La clairaudience

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Clairaudience

Dès qu'on s'efforce d'approcher de la manière le plus scientifique possible les phénomènes relevant de la parapsychologie, on essaie évidemment de les classer selon leurs caractéristiques propres et répétitives, pour les analyser avec toute la rigueur voulue.

C'est la raison essentielle pour laquelle on a distingué clairaudience de clairvoyance.

Sous ce dernier terme, un spécialiste des sciences parallèles, le professeur Joseph Banks Rhine, de l'université Duke en Caroline du Nord, entendait dans les années trente « toutes les formes de perception ne relevant pas des cinq sens habituels et qui autorisent l'accès à des informations en provenance aussi bien du temps que de l'espace ainsi que tous les phénomènes psychiques ou biopsychiques à l'origine de l'émission de telles informations » ...

Le pionnier de la parapsychologie scientifique intégrait donc alors, comme l'entend sa définition, sous l'appellation générale de clairvoyance, aussi bien la télépathie que l'exploration extra-sensorielle du passé, la voyance qui projette dans le futur et même la psychométrie (faculté, assez rare, de pouvoir remonter la « mémoire » d'un objet).

Joseph banks rhine

Joseph Banks Rhine

Peu importe la manière dont se présente cette information. Elle peut être un phénomène purement intuitif, cette conviction profonde, telle qu'en connaissent souvent les grands sujets psi, que telle ou telle chose se passe à tel endroit, que telle ou telle personne appelle au secours, qu'une autre est en train de mourir.

Pas d'image dans ce cas, mais une simple certitude qui s'impose à la conscience du sensitif, une impression forte qui n'a pas besoin de passer par le canal des sens pour être traduite.

D'autres fois - il semblerait que ce soit le cas le plus fréquent - le voyant reçoit ce qu'il appelle un· « cliché ». L'information s'impose alors à lui sous la forme d'un instantané photographique ou d'une séquence de cinéma, souvent d'ailleurs extrêmement fugitifs. Il voit littéralement.

Cette espèce de perception extra-sensorielle est tellement répandue que, lors des entraînements très spéciaux que l'on propose à des sujets pour augmenter leurs facultés psi, on leur demande de créer, derrière leurs yeux clos, ce que les professionnels appellent un « écran mental ».

Pour cela, ils imaginent une page blanche derrière les paupières, ou à quelque niveau que ce soit de leur imaginaire, et c'est sur elle que viendra s'inscrire l'information en langage graphique, dessin ou plus rarement écriture.

Mais il arrive aussi que la perception paranormale soit de nature auditive. Le sujet entend une voix lui dicter le message psi. Ce peut être celle de l'être qui envoie l'information (quelqu’un qui est en danger ou qui meurt, par exemple) ou celle de l'agent émetteur quand il s'agit d'une expérience de laboratoire. Mais ce peut être tout aussi bien une voix off n'appartenant à personne, venue de nulle part. Une voix masculine ou féminine selon les cas, calme ou angoissée, lointaine ou extraordinairement présente ...

Nous nous trouvons alors en présence du phénomène dit de clairaudience.

Il n'a pas toujours été bien considéré, dans notre civilisation occidentale, d'entendre des voix. Il est vrai que l'hallucination du sens auditif est médicalement  l'une des plus fréquentes. Les clairaudients sont donc très vite taxés de dérangement mental. De ce fait, ils ont peut-être moins eu tendance à se faire connaître que les autres sujets doués de pouvoirs paranormaux. Ce qui pourrait en partie expliquer que cette faculté parapsychologique ait été moins étudiée que les autres.

