comme une indication de sa capacité de PES. On voit toutefois combien il est facile de trouver une explication rationnelle plutôt pauvre même si, dans les faits, la personne est inconsciemment influencée par la précognition d'un événement grave. Il est heureux que nul ne soit tenu de tirer une conclusion dans les nombreux cas douteux qui sont rapportés. Mais, du moins, la question Se pose de savoir si l'expérience a été provoquée par quelque faculté ou influence inconnue.
Ce qui revêt la plus grande importance, c'est le fait que quelques-unes de ces expériences spontanées, et pas toujours les plus fondées, ont, depuis l'Antiquité, causé une si forte impression qu'elles ont finalement amené toutes les grandes civilisations à formuler une sorte de théorie à leur sujet. (Ces divers types d'événements et la forme des expériences ont été décrits par Louisa E. Rhine dans son ouvrage « Hidden Channels of the Minci » (Les voies secrètes de l'esprit). Certains individus ont eu des rêves qui se sont réalisés; d'autres ont eu le pressentiment ou l'intuition de dangers proches. D'autres encore avaient le don de localiser des objets perdus ou cachés en recourant à des méthodes différentes suivant les cultures. Les différentes pratiques de la magie ou de la divination qui se sont échafaudées autour de ces facultés psi sont aussi nombreuses que les cultures elles-mêmes.
Le rôle essentiel du psi en religion
Nous pourrions émettre aujourd'hui de nombreuses hypothèses pour comprendre la façon dont les premières manifestations de ces facultés psychiques ont retenu l'attention des hommes. L'usage qui a été fait de ces supposés pouvoirs psychiques dans les diverses cultures, notamment en matière de religion et de pratique de la magie, nous fournit déjà une série d’indications. Les religions en sont la meilleure illustration et, d'une certaine façon, le rôle religieux du psi est le plus important de ceux qui lui ont été attribués dans les événements humains. Tout l'élément surnaturel ou miraculeux dans une religion suppose une faculté psi illimitée au niveau divin. En attribuant aux dieux l'omniscience ou l'omnipotence, on leur reconnaissait les pouvoirs illimités de leur faculté de PES et de PK. Il n'aurait servi à rien d'imaginer une théologie dans laquelle le pouvoir sensorimoteur des divinités n'aurait pas été supérieur à celui de l'homme, car, dans toutes les civilisations, on peut supposer l'existence d'une ample connaissance des expériences extra-sensorielles et extra-motrices qui ont probablement été, de tout temps, assez banales chez les hommes. Ces expériences psi semblaient pouvoir, comme aujourd'hui, transcender la portée de l'œil et de la main et être apparemment d'essence divine. Ces phénomènes étaient transcendants et, les religions tendant à se justifier rationnellement, les pouvoirs naturels du psi furent qualifiés de surnaturels.
On peut donc dire que ce sont leurs expériences des pouvoirs du psi qui ont donné aux fondateurs des religions de l'humanité leurs conceptions des formes de communication entre l'humain et le divin. La religion ne se limite évidemment pas à ces communications, mais il est significatif que les sous-groupes du psi en parapsychologie s'apparentent étroitement à certains modes de la communication religieuse comme la prière, la révélation, la prophétie, et aux divers types de miracles matériels.
On peut valablement se poser la question de savoir si, en dehors de cette application de leur foi en la faculté psi, les hommes auraient pu créer les puissants systèmes de croyance qui ont donné à la morale l'autorité d'un commandement de Dieu. Sans la notion d'une sorte de principe extra-physique ou spirituel agissant conjointement avec le système matériel de l'organisme, il paraît douteux qu'on eût jamais pu avoir un sentiment d'autorité morale sur les fonctions physiques de l'existence. De toute façon, il semble à peu près certain que ces aspects religieux et moraux sont dus en réalité pour beaucoup aux pouvoirs du psi.
Explication naturelle du surnaturel
Une situation grave est apparue au moment où, avec le progrès de la science, le scepticisme à l'égard de ces systèmes théologiques s'est accru. Qui pouvait admettre les miracles matériels après s'être familiarisé avec les limites des énergies physiques et avoir constaté combien les miracles étaient en contradiction avec la théorie physique de la nature? Progressivement, au cours des XVIIIème, XIXème et XXème siècles, le scepticisme a sapé l'aspect surnaturel de la religion, la contraignant à se transformer et à ne subsister qu'avec le maigre soutien des sciences physiques et de la psychologie behavioriste.
Pour le chercheur en parapsychologie, il est clair cependant que les principes psi sont d'une importance vitale pour la religion, comme le souligne la foi dans les miracles, les signes et les manifestations surnaturels. Réciproquement, les premières tentatives d'explications naturalistes de l'univers durent également justifier les pouvoirs miraculeux, et ces premières hypothèses, souvent extravagantes, furent passées au crible de la critique scientifique. Par exemple, à la fin du XVIIIème siècle, l'apparition de la science physique engendra des théories sur les fluides universels et les forces interplanétaires. Franz Anton Mesmer imagina une théorie d'un fluide magnétique universel, théorie aussi universelle que celle de la gravitation de Newton. Entre autres multiples applications, elle expliquait la télépathie, la clairvoyance et la communication avec le monde des esprits, du moins pour certains mesmériens. L'intérêt pour la communication avec les esprits a, naturellement, toujours marqué les doctrines officielles ou officieuses de la religion. Le grand savant suédois Emmanuel Swedenborg avait pratiqué ce genre de communication, et son influence en tant que chef religieux a contribué à propager l'idée de cette sorte d'échange. De même, la pratique du mesmérisme a popularisé l'état de transe et renforcé l'idée que la prédisposition à cet état favorisait la faculté psychique.
