Le Yi Ching

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Le Yi Ching est un ancien texte chinois, à la fois un système philosophique et une méthode de divination. Il jouit d'un immense respect en Extrême-Orient et, de nos jours, on y recourt régulièrement en Occident. Les deux religions chinoises, le taoïsme et le confucianisme, ont l'une et l'autre subi son influence et Confucius a dit un jour que, s'il bénéficiait de quelques années supplémentaires d'existence, il en consacrerait cinquante à l'étude du Yi Ching.

La base de ce système divinatoire est constituée par soixante-quatre «hexagrammes», chacun composé de six lignes qui peuvent être interrompues ou continues. La ligne interrompue représente le principe femelle, négatif et passif du Yin; la ligne continue, le principe mâle, positif et actif du Yang. Selon une ancienne croyance chinoise, tous les faits et choses de l'univers naissent de l'interaction de ces deux principes. Les différences entre les choses sont dues aux diverses proportions de Yin et de Yang qu'elles renferment.

Le Yin et le Yang sont les aspects complémentaires de ce que les Chinois appellent le T'ai Chi, c'est-à-dire la «Cause suprême», le principe qui se trouve derrière tout. Dans son ouvrage sur le Yi Ching, John Blofeld donne du T'ai Chi la définition suivante: « L'Immuable, le Perpétuel Changement, l'Unique, le Tout. Il n'est rien en dehors de lui; il n'est rien qui ne le contienne entièrement. Il est à l'origine de toutes choses; rien ne naît de lui. Toutes choses retournent à lui; rien n'entre en lui ou n'y retourne. Il EST toute chose; il n'est aucune chose ».

Le principal caractère observable du T'ai Chi étant le changement (bien que, paradoxalement, sur un autre plan, il ne change pas), les combinaisons du Yin et du Yang changent constamment. Par conséquent, chaque hexagramme représente en quelque sorte un point sur la courbe d'un graphique. C'est à la fois une image de ce qui est, de ce qui a été et de ce qui sera.

L'idée du Tao, que l'on traduit généralement de façon approximative par le « chemin », est étroitement liée au T'ai Chi. Cette notion inclut les tendances des grandes forces cosmiques de même que le genre d'actions que doit entreprendre un individu s'il veut être en accord avec ces forces. On appelle également ’’Té’’ le fonctionnement du Tao chez un individu.

Une autre idée importante à laquelle on fait souvent allusion dans le Yi Ching, est celle du Chüntzû, ou Homme supérieur. On s'y réfère habituellement dans des déclarations du genre: « L'Homme supérieur est ferme et ne change pas d'orientation ». C'est une manière de dire à l'investigateur: « Si vous désirez faire l'usage le meilleur et le plus sage des forces qui prévalent dans cette situation, vous resterez ferme ».

Histoire du Yi Ching

Les origines du Yi Ching sont incertaines, mais il remonte à un minimum de 4000 ans. On pense qu'il a évolué en gros de la façon suivante :

àl'origine, on ne se servait des lignes du Yin et du Yang que pour obtenir des réponses par oui ou par non. Une ligne Yang signifierait oui, et une ligne Yin non. Lorsqu'on estima qu'un simple oui ou non était insuffisant, on ajouta deux combinaisons possibles à l'appariement des lignes:

Appariement 1

Puis on en ajouta une troisième, ce qui faisait huit «trigrammes» possibles.

On a émis l'hypothèse que l'utilisation de lignes, de préférence à des ronds ou à tout autre système, est due au fait que l'une des méthodes favorites de divination dans la Chine préhistorique consistait à brûler le paleron d'une vache, ce qui provoquait des fissures dans l'os, dont la position et la forme constituaient la base de l'interprétation. Une méthode similaire utilisait la carcasse d'une tortue et il est intéressant de noter que les huit trigrammes ont, dit-on, été découverts sur le dos d'une tortue sacrée.

