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L’odeur de sainteté

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L'odeur de sainteté est un phénomène très curieux rapporté principalement par les hagiographes et par quelques médecins.

« Mourir en odeur de sainteté, écrit le docteur Georges Dumas, c'est, dans le langage courant, mourir en état de grâce ; vivre en odeur de sainteté, c'est être assez pieux pour être regardé comme un saint ; depuis plusieurs siècles, ces formules n'ont plus qu'un sens figuré et la plupart des écrivains qui les emploient aujourd'hui ne leur en connaissent pas d'autre. Mais les historiens des mystiques ont toujours protesté contre cet usage de leur langue; l'odeur de sainteté est pour eux un fait réel ; quand ils racontent qu'un saint a été gratifié, ils veulent dire que, durant sa vie ou après sa mort, son corps a exhalé des odeurs agréables, et ils citent des cas nombreux où le prodige a paru manifeste ».

L'odeur de sainteté peut émaner de certains vivants. François Forgione, plus communément appelé Padre Pio envoyait, dit-on, des messages parfumés, comme nous envoyons des lettres, aux personnes qu'il voulait avertir des dangers qu'elles encouraient.

Padre pio

Padre Pio

Christine de Stommeln, si l'on en croit le témoignage de Pierre de Dacie, exhalait une suave odeur après les scènes de possession : « Tandis que nous disions matines, Christine se disposa pour reposer dans ce même lit où elle avait subi de la part du démon tant de souillures... Matines achevées, je dis à frère Wipert : "Très cher, approche-toi du lit devant lequel nous sommes et regarde comment va Christine." Il s'approcha, se pencha sur le chevet, au-delà de la tête, sans la toucher et, saisi d'une vive émotion, il me dit : "Bon frère Pierre, ce que je sens me stupéfie car je ne puis l'expliquer par aucun artifice humain ; dans ce même lit, théâtre de tant de souillures, je sens une odeur meilleure que tous les arômes …" Peu de temps après, je m'approchai aussi du lit et j'eus lieu de croire les choses que j'avais entendues et que frère Wipert m'avait dites ».

Ste christine de stommeln

Ste Christine de Stommeln

Ce phénomène a été également constaté lors de séances de spiritisme où certains médiums, comme Home et Stainton Moses, produisaient des vapeurs odorantes d'une intensité extraordinaire. Raoul Montrandon raconte, dans son ouvrage Les Radiations humaines, qu'à une séance médiumnique avec Blanche Cooper, au British College of Psychic Science, des effluves odorants déferlèrent par vagues, remplissant toute la pièce, et que lors d'une autre séance, la salle fut inondée d'un parfum inconnu, tel qu'on le supposa d'origine surnaturelle.

D d home

D. D. Home

Stainton moses

Stainton Moses

Mais c'est surtout chez les morts que l'odeur de sainteté se donne à sentir avec le plus de fréquence. Chose étrange, au lieu de perdre de sa force, elle s'accentuerait avec l'évolution thanatologique. Waldemar Deonna, dans son livre « Croyances antiques et modernes », l'odeur suave des dieux et des élus, compte au moins 30 saints parfumés de leur vivant, 103 saints parfumés au moment de leur mort ou de leur ensevelissement, 347 saints dont les corps et les reliques demeurèrent parfumés longtemps après leur inhumation.

Chez les morts, l'odeur de sainteté s'accompagne d'autres manifestations physiques remarquables telles que l'incorruption de la chair et/ou des sécrétions huileuses qui les font qualifier de myroblytes (Personne myroblite : personne en odeur de sainteté), c'est-à-dire d'organismes qui, au lieu de se corrompre, assurent leur propre embaumement en sécrétant des huiles odoriférantes.

L'odeur de sainteté, si l'on se réfère aux témoignages des biographes des mystiques, sent bon. Les parfums les plus courants sont composés de benjoin, de musc, d'ambre jaune, de violette, de lis, de rose, de jasmin, de cannelle, de gingembre, d'iris, d'encens, d'œillet, de girofle, d'ananas, de baume du Pérou. Certains saints ne sentent qu'un seul arôme, d'autres exhalent plusieurs essences parfumées. Faut-il, dans le second cas, constater un signe d'élection divine plus important ou bien, au contraire, une modestie et une simplicité moindres? ...

D'après Hubert Larcher, Lydwyne de Schiedam exhalait sept parfums ; Padre Pio, six parfums ; Thérèse d'Avila, quatre parfums ; Trévère, trois parfums ; Basilissa, deux parfums.

