L’AFFAIRE AMITYVILLE
Mots-Clés : Amityville, Etats-Unis, Ronald DeFeo, Bill Weber, George Lutz, maison du diable, Lutz, Jay Anson, Ric Ozuna, poltergeist, hantise
Le mercredi 13 novembre 1974 à 03 h 15, une habitation datant de 1928 et de style colonial, eut pour cadre un sextuple meurtre. Cette demeure est située au 112 (aujourd’hui 108), Ocean Avenue à Amityville, dans le comté de New York aux Etats-Unis.
La famille DeFeo y vivait depuis 1965. Elle se composait des personnes suivantes : Ronald DeFeo Senior âgé de 43 ans; son épouse Louise âgée de 42 ans; son fils aîné Ronald DeFeo Junior, 23 ans, surnommé « Butch »; Dawn 18 ans et Allison 13 ans, leurs deux filles ainsi que leurs fils Mark et John Matthew, âgés respectivement de 12 et 9 ans.
En début de soirée de ce 13 novembre, aux environs de 18 h 30, Ronald « Butch » DeFeo se rendit dans son bar habituel pour signaler que toute sa famille avait été tuée. L’alerte fut donnée immédiatement par le tenancier de l’établissement. La police découvrit toutes les victimes abattues par balles.
Ronald DeFeo Junior, alias « Butch », fut très rapidement soupçonné du meurtre de toute sa famille. Butch DeFeo n’était pas inconnu des services de police. Il consommait régulièrement de l’alcool et de l’héroïne. Adolescent turbulent, il avait un comportement marginal et était souvent impliqué dans des bagarres et autres débordements. Il volait régulièrement de l’argent à son père avec qui il entretenait une relation très tendue et à qui il avait proféré la menace de lui « faire la peau ».
Lors de cette nuit tragique, le cocktail explosif alcool/drogue l’entraîna dans sa folie meurtrière.
Par la suite, lors de ses dépositions, Ronald DeFeo Junior donna plusieurs versions des faits, plus ou moins différentes, confuses et décousues.
Dans l’attente de son procès, DeFeo tenta de plaider la folie sur les conseils de Bill Weber, son avocat. C’est ainsi qu’il prétendit que les membres de sa famille entendaient parfois des bruits étranges dans leur maison, entre autres des bruits de pas et des cris. Il déclara qu'il était possédé par le diable au moment des faits et qu'il avait entendu des voix lui ordonnant de tuer tout le monde.
Par le biais de ces déclarations, « Butch » ainsi que son avocat plantèrent le décor d'une maison qui sera secouée un an plus tard par une série de faits extraordinaires.
Bien que William Weber, l’avocat de Ronald DeFeo, avoua en 1979 que lui-même et George Lutz avait monté de toute pièce cette supercherie dans le but de rembourser un emprunt, le mythe de « La Maison du diable d’Amityville » resta bien ancré dans la mémoire collective.
AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE
A l’époque des événements, les médias s’en donnèrent à cœur joie et cette habitation fut très vite qualifiée de « Maison du diable ».
Après plus d’un an d’inoccupation, la famille Lutz y emménagea le 18 décembre 1975 pour la quitter le 14 janvier 1976, soit 28 jours plus tard.
La famille Lutz se composait des personnes suivantes : Georges Lee Lutz (28 ans); son épouse Kathy (30 ans) et des enfants de cette dernière : Dany (10 ans), Chris (7 ans) et la petite Missy (5 ans). Il y avait également un chat surnommé Le Cochon et un labrador nommé Harry.
Le couple Lutz était conscient des faits qui s’étaient passés dans la maison. George Lutz déclara à ce propos : « Nous en avons discuté, en famille, avant de prendre une décision. Nous sommes arrivés à la conclusion que ce ne sont pas les maisons qui tuent les gens. Les gens tuent les gens. Si nous avions été superstitieux, je ne pense pas que nous l'aurions achetée. »
Et pourtant … sur les conseils d’un ami, George Lutz aurait fait bénir la maison par un prêtre. Celui-ci aurait entendu, au cours de la bénédiction, une voix lui demandant de partir et aurait également reçu une sorte de gifle. Il conseilla ensuite à la famille d’éviter d’utiliser une des pièces du haut comme chambre à coucher.
Etant donné que les événements et les déclarations de Ronald DeFeo avaient fait la une des journaux, il est plus que probable que les membres de la famille Lutz furent suggestionnés. C’est ainsi qu’ils interprétèrent certaines manifestations naturelles comme des faits de hantise.
