La Vierge

(23 août 22 septembre)

Mots-Clés : Vierge, Mercure, Richelieu, Colbert, Lavoisier, Cuvier, Saint-Just, Goethe, David, Ingres, Friedrich, Bruckner, Schönberg

Vierge

La Vierge est un signe mutable

 

LA SYMBOLIQUE DE LA VIERGE

Le symbole représente une jeune fille. Elle a des ailes (symbole de spiritualisation). Elle tient en sa main un épi de blé ou une gerbe. On ne connaît pas l'origine de ce blé : la tradition le fait naître du mariage du Ciel avec la Terre. Le blé suit une permanence cyclique : graine, fruit, puis épi coupé, il retourne à la terre pour mûrir à nouveau. La main qui le tient est celle d'une vierge.

L'idéogramme de la Vierge est représenté par un M dont le dernier jambage est barré. Ce serait une simplification du corps et des ailes de la Vierge, l'appendice représentant l'épi de blé : un être de pureté et de productivité. Mais on peut mettre aussi en analogie les jambages du M avec les contorsions intestinales, ce qui nous ramène à ses valeurs de philtre et d'analyse.

Août: la fin de l'été

La terre a été chauffée par le soleil. La nature est sèche. Comme la nature, l'homme est fatigué : il est saturé de trop de chaleur, de trop de vie. La chaleur baisse. Les jours déclinent imperceptiblement. Les pousses se sont arrêtées de croître; les blés sont mûrs, prêts à être fauchés. Les forces s'amenuisent. C'est la moisson, les granges se remplissent. C'est la terre jonchée d'épis de blé que l'on vient de faucher. Mais quand les blés ont été ramassés, la terre semble désolée.

C'est une terre qui a «saigné», qui a épuisé toutes ses ressources. Elle est devenue aride et stérile. Après la récolte, une terre nouvelle apparaît. Une terre vierge et pure, qui se prépare à recevoir les prochaines récoltes.

En été, les périodes de sécheresse dégagent l'être de la vie sensible. La Vierge veut revenir aux valeurs essentielles.

L'été se termine, c'est une période de transition.

La terre vierge

La terre est l'élément de la Vierge : l'élément de concentration, de fixation et de concret. Il se particularise en Vierge par sa position dans le cycle zodiacal. Dans la trilogie des signes de terre, après la terre cardinale du Capricorne (la semence, la conscience), puis la terre fixe du Taureau (la terre grasse et fertile : le sens des réalités, l'efficacité), vient la terre mutable de la Vierge où l'être tente de ne pas tenir compte de ses émotions pour agir.

La caractériologie en fait un nerveux actif, non émotif. L'expression est vive, intelligente; le regard mobile, le débit de la voix régulier et posé.

Mercure

La Vierge partage avec les Gémeaux l'attribution de Mercure comme interprète.

Pour les Gémeaux, il s'agit surtout du messager des dieux, Mercure enfant, symbole de l'intelligence qui communique. Pour la Vierge, il s'agit de Mercure adulte, possesseur du caducée, symbole de l'intelligence clairvoyante.

Avec Mercure qui la gouverne, la Vierge est aussi sous les auspices de Déméter, la déesse mère qui fait aussi partie de la symbolique du Taureau. Mais un symbole peut prendre de multiples aspects qui dépendent du niveau où on l'aborde et de l'étape d'évolution. Ainsi dans le signe de la Vierge, la légende de Déméter nous ouvre de nouvelles possibilités de compréhension.

Par son agilité et sa vivacité, Mercure séduit Jupiter qui l'admet au nombre des dieux comme messager personnel.

Dans ses nouvelles fonctions, Mercure doit veiller sur les contrats, favoriser le commerce et contrôler les routes. Il devient le patron des marchands, des juristes, des intellectuels, et aussi des voleurs.

Mercure apprend aux dieux à faire du feu. Il aida les trois Parques à inventer l'alphabet, et lui-même inventa l'astronomie liée aux mathématiques. Il est aussi l'inventeur de la transcription écrite de la musique sur portée de notes. Mercure crée le système des poids et mesures. Il inaugure la culture des oliviers. Il invente la gymnastique.

Hadès choisit Mercure pour qu'il conduise les morts auprès de lui. Mercure devint ainsi le médiateur entre le sommeil et l'état de veille. À ce titre, l'emblème de Mercure est devenu le caducée : une baguette autour de laquelle s'enroulent en sens inverse deux serpents qui présentent un double aspect symbolique : l'un bénéfique, l'autre maléfique. Ces serpents sont enroulés en forme de spirale : l'un monte et l'autre descend. La spirale symbolise l'évolution. La baguette du caducée représente l'axe du monde, elle harmonise les tendances contraires : le caducée symbolise la Paix.

