LE YÉTI
Mots-Clés : Yéti, Tibet, Everest, Chine,homme des neiges, cryptozoologie, Shipton, Ward, doig, Shackley, Hunt.
HERGÉ – Tintin au Tibet - 1960
Les Tibétains croient depuis toujours que des êtres simiesques et marchant debout, qu'ils nomment Yétis et que l'on connaît également en Occident sous le terme d'«abominables hommes des neiges», vivent dans les étendues enneigées et sauvages de l'Himalaya. Cette croyance semble reposer sur des faits tangibles.
Les témoignages relatifs à la présence de ces «hommes-singes» s'accumulent en Chine après qu'en 1951, un alpiniste anglais, Eric Shipton, eut pris des photographies d'empreintes laissées par ces créatures jusque-là semi-légendaires. Elles donnent lieu à une enquête approfondie et suscitent un regain d'intérêt pour cette énigme.
Sur la piste du Yéti
Eric Shipton se trouve en compagnie de Michaël Ward, chirurgien et alpiniste britannique, à environ 60 km à l'ouest de l'Everest, au moment où son attention est attirée par de curieuses traces de pas. Celles-ci sont très larges, plus d'une trentaine de centimètres, profondément enfoncées dans la neige (ce qui suppose une pression considérable), et elles présentent un orteil bien dessiné, en opposition avec les autres doigts du pied. Le zoologiste W. Tschernezsky, membre du Queen Mary College de Londres, qui analyse les moulages réalisés à partir de ces empreintes, conclut qu'elles appartiennent à «un très gros primate bipède, probablement au Gigantopithecus fossile». D'autres photographies, dues à des experts aux noms célèbres, sont prises. Ainsi, en 1955, l'abbé Bordet, de l'Institut géologique de Paris, suit trois séries de traces distinctes pendant plus d'un kilomètre. Les deux plus grands spécialistes français de l'étude des mammifères estiment que ces empreintes ont été laissées par une créature d'une espèce non encore répertoriée.
En 1978, Lord Hunt prend lui aussi des clichés de traces de pas fraîches, datant visiblement du jour même, de 35,5 cm de long et de la moitié environ de large.
Un type simiesque
Les empreintes de pas ne sont pas les seules preuves concernant l'existence du Yéti. De nombreuses personnes, tel Don Whilans, célèbre pour ses ascensions de l'Everest et du Kangchenjunga, disent avoir aperçu cette créature mi-homme mi-animal. Leurs récits permettent d’en dresser le portrait. Il est de taille imposante et couvert d'un pelage brun foncé. Il a le front fuyant, des yeux enfoncés, une mâchoire saillante ainsi que des dents puissantes. Il marche en écartant largement les membres. Les bras sont très longs et descendent jusqu'aux genoux. Souvent, les témoins font état d’une odeur nauséabonde qu'il dégagerait.
En 1954, une expédition menée par le scientifique anglais Charles Stonor s'engage dans l'Himalaya à la recherche du fameux Yéti. Seuls des excréments de taille et d'aspect anormaux sont découverts et analysés. Au vu des restes de rongeurs et de verdure qu'ils contiennent, le Yéti semble omnivore.
Les trois Yétis
La tentative la plus célèbre pour retrouver le Yéti est réalisée en 1960 par Desmond Doig et sir Edmund Hillary qui fut le premier homme à avoir vaincu l'Everest. Elle est financée par la World Book Encyclopedia. L'expédition, qui durera dix mois, sera équipée de caméras automatiques. Elle recueille des scalps de soi-disant yétis donnés par les autochtones : ils se révèlent appartenir à l'ours bleu, animal dont les apparitions sont exceptionnelles.
Au terme de leur mission, les deux hommes en arrivent à la conclusion que l'abominable homme des neiges n'existe pas. Toutefois, plusieurs années plus tard, Desmond Doig revient sur ses déclarations : il pense que le fait de ne pas l'avoir vue ne prouve pas que cette créature est une fiction. Le gorille n'a lui-même été découvert qu'en 1901, il y a très peu de temps ! Selon Doig, «l'expédition était trop lourde et trop maladroite». Il rappelle que les sherpas font la différence entre trois types de yétis : le dzuteh, imposant et velu, s’attaquant au bétail (d'après Doig, il pourrait s'agir de l'ours bleu); le thelma, ressemblant à un petit homme et courant en ululant et en ramassant des morceaux de bois (pour certains, ce serait un gibbon, bien que la zoologie officielle ne fasse pas état de ces animaux dans cette partie du monde), et le mih teh, créature simiesque immense au pelage fauve et noir.
Quoi qu'il en soit, le grand nombre de photographies d'empreintes (dont celles rapportées en 1979 après une expédition scientifique de la Royal Air Force) et les multiples témoignages n'éclaircissent en rien ce mystère; ces traces de pas semblent dues à une créature bipède bien plus lourde qu’un homme, et qui ne peut, pour l'instant, être rattachée à aucune espèce animale connue.