On attribue la découverte des trigrammes à Pao Hsi, personnage mythique. Ce premier empereur de Chine aurait vécu il y a environ 4 500 ans. L'invention des trigrammes est décrite de la façon suivante dans l'un des commentaires sur le Yi Ching:

Pao hsi

Pau Hsi

«Dans les temps anciens, à l'époque où Pao Hsi régnait sur toutes les choses sous les cieux, il leva les yeux et contempla les lumineuses formes du ciel, puis il abaissa son regard et considéra les formes de la terre. Il remarqua les signes décoratifs sur les oiseaux et les bêtes sauvages, et les qualités propres de leurs territoires. Tout près, il étudia son propre corps, et il observa aussi les choses lointaines. De tout cela, il imagina les huit trigrammes, en vue de dévoiler les processus célestes dans la nature et de comprendre le caractère de toutes choses.»

Les noms des trigrammes et leurs qualités fondamentales, tels qu'ils ont été établis par Richard Wilhelm dans sa traduction du livre, sont:

Noms 1

Ces huit trigrammes s'inscrivent dans un spectre qui va du caractère purement masculin du Ch'ien au caractère strictement féminin du K'un. Dans l'intervalle se situent diverses combinaisons des deux.

Les trigrammes ont été encore améliorés par Wên, qui vécut au IIème siècle avant J.-C. Ce puissant seigneur féodal qui s'attira la jalousie du dernier empereur Chang, Chou Hsin, fut jeté en prison et condamné à mort. Mais il fut relâché au bout d'un an grâce à l'influence de ses amis. À la suite du renversement de l'Empereur, le fils de Wên, le duc de Chou, gouverna et fonda la dynastie Chou et conféra à son père le titre de roi Wên.

Alors qu'il était en prison, Wên médita sur les trigrammes et les combina pour former les soixante-quatre hexagrammes, donnant un nom à chacun d'eux en même temps qu'il livrait un texte explicatif. Après sa mort, son fils étudia les hexagrammes et ajouta ses propres commentaires. Pendant l'empire Chou, le livre prit le nom de Chou I. Au IVème siècle avant J.C., Confucius étudia l'ouvrage et il est possible qu'il y ait ajouté un commentaire supplémentaire. Ses successeurs en écrivirent d'autres.

Heureusement, le Yi Ching échappa au vaste autodafé des livres qui eut lieu sous l'empereur Ch'in Shih Huang Ti, en 213 avant J.-C. Pendant les cinq cents ans qui suivirent, on se servit principalement du Yi Ching comme d'un instrument occultiste et divinatoire, mais, au IIIème siècle de notre ère, l'érudit Wang Pi traita de l'ouvrage comme d'un système mystique et philosophique destiné à apporter la sagesse dans la conduite de l'État et de la vie quotidienne. C'est l'opinion qui prévaut aujourd'hui sur le Yi Ching.

En Chine et dans les pays très influencés par sa civilisation (le Japon, la Corée et le Vietnam), l'œuvre a continué de jouer un rôle important jusqu'à nos jours. Au Japon, jusqu'à ces tout derniers temps, la tactique militaire se fondait sur l'oracle, et les officiers japonais des plus hauts rangs étaient requis de lire l'ouvrage. De nombreux Japonais y voient d'ailleurs l'explication des premières victoires navales remportées par leur pays au cours de la dernière guerre. Bien des gens du commun consultent l'oracle dont ils sollicitent un conseil pour leurs problèmes. En 1963, les journaux de Hong Kong ont, par exemple, publié le récit d'un couple qui avait, avec succès, recouru au Yi Ching pour retrouver son enfant égaré qui avait quitté le domicile pour se rendre sur une île montagneuse proche de Hong Kong.

Le Yi Ching en Occident

Le Yi Ching demeura à peu près inconnu en Occident jusqu'à la parution, en 1882, de la traduction anglaise de James Legge. C'est une œuvre d'érudit, mais gâtée par l'attitude un peu suffisante de Legge face au sujet. Il désapprouvait l'aspect divinatoire de l'ouvrage et n'appréciait pas la beauté des hexagrammes. «Selon nous, dit-il, un auteur de symboles devrait être plutôt plus que moins poète, mais ceux du Yi ne nous font penser qu'à un pédant. La plupart, parmi plus de trois cent cinquante, sont grotesques». Cette opinion prouve que Legge est passé totalement à côté de la question. Le charme esthétique des hexagrammes réside dans la façon merveilleusement simple et élégante dont ils répondent à leurs propos.

