D’étranges pouvoirs humains

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Bilocation, dématérialisation, envol, lévitation…

Tintin tibet

Tintin au Tibet - Hergé - 1960

On prête à certaines personnes le pouvoir de disparaître, puis de réapparaître en un autre lieu. On croit que des êtres humains ont la faculté de se rendre effectivement invisibles. En fait, cette idée est si profondément enracinée dans la tradition magique que l'on trouve plus d'une centaine de recettes d'« invisibilité » dans les grimoires médiévaux. De même, les séances de spiritisme comportent ce que l'on appelle des apports, c'est-à-dire l'apparition d'objets venus de nulle part. On prétend que des médiums eux-mêmes ont été transportés vers des lieux éloignés. Nous savons que les illusionnistes exécutent leurs tours de disparition à l'aide de miroirs, tout comme ils accomplissent d'autres actes de magie par prestidigitation. Mais lorsqu'on étudie le problème, on peut se demander si la sorcellerie, à un niveau plus élevé, n'est pas elle-même une forme de magie. A l'origine, le sorcier n'était pas un illusionniste de plateau, mais un véritable magicien qui invoquait les démons au moyen de charmes. Certains des plus célèbres magiciens de théâtre furent des champions de l’illusion et ils étaient capables de donner aux gens l'illusion des choses au moyen d'un hypnotisme collectif.

Le plus grand artiste d’escapologie(1) au monde, Harry Houdini (1874-1926), réalisa apparemment des miracles. Certains de ses exploits furent si extraordinaires qu'il fut impossible de les renouveler, même avec l'assistance de collaborateurs. Les personnes qui fabriquaient et scellaient les boîtes dans lesquelles on l'enfermait, et qui liaient les cordes qui l'attachaient, n'étaient pas des amateurs pris au hasard dans le public, mais des spécialistes dans leur domaine. On l'emprisonna dans des cellules, menottes aux poignets, on le mit dans des placards, on le jeta à l'eau prisonnier dans des caisses fermées par des cordes solidement liées et, malgré toutes ces précautions, il arrivait à se libérer en l'espace d'une heure ou deux. Un habile artisan de Birmingham travailla trois ans à la mise au point d'une paire de menottes dont toutes les serrures étaient à gorge. Houdini s'en débarrassa en nonante (quatre-vingt-dix) secondes.

(1) Escapologie ou art de l'évasion  : en prestidigitation, art de se défaire de toutes sortes d'entraves (coffre, cordes, chaînes…)

Harry houdini

Harry Houdini

Harryhoudini1899

Harry Houdini 1899

Nombre de ces exploits furent considérés comme impossibles, paradoxe auquel Sir Arthur Conan Doyle, ami de Houdini, donna une curieuse explication. Doyle pensait que Houdini était un authentique médium naturel et que ses performances ne pouvaient s'expliquer que par le fait qu'il se dématérialisait pour se rematérialiser ailleurs, libéré de ses menottes, de sa cellule ou de sa caisse. Et Doyle n'était pas le seul à croire à quelque explication surnaturelle de ce genre. Il n'est pas inutile d'observer que Houdini s'intéressait profondément et sérieusement au spiritisme, et qu'il se plaisait à dénoncer les faux médiums.

Mais il existe également d’autres phénomènes sont liés à la dématérialisation. Une personne présente en un lieu l'est également dans un autre sous sa forme astrale qui, parfois, prend une consistance matérielle. Dans la bilocation, ou ubiquité, elle semble se trouver en deux endroits à la fois. Dans la clairvoyance astrale, elle assiste à des événements se déroulant en d'autres lieux lorsqu'elle est dans son corps astral. On raconte qu'en 1774, Alphonse de Liguori (1696-1787), fondateur d'un ordre monastique catholique (l'ordre du Saint-Rédempteur) et qui fut plus tard canonisé, tomba en transe profonde et demeura inanimé dans sa cellule au cours d'un jeûne en son monastère d'Arezzo. Quand il reprit connaissance, il déclara s'être trouvé au chevet du pape Clément XIV sur son lit de mort, à quatre jours de route de là. Ceux qui avaient assisté le pontife dans ses derniers instants confirmèrent par la suite que le moine avait été effectivement présent, leur avait parlé et avait participé aux ultimes cérémonies.

Santo afonso

Alphonse de Liguori

En 1756, le scientifique, théologien et philosophe suédois Emmanuel Swedenborg (1688-1772), alors qu'il se trouvait à Göteborg, vit l'incendie qui ravageait Stockholm, bien qu'il fût à 500 km du sinistre. Une personne peut avoir la vision de son corps astral, comme il peut apparaître aux autres, et c'est ce qu'on appelle communément une apparition. Les récits d'apparitions sont nombreux. Le dramaturge Ben Jonson (1572-1637) reçut la visite de son fils qui était en train de mourir de la peste dans une localité éloignée. Le poète John Donne (1573-1631), en voyage à Paris, vit apparaître sa femme vivant à Londres; elle portait le corps d'un enfant mort et cette vision se produisit à l'instant même où elle mettait au monde un bébé mort-né. On raconte qu'Abraham Lincoln, Goethe, Shelley et d'autres vécurent des expériences de vision astrale, dans lesquelles une personne voit son propre double.

