LES GUÉRISONS PAR L’ESPRIT - LES GUÉRISSEURS

Mots-Clés: guérisseur,sorcier,transe,chaman,guérison,esprit,magnétiseur,magnétisme,Mesmer,baquet,suggestion,autosuggestion,hypnose,hypnotisme,kahunas,acuponcture,acupuncture

Guérison par l'esprit. «Ce qui différencie le plus l'homme de l'animal, affirmait un jour Sir William Osier, est son désir de prendre médecine.» Cette boutade contient en fait plus de vérité que ne l'imaginait son auteur. Les animaux tombent rarement malades à l'état sauvage, sauf lorsqu'ils sont privés de la nourriture indispensable, et, même alors, l'instinct les conduira vers un endroit où ils trouveront le peu de sel ou d'autre chose dont ils ont besoin. Mais l'homme, en acquérant la conscience, perdit progressivement cet instinct. Il se mit à compter sur l'habitude et la mémoire pour distinguer, par exemple, les baies comestibles des vénéneuses et décider des mesures à prendre en cas d'empoisonnement ou de maladie. Or habitude et mémoire n'étaient pas toujours des guides dignes de confiance. Cependant, il y avait toujours quelqu'un dans la tribu à qui la faculté de faire taire sa conscience permettait de laisser parler directement ses instincts animaux. Cette connaissance lui conférait le pouvoir; il devenait le chaman, le sorcier-guérisseur. (Voir : Transes et états de conscience modifiés)

Le chaman était à la fois un «voyant», qui formulait un diagnostic, et un «devin», qui émettait un pronostic. En d'autres termes, il était réputé agir grâce à ce que nous appellerions aujourd'hui la clairvoyance et la précognition. Celles-ci lui venaient parfois naturellement; à d'autres moments, il lui fallait entrer en transe pour «voir» ou «entendre» les réponses à ses questions. Il pouvait également chercher à mettre ses malades eux-mêmes en transes pour libérer leurs instincts grâce à la musique, à la danse ou aux drogues, dont les effets, variables selon les individus, se ressemblaient cependant beaucoup dans l'ensemble. Les patients entraient en convulsions (perdant conscience de leurs membres); ils se «dissociaient», parlant d'une voix qui n'était pas la leur (perdant le contrôle de leur cerveau); ils sombraient ensuite dans un coma d'où le cerveau et le corps ressortaient détendus et réconfortés.

Chaman

Chaman

Telle est l'origine de la guérison par l'esprit, distincte de celle par la nature à laquelle on recourait également: diète, herbes médicinales, art des rebouteux, petite chirurgie. Une méthode agissait par l'intermédiaire de la pensée; l'autre, par celui du corps. Mais, des deux, le chamanisme était l'adjuvant principal; surtout lorsqu'un chaman découvrait la possibilité de renforcer considérablement son pouvoir sur les gens - que ce fût au détriment ou au bénéfice de leur santé - en exploitant la suggestibilité provoquée par l'état de transe.

Le fait que le chaman était souvent inspiré par une force ou un conseil extérieur à lui-même (du moins à ce qu'il lui semblait) contribua à développer la croyance en des puissances externes élémentaires: dans la nature, d'abord, par exemple une montagne ou le tonnerre, puis dans les dieux et finalement, en un dieu et un démon. Ce qui conduisit à une nouvelle interprétation de l'art de guérir. Dans les communautés primitives, les convulsions et la dissociation étaient admises comme faisant naturellement partie du processus guérisseur. Dans la dissociation, on croyait entendre la voix des démons et l'on considérait les convulsions comme des combats menés par ces derniers pour empêcher qu'on ne les chasse.

