L’ATLANTIDE
Mots-Clés : Atlantide, Atlante, Égypte, Açores, Canaries, Santorin, Méditerranée, Espagne, Tartessos,Cyclades, Larimar, Pierre des Atlantes, Thera, mer Égée, Platon, Aristote, Strabon, Pline, Pierre Benoit, Antinéa, Henri Lhote, Schulten, PtoléméeSituation présumée de l'Atlantide *
* Vous remarquerez que l’Atlantide n'est pas située en Méditerranée. Des précisions vous sont données dans la deuxième partie de cet article : « Et Santorin, faisons le point … »
Entré dans l'histoire par quelques phrases d'un dialogue de Platon, l'énigmatique empire des Atlantes défie la sagacité des chercheurs depuis vingt-cinq siècles. Des milliers de volumes lui ont été consacrés. A peu près autant d'hypothèses ont été formulées sur sa localisation. Trois sont sérieuses. Elles nous ramènent aux origines de la culture européenne.
Or donc, dans cette île Atlantide, s'est formée une grande et merveilleuse puissance de rois. Elle dominait l'île entière, ainsi que beaucoup d'autres îles et de parties du continent. Les rois régnaient sur la Libye jusque vers l'Égypte, sur l'Europe jusqu'à la Tyrrhénie.
« Mais, voilà que, rassemblant toutes ses forces, cette puissance, se jetant sur la Grèce, entreprit de l'asservir. Athènes l'emporta finalement sur ses agresseurs. Mais, dans le temps qui suivit, il se fit des tremblements de terre violents et des cataclysmes. Dans l'espace d'un jour et d'une nuit funeste, l'île Atlantide s'enfonça sous la mer et disparut. De là vient que, de nos jours encore, la mer est impraticable et inexplorable, encombrée par les bas-fonds de vase que l'île a déposés en s'abîmant. » Ce passage du Timée, détaillé et confirmé dans le Critias (ou l'Atlantide), un autre des dialogues de Platon, entretient le « mystère atlante » depuis près de vingt-cinq siècles.
Ces renseignements rapportés par Platon proviennent d'une tradition recueillie en Egypte par Solon, un des sages qui ont donné à Athènes ses premières lois. Les prêtres de Saïs auraient communiqué au voyageur grec ce qu'ils savaient de la mystérieuse île de l'empire qu'elle commandait.
Selon ces Egyptiens, neuf mille ans avant la venue de Solon, les ancêtres des Athéniens auraient repoussé des envahisseurs venus de l’Ouest, depuis un vaste continent « plus grand que la Libye et l’Asie réunis », situé en face des colonnes d’Hercule, nom antique du détroit de Gibraltar. (Pour les Grecs, la « Libye » était une vaste région de l’Afrique.)
Selon les prêtres de Saïs, les Athéniens auraient réussi à triompher de cette redoutable puissance, mais au prix de terribles sacrifices. En fait, leur victoire finale n’aurait été acquise qu’après le cataclysme qui aurait détruit l’Empire atlante.
Si le philosophe pythagoricien Timée de Locres évoque la fin de l’ile atlante, le Critias, « Sur l’Atlantide », dialogue du philosophe grec Platon, fournit d’avantage de renseignements sur son histoire, son organisation et ses ressources. Poséidon, le dieu des flots, aurait confié un titre royal à Atlas. Celui-ci aurait alors donné son propre nom et des lois au grand empire occidental. D'après le récit de Platon, la richesse minière de l'île atlante était considérable. On y trouvait de l'or, mais on y fabriquait surtout de l'orichalque, que plusieurs historiens, dans ce cas précis, identifient à l'ambre des côtes baltiques de l'Europe. Le sol était recouvert de forêts, qui fournissaient d'importantes quantités de bois pour la construction des bateaux. Bétail et gibier abondaient, ainsi que champs de céréales et vergers. Bref, l'île atlante était une sorte de pays de cocagne ...
On y voyait, toujours selon le récit de Platon, de nombreux éléphants. La pierre y était de bonne qualité et permettait la construction de monuments impressionnants. L'ami de Socrate précise : « Les Atlantes tiraient cette pierre de dessous la périphérie de l'île centrale. Il y en avait de la blanche, de la noire et de la rouge. »
La force militaire des Atlantes était à la mesure des richesses de leur contrée : une flotte de mille deux cents navires, une armée de dix mille chars ... Bien entendu, les chiffres rapportés par Platon doivent être considérés avec méfiance. Ils n'en traduisent pas moins un ordre de grandeur impressionnant. Malheureusement, le Critias est resté inachevé et son auteur n'a pas eu le temps de nous raconter, en détail, la fin de l'Empire atlante.