Après l'avoir incluse d'abord dans la clairvoyance en général, le professeur  Rhine distinguait, dès les années cinquante, la clairaudience en tant que phénomène extrasensoriel spécifique. Il écrit en 1957 : « Nous pouvons considérer, à la suite de nombreuses expériences et statistiques conduites dans le cadre de nos divers programmes d'études, que le fait de percevoir auditivement un message qui ne passe pas par les voies ordinaires de transmissions sensorielles constitue une faculté spécifique de l'humain. Cette faculté se manifeste sans doute autant que les autres qui mettent en jeu des impressions sensorielles intérieures relevant de la vue, de la tactilité ou de l'odorat. Ce qu'il n'est pas possible de déterminer, ce sont les raisons biologiques et psychiques pour lesquelles le message paranormal se traduit de l'une ou l'autre manière ... »

Mais bien avant lui, c'est un Français, le célèbre astronome et spécialiste de l'au-delà Camille Flammarion, qui avait le premier étudié scientifiquement la clairaudience.

Nicolas camille flammarion 26 fevrier 1842 03 juin 1925Camille Flammarion

Dès le début du siècle, dans l'immense moisson de témoignages qu'il a récoltée, il isole ceux dans lesquels le message est expressément lié à l'audition. Pour une vue d'ensemble de la question, on se reportera à ses ouvrages fondamentaux : « La Mort et son mystère » et « Après la mort », où les cas sont répertoriés avec une rigueur analytique qui n'a rien à envier aux protocoles des scientifiques d'aujourd'hui.

Ainsi trouve-t-on le témoignage de Lady Eardley, une Anglaise de la haute société, à qui une expérience de clairaudience sauva incontestablement la vie. Flammarion a bien entendu vérifié toutes les données de l'affaire, qui fut par ailleurs l'objet d'une enquête de Myers, l'un des fondateurs de la fameuse Society for Psychical Research.

Quand elle prenait son bain, elle avait l'habitude de fermer de l'intérieur la salle d'eau. Ce jour-là, elle le fit comme à l'ordinaire ... « Juste au moment d'entrer dans l'eau, j'entendis une voix qui me dit "Ouvre la porte!". La voix était distincte, bien extérieure, et pourtant semblait venir en quelque sorte de moi-même. Je ne puis dire si c'était une voix d'homme ou de femme. Je fus étonnée et regardai autour de moi : naturellement il n'y avait personne. Une deuxième fois, j'entendis "Ouvre la porte!" ; je commençais à avoir peur, me disant : je dois être malade ou folle, mais je ne me sentais pas mal. Je me décidais à ne plus y penser, et j'étais dans mon bain quand j'entendis une troisième fois - et je crois une quatrième fois - prononcer les mêmes mots. Je fis un bond, j'ouvris la porte et j'entrai dans mon bain. Comme j'y entrais, je m'évanouis et je tombai à plat dans l'eau ... »

Lady Eardley aurait eu dix fois le temps de se noyer si elle n'avait obéi à son étrange prémonition auditive. Sa femme de chambre se trouvait dans la pièce voisine ; elle entendit le corps tomber lourdement au fond de la baignoire et sauva Lady Eardley.

Lady eardleyLady Eardley

Flammarion cite, entre autres, un deuxième cas de clairaudience, qu'il relève toujours dans les inépuisables « Annales de la Society for Psychical Research ». En juillet 1860, une locomotive déraille près d'Édimbourg, en Écosse, et tue trois hommes. Elle aurait normalement dû faire une quatrième victime, une petite fille qui avait l'habitude de jouer, exactement à cette heure-là, à l'endroit fatidique. Sa mère l'y avait conduite comme d'habitude et revenait à la maison. « Quelques minutes après mon départ, témoignera-t-elle, j'entendis distinctement une voix intérieure me disant : "Envoie vers elle immédiatement [en français classique, 'envoyer' a le sens d'envoyer des domestiques ou des messagers] ou il lui arrivera quelque chose d'épouvantable!" » Peu accoutumée à de telles interventions parapsychiques, la jeune femme pense qu'il s'agit d'une pure hallucination et poursuit sa route ...

