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LE SCORPION

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Scorpion

23 octobre – 21 novembre

Le Scorpion est un signe fixe

 

LA SYMBOLIQUE DU SCORPION

Elle est représentée par l'animal Scorpion mais aussi, et beaucoup plus rarement, par l'aigle.

Le Scorpion est nocturne : il fuit la lumière, s'abrite dans les failles, tunnels, et n'en sort que la nuit.

Il est pourvu d'une carapace.

Particulièrement endurant au jeûne, aux conditions extérieures, le Scorpion est un des plus anciens animaux de la planète. Bien qu'il change de carapace, le Scorpion a traversé les âges sans se modifier.

Il possède un dard empoisonné qui effraye. Prisonnier d'un cercle de feu, le Scorpion est le seul animal qui puisse se donner la mort.

Au Scorpion l’Antiquité a toujours associé le symbole de l’Aigle. L'aigle est le roi des oiseaux car il est capable de s'élever au-dessus des nuages et de fixer le soleil. Il est doté d'une vue perçante qui lui permet de discerner ses proies. Il possède des serres puissantes.

Aigle1

Novembre : le milieu de l'automne

Le soleil décline rapidement : la nuit l'emporte sur le jour. Le silence et le froid gagnent la nature qui semble s'immobiliser, ainsi la glace sur les étangs ne cède pas. Les arbres, les plantes se dépouillent de feuilles mortes, les troncs dénudés apparaissent. Les feuilles se désagrègent sur le sol. Une odeur de décomposition flotte dans l'air. En même temps, la pourriture des feuilles donne l'humus. Celle des fruits et des coques donne les graines du prochain cycle.

Les valeurs diurnes du réel cèdent le pas aux valeurs nocturnes de l'inconscient : le Scorpion est introverti.

Le Scorpion est un être automnal, fixe, aquatique. Plutonien et Martien, auquel correspondent le sexe et l'anus.

L'automne fixe

A mi-chemin entre la fin de l'été et le début de l'hiver, l'automne est installé et le Scorpion se réalise.

Secret, fermé, le Scorpion ne se dévoile pas : il s'enveloppe de mystère.

C'est un être qui a besoin de se protéger. Très résistant, le Scorpion est particulièrement armé dans la lutte pour la vie.

En dépit de métamorphoses apparentes, le Scorpion ne se refait pas : il est toujours semblable à lui-même.

Sous une apparence tranquille, le Scorpion est capable de beaucoup d'agressivité. Il ne cherche pas à plaire, il aime susciter la crainte ; il ne craint pas d'attaquer.

La mort n'est pas extérieure au Scorpion : elle est sa compagne naturelle.

Les eaux profondes

Dans la trilogie des signes d'eau, entre l'eau cardinale du Cancer (l'eau originelle c'est à dire la source qui correspond à l'émotivité) et l'eau mutable des Poissons (l'eau terminale, à savoir, l'océan représentant la spiritualité) se situe l'eau fixe du Scorpion.

Dans l'eau fixe (l'eau qui « travaille »), les émotions pénètrent rapidement, puis fermentent lentement. La caractériologie en fait un bilieux, lymphatique, de type secondaire.

De l'extérieur, c'est l'eau stagnante, opaque des marais. À l'intérieur, cette eau qui dort masque un bouillonnement : il jaillit parfois comme la lave des entrailles de la terre.

Pluton et Mars

Pluton gouverne le Scorpion, Mars est le second maître du signe.

Pluton, aussi appelé prince des ténèbres, gouverne le royaume des morts. Pour y accéder, il faut passer le fleuve Styx (le détesté), frontière des enfers. Ses affluents sont le Léthé (le sommeil), l'Archéron (le malheur), le Cocyte (celui qui gémit), le Phlégéton (celui qui brûle).

Pour traverser le Styx, les âmes doivent aussi payer l'avare Charon, sinon elles sont vouées à attendre éternellement sur la rive du fleuve.

Non loin du Tartare coule un autre fleuve : le fleuve de la mémoire.