L'Allemand Richard Wilhelm, qui vécut à Pékin de nombreuse années, fut un traducteur et interprète plus compréhensif. Sa traduction en allemand date des années 1920 et elle a été, depuis, traduite en anglais. Wilhelm était parti en Chine comme missionnaire, mais son éducation chrétienne ne l'empêcha pas de s'attacher profondément à la pensée chinoise et il fit un jour observer que le fait de n'avoir jamais baptisé un seul Chinois lui était un sujet de grande satisfaction. Il fut initié au Yi Ching par un vieux sage, Lau Nai Süan, qui l'aida à écrire sa version de l'œuvre.

Wilhelm était un ami de C. G. Jung et celui-ci dépeint leur amitié et communique ses propres pensées sur le Yi Ching dans ses « Souvenirs, Rêves, Réflexions »:

« Avant même de le (Wilhelm) rencontrer, je m'étais intéressé à la philosophie orientale et, vers 1920, j'avais commencé à expérimenter le Yi Ching. Un été, à Bollingen, je résolus de m'attaquer à fond à l'énigme de ce livre. Au lieu des quelques tiges d'achillée exigées par la méthode classique, je me coupai un bouquet de roseaux. Je restai assis par terre pendant des heures sous le poirier centenaire, le Yi Ching à mon côté, m'exerçant à la technique en renvoyant de l'un à l'autre les oracles qui en résultaient dans un jeu combiné de questions et de réponses. Il en sortit toutes sortes de résultats indéniablement remarquables des rapports significatifs avec mes propres démarches de pensée, que je ne pouvais m'expliquer…

Plus tard, ... quand je pris l'habitude de refaire l'expérience avec mes malades, il devint tout à fait net qu'un nombre important de réponses étaient effectivement justes. Je me rappelle, par exemple, le cas d'un jeune homme qui souffrait d'un fort complexe de la mère. Il désirait se marier et avait fait la connaissance d'une jeune fille qui, apparemment, lui convenait. Cependant, il se sentait indécis, craignant que, sous l'influence de son complexe, il ne se trouve une fois de plus sous le pouvoir d'une mère envahissante. Je menai l'expérience avec lui. Le texte de son hexagramme disait: «La demoiselle est puissante. Il ne faut pas épouser une telle jeune fille ».

Dans sa préface conscrée à la traduction de Wilhelm, Jung suggère une explication à la façon dont fonctionne le Yi Ching:

« Celui qui a inventé le Yi Ching était persuadé que l'hexagramme établi à un certain moment coïncidait avec celui-ci qualitativement non moins que chronologiquement. Pour lui, l'hexagramme était l'interprète de l'instant auquel il était émis - davantage encore que ne pourraient l'être les heures de la pendule ou les divisions du calendrier - d'autant que l'hexagramme était considéré comme l'indice de la situation essentielle prévalant au moment de son origine.

Cette hypothèse suppose un curieux principe que j'ai appelé synchronicité, notion qui formule un point de vue diamétralement opposé à celui de la causalité. Cette dernière n'étant qu'une vérité statistique et non absolue, elle est une sorte d'hypothèse de travail sur la façon dont les événements découlent les uns des autres, tandis que la synchronicité considère la coïncidence des faits dans l'espace et dans le temps comme l'indice qu'il existe quelque chose allant au-delà du simple hasard, à savoir une interdépendance particulière des faits objectifs entre eux aussi bien qu'avec les états subjectifs (psychiques) du ou des observateurs. »

Yi king 32

John Blofeld, dans sa préface portant sur sa traduction du Yi Ching, n'est pas d'accord avec Jung: il se fonde sur le fait qu'une question posée au sujet d'un événement futur recevra une réponse valable, quel que soit le moment où elle aura été posée. Blofeld est personnellement incapable d'expliquer le mécanisme du Yi Ching, mais il partage le sentiment de Jung, selon lequel en consultant le livre, on consulte un être vivant. Il donne un certain nombre d'exemples de consultations, dont une prédiction remarquable d'événements à venir: à l'époque des hostilités sino-indiennes dans la région frontalière tibétaine, Blofeld sortit un hexagramme et d'après le texte, et en opposition avec toute l'opinion d'alors, déclara que les Chinois demanderaient une trêve et n'avanceraient pas au-delà de l'Himalaya. C'est exactement ce qui se produisit peu après. Toutefois, Blofeld précise également que, de temps à autre, surtout si on l'utilise à des fins futiles, l'oracle ne donnera que des réponses désespérément banales.