« Cependant, un moment après, la même voix recommença à me parler avec des mots identiques, mais plus impérieusement. Je résistai encore, et je mis à l'épreuve mon imagination pour deviner ce qui aurait pu arriver à l'enfant... » La petite pouvait être victime d'un chien enragé, d'une mauvaise chute, d'un personnage mal intentionné ... Angoisses dénuées de tout fondement... Pourquoi cet après-midi-là plutôt qu'un autre? La mère s'efforce de songer à autre chose.

« J'y parvins durant quelques instants, poursuit-elle, mais bientôt la voix renouvela l'insinuation avec les mêmes mots : " Envoie vers elle immédiatement ou il lui arrivera quelque chose d'épouvantable !"En même temps, je fus saisie d'un tremblement violent et d'une impression d'extrême terreur... J'ordonnai à la domestique d'aller chercher immédiatement ma fille, répétant automatiquement les mots de l'insinuation : "autrement il lui arrivera quelque chose d'épouvantable!" »

La locomotive s'écrasa exactement sur les pierres où l'enfant était assise moins d'une heure auparavant...

Ces cas ne concernent que des messages émanant de nulle part ; on ne peut pas mettre de visage sur cette voix mystérieuse.

Mais, toujours dans les inépuisables sources de Camille Flammarion, on trouve maints exemples de clairaudience avec « émetteur spécifique », pour employer le jargon des parapsychologues actuels.

Il s'agit souvent de personnes qui vont mourir ou qui sont déjà mortes. Les premières avertissent de l'état critique dans lequel elles se trouvent, les secondes «reviennent de l'au-delà » porter quelque message qu'elles n'ont pas eu la possibilité d'exprimer de leur vivant. Ordinairement, le clairaudient n'est pas un médium mais un proche du défunt.

A Constantine, en Algérie, à la fin du siècle dernier, une femme entend, à minuit, quelqu'un frapper à sa porte. Elle demande qui est là et immédiatement une voix lointaine, qu'elle reconnaît être celle d'un cousin vivant en France, lui répond : « N'ayez pas peur. Je suis mort. Gardez tout ce que vous avez. Faites prier et priez pour moi. »

Il arrive que la clairaudience se limite à un bruit coïncidant avec un autre phénomène étrange, comme une horloge ou une montre qui s'arrêtent à la minute exacte de la mort. Aucun mot intelligible n'est alors prononcé.

Ainsi, selon un exemple rapporté par le docteur Ostwalt, le 16 juin 1915, la mère d'un soldat est éveillée la nuit « par la perception de trois coups très nets et très vibrants frappés à la porte ». Tout d'abord, raconte la femme, « je répondis "Entrez!", croyant au geste de ma femme de chambre qui me sert habituellement mon petit déjeuner vers sept heures ». Personne n'entre. Elle regarde sa montre; elle marque 6 heures moins cinq et s'arrêtera inexplicablement à ce moment précis. Elle éprouve une sensation intense, à la fois bizarre et très inconfortable.

«C'est étrange, dit-elle à son mari, je viens d'avoir une hallucination auditive : trois coups frappés à la porte, mais si rapides et si vivants qu'ils m'évoquent notre Henri. Il me semble que c'est lui me disant : "Maman chérie, je t'en prie, ne t'inquiète pas, je change de secteur, je suis heureux, tout va bien, mais je pars !" »

Les trois coups prémonitoires avaient été frappés exactement à l'instant où mourait le jeune soldat, à des centaines de kilomètres de là.

Les exemples de ce genre se comptent par centaines. Parfois, c'est une voix seule. D'autres fois, des éléments secondaires viennent se greffer sur cette inexplicable sensation auditive. Ou bien encore, il s'agit de bruits banals qu'il faut simplement savoir interpréter, ou auxquels peuvent être reliées des sensations qui ne prêtent à aucun doute.

Le phénomène de clairaudience est, en fait, tout aussi complexe dans ses innombrables caractéristiques que les autres manifestations parapsychologiques.

Étudiée avec la plus grande attention par Camille Flammarion et les spécialistes anglais de la Society for Psychical Research au tout début de la parapsychologie scientifique, la clairaudience fut ensuite largement confondue avec la télépathie et la clairvoyance en général lors des travaux ultérieurs.