Pendant des siècles, dans les pays de la chrétienté, la guérison par l'esprit procéda d’une certaine façon. La foi, pensait-on, était nécessaire pour se concilier les faveurs de Dieu, qui rendait la santé en échange. Mais, au Moyen Âge, cette croyance commença à s'effriter progressivement en raison des ravages causés par la peste. Il était difficile de croire que Dieu sélectionnait les fidèles pour les faire survivre, et le fait qu'il accueillerait dans son paradis ceux qui ne survivraient pas, était une piètre consolation. Au même moment aussi, l'Église s'institutionnalisait. Les prêtres recommençaient à se considérer de plus en plus comme des prêcheurs et des exemples (disciples des Pharisiens plus que des Apôtres) et de moins en moins comme ayant pour mission de guérir. L'exercice de la médecine passait chaque jour davantage entre les mains des docteurs, des chirurgiens et des apothicaires, descendants du praticien tribal de la cure naturelle ou du rebouteux. Le rôle de l'Église se borna désormais à procurer des fonds et des auxiliaires médicaux (sœurs et frères laïcs) aux hôpitaux et à apporter la consolation aux malades grâce aux visites et à la prière.

En conséquence, la guérison par l'esprit se vit de plus en plus abandonnée aux sorciers, astrologues et charlatans de même acabit. S'ils ne répudiaient pas obligatoirement l'Église, l'Église, elle, inclinait à les répudier. L'avènement de la Renaissance et le développement de conceptions plus matérialistes à l'égard de la santé et de la maladie sonna le glas de la croyance en l'efficacité de la guérison par l'esprit, sauf chez les pauvres naïfs.

Les magnétiseurs

Cette croyance survivait cependant grâce à des individus doués ou prétendument doués d'un pouvoir de guérison par attouchements. Au XVIIIème siècle, Valentin Greatrakes se bâtit ainsi une réputation en Irlande, impressionnant même des hommes du monde comme l'écrivain John Evelyn, auteur d'un célèbre Journal, et le chimiste Robert Boyle, grâce à son pouvoir de chasser la maladie par de simples passes. Il l'attribuait à Dieu ce qui n'empêcha pas un tribunal ecclésiastique de condamner ses pratiques. Il eut cependant de nombreux imitateurs, certains de ses disciples parvenant à la conclusion que, tout comme une barre de fer se trouve magnétisée au contact d'un aimant, la force curative en jeu ne doit pas être seulement la foi, mais la foi assortie de magnétisme.

Il faut aussi citer Johann Gassner, né en Autriche un siècle après Greatrakes. S'étant fait prêtre, il dégagea, de sa lutte personnelle contre le démon, une forme modifiée d'exorcisme dont il découvrit qu'elle pouvait aussi servir à guérir les maladies d'autrui. Les effets en étaient très sensiblement les mêmes que ceux obtenus par les chamans: convulsions, dissociation, coma. Il s'aperçut également qu'il pouvait, lorsque ses patients étaient en état de transe, exercer un remarquable contrôle sur ses eux. Ils suivaient ses instructions, même lorsqu'il les leur donnait en latin, langue qu'ils ne comprenaient pas. Mais Gassner, lui aussi, eut maille à partir avec les autorités ecclésiastiques, qui lui ordonnèrent de mettre un terme à ses guérisons.

Ces techniques - le magnétisme et le chamanisme - devaient être amalgamées par l'Autrichien Franz Mesmer. La méthode adoptée finalement par lui alors qu'il exerçait à Paris, consistait à rassembler ses malades dans une pièce, autour d'un baquet empli de limaille de fer dans laquelle étaient plantées des barres métalliques. Les patients empoignaient les barres ou se tenaient eux-mêmes par la main; on faisait alors de la musique et ils entraient en transe, se dissociaient, avaient des convulsions, sombraient dans le coma pour en sortir en fin de compte soulagés. Ce fut du moins ce que déclarèrent plusieurs d'entre eux devant une commission d'enquête à laquelle appartenaient certains éminents savants de l'époque : Benjamin Franklin, Lavoisier, Pinel et le docteur Guillotin. Dans son rapport, la commission ne put contester les résultats obtenus par cette méthode, mais elle les attribuait à l'imagination des malades. En d'autres termes, il s'agissait pour eux d'une guérison par l'esprit.