Voici certains faits repris dans le livre co-écrit par les Lutz et l’écrivain Jay Anson, « The Amityville Horror - A True Story » publié en 1977:
- Odeurs nauséabondes.- Bruits de pas dans la chambre des enfants qui dormaient.- Déplacements d’objets.- Craquements dans le parquet.- Des nuées de mouches (nous sommes en plein hiver !).- Taches noires sur les sanitaires ou vertes un peu partout.- Portes et fenêtres qui s’ouvraient et claquaient.- Des bruits étranges qui venaient de la cave.- Des traces de pas sur le lit du couple.- Georges Lutz se plaignait régulièrement du froid régnant dans certaines pièces de l’habitation.- Toutes les nuits aux environs de 03 h – 03 h 30, à l’heure des meurtres, George Lutz se réveillait.- Visites d’entités démoniaques telles qu’une immense silhouette encapuchonnée de blanc, un démon cornu ou encore un cochon diabolique avec deux yeux ardents (Jodie).- Kathy Lutz flottant dans les airs et prenant l'apparence d'une vieille femme.- Un lion de céramique de plus de 1 m de haut qui se mettait à bouger tout seul.- Dans la neige et tout autour de la maison, des empreintes de sabots fourchus (Par la suite, l’enquête révéla qu’il n’y avait pas de neige ce jour-là !). Ces « traces de pas » menaient tout droit à la porte du garage à bateau qui avait été arrachée de ses gonds, une prouesse qui aurait nécessité, selon Anson, "une force au-delà de celle d'un être humain".- Des bras invisibles qui enlacaient Kathy Lutz. (selon elle, des êtres qui tentaient de la posséder.)- Des traces de brûlures sur le corps de Kathy Lutz.- George Lutz entendait une fanfare défiler dans la maison, avec le bruit de bottes et le son d'instruments à vent.- Missy (5 ans) affirmait parler avec un ami invisible "Jodie, le cochon".- Etc.
A force de recoupements, d’enquêtes et de déclarations, il s’avère que ce livre est une pure fiction. Butch DeFeo déclara même que toute cette histoire était un canular à des fins mercantiles. En septembre 1979, l’avocat de DeFeo, William Weber, avoua aussi que le livre était une mystification qu’il inventa avec les Lutz car ils étaient tous intéressés par l’appât du gain.
Cependant, si phénomènes il y a eu, certains peuvent être expliqués de manière rationnelle. Il faut reconnaître qu’une habitation datant de 1928, construite en partie avec du bois et laissée inoccupée pendant plusieurs mois, peut avoir été attaquée par l’humidité : cause probable des craquements dans les planchers et la charpente. Cette humidité a pu aussi générer des odeurs nauséabondes et entraîner des frictions aux portes et fenêtres. Des rongeurs, tels que des rats, ont également pu y élire domicile et provoquer des bruits bizarres.
Un chauffage central mal entretenu et mal réglé aurait pu aussi engendrer des bruits et ne pas chauffer correctement certaines pièces de l’habitation.
Parmi d’autres explications, rappelons la présence du chat que la famille Lutz avait surnommé « Le Cochon » tant il était gros et boulimique. Ceci expliquerait une certaine confusion dans l'esprit de la petite Missy qui parlait de son ami invisible « Jodie, Le Cochon ».
Autre fait troublant : le prêtre qui avait béni la maison, déclara n’y être jamais entré, mais avoir fait le nécessaire à distance, au départ d'une église. Après être restée silencieuse durant des dizaines d'années, l'Eglise Catholique formula sa position officille vis-à-vis d'Amityville dans une lettre du 15 mai 2002 adressée à l'auteur Ric Ozuna (The Night the DeFeos Died: Reinvestigating the Amityville Murders) : ‘’Le Diocèse soutient que l'histoire était un faux rapport. En novembre 1977, les avocats du diocèse ont préparé une longue liste, qui sera soumise à l'éditeur (de "The Amityville Horror"), de nombreuses inexactitudes, des références factuellement erronées et de fausses déclarations concernant des personnes et des évènements qui n'ont jamais eu lieu’’.
En résumé, le fait de ressentir des sensations néfastes ou d’induire de soi-disant manifestations paranormales, en entrant ou en résidant dans cette habitation, n'implique pas forcément la présence de phénomènes de hantise. Bizarrement, depuis le départ de la famille Lutz, plus aucune manifestation « diabolique » ne fut perçue par les habitants successifs.
“ Le Diable n’apparaît qu’à celui qui le craint” - Proverbe arabe
Astral 2000 – Gérard – Mai 2016