Lorsqu'il se rend sur terre, Pluton porte un casque qui le rend invisible.

Pluton préside le tribunal des morts qui envoie les âmes au fond du noir Tartare (l'enfer) ou aux champs Élysées (séjour d'éternel bonheur).

Familier avec l'invisible, Pluton ne juge pas les morts aux actes mais à leurs motivations.

Pluton laisse rarement échapper l'une de ses proies : Proserpine qu'il enleva dut rester trois mois par an aux enfers malgré les supplications de sa mère Déméter.

Pluton n'a peur de rien : lors de l'attaque contre son père Saturne, il est le premier à désarmer le vieux roi.

Grand amoureux, Pluton manifeste des désirs violents pour les nymphes terrestres (Leucé et Menthé).

Mars est le dieu de la Guerre, dont les attributs sont la lance et la torche. Il ne favorise jamais une cité, un parti plutôt qu'un autre : il ouvre le combat. Il ne prend jamais la peine de venir se justifier devant le tribunal de l'Olympe.

Le sexe et l'anus

Quoi d'étonnant à ce qu'au Scorpion (l'animal enfoui), gouverné par Pluton (le maître du monde souterrain), correspondent les « parties cachées » du corps ? Le sexe et l'anus, qui sont moins des données anatomiques que des valeurs symboliques :

  • le sexe représente la puissance génératrice, la fécondation.
  • l'anus représente la décomposition, l’élimination.

Le Scorpion est gouverné par des valeurs de vie : il tend à la création et a besoin de puissance.

Le Scorpion est régi par des valeurs de mort : il tend à la destruction et est agressif.

Le sexe et l'anus symbolisent la dualité instinctive du Scorpion, caractérisée par la pulsion de vie (Eros) et la pulsion de mort (Thanatos). Il recherche en même temps à créer et à détruire. Il peut opter pour le ciel et l'enfer, pour le bien ou le mal.

Cette ambivalence se retrouve :

  • dans la saison : la décomposition de la nature en novembre donne naissance au prochain cycle.
  • dans le calendrier liturgique : à la Toussaint (glorification de la vie spirituelle) succède la Fête des Morts.
  • dans le symbole : le Scorpion s'enfouit sous la terre (vie secrète des instincts profonds) et l’aigle s'élève dans les cieux (noblesse, pouvoir d'élévation du signe, lié à sa puissance de transmutation).

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LE NATIF SCORPION

Le Scorpion a plutôt tendance à ne voir la vie que par sa face cachée. Il pénètre facilement sous l'écorce sensible des êtres pour y découvrir leurs instincts non avoués. Il dégage un magnétisme envoûtant qui attire et éloigne en même temps. Il possède un charme énigmatique. Il connaît le « prix de la vie », il est un redoutable financier.

Le Scorpion possède une profonde mémoire. Dans la vie, le Scorpion ne se dévoile pas. C'est un remarquable tacticien. Attiré par deux tendances contradictoires : la mort et la renaissance. Le Scorpion est l'être des métamorphoses : quand il semble avoir atteint les ravins de la dépression, il renaît facilement à la vie.

Le Scorpion possède un flair aigu, une vive intuition. Ferme, le Scorpion persévère jusqu'au bout, il ne cède pas, ne fléchit pas.

Le Scorpion est courageux, pugnace. Il a soif d'idéal et possède un puissant sentiment de sa valeur, il refuse la médiocrité.

Intuitif et lucide, le Scorpion a confiance en son jugement.

Ce natif est tenace. Réservé et silencieux, il ne semble pas atteint par les aléas de la vie. Il reste calme, comme indifférent.

Le Scorpion n'est pas attaché aux valeurs extérieures, il cherche le principe, l'essentiel en toutes choses.

Le Scorpion tend à la destruction de ce qui existe mais il tend également à la renaissance : il régénère, féconde, ouvre des voies.

Le natif Scorpion est volontaire, décidé, doté d'une grande mémoire.