Mesmer et son baquet (Illustration)

Mesmer pour sa part n'était pas d'accord

L'univers, proclama-t-il, formait un tout grâce à ce qu'il appelait un «continuum éthérique», dont les étoiles et les planètes étaient un des éléments; celles-ci répandaient un «magnétisme animal» que son appareil avait pour but de transmettre aux personnes malades, leurs maladies résultant de ce qu'elles ne puisaient pas suffisamment dans leur réserve de continuum éthérique. Mesmer eût-il parlé de radiations qu'il serait probablement aujourd'hui au panthéon de la science. Eût-il appelé sa méthode « guérison par l'esprit », modifié son appareil et attribué ses résultats à Dieu qu'il aurait pu, finalement, prétendre à la canonisation. Quoi qu'il en soit, sa carrière fut interrompue par la Révolution française. Sagement  (car il avait bénéficié de la protection de Marie-Antoinette), il quitta la France et alla finir ses jours en Suisse dans l'oubli. De cette époque jusqu'à nos jours, son nom est resté synonyme d'occultisme et de charlatanisme. Pourtant, Mesmer constitue le principal maillon entre les techniques de guérison des chamans et les guérisons par l'esprit telles qu'elles se manifestent aujourd'hui.

Après lui, ses disciples continuèrent de pratiquer le «mesmérisme», comme on en vint à l'appeler. Mais, dispersés dans de nombreux pays différents et privés d'un organisme central, ils furent enclins à adopter chacun tel ou tel aspect de la méthode qui les attirait davantage, revenant même parfois à des méthodes antérieures. Le mesmérien américain Phineas Quimby, par exemple, contrairement à Mesmer lui-même, s'appuyait considérablement sur la clairvoyance pour la réussite de ses diagnostics et du traitement de ses patients. Et son disciple, Mary Baker Eddy, entreprit de débarrasser le mesmérisme de ce qu'elle tenait pour des accessoires inutiles, le transformant en « Science chrétienne », la forme la plus simple de guérison par l'esprit imaginée jusqu'à nos jours, qui se dispense des techniques, des appareils et même des guérisseurs, pour permettre à la force curative de provenir de l'individu grâce à une liaison directe avec Dieu. Le malade ne doit même pas penser à ce qu'il fait: l'esprit divin étant omniprésent, disait-elle, «l'esprit mortel n'est pas un facteur de la guérison». Et, en dépit des progrès accomplis par la médecine moderne, il n'est pas prouvé que les adeptes de la Science chrétienne se soient plus mal portés parce qu'ils se sont privés, au nom de leur foi, de ses médicaments et de ses moyens. Au contraire, les statistiques comparées de l'État de Washington aux États-Unis, ont permis de constater qu'ils vivaient un peu plus longtemps que le reste de la communauté.

De même, le docteur John Elliotson (1791- 1868), l'un des fondateurs de l'University College Hospital, qui avait commencé à soigner ses malades selon les méthodes préconisées par Mesmer, ne tarda pas à découvrir une des conséquences particulières du traitement: la dissociation. Il s'aperçut que, dans certains cas, elle ne contribuait pas seulement à débarrasser les patients de leurs symptômes, mais donnait également aux individus en état de transe accès à des connaissances qu'ils ne possédaient pas dans leur pleine conscience: ils devenaient clairvoyants. Les démonstrations publiques qu'il organisa attirèrent l'attention de nombreux spectateurs intéressés, dont Dickens et Thackeray, mais elles lui valurent aussi la désapprobation des autorités médicales qui les interdirent. Et, si Elliotson poursuivit ses recherches sur la clairvoyance et les phénomènes s'y rattachant, on perdit de plus en plus de vue le rapport existant entre ceux-ci et leur fonction originale; lorsque, plus tard dans le siècle, le spiritisme fit son apparition aux États-Unis, Elliotson ne s'intéressa plus que de très loin aux guérisons. Ses techniques furent essentiellement employées à tenter de communiquer avec les esprits des morts.