Grâce à Wilhelm, Jung, Blofeld et à d'autres enthousiastes du Yi Ching, le texte jouit actuellement d'une vogue considérable en Occident. L'occultiste Aleister Crowley l'utilisa; ses commentaires sur l'oracle nous éclairent:

« C'est, sous certains aspects, l'hiéroglyphe le plus parfait jamais conçu. Il est austère et sublime, mais aussi tellement adaptable à toutes les circonstances possibles que ses figures peuvent s'interpréter de façon à convenir à toutes les catégories de questions. On peut aussi bien résoudre les difficultés spirituelles les plus obscures que les dilemmes les plus terre à terre; et le symbole qui ouvre les portes des palais les plus élevés de l'initiation est également efficace si l'on s'en sert pour donner un conseil concernant les questions les plus banales de l'existence ... Les intelligences qui le dirigent ne se montrent nullement enclines à éluder la question ou à induire le requérant en erreur. Un autre avantage réside dans la simplicité de l'appareil. Le système est, lui aussi, facile à faire fonctionner et il suffit de cinq minutes pour obtenir une réponse convenablement détaillée à toutes les questions, fussent-elles les plus obscures ».

Il ajoute que tous les autres systèmes de divination sont souvent actionnés par des démons qui se plaisent à induire le questionneur * en erreur, mais que ces êtres méchants ou farceurs évitent l'austère sincérité des figures du Yi Ching.

*Dans cet article le terme « questionneur » fait référence au praticien, le "demandeur" le consulltant.

Huit trigrammes 1

Les huit trigrammes, avec au centre, le symbole du Yin et du Yang

Les lignes et les hexagrammes

Le sens de chacun des hexagrammes découle des significations des trigrammes qui le composent. Par exemple, l'hexagramme 12, P'i (stagnation, immobilité), combine le K'ien, trigramme purement masculin, et le K'ouen, purement féminin. Quand le plus fort repose sur le plus faible, cette position signifie «stagnation causée par les méchants». Le commentaire ajoute que «les forces célestes et terrestres n'ont aucun rapport et le tout ne communie pas avec tout le reste». Cependant, quand les positions des deux trigrammes sont inversées, nous obtenons l'hexagramme T'ai, dans lequel le féminin repose sur le masculin. Là, les augures sont bons, et le texte dit: «Paix. Le moyen déclin; la grande et bonne approche. Chance et succès». Entre ces deux extrêmes, les trigrammes sont liés à divers degrés d'accord et de désaccord.

Les compilateurs du Yi Ching ont également tenu compte de ce qu'on appelle les trigrammes «nucléaires». Ce sont deux trigrammes entrelacés, le premier composant les lignes 2, 3 et 4; le second, les lignes 3, 4 et 5 c'est-à-dire commençant par le bas, ce qui est la bonne façon de lire un hexagramme. Ainsi, par exemple:

Hexa 30 etude 1

Les trigrammes représentent une famille, le rapport entre deux d'entre eux fournit une indication sur le sens de l'hexagramme qu'ils forment. Les interprétations se servent aussi de l'analogie existant entre un chef et ses subordonnés. Chaque hexagramme a une ou plusieurs «lignes dominantes», l'une d'elles occupant généralement la cinquième place. Là, le rapport entre les lignes souples (Yin) et rigides (Yang) a une relation évidente avec l'analogie. En général, une ligne souple reposant sur une ligne rigide est préférable au contraire.

Nous en venons maintenant à l'un des plus importants éléments du système: les lignes qu'on appelle «mouvantes» ou «changeantes», parfois qualifiées de «vieilles lignes», par opposition aux «lignes jeunes», celles-ci étant fixes. Le jet de pièces de monnaie ou de morceaux de tige d'achillée, ainsi que nous l'expliquerons brièvement, peut donner quatre types différents de combinaisons.