Curieusement, l'existence d'un tel État n'a pas été confirmée par les autres récits qui nous restent de l’Antiquité. Dans les textes homériques, on trouve bien le nom d’Atlas, et l'île d'Ogygie, où règne la redoutable Calypso, pourrait éventuellement être l’Atlantide. Mais elle n'offre que peu de ressemblances avec le récit platonicien.
La lutte de Zeus contre les Titans, évoquée dans la cosmogonie écrite par Hésiode, pourrait également rappeler la guerre entre les Athéniens et les Atlantes. C'est une hypothèse risquée.
Déjà, à l'époque de Platon, on tend à mettre en doute l'authenticité du récit transmis par Solon. Crantor de Soles, le premier commentateur de Platon, se serait rendu en Égypte pour vérifier, auprès des prêtres de Saïs, la véracité des événements contés au Grec Solon au VI ème.siècle avant notre ère. Il n'a pas dû trouver beaucoup de preuves: il n'existe aujourd'hui aucune source égyptienne pour confirmer le Critias et le Timée. Sauf, bien entendu, si l'on identifie les Atlantes à ces mystérieux Peuples de la mer et du nord, venus déferler en Egypte vers la fin du II ème.millénaire ...
Par la suite, de nombreux géographes et philosophes antiques refuseront de prendre au sérieux l'existence de l'île atlante. Aristote, Strabon, Ptolémée ou Pline s'en moqueront ouvertement, tandis que Philon le Juif, Jamblique ou Proclus, philosophes de l'école néo-platonicienne d'Alexandrie, se contenteront de reprendre les propos de Platon, mais sans rien y ajouter.
La pensée médiévale ignorera quelque peu la question. Tout comme elle a, d'ailleurs, ignoré la géographie du reste du monde. Pourquoi les hommes de l'Europe du Moyen Age, qui ne connaissaient pas la plupart des terres de la planète, se seraient-ils souciés d'un empire disparu sous la mer ?
La Renaissance ramenant un minimum de curiosité intellectuelle, le problème de l'Atlantide se retrouve posé. Dans son Histoire générale des Indes, l'Espagnol Lôpez de Gomara estime que l'Atlantide n'est autre que l'Amérique, que Christophe Colomb venait de découvrir. A partir du XVII ème.siècle, les hypothèses sur la localisation de l'île engloutie se multiplient.
En 1665, le père Kircher place l'Atlantide au milieu de l'Atlantique. Il considère que les Açores et les Canaries en sont les derniers vestiges. Le Suédois Rudbeck, de son côté, situe le continent disparu sous les latitudes nordiques. Un théologien n'hésite pas : l'Atlantide, c'est la Palestine l
D'autres parlent du Caucase, du Maroc, du Spitzberg et même de l'Afrique australe. Au XIX ème.siècle, le géographe et naturaliste Bory de Saint-Vincent redonne vie à l'hypothèse atlantique et l'appuie sur la nature volcanique des Açores et des Canaries, ce qui permettrait d'envisager une catastrophe naturelle, une sorte d'éruption cataclysmique, pour expliquer l'engloutissement de l'Atlantide antique.
A la même époque, un professeur lyonnais décrète que l'Atlantide se situait en Afrique du Nord: les descendants des Atlantes seraient les Libyens actuels ... Ce qui ne règle pas la question de la date fournie par les textes antiques : neuf mille ans avant Solon, neuf mille six cents ans avant le Christ. En Allemagne, Knôtel lance l'idée d'une Atlantide fondatrice de la civilisation : les Atlantes auraient été les représentants d'une humanité supérieure et les contemporains d'un véritable âge d'or. Ces «grands initiés» auraient apporté à nos ancêtres un savoir immémorial, transmis depuis par certaines sociétés secrètes et certains grands courants ésotériques.
Dans la seconde moitié du XIX ème. siècle, les sciences occultes et la théosophie triomphent. L' « atlantomanie » devient à la mode. Les Atlantes seraient mêlés à tous les mystères de l'histoire humaine. Aujourd'hui, de la même manière, les membres de certains cercles soutiennent que les ovnis sont pilotés par les descendants des Atlantes ...
En 1919, l'écrivain Pierre Benoit connaît un succès populaire considérable en publiant l'Atlantide, un roman qui allie deux courants d'intérêt de l'époque: l'appel des sables chauds du Sahara (où Pierre Benoit situe le royaume atlante de la belle reine Antinéa) et le fascinant mystère de l'Atlantide.
Quelques années plus tard, une découverte archéologique de premier plan paraît vouloir confirmer l'intuition romanesque de Pierre Benoit: l'explorateur Henri Lhote ramène du Tassili des clichés et des relevés de fresques, célèbres depuis, qui datent du temps où le désert était une contrée fertile et verdoyante. En fait, ni la chronologie, ni la géologie ne pourront venir à l'aide de l'hypothèse saharienne. Tant pis pour le beau rêve d'Antinéa ...