De temps à autre on attribuait cependant à des médiums le pouvoir de guérir. Des hommes tels qu'Oral Roberts, en Amérique, et Harry Edwards, en Angleterre, commencèrent par célébrer des services religieux à des fins de guérison. Ils fondèrent finalement des organisations et des églises dont le but était de rassembler les gens à la recherche d'une santé spirituelle et physique. Ces praticiens de la guérison par l'esprit sont encore souvent des médiums qui, travaillant avec des contrôles spirituels, préfèrent traiter les vivants et ne cherche donc pas à établir un contact avec les morts. Et la croissance rapide de ce mouvement, notamment en Angleterre, donne à penser qu'il répond à un besoin que les églises orthodoxes, peu à peu désertées, ne sont pas parvenues à satisfaire.

Guerisseur

Guérisseur

Mais ces églises sont restées sur la défensive. L'Église catholique, il est vrai, continue d'admettre la possibilité de guérisons miraculeuses, obtenues par la foi ou la grâce divine. Certains lieux, dont Lourdes est le plus célèbre, ont été reconnus comme les centres de rassemblement des dévots qui espèrent un miracle. Les reliques des saints également sont encore utilisées dans ce but. Mais les autorités vaticanes se sont depuis longtemps senties gênées par une certaine exploitation commerciale des fidèles. Elles exigent désormais, sur les guérisons réputées miraculeuses, une enquête rigoureuse, au point que fort peu d'entre elles ont été jugées admissibles.

D'une manière générale, il semble que ce soit au sein du clergé anglican que se rencontre le plus d'enthousiasme en faveur d'un retour à une mission thérapeutique de l'Église. Mais jusqu'à présent, il s'est heurté à la détermination du corps médical de lui interdire toute immixtion dans le domaine de la médecine. En ce siècle, deux commissions d'enquête ont présenté des rapports hostiles à la guérison par l'esprit. Tout courbés en génuflexions devant le clergé en toile de fond, les gens atteints de maladie, comme il est écrit dans l'un d'eux : «sont grandement consolés et soulagés par les remèdes spirituels et en retirent même des avantages physiques». Les deux rapports rejettent donc carrément l'idée qu'une véritable place puisse être faite à la guérison par l'esprit en matière de traitement des maladies organiques.

On en arrive ainsi à la situation suivante: alors que la Science chrétienne voit apparemment se maintenir le nombre de ses fidèles et que les églises spiritualistes attirent chaque année davantage de monde, la guérison par l'esprit continue d'être largement considérée, dans les pays civilisés, comme un objet de curiosité. Elle se distingue nettement de la médecine orthodoxe, qui lui est franchement hostile. On admet ses praticiens - quand on les admet - comme des individus dotés d'un don mystérieux, auprès desquels on peut éventuellement tenter sa chance dans les cas où l'orthodoxie s'est révélée impuissante. Ils font aussi, dans la presse, l'objet d'articles rendant compte de leurs réussites et favorisant l'aura de la profession. Reparquons que certains hommes acquerront en tant que guérisseurs, une réputation nationale, voire internationale mais, pour la plupart, ils devront se contenter de la renommée locale que leur vaut leur inexplicable faculté de soulager les migraines et de faire disparaître mystérieusement les verrues.

Guérison et suggestion

Dans son « Uses and Abuses of Psychology » (Les utilisations et les abus de la psychologie), paru en 1953, le professeur H. J. Eysenck rend compte d'une expérience scientifique au cours de laquelle un groupe d'enfants souffrant de verrues fut traité par la méthode de la guérison par l'esprit, tandis qu'un second, le groupe de contrôle, recevait les soins de la médecine orthodoxe qui se révélèrent beaucoup moins efficaces. Pourtant, les verrues sont d'origine organique, ce sont des tumeurs virales. Mais en rapportant l'expérience, Eysenck, behavioriste convaincu, ne parla pas de «guérison par l'esprit». Il lui préféra le mot «suggestion».

