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BREF HISTORIQUE DES TAROTS

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Lecture du tarot

Le jeu de tarots est probablement l'ancêtre des jeux de cartes modernes. Mais en parlant de tarots, peut-on vraiment parler d'un jeu ? S'agit-il bien d'une simple série de figures et de symboles destinée à la distraction ? On peut en douter. Certes, les tarots, richement ornés, peuvent divertir. Ils peuvent également inviter à un grand et impressionnant voyage dans un univers magique où les choses ne sont plus exactement les mêmes, où passé et avenir s'interpénètrent en défiant toutes les lois connues de l'espace et du temps, où l'homme se doit de « monter sur ses propres épaules ».

On ne sait pas exactement qui a inventé les jeux de cartes en général, ni les tarots en particulier. Toutes les hypothèses ont été formulées. Au XVIII ème.  siècle, on a parlé de l'Atlantide et de l'Égypte, cette dernière idée étant lancée par Antoine Court de Gébelin (1725-1784) dans un ouvrage intitulé « Le Monde primitif ». Pour d'autres auteurs, les tarots viennent de Chine ou des Indes, ou encore de l'ancienne patrie des gitans, ou même des cathares ... Une chose est certaine : le premier jeu de cartes apparaît en Allemagne, vers 1325. Ces cartes ne sont encore que des enluminures qui reproduisent des scènes de la vie quotidienne. Exemplaires uniques peints à la main, elles sont réservées aux plus riches.

En 1381, les papiers d'un notaire de Marseille, Laurent Aicardi, font mention d'un jeu de cartes. En 1382, on en signale à Lille. Les cartes se répandent dans toute l'Europe. A Paris, elles sont signalées en 1388.

Jacquemin Gringonneur, peintre miniaturiste français, se définit alors comme « maître cartier ». Il appartient à la corporation des enlumineurs et des peintres d'images religieuses : déjà, les cartes sont liées à une symbolique religieuse. En 1392, Charles VI, roi de France, commande trois jeux de cartes à Jacquemin Gringonneur. Dix-sept cartes de l'un d'entre eux nous sont parvenues ...

Tarot charles vi

Quelques exemplaires du Tarot Charles VI

On mentionne les tarots pour la première fois en 1379, en Italie. Une date incertaine pour un jeu incertain, vaguement signalé dans les archives de la ville de Viterbo. Par contre, en 1432, la famille Visconti-Sforza commande à Bonifacio Bembo un jeu de tarots de 78 cartes, dont 74 existent encore. Leurs motifs et leurs couleurs sont assez semblables à ceux des tarots que l'on utilise actuellement.

Toujours en Italie, vers 1465, un jeu attribué au fameux Mantegna est gravé sur cuivre : il se compose de 50 cartes, utilisables pour jouer. Ce jeu devait pourtant avoir une valeur éducative : on y retrouve les dix états de l'homme, Apollon et les neuf muses, les dix sciences, les trois principes cosmiques et les sept vertus, les sept planètes et les trois sphères des étoiles fixes, ainsi que l' « Inspirateur originel» et la « Cause des causes».

Mis dans l'ordre, le jeu de Mantegna expose l'ordre et l'unité de l'Univers. Il forme une sorte d'échelle symbolique qui va de la Terre au Ciel et du Ciel à la Terre : l'idée d'élévation spirituelle de l'homme et de prise de conscience cosmique fait son chemin.

Le jeu de tarots est devenu très courant dans l'Europe du xvr siècle. Il varie de 78 à 97 cartes. A partir du XVIII ème. siècle, on considérera comme « officiel » le jeu de 78 cartes, avec ses quatre séries de 14 cartes « inférieures » (les arcanes mineurs), qui vont du roi à l'as, et ses 22 cartes maîtresses (les arcanes majeurs).

De nombreux auteurs du XIX ème. siècle se penchent avec passion sur les tarots. Eliphas Lévi, le fameux occultiste français, découvre une correspondance entre les 22 arcanes majeurs et les 22 lettres de l'alphabet hébraïque. En Angleterre, les membres de la Golden Dawn, une célèbre société mi-littéraire mi-secrète, travaillent intensément l'aspect divinatoire des tarots. Parmi eux, le grand poète Yeats et également Aleister Crowley, lequel finira par créer son propre jeu de tarots, avec des figures plus conformes à ce qu'il pensait être l'authenticité originelle.

Dans les pays anglo-saxons, l'étude des tarots se développe intensément, surtout sous l'influence des anciens initiés de la Golden Dawn.