Un peu plus tard, l'Allemand Schulten, un spécialiste de l'Antiquité ibérique, affirme que l'Atlantide n'est autre que la ville de Tartessos, citée dans la Bible et par certains auteurs grecs.
Le site de la ville de Tartessos n'a pas encore été précisément découvert. On peut cependant le situer près de l'embouchure du Guadalquivir ou du rio Tinto. D'après les résultats des fouilles archéologiques réalisées dans tout le sud de l'Espagne, nous pouvons mieux imaginer quelles étaient la puissance et la richesse du royaume commandé par cette ville disparue.
Les Tartessiens disposaient de l'eldorado minier du sud de l'Espagne, et leur roi, Arganthonios, en tirait des revenus considérables. Selon les sources antiques, on l'appelait le «Crésus de l'Occident». Allié des Grecs, il a longtemps entretenu d'excellents rapports avec les Phéniciens, puis avec les Carthaginois. Ces derniers finiront d'ailleurs par soumettre son royaume et détruire la cité vers 500 av. J.-C., et Tartessos disparaîtra de la mémoire des hommes.
La confédération tartessienne des cités ibériques aurait-elle pu diriger des expéditions contre le bassin oriental de la Méditerranée ? Elle en avait sans doute les moyens matériels. Mais il est peu probable qu'elle ait eu des visées impérialistes. De plus, la date de son apogée est trop récente pour correspondre à celle du monde atlante.
Avec les premières recherches océanographiques, l'hypothèse atlantique revient en force. L'exploration des hauts fonds près des Açores révèle l'existence d'une chaîne de montagnes volcaniques sous-marine, qui sépare en deux l'océan Atlantique. Ce rift est une sorte de cicatrice, qui témoigne de la dérive des continents pressentie au début du XX ème.siècle par le géophysicien allemand Wegener.
Enthousiasmé par ces découvertes, L. Donelly en déduit que l'Atlantide est bien la mère de toutes les civilisations : il explique ainsi les ressemblances architecturales entre pyramides égyptiennes et précolombiennes. Evidemment, il ne tient aucun compte des écarts chronologiques qui existent entre les bâtisseurs de ces monuments l
Un chercheur allemand, Hermann Wirth, pense alors à situer l'Atlantide plus au nord des Açores, au-delà des îles Britanniques, à l'emplacement de la légendaire île de Thulé, chère à de nombreux romantiques nordiques et pangermanistes. C'est un peu faire de l'Atlantide un enjeu politique.
Bref, de la Palestine au continent américain, l'empire des mystérieux Atlantes s'est promené dans tous les coins de la planète. La plupart de ces localisations sont complètement dénuées de fondement scientifique et d'intérêt. Le débat sur l'Atlantide n'est pas clos pour autant. Au cours des dernières décennies, plusieurs faits nouveaux sont venus grossir le volumineux dossier atlante.
Trois hypothèses sont en vogue aujourd'hui, qui méritent qu'on les étudie de près. Il se pourrait même que la synthèse de deux d'entre elles donne une solution historique satisfaisante à l' énigme lancée par Platon et qui subsiste encore de nos jours.
REF: Inexpliqué - 1981
Et Santorin, faisons le point …
Santorin
Santorin, vestige de l’Atlantide ? Je vous propose deux pistes de réflexion.
En premier lieu, rendez-vous sur le site http://www.santoringrece.fr/index.htm. Vous y trouverez beaucoup d’informations sur cette perle du bassin méditerranéen qu’est l’île de Santorin. Un conseil : si ce n’est déjà fait, je vous invite vivement de passer par là lors d’un séjour en mer Égée. Vous ne le regretterez pas !
Deuxièmement, voici un lien qui fait très bien le point sur les dernières recherches archéologiques concernant l’Atlantide et Santorin : https://www.youtube.com/watch?v=pQsm2_7XFUM&feature=youtu.be
Pour la petite histoire, il existe un minéral que l'on nomme Larimar, mais aussi Pierre du Dauphin ou Pierre des Atlantes. On trouve cette pierre en République dominicaine ... Un peu loin de Santorin, n'est-ce pas ?
Larimar
Extrait du site http://www.santoringrece.fr/index.htm :
" " Une fascinante théorie "démontrée", localise Atlantide dans la Méditerranée orientale, plus précisément dans l'archipel des Cyclades, dans une zone qui est occupée aujourd'hui par l'île de Santorin.
Nous savons depuis longtemps que Santorin ne constitue que les restes d'une île beaucoup plus grande, détruite par une explosion catastrophique: il est bien connu que l'ancienne Thera a éructé 18 km cubes de magma et que son explosion ne laissa qu'un bout de rocher noirci. Seulement dans les années ‘70 la méthode du radiocarbone a permis de dater avec une marge d'erreur réduite un trône qui était enterré dans la cendre volcanique : l'éruption a du se produire aux environs du 1456 av. J.-C...... " "