Où s'arrête l'une et où commence l'autre?

La guérison par l'esprit n'est-elle rien d'autre que de la suggestion appliquée? C'est encore le mesmérisme qui nous fournit quelques éléments de réponse à ces questions. Mesmer, bien que recourant à la suggestion pour mettre les gens en état de transe, ne paraît pas l'avoir exploitée au moment où ils s'y trouvaient effectivement. Mais beaucoup d'autres adeptes du mesmerisme le firent, notamment le docteur A. A. Liébault, médecin de quartier français, qui travailla beaucoup dans les milieux pauvres: ses patients n'ayant pas les moyens d'acheter des médicaments, il les traitait, dans les cas de maladies bénignes, par le mesmérisme. Après les avoir mis en transes, il les suggestionnait en leur annonçant que leurs douleurs et autres symptômes allaient disparaître, sans omettre de leur recommander également des mesures de nature à éviter une récurrence, par exemple un changement de régime.

C'était la guérison par l'esprit à l'ancienne mode, à une différence près, à savoir que la suggestion était renforcée par l'hypnotisme. Mais la profession médicale partit en guerre contre cette pratique, qu'elle dénonçait comme étant de l'occultisme. Elle se refusait même à admettre l'existence de l'état d'hypnose, en tant que moyen de traitement. Ce n'est que grâce aux expériences du docteur Charcot (1825-1893), qu'on du admettre la réalité de l'hypnose. Mais la reconnaissance de son pouvoir thérapeutique fut, malgré certains résultats spectaculaires, un long cheminement. Le docteur Stephen Black apporta des preuves qu'il résuma dans "Mind and Body" (L'esprit et le corps): selon lui, la suggestion, utilisée sous hypnose sur certains malades, peut susciter de frappantes modifications de leur comportement corporel; en un mot, qu'il est possible de provoquer toute une série de changements organiques au moyen de la seule guérison par l'esprit.

Hypnose1

Hypnose

À la suite des recherches entreprises sur cette question, Emile Coué (1857 - 1926) parvint à la conclusion que l'important, dans le domaine de la santé, n'est pas l' « alter-suggestion » (la suggestion de l'autre) mais l'autosuggestion. En d'autres termes, c'est dans la propre imagination du malade que réside le pouvoir de guérison; l'hypnotisme n'est qu'un agent, jouant un rôle de stimulation. Depuis la mort de Coué, sa thèse s'est vue largement confirmée par d'innombrables expériences sur base de fausses pilules - les placebos - données à des malades souffrant de troubles divers, depuis le mal de mer jusqu'à l'angine. Les résultats de ces expériences ne laissent planer aucun doute: 33 à 50 % des malades réagissent aux placebos, une fausse pilule suffisant donc à guérir leur douleur, leur nausée ou quoi que ce soit d'autre, aussi efficacement que la plupart des médicaments.

Le fluide qui guérit

Mais il existe un autre phénomène constamment lié à la guérison par l'esprit: le fluide qui guérit, autrement dit le «magnétisme animal» de Mesmer. Là encore, les témoignages selon lesquels une telle force vitale existe, nous sont fournis à toutes les époques, dans tous les pays. Dans « The Secret Science behind Miracles » (La Science secrète derrière les miracles), par exemple, Max Freedom Long décrit la façon dont l'utilisent les Kahunas d'Hawaï, convaincus qu'il s'agit d'un courant élémentaire de très haut voltage apte à guérir les troubles aussi bien physiques que mentaux. On a ici recours à l'idée que cette force peut servir au guérisseur pour chasser la maladie du corps du malade, comme le pensait Greatrakes.