Les voici respectivement:

Une ligne jeune Yin, une ligne jeune Yang, une vieille ligne Yin (- x -) et une vieille ligne Yang (- o -). Dans le cas où une ou plusieurs lignes apparaissent dans un hexagramme, il faut que le questionneur interprète le texte non seulement en fonction de cet hexagramme, mais aussi en fonction de celui dans lequel il se transforme en vertu de chaque ligne mouvante devenant son contraire. Une vieille ligne Yin se transformera en ligne Yang, et vice versa. Il existe aussi un texte spécial pour chaque ligne mouvante du premier des deux hexagrammes. L'existence des lignes mouvantes augmente considérablement le nombre des permutations. Il y a, en tout, 4096 réponses possibles à n'importe quelle question. Il arrive fréquemment que l'interprétation d'une ligne mouvante particulière soit en contradiction avec celle de l'hexagramme même. Dans ce cas, c'est le sens de la ligne mouvante qui prévaut.

Il existe deux façons de lancer un hexagramme: la première, la plus traditionnelle, comporte l'utilisation de cinquante tiges d'achillée de 30 à 60 cm de long (c’est la méthode que je préfère et utilise); la seconde repose sur un jet de pièces de monnaie. Idéalement, les consultations du Yi Ching devraient s'accompagner de certaines formules rituelles destinées à sanctifier l'opération et à faire naître chez le questionneur le respect et le détachement qui conviennent. Quand on ne s'en sert pas, il faut envelopper le livre du Yi King dans une soie ou un tissu propre que l'on maintient à un niveau non inférieur à la hauteur de l'épaule.

Achillee

Tiges d'achillée

PiecesPièces chinoises

Le questionneur commence par se laver les mains, déballe le livre et l'installe sur son tissu de protection déployé. Il doit reposer sur une table de façon que le questionneur soit placé sur le côté sud de l'ouvrage. Ainsi, tout sera conforme à la coutume des potentats chinois qui regardaient le sud quand ils accordaient une audience.

Devant le livre, on disposera un brûleur d'encens et un récipient contenant les baguettes divinatoires.

Le questionneur s'incline à trois reprises jusqu'au sol, puis à genoux, allume l'encens et passe le bouquet de baguettes trois fois à travers la fumée d'encens en le faisant tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. L'une des baguettes est ensuite remise dans le récipient et ne joue plus aucun rôle.

C'est alors que se situe la partie la plus complexe de l'opération, effectuée par étapes de la façon suivante:

1. Les baguettes sont partagées en deux tas, au hasard, de la main droite.

2. De la main droite, le questionneur retire une baguette du tas de droite et la place entre les deux derniers doigts de la main gauche.

3. Se tournant vers le tas de gauche, il en retire des baguettes, quatre par quatre, et les empile sur la gauche jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que quatre, ou moins, dans le tas.

4. Il place alors le reste entre les troisième et quatrième doigts de sa main gauche.

5. Il exécute ensuite la même opération qu'en 3, mais cette fois sur le tas de droite, ajoutant les baguettes écartées à celles qui l'étaient déjà.

6. Il place le reste entre le majeur et l'index de sa main gauche.

Il verra qu'il tient à présent dans la main gauche un total soit de cinq, soit de neuf baguettes (1 + 1 + 3, 1 + 3 + 1, 1 + 2 + 2, ou 1 + 4 + 4). Ce sont là les seules combinaisons possibles, en raison de la façon dont les baguettes ont été partagées. Il met ces baguettes soigneusement de côté.

Il prendra ensuite la pile de baguettes écartées et recommencera toute l'opération, Mais, cette fois, il se trouvera à la fin avec un total de quatre ou huit (1 + 1 + 2, 1 + 2 + 1, 1 + 4 + 3 ou 1 + 3 + 4). Il les place soigneusement de côté et recommence encore l'opération avec les baguettes écartées. Il finira, cette fois encore, avec un total de quatre ou huit.

