Demeures et fantômes

Mots-Clés : esprits frappeurs,poltergeists,psychokinésie

La plupart des personnes se représentent les demeures hantées comme de vieilles bâtisses tombant en ruines remplies de pièces lugubres et parcourues d'immenses couloirs vides. Pourtant, les fantômes n'élisent pas toujours domicile dans ce genre de décor. Ils peuvent s'installer n'importe où, de la ferme la plus modeste au château le plus imposant.

Des effets lumineux ou mentaux expliquent de nombreuses apparitions de fantômes. Ainsi, certaines personnes ont des hallucinations et voient des fantômes durant l'état de demi-conscience qui suit parfois le sommeil.

Mais les chasseurs de fantômes restent persuadés que certaines demeures sont réellement visitées par des êtres éthérés, et de nombreux cas d'esprits frappeurs (preuves à l'appui) continuent de défier toute explication rationnelle. Pourquoi le nombre de ces phénomènes ne cesse-t-il d'augmenter? Est-il possible qu'autant de personnes se trompent ?

Les fantômes des châteaux

Pour certains, tout château qui se respecte doit abriter « son » fantôme… ce qui n’est pas toujours très loin d’une certaine vérité. Il est intéressant de noter que la plupart des demeures hantées ont appartenu à une certaine famille pendant des générations et sont étroitement liées au passé.

En Grande-Bretagne, la résidence la plus hantée est sans conteste le château de Glamis, en Ecosse (berceau familial des comtes de Strathmore et de demeure d’enfance de la reine Elisabeth et de la Reine Mère). Son plus célébré fantôme est moitié homme, moitié monstre. Il serait l’enfant d’un des anciens comtes qui aurait gardé la pauvre créature cachée dans une pièce secrète. Malgré de nombreuses tentatives, on n’a jamais pu retrouver cette pièce.

Château de Glamis

Vient ensuite le grand fantôme gris qui serait celui d’une lady Glamis du XVII^e siècle. Elle aurait empoisonné son époux, puis serait morte sur le bûcher pour sorcellerie. Le bâtiment abrite également un vampire et un ancien domestique qui aurait été emmuré vivant pour ses méfaits.

Janet Douglas, la Dame grise du château de Glamis

L’abbaye de Woborn, berceau des ducs de Bedford, serait hantée par un ancien serviteur maltraité. Cet esprit fait sentir sa présence dans la pièce où se trouve la télévision en ouvrant la porte d’entrée, puis une autre de l’autre côté, comme s’il se promenait.

Abbaye de Woborn

Les esprits des deux épouses tuées par Henri VIII, Jane Seymour et Catherine Howard, hantent les couloirs du Hampton Court Palace près de Londres. On a également aperçu Sybil Penn, la nourrisse des enfants du roi errer dans le bâtiment depuis que sa tombe fut retirée du cimetière de l’église d’Hampton, détruite par la foudre en 1829. Quant au château de Windsor, il est connu pour posséder un fantôme d’Henri VIII en personne, ainsi que les esprits de Charles I (qui mourut décapité), d’Elisabeth I et de George III.

Hampton Court Palace

Parmi les nombreuses demeures politiques hantées, il faut citer la Maison Blanche, où le fantôme d’Abraham Lincoln fut aperçu par Théodore Roosevelt et la reine Wilhelmine de Hollande. Le domaine de Yarralumba dans le territoire fédéral de Canberra en Australie, résidence du gouverneur général, reçoit régulièrement la visite d'un petit fantôme, de peau foncée. Selon certains, il serait l'esprit d'un ancien serviteur aborigène à la recherche d'un bijou précieux qui, d'après la légende, serait caché dans la maison. Même le numéro 10 de Downing Street possède son fantôme : un politicien de la Régence, dit-on !

La Maison Blanche

Le domaine de Yarralumba

Les missions des fantômes

La croyance aux fantômes est souvent liée à l'idée que si l'âme et le corps se séparent au moment de la mort, l'âme peut rester « liée à la terre » à la faveur de certains incidents. On possède de nombreux témoignages de fantômes apparus aux amis ou aux parents au moment de leur mort, ou peu de temps après, comme si le défunt mettait de l'ordre dans ses affaires avant de retrouver le plan spirituel. Mais d'autres reviennent pour se venger.

Tel était sans doute la motivation de Christopher Slaughterford, qui fut pendu en 1709 après un procès grotesque, pour avoir assassiné sa fiancée. Immédiatement après sa mort, son fantôme apparut dans la maison d'un serviteur, bardé des chaînes qu'il portait en prison. Quelques jours plus tard, le serviteur en question se pendit et un nouveau procès découvrit que c'était lui (et non Slaughterford) qui avait tué la fiancée.

Certaines maisons sont hantées par des « crânes hurleurs » qui, de temps en temps, poussent des cris à vous glacer le sang, pour se venger de ne pas avoir été enterrés convenablement. Le récit le plus célèbre en la matière concerne le manoir de Bettiscombe dans le Dorset, où un crâne était resté dans le bureau pendant plus de 200 ans. Lorsqu'on le retira de la pièce (il aurait appartenu à un esclave noir) des hurlements affreux se mirent à retentir dans toute la maison.