Kahunas d hawai

Kahunas d'Hawaï

Certains guérisseurs découvrent avec étonnement qu'ils peuvent faire passer la migraine d'un patient en eux-mêmes et en souffrir terriblement s'ils ne prennent pas des mesures pour l'écarter (comme le font les magnétiseurs employant la méthode de Greatrakes, laquelle consiste à promener les mains au-dessus du malade, mais sans le toucher; ils se mettent ensuite dans un coin et secouent les mains comme s'ils voulaient se débarrasser de quelque chose de sale). Les guérisseurs s'aperçoivent aussi fréquemment que, dans ces circonstances, la température de leurs mains s'élève comme le fait celle d'un fil traversé par un courant électrique. Les patients peuvent, eux aussi, éprouver une sensation de chaleur ou de picotement, comme celui provoqué par des aiguilles ou des épingles, aux endroits du corps soumis à tout frôlement.

La difficulté était de trouver le moyen de faire de ces manifestations une démonstration suffisamment satisfaisante pour convaincre les matérialistes de leur existence. Ces derniers se montrent, comme pour d'autres phénomènes extra-sensoriels, plutôt défavorables au expérience effectuée dans des conditions contrôlées, ce qui permet naturellement aux sceptiques de crier à l'attrape-nigaud. Par contre, dans les rares occasions où l'expérience a tourné à l'avantage du guérisseur, ils n'en ont voulu tenir aucun compte.

L'appareil de radiesthésie du docteur W. E. Boyd fut soumis à une expérimentation en 1924 par une commission autorisée de l'Association médicale britannique, dont Sir Thomas Horder assumait la présidence. La radiesthésie est un élargissement de la divination.

Tout comme le sourcier armé d'une baguette divinatoire ou d'un pendule se met en quête de l'eau, le radiesthésiste utilise les mêmes accessoires, ou des appareils plus compliqués, pour diagnostiquer et traiter la maladie. Au cours de cet essai, il fut demandé à Boyd de différencier diverses substances qu'il n'avait été autorisé ni à voir, ni à toucher, ni à sentir, ni à goûter, de minutieuses précautions ayant été prises pour éviter toute tricherie. Il fournit chaque fois la bonne réponse, l'intervention du hasard se situant aux environs 30 millions de chances contre une. La commission, confondue, préconisa de poursuivre les recherches, mais le Conseil de la recherche médicale n'en entreprit aucune.

Plus récemment, on émit la proposition de soumettre à un examen scientifique le phénomène de guérison des absents, guérison « par l'esprit ou par la magie en l'absence du malade » (par exemple, certains coupeurs de feu), et parfois même sans que ce dernier soit au courant. Dans certains cas, les guérisseurs prient pour lui; dans d'autres, selon la croyance spirite, ce sont les «docteurs spirituels» de l'au-delà qui le traitent. Les magiciens et les sorciers tentent eux aussi de soigner des sujets absents, et il est fréquent que le traitement radiesthésique n'exige pas la présence du patient.

Le phénomène de guérison des absents - Coupeur de feu

L'idée consistait, dans une salle d'hôpital, à répartir les occupants en deux groupes: des prières seraient accomplies pour l'un des groupes, l'autre servant de contrôle. En cas d'échec, on pourrait naturellement l'attribuer à l'incapacité dans laquelle se trouvaient les «priants» de faire surgir la force vitale conformément aux conditions de laboratoire. Mais, dans l'hypothèse d'une réussite, on aurait une démonstration parfaitement convaincante de la possibilité de guérir les absents, pour autant que toutes précautions aient été prises : on éviterait ainsi que, soit les malades, soit leurs médecins et infirmières, sachent quels étaient les patients se trouvant dans un groupe ou dans l'autre. Il fallut cependant renoncer au projet, les autorités hospitalières ayant fait ressortir que, si l'expérience réussissait, cela signifierait que les malades ayant favorablement réagi, étaient traités par des praticiens incompétents. La chose étant contraire aux règles du Conseil général des médecins, ceux d'entre eux qui prendraient part à l‘expérience seraient passibles d'une mesure d'exclusion de l'Ordre.