L'idée, née au XIXème siècle, d'un éther universel et d'une communication par ondes dans ce milieu, encouragea la recherche d'une explication naturelle à ce qui avait été considéré jusque-là comme tenant absolument du miracle. L'affirmation de l'existence de la vie au-delà de la mort fut une des hypothèses les plus osées. Les esprits pouvaient être des organismes éthérés, et la communication avec les morts pouvait être la transmission de pensée au moyen des ondes de l'éther (corps éthérique).
Les généralisations succédèrent aux généralisations jusqu'au moment où elles furent réduites à néant par quelque récusation de la pensée scientifique. Le mesmérisme, pour impressionnant qu'il fût, ne put être établi de façon suffisamment probante. Le phénomène agissait trop irrégulièrement, et la théorie ne résista pas à l'épreuve scientifique. Seul !'hypnotisme survécut et se maintint. La recherche de la communication avec les esprits s'intégra au culte religieux du spiritisme, et le mouvement de la science chrétienne concentra son attention sur l'efficacité de l'esprit en matière de guérison. Cela ressemblait à la PK-CV.
Avec les tours et les détours de ces luttes d'idées que vécut le monde occidental au XIXème siècle, une forte tendance à combler le fossé séparant toujours plus profondément la religion et la science se dessina. L'attention se porta plus particulièrement sur la vérification scientifique de l'existence d'une âme (ou esprit) métapsychique, telle que décrite par la religion. Les affirmations des spirites étayant cette thèse furent prises au sérieux par un certain nombre d'érudits occidentaux à la fin du XIXème siècle et les poussèrent à entreprendre des recherches. Les témoignages des médiums furent assez nombreux pour justifier la création, en Angleterre de la Société pour la recherche psychique en vue d'examiner les affirmations des mesmériens, des médiums et des spirites. Cet exemple fut suivi par des sociétés semblables dans de nombreux autres pays. Ce mouvement fut particulièrement bien dirigé en Angleterre et fit des progrès considérables dans cette voie. Cette évolution permit de présenter les problèmes relatifs au psychisme sous un meilleur jour, sans réussir toutefois à apporter une réponse scientifique à la question majeure de la communication avec les esprits. On s'est, au contraire de plus en plus rendu compte, pendant les quarante années qui suivirent, que le problème était bien plus ardu que ne l'avaient laissé supposer les démonstrations des spirites. Une des conséquences les plus intéressantes de cette étude très spécialisée fut l'intérêt qu'elle provoqua pour la transmission de pensée. Il était évident, dès le départ, que pour établir la liaison entre deux mondes le médium devait nécessairement avoir des dons télépathiques. Certains virent dans la télépathie une explication possible de la communication avec le monde des êtres désincarnés qui avait longtemps joué un rôle important dans la plupart des religions.
Cependant, on en vint à se dire que ce même don de télépathie pourrait permettre aux médiums d'obtenir les renseignements contenus dans leurs messages auprès d'êtres vivants plutôt qu'auprès d'êtres désincarnés. Quoi qu’il en fût, la question de la télépathie était d'une évidente importance et un travail expérimental fut entrepris sous le patronage de la Société pour la recherche psychique, pendant le premier quart de ce siècle, ainsi que dans les départements de psychologie d'universités, notamment en Amérique. D'importants efforts furent faits en matière d'expérimentation de la télépathie à Harvard et à Stanford aux États-Unis, ainsi qu'à Groningue en Hollande. Les expériences faites dans ces trois universités, jugées d'un point de vue actuel, auraient pleinement justifié la poursuite de cet effort. Et pourtant, cela ne fut nulle part le cas. Le travail sur la télépathie se révéla beaucoup plus ardu que l'étude relative à la plupart des autres facultés mentales soumises à expérience. Dans un programme universitaire, la facilité de la démonstration intervient pour une large part dans le choix du sujet. La psychologie elle-même était une nouvelle discipline qui devait se battre pour s'imposer. La recherche psychique ne pouvait en rien contribuer à sa respectabilité et, pour un jeune scientifique, ce n'était pas un domaine qu'il convenait de choisir pour faire carrière. L'heure de cette discipline n'avait pas encore sonné.
Toutefois, même si le premier quart de ce siècle n'a servi qu'à susciter la curiosité de quelques rares départements de psychologie et aggraver encore la controverse déjà ancienne entre la psychologie et la recherche psychique, un résultat inespéré a été obtenu. Il n'est pas le fait de ces vieilles universités bien assises, mais d'une jeune université de Caroline du Nord. C'est un heureux concours de circonstances qui a donné naissance à cette sorte de havre que souhaitaient quelques chercheurs de notre temps.
ASTRAL 2000 – Gérard – Septembre 2017