Pourvu d'un instinct sexuel puissant, le Scorpion est attiré par l'innocence.

Le Scorpion existe dans la lutte. Il a le goût du risque.

Individualiste, il n'aime pas s'insérer dans un moule; il a même tendance à susciter les discordances.

Le Scorpion a un regard fixe, impénétrable. Sa voix sort des profondeurs. Il tire son énergie de ses pulsions inconscientes qu'il tend à matérialiser dans le réel.

Peu sensible à l'opinion d'autrui, le Scorpion suit sa propre loi.

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Une nature ambivalente

C'est de la coexistence des instincts vitaux de création et de destruction qu'est issue la riche nature du Scorpion. La dialectique de ces deux pôles engendre l'angoisse, mais aussi une grande énergie vitale.

L’ambivalence se retrouve dans son physique : si l'apparence n'est généralement pas très robuste, la résistance est grande. Les traits distinctifs que reconnaît la tradition, apparentent le Scorpion à l'aigle : nez aquilin, regard fixe et perçant (que l'on retrouve chez les Scorpions Paganini, Clouzot, Picasso). Ce regard fixe, lourd des puissances instinctives qu'il abrite, lui confère un magnétisme physique.

Ancré dans sa nature, le Scorpion est un farouche individualiste : son agressivité l’oppose souvent à son environnement. Il se distingue en s'opposant et s'exprime alors dans la lutte, comme un réfractaire, un résistant : ainsi le Scorpion Luther rejette la hiérarchie catholique, résiste à l'excommunication et crée le mouvement de la Réforme en fondant I ‘Église luthérienne.

Martin luther

Martin Luther

(10 novembre 1483-18 février 1546)

Le Scorpion de Gaulle se révolte contre l'armistice, dit non à la capitulation, fonde la Résistance, dont il organise la lutte souterraine.

Charles de gaulle

Charles de Gaulle, communément appelé le général de Gaulle - Ancien Président de la République française

(22 novembre 1890 - 09 novembre 1970)

Une pensée pénétrante

De par son ambivalence, le Scorpion possède la force d'intuition, le jugement pénétrant, la lucidité. Ayant le pressentiment juste des causes et des rapports, il aime déchiffrer les mystères.

Habité par ses profondeurs, le Scorpion se tourne volontiers vers l'envers des choses : le caché, l'invisible, l'occulte, l'au-delà (Barbey d'Aurevilly, Villiers de lsle-Adam).

Capable de voir les deux faces de la question, il possède le don d'observation : c'est Xavier Bichat qui établit l'opposition primordiale entre la vie animale et la vie organique.

Xavier bichat

Marie François Xavier Bichat

(14 novembre 1771 - 22 juillet 1802)

L'agressivité suscite, chez le natif Scorpion, un esprit critique aigu et souvent un refus, une révolte de l’esprit (L'Homme révolté de Camus, Les Conquérants de Malraux).

La vue perçante de l'aigle s'apparenterait fort bien au type de pensée Scorpion.

L’amour combat

Sous le sceau des deux pôles de vie et de mort (Éros et Thanatos), l’amour Scorpion est un amour passion, intense, qui est vécu souvent à travers un amour combat où l'attachement des deux amants se nourrit de la souffrance qu'ils se procurent.

Ancrés dans leur sexualité, l'homme accuse sa virilité, et la femme sa féminité. À l’extrême, la femme Scorpion devient la femme fatale représentée par le personnage de Carmen: « Si je t'aime prends garde à toi », ou le mythe de l’aguicheuse au cinéma.

L’idéogramme du Scorpion

Signescorpion

L’idéogramme du Scorpion représente un sigle dont le premier jambage pourrait être les pinces de l'animal et le dernier son dard : il tient avec les pinces et il se défend en tuant les autres ou lui-même avec son aiguillon. Mais c'est aussi la lettre M dont le dernier jambage part en flèche et représente celui-ci. La lettre M symbolise l'eau, principe de fécondation dont les mystères sont ici percés par la flèche. Le symbole du Scorpion pourrait exprimer le mystère de la rédemption au travers de la fécondité de l’eau : la mort par le dard est régénérescence au travers de cet élément, qui engendre une nouvelle naissance.