Manoir de Bettiscombe

Crâne hurleur du manoir de Bettiscombe

Le spectre de Berkeley Square

50 de Berkeley Square

Si les fantômes reviennent hanter les demeures dans lesquelles se sont déroulés des événements criminels, il est probable qu'il se passa des choses horribles, au numéro 50 de Berkeley Square, à Mayfair, en plein cœur de Londres. On affirme que le fantôme qui avait élu résidence à cette prestigieuse adresse est responsable de plusieurs meurtres (ce qui est rarissime. Très peu de fantômes sont considéré comme dangereux) depuis qu'il hante cette demeure et a rendu d'autres personnes complètement folles. Une des histoires les plus macabres concerne sir Robert Warboys qui accepta par défi de passer un nuit au numéro 50.

Armé d'un fusil, ainsi que d'une cloche pour donner l'alarme, Warboys s'installa dans la chambre du haut tandis que le propriétaire demeura au rez-de-chaussée avec un ami. Lorsqu'une heure plus tard, les deux hommes entendirent un coup de feu, ils se précipitèrent dans l’escalier et trouvèrent Warboys mort ; son visage reflétait une terreur affreuse. Comme le coup de fusil avait frappé un mur, les deux hommes en déduisirent que leur ami était mort de peur tout en visant quelque chose qui le terrifiait.

Quelques années plus tard, le même fantôme apparut à deux marins qui avaient trouvé refuge dans la maison alors inhabitée. L'un s'enfuit de terreur et parvint à balbutier son histoire à un policier mais, lorsque les deux hommes retournèrent à la maison, ils retrouvèrent le corps du second marin empalé sur les grilles.

Parmi les nombreuses explications avancées pour élucider la présence de ce fantôme « meurtrier », on raconta que la maison servait à des faux-monnayeurs prêts à tout pour protéger leur cachette. Cette théorie paraît plausible, notamment si l'on connaît l'affaire des moines du château de Chantilly.

Bien décidés à demeurer dans le luxe de leur nouvel habitat les moines eurent l'idée de faire croire que l'endroit était hanté en se déguisant en fantômes. Leur plan était si ingénieux que, finalement, on leur donna le château, à condition qu'ils se servent de leur pouvoir religieux pour le débarrasser de ses fantômes. Qui disparurent aussitôt, cela va sans dire !

Le presbytère de Borley

Presbytère de Borley

Demeure de deux fantômes sans tête et de celui d'une nonne (qui aurait été assassinée à la suite d'une affaire crapuleuse), le presbytère de Borley était autrefois connu pour être la demeure la plus hantée d'Angleterre. Parmi les nombreuses activités des esprits frappeurs que les propriétaires durent endurer, on trouve des murmures, des tintements de cloches, des bruits de pas et des messages gribouillés sur les murs.

Un journal fit appel au chasseur de fantômes Harry Price pour élucider ces mystères et celui-ci écrivit deux livres sur le sujet. Mais son travail de détective fut critiqué par les membres de la Société pour la Recherche psychique qui trouvèrent des explications rationnelles à la plupart des phénomènes dont Price et d'autres avaient été témoins.

Harry Price

Finalement, Marianne Foyster, l'épouse du révérend Foyster qui avait autrefois habité le presbytère, avoua que son mari avait manigancé toutes ces soi-disant hantises dans l'espoir de vendre son histoire à la presse. Pourtant, après la destruction du bâtiment dans un incendie, en 1939, l'activité des fantômes reprit bel et bien dans les ruines…

Sur la trace des fantômes

Les récits concernant les fantômes contiennent souvent d'étonnantes similitudes, la plupart des témoins ayant aperçu des silhouettes vagues, entendu d'inexplicables coups frappés et ayant ressenti de soudains courants d'air. Certains témoignages font aussi état d'une odeur piquante remplissant la pièce juste avant l'apparition du spectre. L'exemple le plus célèbre est celui de la maison Hannah, une demeure du XIX^e siècle bâtie par un riche fermier américain fortement opposé à l'esclavage.

La maison Hannah

Des médiums qui se rendirent dans cette demeure virent des tableaux se décrocher des murs, des portes s'ouvrir et se refermer toutes seules et des cuillères voler dans les airs. lis entendirent des froissements de vêtements et des grincements de bois.

Mais le plus étonnant réside dans une odeur de pourriture qui apparaît soudain dans certaines pièces, provoquant maux de tête et nausées. On a vainement tenté d'en localiser la source et aucun nettoyage n'a pu la détruire.

La légende veut que le domaine ait été autrefois associé au « chemin de fer souterrain » (un réseau d'évasion par lequel s'échappaient des groupes d'esclaves en provenance du Sud juste avant la guerre de Sécession). Il semble qu'un de ces groupes ait péri dans le terrible incendie qui ravagea une partie du domaine. On ne retrouva aucune trace de cadavres, ce qui n'est guère étonnant compte tenu du mystère qui entourait ce réseau.

Astral 2000- Gérard - Mars 2020