Emanuel swedenborg

Emmanuel Swedenborg

Il est souvent fait état, dans les légendes, de voltigement ou de vol à travers les airs. C'est de la Chine antique que nous vient l'histoire des deux filles de l'empereur Yao qui enseignèrent l'art de voler à Shun et qui l'épousèrent toutes les deux à la mort de leur père. La Grèce nous a légué la légende de Dédale qui, accompagné de son fils Icare, s'évada du labyrinthe et reconquit la liberté par la voie des airs grâce à des ailes de plume qu'il avait fabriquées et attachées avec de la cire; Icare s'éleva trop haut, la chaleur du soleil fit fondre la cire et il tomba dans la mer où il périt noyé.

Dedale icare
« La Chute d'Icare » - Jacob Peter Gowi

On prétend qu'au cours de leurs cérémonies, il arrive que les chamans se mettent à voler comme des oiseaux. Selon la légende chrétienne, Simon le Mage avait la faculté de naviguer dans l'air et ce furent les prières de saint Pierre qui le ramenèrent sur terre. L'un des plus importants lamas tibétains, Milarepa (1038-1120), fut aperçu en de nombreuses occasions en train de traverser le ciel.

Milarepa

Milarepa

En Europe, la faculté prêtée aux sorciers de se rendre au sabbat par la voie des airs n'était pas seulement admise par les gens simples mais également par d'éminents ecclésiastiques.

La persistance de cette idée mérite examen. Il est bien évident que la plupart des cas peuvent être considérés comme relevant d'une imagination fantasque. Quelques-uns peuvent rappeler des expériences extracorporelles. Les psychologues inclinent à voir dans ces légendes une mythification du désir de voler. Mais en dehors de ces tentatives pour expliquer la non-existence du phénomène, il est possible, semble-t-il, d'interrompre la loi de la pesanteur, comme dans les cas de la lévitation, où l'on voit une personne s'élever dans les airs et flotter au-dessus du sol.

Les récits de lévitation sont lieux communs dans la littérature religieuse du monde entier et on en enregistre également dans la recherche psychique. De tous les miracles attribués aux saints, il n'en est peut-être aucun qui revienne aussi fréquemment que celui de leur élévation dans l'air comme si la force gravitationnelle avait été annulée à leur profit. Le cas de saint Joseph de Copertino (mort en 1663) est le mieux authentifié de la littérature chrétienne. A l'instar de personnes brusquement investies de pouvoirs extraordinaires, il vécut une existence d'une sévère austérité, arrosant ses aliments, avant de les consommer, d'une poudre amère, pour leur donner un goût désagréable, au point qu'un frère moine y ayant goûté fut malade pendant trois jours. Il se flagellait avec un fouet garni de barbelures jusqu'à ce que le sang jaillisse de son dos. Lors d'un moment de prière, son corps quitta le sol et se mit à flotter dans l'air. Depuis ce jour, ses lévitations se multiplièrent. Une fois, alors qu'il était dans l'extase, il s'éleva jusqu'au maître-autel, puis jusqu'au bord de la chaire situé à environ 4,50 m du sol. Si on le retenait, il entraînait les autres avec lui. A l'air libre, il s'envolait jusqu'à la cime des arbres et, s'il se posait sur l'une des plus fines branches du sommet, celle-ci ne ployait même pas sous son poids. D'éminentes personnalités - rois, prélats, professeurs, dont le philosophe Leibniz - furent les témoins de ses lévitations. Le duc protestant de Brunswick fut tellement bouleversé par le miracle auquel il assista, qu'il se convertit au catholicisme.

San giuseppe da copertino par ludovico mazzanti

Saint Joseph de Copertino

Certains séminaires tibétains ont mis au point une méthode grâce à laquelle il est possible d'acquérir une certaine forme du don de lévitation ou de légèreté du corps permettant d'accomplir sans difficulté des déplacements à grande distance. Connue sous le nom de lung-gom ou marche en transe (« lung-gom » signifie littéralement « Maîtrise des courants d'énergie »), elle faisait autrefois partie de l'enseignement donné à une catégorie spéciale de coureurs-messagers traversant les campagnes. Le lung-gom associe la concentration mentale aux exercices respiratoires et doit être pratiqué dans l'isolement durant deux ou trois ans. Pour prouver qu'il a acquis cette faculté, le sujet doit s'asseoir, les jambes croisées, sur le siège de la méditation d'où il projette son corps qui se maintient dans l'air nettement au-dessus du siège. Un observateur européen ayant assisté à l'événement déclara que cela était « tellement mystérieux et inquiétant qu'il en avait eu des sueurs froides ».

