LES LOUPS-GAROUS

- LYCANTHROPES ET LYCANTHROPIE -

Mots-Clés : Loup-garou, lycanthrope, lycanrhropie, paranthropologie, Pologne, France, Ardennes belges, Belgique, Allemagne, France, Italie, Amérique du Nord, Grande-Bretagne, Singapour, Dole, Bourg-la-Reine, Rome, Jacques Rollet, Jean Garnier, Peter Stump, Éliphas Lévi, Jean Grenier

Partie 4

Comment expliquer cette croyance à l'existence aux loups-garous ?

On distinguait autrefois trois grands types de loups-garous. Tout d'abord, les loups-garous héréditaires, à qui leurs ascendants avaient légué à leur insu cette tare monstrueuse, en somme une malédiction ancestrale.

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A l'opposé, les loups-garous volontaires étaient réputés pour avoir délibérément choisi, par dépravation et par malignité, leur double apparence. Pour accéder à la métamorphose désirée, ils étaient prêts à invoquer le diable et à s'initier aux rites redoutables de la magie noire. Sans compter d'autres auxiliaires plus anodins tels que les philtres, les onguents et les dépouilles animales.

Le loup-garou bienveillant est également une figure beaucoup plus complexe, voire contradictoire : il ne ressent que de la honte devant son pouvoir de métamorphose, et il ne souhaite nuire ni aux hommes ni aux animaux. Cette dernière catégorie a été ironiquement illustrée par deux poètes du XIIème siècle : Guillaume de Palerme dans Guillaume et le loup-garou, et Marie de France avec Le Lai du bisclavaret (bisclavaret, terme breton correspondant à loup-garou) qui décrit les aventures d'un des plus galants chevaliers d'Angleterre.

Au Moyen Âge, on croyait que les loups-garous, sous leur forme humaine, cachaient leur fourrure sous leur peau. Pour accomplir leur funeste métamorphose, il leur suffisait donc de se « retourner » en quelque sorte comme un gant. Quand on examine les minutes de nombreux procès de loups-garous, on constate que les inculpés, le plus part du temps des lycanthropes, étaient soumis à la torture afin qu'ils révélent les secrets de leur métamorphose. S'ils se montraient trop réticents ou si les juges étaient trop zélés, ils risquaient fort d'être écorchés vifs ou amputés d'un membre car il s'agissait de vérifier s'ils avaient une fourrure sous leur peau.

Selon une autre théorie, il suffisait au loup-garou, pour se transformer, de revêtir la dépouille d'un loup, et il acquérait ainsi, immédiatement, l'aspect et les caractères de cet animal. On peut voir là une similitude avec les berserkers ou guerriers-ours scandinaves : revêtus d'une peau d'ours ou de loup, ils hantaient durant la nuit les forêts profondes afin de s'approprierr les qualités de force et de puissance de ces bêtes redoutables.

Berserk 3

On a trouvé une de ces peaux de loup en la possession de Jean Garnier, dont nous avons déjà évoqué le cas. En revanche, Jacques Rollet confessa avoir utilisé un onguent, comme l'indique son interrogatoire du 8 août 1598 :

« De quoi vous accuse-t-on? lui demande le juge.

- D'avoir offensé Dieu gravement, répond l'accusé, loup-garou âgé de trente-cinq ans. Mes parents m'ont donné un onguent magique dont j'ignore la composition.

- Lorsque vous enduisez votre corps de cet onguent, devenez-vous alors un loup ?

- Non. Mais à cause de cela j'ai tué et dévoré l'enfant Cornier ; j'étais un loup.

- Étiez-vous habillé en loup ?

- J'étais vêtu comme je suis à présent. Mes mains et mon visage étaient ensanglantés, car j'étais en train de me repaître de la chair dudit enfant.

- Vos pieds et vos mains étaient-ils transformés en pattes de loup ?

- Oui.

- Votre tête était-elle devenue celle d'un loup ? Était-elle devenue plus volumineuse?

- Je ne sais pas de quoi ma tête avait l'air à ce moment. Je me servais de mes dents. Ma tête était comme elle est aujourd'hui. J'ai tué et mangé beaucoup d'autres petits enfants. J'ai aussi été au sabbat ».

On prétendait encore que le secret de la métamorphose des loups-garous pouvait résider dans une ceinture magique, généralement d'origine animale, mais parfois confectionnée avec la peau d'un pendu. Pour que le charme puisse opérer, cette ceinture devait être fermée par une boucle à sept ardillons. Si la ceinture était rompue, ou si la boucle était dégrafée, cet accessoire perdait son pouvoir.

Un document datant du XVIème siècle rapporte ainsi l'histoire de ce sorcier qui quitta un jour sa demeure en omettant de mettre sa ceinture magique sous clé. Juste aorès, son fils, grimpant sur le vaisselier, s'empara de ladite ceinture. Comme il achevait de la boucler autour de sa taille, il se trouva transformé en « une bête à l'aspect étrange »,.A ce moment-là, son père, qui était rentré au logis, se saisit de la ceinture et l'enfant recouvra sa forme initiale.