Ce n'est que plus tard que l'on s'est de nouveau avisé de la considérer comme une faculté paranormale spécifique dont les divers aspects méritaient d'être étudiés en particulier.

Vers la fin des années cinquante, déjà, l'un des pionniers de la recherche parapsychologique moderne, le professeur Leonid Leonidovitch Vassiliev écrivait : « Il convient d'établir des distinctions nettes entre télépathie, voyance en tant que telle et clairaudience. C'est le seul moyen de dégager scientifiquement les lois de ces phénomènes dont les caractéristiques de manifestation diffèrent assez nettement de l'un à l'autre ....

« Les cas d'audition paranormale, qu'ils soient ou non prémonitoires, présentent des données spécifiques par rapport à la voyance ou aux autres formes de manifestation psi. Cela range donc cette faculté dans un domaine à part qui risque d'avoir ses lois propres, ce dont le scientifique doit absolument tenir compte. »

Vassiliev, pour sa part, n'a cependant pas étudié un grand nombre de cas de clairaudience. Ses disciples en Russie suivront en revanche ses directives et conduiront des expériences dans le but d'isoler cette faculté et d'en expliciter les particularités inédites.

Contrairement à d’autres, ces chercheurs délaisseront à peu près complètement les messages dictés « à haute et intelligible voix » avant la mort ou simultanément. Cet aspect du problème ne semble pas avoir directement intéressé les Soviétiques, ou, du moins, n'a donné lieu à aucune publication.

Leonid leonidovitch vassilievLeonid Leonidovitch Vassiliev

Les parapsychologues des pays de l'Est (ou « psychotoniciens », comme ils s'appellent) ont surtout fait des expériences avec des sujets de laboratoire. Rappelons qu'ils sont les créateurs de ces fameuses « chambres de silence » ou « chambres sourdes » utilisées en astronautique, dans de nombreuses recherches parasensorielles. Il s'agit de caissons dans lesquels on isole l'individu de telle sorte qu'aucun stimulus sensoriel ne puisse, d'une manière ou d'une autre, l'atteindre. C'est une simulation du vide spatial dans lequel les sons, en particulier, ne se propagent pas. On peut ainsi étudier, lorsqu'on travaille avec un clairaudient, toutes les données de réception du message sans qu'il y ait de « parasites » ...

Des médiums aussi célèbres que Ninel Kulagina, Varvara Ivanovna, Alla Vinogradova et Djouna Davitachvili, la fameuse «percipiente » qui a soigné Leonid Brejnev, ont été testés à plusieurs reprises dans de semblables chambres de silence.

Kulagina ou Vinogradova sont surtout des spécialistes en psychokinésie, et Davitachvili une magnétiseuse télépathe. Elles ont eu cependant, les unes et les autres, des expériences de clairaudience. Le professeur Spirkine, qui s'occupe des études en laboratoire avec Djouna Davitachvili comme sujet, a déclaré : « Lorsque la communication s'est établie entre elle et son patient, elle perçoit un léger sifflement au niveau de l'oreille gauche. Cela lui indique que l'échange extra-sensoriel est en cours de réussite. Nous ne pouvons expliquer ce signal sonore qui ressortit à ce qu'on appelle clairaudience. Il existe cependant de manière indubitable et il constitue un élément précieux dans l'étude de cette manifestation très particulière et très mal connue de la transmission des messages psi …»

Ninel Kulagina

Djouna Davitachvili reçoit des signaux sonores, mais aussi des informations en langage clair. Elles sont alors dictées par une voix off « C'est toujours la même », a-t-elle déclaré à la presse qui l'a beaucoup interrogée à l'époque de la cure de Brejnev. « Je n'ai jamais entendu cette voix en dehors des cas de transmissions extra-sensorielles. Ce n'est pas la voix de celui ou de celle qui émet le message. J'ai l'impression que c'est mon cerveau lui-même qui, à l'instar de certains ordinateurs, synthétise littéralement une voix pour que le message accède à ma conscience. De la même manière, quand il s'agit d'une vision, mon cerveau "dessine" le contenu de l'information sur mon écran mental ou y projette un cliché ... »