Le demandeur a maintenant répété l'opération à trois reprises et il s'est trouvé chaque fois avec un certain nombre de baguettes dans la main gauche. Les trois piles choisies ont chacune huit combinaisons de chiffres possibles, et celle à laquelle on parvient détermine la ligne inférieure de l'hexagramme. On arrive à chacune des autres lignes en recommençant l'opération dans sa totalité.

Le jet de pièces de monnaie est une méthode beaucoup plus simple et rapide. Le demandeur n'a besoin que de trois pièces, traditionnellement le vieux type de pièces chinoises, marquées d'un côté, vierges de l'autre. On donne au côté marqué une valeur de 2, et au côté vierge, une valeur de 3. Si le demandeur se sert de pièces modernes, il donne la plus haute valeur au côté de son choix. Disons, par exemple, que face vaut 3, et pile, 2. À chaque lancer, il obtiendra un total de 6, 7, 8 ou 9. Ce sont ce que l'on appelle les «chiffres rituels» des différents types de lignes et correspondant respectivement à la vieille ligne Yin, la jeune ligne Yang, la jeune ligne Yin, et la vieille ligne Yang.

Le questionneur prend les pièces, sans les serrer, dans les mains qu'il joint pour former une coupe fermée, les agite en concentrant son esprit sur la question. Puis il laisse tomber les pièces sur la table et note la ligne inférieure de l'hexagramme. Il répète cinq fois l'opération pour avoir l'hexagramme complet.

À titre d'indication sur la façon dont fonctionne le système d'interprétation, imaginons une situation hypothétique dans laquelle le Yi Ching est consulté. Prenons le cas bien connu d'un différend entre un jeune homme et son père; supposons que le père ait eu la sagesse de demander au Yi Ching ce qui serait susceptible de se passer s'il adoptait une ligne plus ferme à l'égard de son fils et refusait de satisfaire ses exigences.

S'étant livré à toute l'opération qui convient, il se trouve avec un hexagramme 10, Lü, avec des lignes changeantes en 2, 3 et 5 :

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Les lignes mouvantes, quand elles se sont transformées en leurs contraires, donnent l'hexagramme 30, Li :

30 1Le principal texte de l'hexagramme 10 dit: « Bien qu'il marche sur la queue du tigre, celui-ci ne le mord pas. Heureuse issue! »

Mais la ligne mouvante de la troisième place le contredit: « Bien qu'un homme n'ait qu'un œil, il continue de voir; bien qu'il soit boiteux, il continue de marcher; mais celui qui marche sur la queue du tigre sera mordu - désastre! » Là où existe une contradiction de ce genre, c'est la signification de la ligne mouvante qui prend le pas.

Il se retourne alors vers l'hexagramme 30 dont le texte principal lui dit: « Beauté flamboyante. Une juste obstination sera récompensée. Victoire! Élevage de vaches - chance! ».

La caractéristique du Yi Ching est de donner rarement des réponses tranchées, et le questionneur doit ordinairement réfléchir profondément pour adapter l'interprétation à sa situation personnelle. En l'occurrence, il appartient au père de décider qui est le tigre : lui-même ou son fils. Si le tigre le représente, alors il peut adopter une ligne ferme et laisser son fils aller à la déception en le défiant; mais si le tigre est son fils, il lui faudra alors éviter de lui «marcher sur la queue» et adopter une attitude plus conciliante. S'il prend la bonne décision, il remportera la victoire. Dans le cas présent, il semble que le tigre représente le père, la phrase «marcher sur la queue du tigre» suggérant un malveillant irrespect à l'égard d'une autorité supérieure.

Le Yi King est bien sûr un support de voyance. Son apprentissage peut être assez long et le tirage à l’aide des tiges d’achillée fastidieux. Toutefois, cette mancie originaire d’Asie, peut apporter des réponses très pointues pour autant que celles-ci soient bien interprétées et occidentalisées.

Pour vous aider, je vous propose deux ouvrages de référence indispensables (parmis beaucoup d'autres...):

  • « Votre avenir au quotidien par le Yi-King » de Jacques Warin - Editeur : Grancher (février 1994)
  • « Yi King, le livre des transformations » de Richard Wilhelm - Editeur : Médicis Entrelacs

 

ASTRAL 2000 – Gérard – Avril 2017

 

 

 

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