Créer un site internet

Les fantômes irrévérencieux

Mots-Clés : fantôme,hallucination,rêve

On connaît en psychiatrie de nombreux cas de gens normaux qui, pendant quelque temps, sont sujets à des hallucinations. Le plus étrange est que ces hallucinations, même si l'on sait qu'elles ne sont qu'illusions, semblent tout à fait réelles. On peut, par exemple, citer des cas ou une apparition arrête la lumière ou se reflète dans un miroir. Toutefois, comme ces hallucinations n'ont pas de réalité objective, malgré les apparences, elles ne réfléchissent pas la lumière et ne créent donc pas d'images dans le cerveau.

Cependant, pour le sujet victime d'une hallucination, il y a bien une image. Lorsque ce phénomène se produit à l'état de veille, il faut donc en conclure que c'est le cerveau lui-même qui crée une image et qui la « projette » d'une certaine façon à l'endroit où elle est visualisée. Le processus est sans doute semblable en cas d'hallucination auditive.

Lorsque quelqu'un est victime d'une hallucination, il va en général consulter un psychiatre, car il se demande s'il n'a pas perdu la raison. Parfois, cependant, les hallucinations ont une telle force qu'il est difficile de ne pas croire à leur existence.

En fait, nous avons tous des hallucinations. Lorsque nous rêvons. Nous savons maintenant que les rêves expriment une partie des refoulements du subconscient. La mémoire joue également un rôle dans l'élaboration des rêves, ainsi que la communication d'un simple malaise physique pendant le sommeil. Rêver, par exemple, que l'on étouffe, le visage enfoui sous l'oreiller.

Comme le démontre J.W. Dunne dans « An Experiment with Time » (1927), beaucoup de rêves ordinaires se réalisent plus tard sans que nous nous en rendions compte, car ils n'étaient pas significatifs. D'autres, en revanche, nous marquent, et s'ils se réalisent, nous nous en souvenons. On peut expliquer ce phénomène de la façon suivante : l'esprit du rêveur assiste à la projection de films d'images qu'aucune réalité ne corrobore au moment du rêve. Pourtant, certains de ces rêves s'accomplissent par la suite. Tout se passe comme s'ils étaient les ombres des événements à venir, aussi réels que l'ombre d'un homme qui nous dépasse quand nous marchons, le soleil dans le dos, à la tombée de la nuit.

Les gens du Moyen Age craignaient terriblement les incubes et les succubes, démons mâles et femelles qui venaient séduire les femmes et les hommes pendant leur sommeil. Ils les rendaient responsables de rêves érotiques. Selon les psychiatres modernes, la force de ces rêves est telle chez certains sujets qu'ils atteignent l'orgasme. On connaît aussi des cas de « grossesse fantôme » (“pseudocyesis” ou “grossesse nerveuse”). L'exemple le plus célèbre est celui de Marie Tudor, qui désirait tellement avoir un enfant que pendant quelques mois elle donna tous les signes normaux d'une grossesse.

Plus étonnants encore sont les cas de « viols hallucinatoires », que de nombreux psychiatres considèrent comme des phénomènes très sérieux. Les femmes victimes de ces violences montrent des traces de coups, de morsures ou de griffures qu'elles n'ont pu s'infliger elles-mêmes, même lors de cas d'hystérie, explication que l'on envisage généralement dans ce genre de phénomène.

Doit-on parler d'hallucination collective lorsque les membres de la famille d'une victime affirment avoir vu « un attaquant fantôme » disparaître à leur approche ?

L'esprit humain possède des facultés insoupçonnées. Un coup de couteau est apparu sur le visage d'un homme qui revivait une bagarre sous hypnose. Une jeune fille s'est évanouie à l'endroit où elle pensait avoir été fouettée à mort dans une autre vie, des coups de fouet apparaissant spontanément sur son dos. Il est évident que les victimes elles-mêmes n'ont pu s'infliger physiquement de telles blessures. C'est leur esprit malade qui crée ce que l'on peut appeler des stigmates. De même, dans le cas du « fantôme violeur », il peut très bien s'agir d'une création de l'esprit de la victime, création qui s'impose aux esprits des personnes présentes.

Il est à remarquer que ces phénomènes se produisent souvent lorsque nous sommes dans un état hypnagogique, c'est-à-dire au moment de nous endormir, ou, au contraire, dans un état hypnopompique, autrement dit au réveil. Ce sont en effet les deux moments de la journée où la conscience relâche sa vigilance, ce qui nous rend donc particulièrement réceptifs aux hallucinations de toutes sortes.

Les hallucinations sont marquées par les idéaux culturels de leur époque. Les « rêveurs inspirés » ont toujours existé. Lorsque la religion dominait les esprits, que la mortification, le jeûne, l'absorption d'herbes sacrées étaient choses courantes, ils participaient, selon leur tendance, aux orgies et aux sabbats ou, au contraire, avaient des visions de la Vierge et des saints. A notre époque, il s'agira plutôt d'ovnis. Citons par exemple le cas d'une femme qui se crut enlevée par des extra-terrestres alors que, pendant toute cette aventure, qu'elle racontait avec force détails, elle se trouvait dans une voiture en compagnie de son mari.

Cette expérience se rapproche des phénomènes observés sous hypnose. Que penser, d'autre part, des curieux phénomènes de transmission ? De la saveur du chocolat ou de la moutarde qui vient à la bouche du sujet lorsque l'hypnotiseur goûte ces deux ingrédients? Ou, inversement, des fourmillements que ressent tout à coup l'hypnotiseur lorsque le sujet subit lui-même ces sensations?

Il y a, de toute évidence, différents niveaux de réalité. Selon les visionnaires et les mystiques, il existerait une « réalité ultime » où l'individu devient partie intégrante de l'Univers. Pour celui qui a un jour connu cette dimension supérieure, qui ne s'atteint que dans un état d'extase, la réalité quotidienne n'est plus qu'un rêve insignifiant.

Une question toutefois reste posée : les autres niveaux de réalité ne sont-ils que des passages intermédiaires entre la réalité quotidienne et la réalité « ultime » des mystiques, ou ne sont-ils, malheureusement, que des manifestations d'esprits malades?

Astral 2000 – Gérard – Janvier 2021

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire