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Que peuvent apporter l'hypnose et les diverses techniques qui en découlent directement au monde de la thérapeutique ?

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Il y a encore peu de temps, on les croyait inefficaces, voire dangereuses et totalement dépassées. Aujourd'hui, malgré encore bien des réticences, on finit par reconnaître les faits. L'hypnose et les thérapies qu'elle a inspirées entrent progressivement dans l'arsenal de la médecine.

Si l'induction hypnotique donnée par le praticien est une démarche purement psychologique pour manipuler son patient, il est démontré depuis James Braid que la réponse de ce dernier est totalement physiologique, en ce qui concerne les manifestations, extérieures du phénomène, bien entendu. Lorsque le sujet raconte, après suggestion, un événement complètement oublié de son enfance ou va jusqu'à remonter au-delà du stade fœtal, la mise en action des mécanismes de la mémoire secrète est évidemment de nature psychosomatique.

Quelque incertaines qu'elles demeurent dans l'état actuel de nos connaissances sur le problème, voilà des conclusions propres à inciter les médecins soit à utiliser directement l'hypnose pour guérir, soit à mettre à profit ses techniques pour explorer ce que l'on pourrait appeler les « inconnus psychosomatiques » du malade ...

A l'origine, ce sont d'ailleurs des spécialistes de la santé qui ont découvert ces modes d'investigation insolite de l'humain par manipulation des états de conscience. Certes, Puységur se voua davantage à la recherche théorique qu'à la thérapie appliquée. Mais un Mesmer et ses aimantations, un Braid ou un Liébeault étaient avant tout des hommes de l'art désireux de faire avancer les méthodes traditionnelles de soins. On appliqua très vite cette découverte : l'hypnose, que l'on appelait encore « mesmérisme » ou « somnambulisme ».

Dès 1829, l'Académie française de médecine mit en place une commission pour enquêter sur l'utilisation de ces phénomènes en chirurgie. L'époque ignorait à peu près tout des anesthésiques. On opéra sous « aimantation » - selon l'expression de l'époque - une jeune femme atteinte d'une tumeur maligne : elle ne ressentit absolument rien. Bien que convaincue de la valeur du procédé, la commission demeura cependant prudente. C'était un cas isolé. Il fallait des preuves plus solides.

La première dent arrachée sous hypnose le fut en 1830 par un pionnier de la dentisterie psychosomatique, aujourd'hui bien oublié, le docteur Jean-Victor Dudet. Il faudra cependant attendre 1845 pour qu'on ose tenter des opérations plus importantes. Entre-temps furent pratiquées assez régulièrement des extractions dentaires de cette manière. Plusieurs mémoires seront même déposés à l'Académie de médecine pour rendre compte de ces expériences et indiquer la meilleure marche à suivre.

Hypnose 1 11845... Grande première à l'hôpital de Cherbourg. Le docteur Loysel ampute un homme atteint de gangrène sans recourir au traditionnel opium anesthésique ni à l'éther. La même opération, toujours sous inductions hypnotiques, est tentée et réussie à Londres par un trio de chirurgiens, les docteurs Fanton, Vosvele et Joly. Dans les milieux autorisés, on persiste pourtant à considérer ces performances comme des cas isolés. Pourtant, exactement à la même époque et dans des conditions de travail autrement plus précaires, un obscur chirurgien multiplie les succès : James Esdaile, médecin appointé par l'East India Company, à Calcutta, ne dispose d'aucun anesthésique pour opérer les coolies, victimes en très grand nombre d’accidents graves sur les docks de la ville... Passionné d'hypnose, il utilise cette technique pour soigner les malheureux. Il réalise ainsi plusieurs centaines d'amputations et d'interventions de toutes sortes. Mais les journaux médicaux mettront près de vingt ans à tenir compte des résultats qu'il obtient.

En 1847, deux chirurgiens de Poitiers, les docteurs Ribaud et Kairo, opèrent en trois temps, et absolument sans douleur, une jeune fille affectée d'une tumeur du maxillaire. Douze ans plus tard, le 4 décembre 1859, Follin et le célèbre Broca effectuent sur une patiente une intervention consécutive à un abcès sous anesthésie hypnotique...

Il faudra pourtant attendre le docteur Liébeault, dans les années 1870, pour que l'hypnothérapie mérite vraiment son nom. Il est simple généraliste de campagne, mais des années d'études solitaires l'ont convaincu que les techniques d'induction et de suggestion méritent une large application médicale. Comme il a besoin de sujets d'expérience, il a recours à un petit artifice avec ses patients habituels, lesquels, paysans lorrains peu fortunés, ou vaguement « radins», répugnent à dépenser de l'argent chez le médecin. Liébeault leur fait donc la proposition suivante : ou ils veulent des drogues et ils paient, ou ils se laissent soigner par hypnose et tout est gratuit, sauf un petit quelque chose pour la consultation !

Le docteur hypnotise ainsi des centaines de personnes de tous âges et atteintes de toutes sortes de maladies. Tout en affinant ses techniques inductives et suggestives, il apprend à faire disparaître les maux purement psychosomatiques. Il lui suffit d'indiquer au malade, pendant la transe, qu'il n'a rien, que tous les symptômes de son mal vont disparaître à son réveil. Dans les cas d'hémorragies, il étudie comment contrôler les saignements par l'hypnose. Dans les cas d'intervention chirurgicale légère, il cherche le meilleur moyen de se passer complètement d'éther, d'opium, de chloroforme, etc. Les bons paysans, eux, sont satisfaits de s'en tirer très bien et à peu de frais.

Hypnose 2 2Le praticien expérimentateur dispose bientôt de tout un éventail de méthodes exactement appropriées à chaque cas. Grâce à lui, en 1882, le docteur Bernheim sera en mesure de mettre en place à l'hôpital de Nancy le premier programme pratique d'hypnothérapie. Il faudra cependant près de dix ans pour que l'Académie de Paris reconnaisse le bien-fondé de ses travaux, malgré les expériences de Charcot à la Salpêtrière sur ses fameuses hystériques.

Il est vrai que le charlatanisme sévit.

L'hypnose de foire, de music-hall et de salon est stigmatisée dans la presse à caricature On se refuse de croire à l'efficacité de ce procédés, et seuls des francs-tireurs poursuivent la campagne, moqués et vilipendés par le plus grand nombre. Pour le grand public - et, malheureusement, c'est parfois le cas encore aujourd'hui -, l'hypnose est synonyme de sorcellerie, de charlatanisme ou d’imposture. Bien que célèbre dans l'est de la France, le docteur Liébeault est par exemple, traité de « suppôt de Satan » et de « nouveau sorcier » par la presse cléricale lorsque, en 1889, il obtient pour la première fois une analgésie totale lors d'un travail d'accouchement qui dure vingt-quatre heures. On en est même à se demander s'il n'est pas sacrilège de baptiser cet « enfant du Diable »!

La psychanalyse naissante aurait pu donner ses chances à l'hypnose. Freud ne l'a-t-il pas étudiée et pratiquée avec Bernheim et l'école de Nancy? Mais, malgré des tentatives comme celle d'Hadfield avec sa méthode d'hypno-analyse (1920), les disciples de la nouvelle psychologie des profondeurs découvriront une foule d'incompatibilités entre les deux techniques.

Dans la première moitié du XXe siècle, l'hypnose thérapeutique n’est plus guère pratiquée que par quelques médecins isolés. Les charlatans et les illusionnistes finissent de la déconsidérer. Des chercheurs comme Paul-Clément Jagot, entre 1925 et 1940, ont beau multiplier les ouvrages sur le sujet et les expériences sous rigoureux contrôle médical, rien n'y fait. En France du moins, il n'est plus question de prendre la chose au sérieux.

Dans les pays anglo-saxons, cependant, on assiste, pendant la Seconde Guerre mondiale, à une renaissance du procédé. Les anesthésiques manquent et il faut pourtant opérer. Sous les bombardements de Londres de nombreux chirurgiens retrouvent les vieilles techniques de Braid, Liébeault et Esdaile. Ils s'aperçoivent qu'elles ne fonctionnent pas si mal, et sont souvent même bien meilleure que les méthodes traditionnellement utilisées. L'hypnose anesthésique ne laisse pratiquement aucune trace, contrairement aux traitements chimiques. On arrive à réalise grâce à elle les opérations les plus complexe dans des conditions beaucoup plus intéressantes.

Les Américains et les Russes, chacun de leur côté, redécouvrent exactement la même chose. Cette médecine militaire des années difficiles sera le début d'une ère nouvelle de la suggestion thérapeutique. On la débarrasse de ses oripeaux de music-hall. Aux États-Unis, l'American Society of Clinical Hypnosis interdit formellement à ses membres de s'adonner à des représentations publiques de pur divertissement. En Russie on établit une distinction bien nette entre les hypnotiseurs hospitaliers, qui travaillent en dentisterie, en chirurgie générale ou en psychologie appliquée, et les artistes qui se donnent en spectacle. Il est évident qu'il n'est pas question, pour les uns ou les autres, d'échanger les rôles.

Hypnose 3 4Ainsi donc, après la Seconde Guerre mondiale, dans les pays précités mais aussi en Angleterre, en Espagne, en Italie ou au Japon, la situation a beaucoup changé : l'hypnose est normalement admise comme méthode thérapeutique valable, au moins dans un certain nombre de cas. Les universités dispensent des cours destinés aux médecins. Dans un récent compte rendu de la prestigieuse Harvard Medical School, le docteur Fred H. Henkel a présenté un tour d'horizon afin de démontrer les multiples acquis médicaux de ce procédé.

Rien qu'aux États-Unis, on ne compte plus les opérations réalisées sous inductions appropriées avec un entier succès. Henkel les estime à plusieurs milliers par an. Il inclut évidemment dans le nombre les interventions de dentisterie et de petite chirurgie, mais c'est tout de même impressionnant. Le rapport de Harvard fait aussi ressortir l'immense intérêt d'une utilisation systématique de l'hypnose en psychologie clinique et en psychiatrie. Régressions de tous ordres, prises de conscience d'un état pathologique, exploration des traumas enfouis dans les tréfonds du subconscient, résorptions des états nerveux pathologiques graves ... Les possibilités sont immenses, et on commence seulement à en soupçonner certaines.

Sous la conduite de spécialistes avertis, de plus en plus de personnes recourent à l'hypnose de groupe pour certains problèmes de psychologie appliquée. On traite ainsi l'insomnie, la timidité, les divers complexes... On chemine sous induction sur les voies du développement personnel, ce terme mis à la mode par les nouveaux psychologues et qui, pour une fois, n'est pas tout à fait dénué de sens.

Et souvent on apprend, lors de ces séances de groupe, les techniques assez particulières du training autogène et/ou de l'autohypnose, qui constituent encore d'autres domaines de la connaissance et de l'amélioration de soi ...

 

Astral 2000 – Gérard – Avril 2020

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