Les « morts-vivants »

Les yogis et fakirs orientaux sont souvent formés à la maîtrise du système nerveux autonome - cette partie du système nerveux que normalement la volonté ne contrôle pas, et qui réglemente les activités physiologiques telles que les pulsations, la température du corps, la tension sanguine, l'ouverture des pupilles, la respiration - de sorte que, par un acte de la volonté, ils peuvent faire varier leurs pulsations, celles du poignet droit étant différentes de celles du poignet gauche. L'Égyptien et illusionniste Tahra Bey, vers 1925, pouvait volontairement obtenir cent quarante pulsations à la minute ou les réduire à quarante et, dans certains cas, les interrompre complètement.

Tahra bey

Tahra Bey

Hamid Bey, un autre faiseur de miracles égyptien, qui fut examiné par trois médecins, pouvait obtenir que les pulsations au poignet ne correspondent pas aux battements du cœur. Une fois, on enregistra cent deux pulsations sur le poignet gauche, quatre-vingt-quatre sur le droit, nonante-six (quatre-vingt-seize) au cœur, alors qu'elles se situent uniformément aux environs de septante-deux (soixante-douze).

Hamid bey

Hamid Bey

Le phénomène le plus extraordinaire de cette discipline est l'interruption de l'animation. L'ensemble des activités physiologiques du corps paraissent s'arrêter et la personne manifeste tous les symptômes de la mort, absence complète de rythme cardiaque et de respiration. Il arrive quelquefois que cet arrêt se produise spontanément. Un homme peut être considéré comme mort et, à l'issue d'une transe se prolongeant pendant des heures et parfois même deux à trois jours, revenir brusquement à la vie. Les annales médicales abondent de faits de ce genre. Mais on peut obtenir les mêmes résultats par l'effet de la volonté. Des Indiens, des Égyptiens comme Rahman Bey, se sont fait une spécialité de ce genre de prodiges et, au siècle dernier en Inde, on a enregistré plus d'un récit de yogis ayant interrompu leur respiration ou l'ayant abaissée au point de la rendre imperceptible, et qui se sont permis de se faire enterrer vivants pendant plusieurs jours. Au cours des dernières années, il y a eu tant de victimes parmi ces hommes mal entraînés que les autorités indiennes ont mis un terme à ce genre d'exploits.

Rahman bey

Rahman Bey

Un certain nombre de disciplines occultes pratiquées dans plusieurs parties du monde permettent d'acquérir des pouvoirs sur soi-même, sur les autres, sur les animaux ou sur les phénomènes naturels. Mais ces pouvoirs sont invariablement spécialisés et nul ne possède une omnipotence sur les choses. L'homme qui exerce son pouvoir sur les requins à Ceylan ne peut commander aux marsouins de Polynésie. Le charmeur de serpents n'a aucune prise sur les éléphants. En Europe, cette même spécialisation se rencontre en matière de guérison. L'homme habile à faire disparaître une verrue en une semaine reste impuissant à traiter certaines autres maladies.

L'acquisition de pouvoirs est l'un des buts principaux d'une grande partie de l'occultisme, et la plupart de ceux qui se mettent à l'étudier le font pour obtenir l'une ou l'autre faculté extraordinaire. Ces préoccupations sont cependant considérées comme contraires au but propre des études ésotériques, qui est essentiellement la connaissance et la compréhension. Le philosophe hindou Patanjali, qui vécut au II ème siècle av. J.C. (?), condamna la soif de ces pouvoirs comme une « entrave à l'accès à la vérité suprême ».

Traditionnellement, on était assuré d'acquérir, par la pratique du yoga, huit dons ou siddhis, à savoir : le pouvoir de devenir infiniment petit, infiniment grand, infiniment lourd, impondérable, le pouvoir d'être transporté instantanément en n'importe quel lieu de l'univers, de satisfaire tous ses désirs, de contrôler toutes les créatures, d'être le maître de toutes choses. Ces objectifs assez puérils valent d'être notés en raison de leur frappante similitude avec les visions provoquées par les drogues psychédéliques. Des individus soumis au LSD peuvent imaginer être réduits à l'état de particules atomiques, ou grandir aux dimensions d'une galaxie. Ils peuvent également se sentir aussi stables que l'Himalaya, ou avoir la sensation de flotter comme un nuage, mais encore imaginé voyager vers des lieux lointains et être convaincus de posséder la faculté de maîtriser les phénomènes naturels.

Charles Hoy Fort (1874-1932), un Américain, observateur non conformiste d'événements étranges, comparait la science à une voiture suivant à grande vitesse une autoroute moderne construite à travers une jungle épaisse et dont le chauffeur ne prêterait aucune attention au fascinant paysage s'étendant de chaque côté de la route. T. H. Huxley (1825 -1895), parlant de certains faits psychiques qui avaient été portés à sa connaissance, observait: « A supposer que les phénomènes soient authentiques, ils ne m'intéressent pas ». Mais, depuis son époque, la science s'y est de plus en plus intéressée, et la physique, la métaphysique, la réalité et la fiction se sont rencontrées en plusieurs points. Il reste certainement encore beaucoup à apprendre au sujet des pouvoirs dont dispose l'être humain, relevant peut-être de la science-fiction ou du domaine de la parapsychologie.

 

Astral 2000 – Gérard – Juillet 2017

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