Il doit pourtant être possible de prouver la réalité de la guérison par l'esprit en s'appuyant sur des réussites individuelles. Plusieurs essais ont été faits dans ce sens, notamment avec des malades avertis qu'ils étaient atteints d'un cancer sur la base des résultats d'une biopsie, alors qu'on ne retrouva plus la moindre trace de tumeur après leur passage chez un guérisseur. Plusieurs cas de ce genre ont été enregistrés et dûment attestés. Mis en présence de ces faits, le corps médical à systématiquement réagi par un rationalisme défensif: on avait dû, prétendait-on, prendre par erreur une biopsie pour une autre ou, en prélevant le fragment de tumeur du patient pour la biopsie, on avait par chance extirpé tout le cancer; ou bien encore, il devait s'agir d'un cas de régression spontanée à laquelle le guérisseur dans laquelle le guérisseur n'était pas impliqué.

Néanmoins, aux États-Unis la recherche continue de progresser et l'on tient davantage compte des résultats obtenus par les guérisseurs sur l'action des enzymes, par exemple, ou du métabolisme, et même les effets de leur traitement des souris. On commence à expliquer certaines choses restées jusqu'ici inexplicables, et notamment celles relevant de la "sorcellerie" souvent liée à la guérison mais aussi au mal. À un niveau plus quotidien, il semble probable que bien des succès attribués à un traitement physique se révèlent contenir une part de guérison par l'esprit. Un bon exemple nous en est donné par la vie et l'œuvre d'hommes comme Herbert Barker, thérapeute manuel qui, dépourvu du moindre titre médical, obtint de tels succès dans le traitement de ses malades qu'il acquit gloire et fortune et fut même élevé à la chevalerie. Barker pouvait faire la preuve de sa technique, mais il n'a jamais pu la définir ni même l'expliquer pas plus qu'un artiste ne peut le faire de son art. Il y eut aussi un médecin londonien très connu dont les résultats, mesurés en nombre de malades satisfaits, ont toujours et de façon frappante dépassé ceux de ses confrères utilisant les mêmes méthodes et les mêmes médicaments. C'était sans doute un guérisseur par l'esprit.

El Hermanito - Célèbre guérisseur mexicain

L'acupuncture

Il existe ce que l'on pourrait appeler une cousine germaine de la guérison par l'esprit: l'acupuncture. Elle fut longtemps ignorée en Occident comme forme de guérison par l'esprit. Au départ, certains adeptes la reliaient à la croyance de Mesmer dans une force vitale qui, selon eux, circulait dans le corps humain et qui le maintenait en bonne santé. Les maladies se produisant au moment où, toujours selon eux, le courant était perturbé, celui-ci pouvait être rétabli grâce à l'implantation d'aiguilles en certains endroits précis du corps.

Au début des années 70, un article paru dans le New York Times sous la signature de son reporter politique James Reston, qui, tombé malade en Chine fut traité par acupuncture. Quelques membres éminents et respectés du corps médical américain furent invités sur place pour se faire une idée personnelle de la méthode. Ils en revinrent impressionnés, notamment par son utilisation dans le domaine de l'anesthésie; ils avaient assisté à des opérations compliquées et très graves sur des patients qui, sans jamais perdre ni leur conscience ni leur lucidité, ne ressentaient pourtant aucune douleur. A l'époque, on avança les hypothèses suivantes : étant donné que les «méridiens» à travers lesquels circule la force vitale ne correspondent pas, selon les acupuncteurs, aux canaux connus en physiologie, on était enclin à établir un rapport avec la force vitale utilisée par les Kahounas, les sorciers-guérisseurs, les sourciers, les radiesthésistes, les magnétiseurs et les guérisseurs par l'esprit : cette force que quantité d'individus, dont bon nombre sans s'en douter, ont utilisée partout jusqu'à nos jours.

Sorcier guerisseur

Sorcier-guérisseur

Astral 2000 - Gérard - Novembre 2016

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