Si l'on en croit ce récit, le jeune garçon confessa avoir éprouvé un appétit féroce et une rage bestiale dès qu'il eut agrafé la ceinture. Mais il est plus probable toutefois qu'il avait auparavant entendu son père vanter les pouvoirs magiques de cet accessoire et que, par une curiosité naturelle à son âge, il avait voulu en faire l'expérience.

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Eliphas Lévi, le grand occultiste français du XIXème siècle, explique ainsi, dans son Histoire de la magie (Éd. de la Maisnie, 1974) la croyance aux loups-garous et aux métamorphoses : « Cette ressemblance (entre les hommes et les animaux) peut bien n'être qu'imaginaire et se produire par l'impression que font sur nous les diverses physionomies en nous révélant les traits saillants du caractère des personnes. Ces sortes de jugement s'exagèrent dans l'imagination et se complètent dans les rêves, où souvent les personnes qui nous ont péniblement impressionnés pendant la veille se transforment en animaux et nous font éprouver toutes les angoisses d'un cauchemar ». Et il poursuit : « Que la raison s'éteigne alors, que le rêve persévérant se change en folie et nous voici changés en bêtes. Ainsi s'expliquent les histoires des loups-garous dont quelques-unes ont été juridiquement constatées. Les faits étaient constants, avérés, mais ce que l'on ignorait, c'est que les témoins n'étaient pas moins hallucinés que les loups-garous eux-mêmes ».

Eliphas Lévi développe ensuite sa théorie de la « lumière astrale », élément qu'il définit comme « l'imagination de la Nature » : « Quand le cerveau se congestionne ou se surcharge de lumière astrale, dit-il, la nuit se fait à l'extérieur dans le monde réel et la clarté fantastique rayonne seule. Là est source de toutes les apparitions, de toutes les visions extraordinaires et de tous les phénomènes intuitifs qui sont propres à la folie, à l'extase ».

Le loup-garou ne serait ainsi que le corps astral d'un homme aux instincts sanguinaires : « Si nous faisons prédominer en nous le caractère de la bête, dit encore E. Lévi, nous en prenons de plus en plus la forme extérieure, au point d'en imprimer l'image parfaite dans la lumière astrale et de nous voir nous-mêmes, dans l'état de rêve ou d'extase tels que nous serions vus par des somnambules ou des extatiques ».

Les théosophes pensent qu'au Moyen Âge, période caractérisée par de très nombreuses exécutions publiques, beaucoup sombraient dans des turpitudes morales et que leur corps astral (la forme empruntée par les esprits après la mort) était enchaîné à un animal. S'il s'agissait d'un loup, et que ce loup blessé (par exemple, une patte coupée) par un chasseur, cette mutilation affectait également le corps du loup-garou qui se trouvait ainsi amputé d'une main.

Si l'on étudie l'histoire des loups-garous, on voit apparaître fréquemment ce thème de la « double blessure ». Il n'était pas rare de constater que, sous sa forme humaine, le loup-garou se trahît par une blessure analogue à celle qui avait été infligée à la bête féroce. Charles Webster Leadbetter, pasteur anglican qui fut l'un des principaux animateurs de la Société théosophique au XIXème, voyait là une preuve passionnante à l'appui de la théorie du « double astral ». Dans son ouvrage The Astral Plane (1895), il écrit : « C'est ainsi que toute blessure infligée à l'animal est matérialisée et reproduite par une blessure équivalente du corps humain, par un extraordinaire phénomène de répercussion. Toutefois, après la mort de ce corps humain, le corps astral (qui continue probablement d'apparaître sous la même forme) est moins vulnérable. Il est aussi moins dangereux, car, à moins de trouver un médium favorable, il se matérialisera avec moins de puissance ».

Aujourd'hui, cette théorie de la « double blessure » résultant d'une projection astrale a toujours la faveur de nombreux spirites. Rose Gladden, l'une des exorcistes les plus expérimentées de Grande-Bretagne et une clairvoyante renommée, est convaincue de ce que les projections astrales suscitées par le Démon ont joué un rôle déterminant dans l'existence de bien des loups-garous présumés : « Supposons, explique-t-elle, que j'aie été particulièrement cruelle au cours de ma vie et que j'aie commis de nombreux crimes. Si je projette mon corps astral hors de mon corps matériel, il tombera au pouvoir des forces du mal qui m'ont gouvernée ma vie durant. Ainsi, mon "double" pourra être transformé en animal sauvage, en loup par exemple ».

« Nous sommes environnés par des forces maléfiques ; celles-ci se révèlent plus puissantes lorsqu'elles s'incarnent dans un être humain - en l'occurrence un homme dépravé - que lorsqu'elles restent à l'état d'entités nébuleuses. Les loups-garous étaient et sont peut-être encore l'incarnation du mal. Je ne m'étonne donc pas que l'on relate autant de cas de "doubles blessures". C'est le contraire qui serait improbable ».

Les loups-garous

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ASTRAL 2000 - Gérard - Août 2016

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