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LE SCORPION DANS LA LITTÉRATURE

A l'image de son héros Grigorovitch, qu'il décrivait ainsi : « Sa réserve innée, l'absence en lui de toute expansivité, de toute confiance », Dostoïevski avait le regard fixe, sombre, impénétrable qui traduit l'eau fixe du Scorpion.

Sa vie accuse le cycle Scorpion : destruction-renaissance. Célèbre dès son premier livre, puis emprisonné, condamné à l'échafaud, gracié au moment de l'exécution et déporté quatre ans au bagne, il entame alors une nouvelle carrière d'écrivain. Mais possédé par la passion du jeu, couvert de dettes, il écrit « Le Joueur » en vingt-neuf jours; il subit des crises d'épilepsie mais il se rétablit toujours : il a, dit-il, « la vitalité du chat ». Avec Dostoïevski, la dialectique du Scorpion est portée au niveau métaphysique. Les seuls titres de ses œuvres pourraient composer une table des matières du Scorpion : « Souvenirs de la Maison des morts », « La Voie souterraine », « Écrit dans le sous-sol », « Crime et Châtiment », « Les Démons ».

L'animal Scorpion lui-même est présent dans son œuvre : il hante le rêve d'Hippolyte dans « L'Idiot » : « [...] il se trouvait déjà à la hauteur de ma tête et frôlait même mes cheveux avec sa queue qui tournait et ondulait avec une agilité extrême [...]. » Ce thème de l'insecte se retrouve dans « Les Démons » et « Les Frères Karamazov ».

On trouve aussi le couteau : celui de Rogogine dans « L'Idiot » ou la hache de Raskolnikov dans « Crime et Châtiment », le rasoir de Troussotsky dans « L'Éternel Mari » : ce « tranchant » qui surgit soudain des nuits dostoïevskiennes, comme le dard du Scorpion dessous la terre; n'est-il pas, depuis l'Antiquité, le symbole de l'agressivité martienne, le dieu planétaire Mars qui cogouverne le Scorpion ?

Fedor dostoievski

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

(11 novembre 1821 - 09 février 1881)

Mais en face des « démons » se dresse, aussi puissant et aussi absolu, l'autre pôle du Scorpion : la soif d'idéal. C'est le prince Mychkine de « L’Idiot » : « L'idée essentielle de mon roman est de créer un homme absolument, bon, le Christ. » C'est Sonia, la prostituée de « Crime et Châtiment » qui est l'amour, l'humilité, l'innocence. Et tous les infirmes que Dostoïevski peint avec « sa pitié qui a l'intensité d'une vocation, comme a la profondeur d'une passion sa tendance à l'impitoyable » (Dominique Arban).

L'ambivalence du Scorpion se cristallise dans la rencontre des deux pôles, le prince Mychkine et Rogogine dans « L'Idiot », Sonia et Raskolnikov dans « Crime et Châtiment » : le porteur de la Croix et le porteur du couteau, le Bien et le Mal, qu'une mystérieuse complicité vitale réunit.

Cette ambivalence, Raskolnikov la pousse jusqu'au paroxysme : orgueil sans mesure, individualisme farouche, mépris pour les normes sociales, besoin de puissance, c'est un Scorpion exacerbé. Il se veut « l'homme fort », mais s'il va jusqu'au bout de la destruction en tuant l'usurière, il faut ensuite qu'il se dénonce, qu'il accepte le châtiment pour trouver la rédemption, guidé par l'amour de Sonia : renaissance, rénovation finale du héros Scorpion.

Cette dualité du Scorpion est portée au grand jour dans « Le Double » : « Dans mon œuvre entière je n'ai jamais rien poursuivi de plus important que cette idée-là. »

À cette image sans doute un peu sombre et introvertie du Scorpion qu'offre Dostoïevski, il faut opposer celles des Scorpions Malraux et Camus qui, à partir d'une commune dualité instinctive, choisissent l'un la voie de l'épopée (La Voie royale, La Condition humaine, L'Espoir), l'autre la quête de la lucidité (L'Étranger, Sisyphe).