Un rejeton d'une race pré-humaine?
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l'existence du Yéti.
Tout d'abord, il pourrait s'agir d'un singe géant d’une espèce encore inconnue, descendant du gigantopithèque et vivant au sud de la Chine il y a environ 500 000 ans et dont on a retrouvé des ossements en 1937. Plusieurs théories font référence expressément à des hommes préhistoriques. Certains pensent au Paranthropus, apparu en Afrique voici trois à cinq millions d'années et dont quelques membres seraient parvenus à subsister. D'autres avancent que ces êtres seraient des hommes de Neandertal que les hommes de Cro-Magnon expulsèrent d'Europe 40.000 ans plus tôt, mais qui n'auraient pas tous été exterminés. Boris Porchnev et Bernard Heuvelmans, deux sommités en la matière, penchent pour cette dernière hypothèse. Quant au Professeur Myra Shackley de l'Université de Leicester, elle s'est rendue dans des régions désertes de Mongolie et y a découvert ce qui semble être des outils du Néandertal.
ASTRAL 2000 – Gérard – Juin 2016
Références : Illustration : Tintin au Tibet – 1960
Le Yéti?
Un ours des hautes montagnes de l'Asie, selon des analyses ADN
La légende de "l'abominable homme des neiges" à l'épreuve de la génétique: des analyses ADN de restes supposés de "Yétis" montrent que cette créature mystérieuse serait en fait un ours des hautes montagnes de l'Asie, selon une nouvelle étude publiée mercredi.
Ce n'est pas la première fois que la génétique tente de faire un sort au Yéti, parfois décrit comme une sorte de grand singe sévissant dans ces régions.
En 2012, une équipe de scientifiques menée par le généticien Bryan Sykes de l'université d'Oxford, avait déjà réalisé des tests ADN sur des échantillons de poils censés provenir de Yétis. Un an plus tard, elle avait émis l'hypothèse que le Yéti pourrait être en réalité issu d'un croisement entre un ours polaire et un ours brun. Mais les résultats de cette étude sont controversés.
"Elle reposait sur des données beaucoup trop limitées pour permettre d'en tirer des conclusions solides", assure à l'AFP Charlotte Lindqvist, co-auteur de la nouvelle étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B.
Ce professeur associé de biologie à l'Université de l'Etat de New York, à Buffalo, a travaillé pour sa part sur neuf échantillons de restes supposés de Yétis. Fragment d'os, dent, morceau de peau, poils ou matières fécales ont été collectés dans les montagnes de l'Himalaya et le plateau tibétain sur une longue période, allant de la fin des années 1930 à récemment. Ils sont conservés dans des musées et collections particulières.
Après analyse ADN, l'un d'eux s'est avéré provenir d'un chien. Les huit autres échantillons correspondent à des ours noirs d'Asie, des ours bruns d'Himalaya et à des ours bruns tibétains.
"Selon nos résultats, le Yéti est un ours qui vit dans la région actuellement", résume Charlotte Lindqvist. "Cela peut être n'importe lequel" de ces trois ours locaux.
Folklore
L'ours brun de l'Himalaya (Ursus arctos isabellinus ou ours Isabelle) est une sous-espèce de l'ours brun. Il est doté d'une fourrure assez claire et rousse.
L'ours brun du Tibet (Ursrus arctos pruinosus, ou ours bleu du Tibet), a une fourrure plus foncée avec un "collier" blanc autour du cou.
Le troisième larron est l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus). Il est plus petit et porte une sorte de collier blanc sur son poitrail.
Pour Charlotte Lindqvist, les résultats de l'étude permettent de montrer que le mythe du Yéti "puise ses racines dans des faits biologiques réels" et se rattache aux ours locaux.
"Cela avait été suggéré auparavant mais jamais confirmé directement avec une approche scientifique rigoureuse", souligne-t-elle.
L'équipe a également mené une étude génétique plus vaste sur 23 ours d'Asie dont les "Yetis" supposés. Elle a permis de constater que les ours bruns du plateau tibétain et les ours bruns des montagnes de l'Himalaya occidental semblent appartenir à deux populations distinctes d'ours séparés depuis très longtemps, malgré leur relative proximité géographique.
La séparation se serait produite il y a environ 650.000 ans, lors d'une période glaciaire. Dans son évolution, l'ours brun de l'Himalaya, isolé, aurait suivi son propre chemin.
Est-ce pour autant la fin du mythe du Yéti ? Charlotte Lindqvist ne le pense pas. "Ce mythe est important pour la région de l'Himalaya et le folklore local" et il va le rester. "Les gens adorent les mystères".
Sources : RTBF.be –Tendance – 29 novembre 2017
Astral 2000 - Gérard - Novembre 2017