Cette explication de la clairaudience par le grand médium russe est extrêmement intéressante. Elle constitue certainement la meilleure analyse que l'on puisse faire de ces voix off, inconnues dans la réalité, qui communiquent l'information au sujet. Vision ou simple intuition, le cerveau choisit ce moyen de préférence à un autre. On ne connaît pas la raison de ce choix. Mais, comme l'a remarqué Djouna Davitachvili, dans les cas où cela se produit, le message est d'une clarté et d'une exactitude beaucoup plus grande. La voix dicte mot pour mot le contenu de l'information. Il n'y a pas à interpréter, ainsi qu'il faut souvent le faire dans la voyance.

Djouna davitachviliDjouna Davitachvili

Varvara Ivanovna, un autre sujet psi soviétique très connu, a eu de nombreuses expériences de ce type. Pour elle, la clairaudience semble même le mode privilégié de transmission des messages parapsychologiques : « Je ne vois pas la plupart du temps, j'entends, a-t-elle déclaré à des journalistes occidentaux. Parfois, c'est effectivement une voix off comme vous dites. Mais ce peut être aussi, c'est assez fréquent, la voix de mon correspondant psi lui-même ... »

Elle raconte à cet égard une anecdote assez intéressante :

«Je me trouvais à Tachkent, où j'avais donné une conférence sur la parapsychologie. Il était tard et j'étais très fatiguée, car les expériences auxquelles je m'étais prêtée durant la soirée avaient été particulièrement éprouvantes. Je me suis étendue sur le lit de ma chambre d'hôtel pour goûter enfin le silence et le repos. J'ai fermé les yeux. Quand vous êtes très fatigué, il y a comme une sorte de bourdonnement presque inaudible qui vous court dans la tête. C'est ce qui se passait pour moi à ce moment ».

« Quelque chose m'a surprise. Le bourdonnement ressemblait maintenant - j'étais étendue peut-être depuis un quart d'heure - à un signal en morse. Puis, ça s'est complètement arrêté. Et j'ai entendu la voix. Extraordinaire. Une voix d'homme très précise dans ma tête. Il avait un certain âge mais ce n'était pas une voix chevrotante. Elle était marquée par les années ou peut-être par un certain abus du tabac. Ce qui ne veut pas dire rocailleuse... Le plus intéressant, c'est qu'elle bégayait, ce qui est tout de même plutôt rare en perception paranormale ! »

« J'ai cru d'ailleurs que c'était dû à une hallucination causée par ma fatigue... "Je vous vous at-at-attends ! Je je je je vous vous en en p-p-p-prie ! Ve-ve ... venez v-v-vite ! S's'-s'il vous p-p-plaît. .. chez v-v-vous .... Question de de de v-v-v-vie ou de m-m-mort ... " Tout s'est arrêté net. Plus de bourdonnement, plus de voix. Il me semble tout de même l'avoir réentendue juste avant de sombrer dans le sommeil. »

« Le lendemain, je suis rentrée par avion à Moscou. Pas à cause du message. Je n'imaginais pas du tout que cela puisse constituer une information psi. En passant dans le hall de mon immeuble, ma logeuse m'a appelée. Elle m'a dit à voix basse que quelqu'un m'attendait chez elle depuis deux jours et qu'elle n'avait pas réussi à le mettre dehors. Il menaçait de dormir en travers de mon palier! Elle avait eu pitié de lui. Il était vieux et malade. Il voulait que je le magnétise pour une tumeur qu'on lui avait dit cancéreuse à l'hôpital mutualiste. C'était le vieil homme. Il était assis sur une chaise et regardait ma photo. Il avait supplié cette photo à haute voix pendant deux jours. Hier, au moment précis où j'avais reçu le message, il s'était mis à pleurer. Il bégayait... »

Étonnante et pittoresque histoire d'un cas de clairaudience particulièrement précis. On a pu en produire d'assez semblables dans les laboratoires du professeur Sergueyev ou d'un autre grand spécialiste russe de la parapsychologie, le docteur Victor Adamenko.