Malraux Georges André Malraux

(03 novembre 1901 - 23 novembre 1976)

 

Camus

Albert Camus

(07 novembre 1913 - 04 janvier 1960)

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LE SCORPION DANS LA PEINTURE

Picasso est « petit, noir, trapu, inquiet, inquiétant, aux yeux sombres, profonds, perçants, presque fixes » (Fernande Olivier). Il possède au plus haut degré le magnétisme du Scorpion. Il se plaît à surprendre, à provoquer, mais reste impénétrable, d'où le « mystère Picasso », qu'un autre grand Scorpion, G.H. Clouzot, chercha à percer par l'image. Retranché derrière son masque, le Scorpion cultive sa légende pour mieux monopoliser la gloire : pour être l'aigle solitaire. Apollinaire écrira : « Picasso est de ceux-là dont Michel-Ange disait qu'ils méritent le nom d'aigle parce qu'ils surpassent tous les autres. »

Pablo picasso portrait 2674133

Pablo Ruiz Picasso

(25 octobre 1881 - 08 avril 1973)

Clouzot

Henri-Georges Clouzot

(20 novembre 1907 - 12 janvier 1977)

La première démarche de Picasso sera de détruire toute la peinture existante; l'une après l'autre, il sape toutes les techniques de la figuration traditionnelle. Il s'acharne même sur les plus grandes œuvres : Les Ménines de Vélasquez, le Déjeuner sur l'herbe de Manet, les Femmes d'Alger de Delacroix. Picasso les reprend ... pour en faire des Picasso : âpre individualisme du Scorpion, qui refuse d'appartenir aux moules préétablis, qui résiste aux normes pour n'obéir qu'à lui-même. Mais cette puissance de mort est en même temps force de vie : ayant fait table rase, Picasso repart à zéro, telle la nature au mois de novembre, et, à lui seul, donne naissance à la peinture moderne : il crée les divers cubismes, les papiers collés, l'emploi des lettres d'imprimerie, etc. C'est « la plus grande entreprise de destruction et de création de formes de notre temps» (A. Malraux).

Cette destruction-création scande le rythme de sa production : Picasso change de carapace et renaît sans cesse de période en période (bleue, rose, cubisme, surréalisme, …) « Il est le phénix qui se brûle sans cesse pour le plaisir infatigable de renaître de ses cendres» (René Huyghe). Série de métamorphoses, de renaissances à travers lesquelles il reste toujours lui-même. Le moteur de cette fécondité n'est pas le désir de possession du Taureau, c'est le pouvoir générateur du sexe (associé au Scorpion). Perpétuel exaltation d'un érotisme créateur qui engendre l'œuvre la plus importante de l'histoire de la peinture : « il y a des toiles auxquelles on fait des enfants », « il faut bien que la nature existe pour pouvoir la violer ». Cette sexualité violente apparaît également dans les centaures, faunes, satyres qui peuplent ses toiles.

Picasso satyre jf

Faune Satire - Pablo Picasso

L'ambivalence du Scorpion se traduit dans son style : s'il est le peintre de la compassion (Fillette aux pieds nus, Mère et Enfant au fichu, le Vieux Guitariste), il est en même temps le peintre de la cruauté : il disloque les corps, tord les visages (Femme en pleurs, l'Homme à la sucette). Mais, impitoyable, la caricature ne vise pas chez lui à la dérision : c'est à travers la caricature qu'il exprime sa tendresse, révélant ainsi le rapport du Scorpion au monde. Il est en même temps le peintre de la « Colombe » et de « Guernica » : ce sont ces contraires mêmes qui se pressent en lui et à partir desquels il crée. Cette puissance créatrice et érotique du Scorpion se retrouve aussi dans la sculpture chez Rodin. Il ne se gênait d’ailleurs pas pour exprimer sa conception de la création artistique dans des termes d’une crudité significative : “L’homme de génie est un étalon qui fait quelque chose avec la nature.” Son œuvre traduira matériellement l'univers intérieur de ce signe.