Cette généalogie, qui explique bien le comment du développement des tarots, ne nous renseigne pas sur le pourquoi. Qui a dessiné les arcanes majeurs? Il est possible que les Templiers aient reçu une initiation traditionnelle étrangère au message chrétien au cours de leur séjour en Palestine. Ils auraient pu transmettre ce savoir par les confréries de « compagnons » qui travaillaient alors à l'édification des cathédrales.

Le fait est que les arcanes majeurs regorgent de symboles astrologiques, alchimiques, ésotériques et religieux, aussi bien chrétiens que païens. La tradition du vieux paganisme européen régit toujours les tarots : normalement, on ne doit pas tirer les cartes le 1er mai, ni à la pleine lune de ce mois. Ce n'est qu'un exemple, pris parmi beaucoup d'autres.

Les arcanes mineurs sont également chargés de symboles. Leurs quatre couleurs sont les épées (pique), les coupes (cœur), les bâtons (trèfle) et les deniers (carreau). On a souvent considéré qu'ils reprenaient les motifs des grandes rosaces gothiques. Selon quelques occultistes, cette suite de couleurs représenterait les quatre objets sacrés de la légende du Graal : l'épée, la coupe, la lance et le plat...

La plupart du temps, on ne s'intéresse vraiment qu'aux 22 lames majeures. Chacune représente un personnage précis et un numéro d'ordre. L'ordre généralement admis distribue ainsi les places : 0 (ou 22) le Mat - le Fou, 1 le Bateleur, 2 la Papesse, 3 l'Impératrice, 4 l'Empereur, 5 le Pape, 6 l'Amoureux, 7 le Chariot, 8 la Justice, 9 l'Ermite, 10 la Roue de Fortune, 11 la Force, 12 le Pendu, 13 l'arcane Sans Nom (la Mort), 14 la Tempérance, 15 le Diable, 16 la Maison-Dieu, 17 l'Étoile, 18 la Lune, 19 le Soleil, 20 le Jugement, 21 le Monde.

Ce désordre symbolique apparent reconstitue, en fait, une sorte de cheminement intérieur : les arcanes 1 à 11 symbolisent les forces divines qui poussent à la création ; l'arcane 12 assure la transition : c'est une charnière entre la forme ancienne de vie et la naissance à la vie spirituelle ; les arcanes 13 à 21 représentent l'homme confronté à son destin matériel ; enfin, l'arcane 22 (ou 0), le mat, n'est normalement pas numéroté : il se contente de renforcer la valeur de la carte qui le suit.

Dans Tarot de Marseille (Mercure de France, 1980), Dicta et Françoise classent ces lames en cinq grandes catégories :

- les lames allégoriques: l'Empereur, l'Impératrice, la Justice, la Roue de Fortune, la Maison-Dieu.

- les lames chrétiennes: le Pape, l'Ermite, le Jugement (la résurrection de Lazare), le Monde (symbole des quatre évangélistes).

- les lames alchimiques: le Chariot, la Force, l'arcane Sans Nom (la Mort), la Tempérance, le Diable.

- les lames païennes : la Papesse (prêtresse de la religion druidique), l'Amoureux (Éros), le Pendu (Odin, le dieu germanique), le Mat (géant, dans les anciens tarots).

- les lames astrologiques : la Lune, le Soleil, l'Étoile.

- le Bateleur symbolise l'Homme de l'Univers.

On ne compte plus les différents systèmes d'interprétation des arcanes majeurs et mineurs. On connaît une manière chrétienne, une manière gitane, une manière jungienne (tirée de l'enseignement du grand psychiatre C.G. Jung), une manière cabalistique, une manière théosophique, etc.

La richesse symbolique des tarots et leur étonnant pouvoir de suggestion est tel que chacun pourra en retirer une impression strictement personnelle et ... incommunicable. De là provient sans doute la fascination que ces cartes exercent depuis des siècles sur les hommes, devant lesquels elles ouvrent des horizons insoupçonnés. De nombreuses personnalités ont eu et ont encore recours à leurs figures pour orienter leur destin.

Sur chaque arcane, on pourrait presque écrire une bibliothèque entière. En suivant la piste cabalistique, on s'aperçoit que les 22 lames majeures peuvent correspondre aux 22 lettres de l'alphabet hébreu comme aux 22 sentiers de l’Arbre de Vie de la Cabale : on regarde ainsi les tarots comme une voie mystique, celle qui fait escalader l'arbre et qui propulse l'homme vers le divin.

En suivant d’autres pistes, on peut lier les lames aux planètes, aux signes du zodiaque, aux divinités païennes, aux plantes, aux animaux, aux couleurs, aux pierres précieuses, aux rites magiques, aux parfums ou aux symboles érotiques !

 

ASTRAL 2000 - Gérard - Juin 2016

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