Clairaudience méditation

Aux États-Unis, les disciples de Rhine ont établi des statistiques sur le caractère des messages paranormaux. Selon ces chiffres, 73 % des informations sont perçues avec des images ; 8 % donnent lieu à des impressions tactiles ou, plus rarement, à des odeurs venues de nulle part. Le reste (19 %) est constitué de messages auditifs. En chiffrant, dans un second temps, ce dernier pourcentage, l'équipe de la Duke University s'est aperçue que le quart seulement des informations auditives était donné par la voix du correspondant lui-même. Dans la majeure partie des cas, c'est donc cette fameuse et mystérieuse voix off qui intervient.

Cette étude statistique, comme aiment en faire les adeptes de la recherche psi travaillant avec les méthodes de Joseph Rhine, nous apporte d'autres précisions fort utiles. Ainsi, la perception paranormale liée à l'audition est plus fréquente lorsqu'il s'agit d'une information dramatique. On pourrait dire que celui ou celle qui annoncent leur mort à des parents, celui ou celle qui communiquent extra-sensoriellement pour dire qu'ils sont en grand danger... préfèrent le faire de vive voix!

C'est pour cela que la clairaudience n'est pas très fréquente en laboratoire. On demande à un sujet de transmettre un chiffre, une carte de Zenner, une photo ... Il envoie un graphisme. C'est plus facile que de décrire ces supports. Toutefois, certains sujets émettent en clairaudience. C'est le cas de la jeune fille appelée Jenny S ... (dans les rapports de laboratoire) qui a travaillé en particulier avec les docteurs Puttoff et Targ à l'université de Californie.

Tous ses messages étaient auditifs. Ceux qu'elle recevait lui parvenaient aussi à travers des sons, même si l'émetteur les avait lancés sous forme de graphisme. Elle entendait une voix lui donnant tous les détails du dessin, ou de la photographie, qui devait être psychiquement véhiculé ...

Pour les spécialistes, aussi bien soviétiques qu'américains, il faut faire des distinctions selon les catégories établies par Rhine. Dans les exemples de communication spontanée (c'est-à-dire ni avec des médiums professionnels ni avec des sujets de laboratoire), qui concernent des situations dramatiques, le message passe oralement. Dans les autres cas, le message est transmis sous forme de graphisme.

Il semble qu'au niveau psi la vue soit privilégiée par rapport à l'audition. D'où cela vient-il? Peut-être, comme l'explique le docteur Sergueyev, du fait que notre éducation sensorielle est davantage axée sur l'image que sur les sons. Il remarque que, dans les populations primitives où l'ouïe joue un rôle plus important que chez nous, les manifestations paranormales d'audition constituent, au contraire, la plus forte majorité des expériences.

Notre cerveau, dans les zones obscures où s'élaborent émissions et réceptions des messages psi, a recours aux stimuli les plus habituels dans le cadre d'une mentalité donnée. C'est sans doute la raison pour laquelle la clairaudience est moins largement répandue que la clairvoyance.

D'après les parapsychologues, c'est un phénomène regrettable. Les messages auditifs sont plus clairs, plus précis, plus exacts que les messages passant par les graphismes de l'écran mental.

Si nous entrons un jour, disent-ils, dans une société où la parapsychologie sera enfin une science à part entière et où nous maîtriserons tous les pouvoirs de l'inexpliqué, il faudra sans doute nous réentraîner à entendre. L'Occident, en effet, paraît avoir perdu la faculté de prêter l'oreille à ses voix intérieures ...

 

Astral 2000 – Gérard – Juin 2018

 

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