Rodin

Auguste Rodin

(12 novembre 1840 - 17 novembre 1917)

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LE SCORPION DANS LA MUSIQUE

Carmen, la fatale Carmen, est l'héroïne du chef-d'œuvre de Bizet : opéra d'amour et de mort. Bizet y a mis en scène les deux pôles de l'univers Scorpion. Carmen en incarne les traits principaux : dotée d'un pouvoir de fascination sur les hommes, elle subjugue aussitôt Don José, mais à l'amour qu'elle lui porte se mêle aussi la destruction : elle le change en contrebandier, en assassin. Carmen la bohémienne a une haute idée d'elle-même, qu'elle ne saurait trahir : dès qu'elle n'aime plus son amant, elle préfère mourir libre plutôt que de le suivre. Elle le défie, il la poignarde, mais elle n'a pas peur de la mort.

Georges bizet

Alexandre-César-Léopold Bizet - Georges Bizet

(25 octobre 1838 - 03 juin 1875)

Carmen - George Bizet

Chez Borodine, Scorpion lui aussi, on retrouve la saison, les paysages de novembre : "Dans les steppes de l'Asie centrale". Tandis que chez Paganini, c'est le personnage lui-même, qui est le « virtuose du Scorpion ». Aucun violoniste n'avait autant subjugué ses auditoires, il exerçait un véritable pouvoir de fascination; inquiétante, sa musique magnétisait les foules. « En vérité le diable m'a conduit la main », disait-il. Son extraordinaire virtuosité semblait jaillir en effet des profondeurs instinctives. Les affiches de l'époque le représentaient en alchimiste, en fantôme : il avait soin de s'entourer de mystère.

Alexander borodin

Alexandre Porfirievitch Borodine

(12 novembre 1833 - 27 février 1887)

Dans les steppes de l'Asie centrale - Borodine

Niccolo paganini

Niccolò Paganini

(27 octobre 1782 - 27 mai 1840)

Paganini - Florilège

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LES RAPPORTS ENTRE LE TAUREAU ET LE SCORPION

Opposés dans le cercle zodiacal, Taureau et Scorpion sont comme les autres signes situés à 180° de distance, complémentaires. Fixes tous les deux, car ils concrétisent une saison, ils sont animés par une force de détermination et une énergie de résistance que :

  • l'élément terre du Taureau emploie dans les réalisations concrètes et matérielles de la vie. 
  • l'élément eau Scorpion emploie dans la réalisation de son psychisme par un passage du monde inconscient au plan conscient.

Aux valeurs de possession symbolisées par la bouche et la gorge chez le Taureau, correspondent des valeurs de destruction et de régénérescence symbolisées par l'anus et le sexe chez le Scorpion :

  • la terre, Cybèle et Déméter rendent le Taureau confiant dans son approche empirique.
  • l'eau et Pluton font du Scorpion un être intuitif, plein d'une sagace subtilité.

Leurs forces énergétiques sont complémentaires et nécessaires au cycle de la vie : la confiance du Taureau produit et provoque le doute du Scorpion.

Au-delà de la physionomie, de l'extériorisation des tendances, quel pourrait être le mythe qui nous fasse pénétrer dans l'univers Scorpion ? Ne serait-ce pas Faust, « entre Dieu et le diable », où l'on voit le héros sublimer le pervers et pervertir le sublime ? Faust n'incarne-t-il pas l'absolu de la dialectique Scorpion ? Mû par un besoin de puissance et tendu par un idéal de connaissance, Faust est écartelé entre Méphistophélès, qui s'est juré de le réduire à l'animalité, et Dieu, qui lui laisse les moyens d'assurer son salut.

 

ASTRAL 2000 – Gérard – Juin 2017

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