Lydwyne de schiedam

Lydwyne de Schiedam

L'odeur de sainteté de sainte Thérèse d'Avila n'était plus la même après sa mort que de son vivant. Si l'on se réfère à ses hagiographes, l'odeur se complexifia à sa mort. Au seul arôme de l'iris ou du lis, selon les circonstances et l'humeur du moment, Thérèse préféra, par la suite, un bouquet plus sophistiqué et peut-être plus digne de son élection, composé de violette, de lis, d'iris, de jasmin.

Le parfum de sainte Lydwyne, d'après Gerlac, fut également sujet à des modifications : « La chambre de sainte Lydwyne sentait si bon que tous ceux qui entraient croyaient qu'on y avait caché diverses espèces d'aromates. Le parfum qui s'en dégageait frappait non seulement l'odorat, mais le goût : c'était comme si on eût mangé du gingembre, du girofle ou de la cannelle : la saveur ardente et forte mordait la langue et le palais avec douceur ». Par la suite, au parfum des épices succéda celui de la rose, de la violette, du lis, des fleurs fraîchement coupées.

De toutes les odeurs de sainteté, celle de sainte Thérèse d'Avila, qui mourut à l'âge de soixante-sept ans, fut certainement l'une des plus tenaces. Les bollandistes et ses historiens en témoignent : « L'odeur que l'on avait déjà remarquée à diverses reprises durant sa vie, beaucoup plus pénétrante pendant sa dernière maladie, le devint encore davantage après sa mort, si bien que les religieuses durent laisser la nuit entière la porte et la fenêtre ouvertes malgré la saison. Le lis, le jasmin, la violette, semblaient avoir uni leurs plus suaves senteurs dans cet arôme auquel rien ne pourrait être comparé ».

La foule remarqua tout de suite le parfum merveilleux qui émanait de Thérèse pendant le transport du corps sur un brancard. Un jardinier du couvent se serait écrié : « Louez Dieu, louez Dieu, et dites si les roses et les orangers sentent aussi bon que les pieds de la mère Thérèse ».

Ste therese d avila

Ste Thérèse d Avila

Le corps fut déposé sans être embaumé dans un cercueil de bois. Il fut descendu dans une fosse très profonde recouverte d'une grande quantité de pierres, de chaux, de terre humide et d'une pierre sépulcrale. Pendant les neuf mois qui suivirent les obsèques, le parfum, traversant l'épaisse couche de pierres et de terre sous laquelle reposait le corps, embauma la chapelle et le couvent. Le jour de l'enterrement, les assistants qui avaient demandé aux religieuses d’Albe de leur donner une partie des vêtements de Thérèse, ses coiffes, son voile, ses manches, sa tunique, ses espadrilles, les coupèrent en tout petits morceaux, pour satisfaire à la demande de reliques. Leur surprise fut grande lorsqu'ils constatèrent que tous ces fragments vestimentaires conservaient l'odeur qui s'exhalait du cercueil au moment des funérailles.

« Le 1er juillet 1583 (plusieurs mois après sa mort), le père Gratien, arrivant au monastère d'Albe, fut émerveillé de l'odeur qui s'exhalait de la tombe. Après avoir entendu les témoignages des religieuses et sur leurs instances, il résolut d'exhumer le corps. Il creusa lui-même la fosse avec l'aide d'un compagnon religieux. Ce travail pénible dura quatre jours entiers. Le 4 juillet, on découvrit le cercueil, brisé d'un côté, pourri au-dedans, rempli de terre et d'eau; l'humidité avait corrompu les vêtements, la robe de bure tombait en lambeaux, le corps même était couvert de mousse, de boue verdâtre, mais absolument intact, la chair douce, blanche, embaumée, flexible comme au jour de sa mort. De plus, une huile coulait goutte à goutte de tous ses membres ; les religieuses en recueillirent sur un grand nombre de linges qui gardèrent le même parfum; sa ceinture en cuir en était imprégnée : on la lui enleva, et l'évêque de Tarragone a déposé sous la foi du serment que vingt-quatre ans après, il vit cette ceinture au couvent des carmélites de Saragosse, la prit dans ses mains, et constata le double prodige de l'huile que le temps n'avait pu dessécher et de l'odeur délicieuse qu'elle avait conservée ».

« Le 1er janvier 1586, nous nous rendîmes, au nombre de vingt, au monastère des Carmélites. Les religieuses apportèrent la châsse près de la porte conventuelle : cette porte s'ouvrit devant nous ... Nous considérâmes la sainte très attentivement. Son corps était entier, intact, et d'une odeur céleste. Les os étaient si bien joints, les nerfs si bien liés les uns avec les autres, qu'il se tenait debout à l'aide du moindre appui. La chair était si souple, si tendre, si flexible, qu'elle s'abaissait quand on y mettait le doigt, puis se relevait comme si la sainte Mère eût été en vie ; et, bien qu'elle eût conservé son embonpoint, le poids du corps était léger comme celui d'un enfant de deux ans ».

Les historiens de la sainte insistent tous sur la suavité de l'odeur que répand son cadavre, sur la fraîcheur des chairs qui semblent encore en vie. En 1598, un monument de pierre fut érigé sur l'emplacement de la sépulture primitive. Le corps de sainte Thérèse fut transféré dans une somptueuse châsse offerte par la duchesse d’Albe. La pierre du portail portait cette inscription :

« ... sous ce marbre repose, non sa cendre, mais sa chair flexible, incorruptible,

dont le parfum très suave est le signe merveilleux de sa gloire ».

La canonisation de Thérèse est demandée par l'évêque de Salamanque au pape Clément VIII, le 10 mars 1602, dans une lettre qui relève « l'incorruption de son corps et l'huile embaumée qui en sort avec un très suave parfum ». Sa ténacité était telle qu'il se faisait sentir cent-septante-huit (cent soixante-dix-huit) ans après la mort de la sainte : « Le 13 octobre 1760, cette châsse fut redescendue derrière le grand autel : là, en présence de l'architecte du Roi, le Père général, le procureur du duc d’Albe, Alphonse d'Oviedo, et la Mère prieure, ouvrirent l'une après l'autre les trois serrures dont ils gardaient les clefs. On retrouva le saint corps toujours intact, flexible, exhalant le même parfum. On l'exposa près de la grille du chœur, la face découverte, et il y resta jusqu'au lendemain ».

Plus que l'incorruption de la chair, c'est l'émanation d'une bonne odeur qui est le critère de la sainteté. La fraîcheur de la peau, le maintien de la circulation sanguine à l'intérieur d'un corps moribond, phénomènes pourtant tout à fait extraordinaires, apparaissent comme des manifestations moins surnaturelles que la suavité de l'odeur : « Que le corps humain puisse naturellement ne pas sentir mauvais, écrit le pape Benoît XIV, c'est chose possible ; mais qu'il sente bon, cela est en dehors de la nature, ainsi qu'il ressort de l'expérience. Par conséquent, que le corps se corrompe ou qu'il reste intact, qu'il soit en putréfaction ou non, si une odeur se déclare persistante, suave, n'incommodant personne, agréable à tous, et s'il est constaté qu'il n'existe ou n'a existé aucune cause naturelle capable de la produire, on doit la rapporter à une cause supérieure et tenir le fait pour miraculeux ».

Si l'Église considère la suavité de l'odeur comme une preuve de sainteté, ce n'est sans doute pas sans rapport avec l'idée de sanctification liée à l'incorruptibilité de la chair et à la bonne odeur que transmettent l'Ancien et le Nouveau Testaments : « Tu ne permettras pas, ô Seigneur, que ton saint connaisse la corruption », dit David (Ps. XVI). Dans sa deuxième épître aux Corinthiens, saint Paul écrit : « Nous sommes la bonne odeur du Christ devant Dieu pour ceux qui sont sauvés et pour ceux qui périssent; à ceux-ci une odeur mortelle donnant la mort, à ceux-là une odeur vivifiante donnant la vie ».

Toujours selon l'Eglise, si la bonne odeur est celle de la vie et de la sainteté, c'est-à-dire, en fait, de l'immortalité, l'odeur de sainteté est l'envers de l'odeur cadavérique, liée à la mort, à la pourriture, à la caducité. A la désintégration du corps et à la puanteur infecte, qui sont le sort du commun des mortels, s'opposent l'incorruption de la chair et la suavité de l'odeur. On pourrait dire qu'il y a sainteté parce que le saint ne meurt pas comme tout le monde et ce qui le distingue tout d'abord, c'est cette odeur originale qu'il diffuse à profusion, généreusement. Au lieu d'incommoder les vivants avec ses restes macabres comme n'importe quel mortel, le saint, et c'est sans doute là un signe de sa magnanimité, n'apporte aucun désagrément à son entourage, bien au contraire, puisqu'il embaume délicieusement.

Aux yeux de certains, l'odeur de sainteté est un cadeau fait aux vivants par ceux qui toute leur vie se sont efforcés de ne pas leur ressembler et de ne pas « être terre à terre ». C'est aussi un symbole par lequel Dieu manifeste sa faveur à ses élus en leur permettant d'échapper à la corruption naturelle qui est le sort effrayant de tous ceux qui n'ont pas su mépriser les biens terrestres.

 

Astral 2000 - Gérard - Novembre 2017

 

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