Éplorée par la perte de sa fille Proserpine, qui lui fut ravie par Pluton, Déméter la cherche neuf jours et neuf nuits sans prendre de repos. Le chiffre neuf, très souvent rencontré dans la mythologie, représente la perfection. C'est le chiffre de la plénitude.

Déméter parcourt tout le monde connu et ne retrouve pas sa fille. Touché par un tel désespoir, Zeus envoie Hermès en enfer ramener Proserpine à sa mère. À la suite de ces retrouvailles, Déméter devint l'initiatrice des mystères d'Eleusis.

Les intestins

La partie du corps correspondant à la Vierge sont les intestins. Leur fonction est de trier les aliments et de choisir ceux qui sont nécessaires. Ils éliminent les déchets et assimilent les substances nutritives.

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LE NATIF VIERGE

Le type Vierge recherche la pureté avec une certaine naïveté. C'est un être plein d'activité, surtout d'activité psychique. Il tend à réaliser toutes ses possibilités. La Vierge cherche à concilier l'intuition et la logique.

La Vierge est consciente des rapports entre l'homme et la nature, des cycles de mort et de renaissance, et des vicissitudes de la vie. Maturité d'esprit. Elle est éprise de perfectionnisme.

La Vierge intellectualise : elle appréhende le monde logiquement.

Le natif Vierge sent les énergies lui échapper, aussi a-t-il besoin d'un cadre pour se sécuriser.

La Vierge évolue dans les normes, les règles, les formules et les usages.

Le type Vierge est prévoyant, méthodique et organisateur. Il possède au plus haut point le sens pratique et le sens des réalités.

La Vierge possède une nature inquiète et ne sait pas toujours se mettre en valeur.

D'une grande activité psychique, le natif Vierge cherche à adapter son éthique aux réalités de la vie. Il a conscience de l'effort, des grandes et des petites douleurs ; il comprend les personnes attachées aux travaux pénibles. Ce natif est motivé par l'accomplissement de son devoir. Il a le sens de la responsabilité autant pour les autres que pour lui-même.

La Vierge manque de spontanéité, elle est effacée et pudique. Elle craint la sensibilité. Elle retient ses émotions.

Avant d'agir, la Vierge passe tout au crible. Elle analyse, filtre, réfléchit avant d'entreprendre. La Vierge a un besoin excessif d'agir (comme les Gémeaux, mais dans un contexte différent), de connaître et d'apprendre. Elle accroît le savoir qualitatif de deux façons : par la connaissance pure (alphabet) et par le savoir pratique (mathématiques). La Vierge cherche toujours à mieux connaître et à mettre en pratique ce qu'elle connaît.

Elle est un intermédiaire excellent et appréhende la nature des gens et des choses ce qui lui permet de servir ses intérêts en même temps que ceux d'autrui. Le type Vierge a la capacité de dominer et de canaliser sa force motrice.

Elle a l'art d'exprimer le monde des impressions, de rationaliser l'irrationnel, de concrétiser l'informel : les sons deviennent musique, les images poésie. Médiateur entre l'intuition et l'intellect, c'est un esprit réaliste et concret.

La Vierge a le sens des valeurs, de l'organisation et de la méthode.

Elle s'intéresse à l'harmonie du corps et à son fonctionnement. C'est le signe des médecins et des diététiciens. Le type Vierge est un éveilleur de conscience.

La Vierge est elle-même attirée à la fois par les forces obscures et par les forces de la lumière. Aussi cherche-t-elle à maintenir l'équilibre entre le bien et le mal. Cet idéal explique sa perpétuelle tension.

Il coexiste chez elle deux types de caractères : inhibition et pulsion, conventionnel et réactionnel. C'est un être ambivalent qui passe d'un état à l’autre : le mal puis le bien, la bonté puis la haine. Ces changements lui permettent des prises de conscience au travers desquelles il évolue.

La Vierge cherche à atteindre la paix et la sérénité. Le type Vierge est en quête de sa plénitude, avec l'impression qu'il lui manque toujours quelque chose pour se réaliser totalement. Mais que perd Déméter en sa fille, si ce n'est une partie d'elle-même qui a accédé aux grands mystères de Pluton : la Vierge est attirée par les mystères de la vie et de la mort, autant par l'esprit que par le concret, dont elle voudrait faire la synthèse.

C’est au sein de la matière, de l’ordre et de l’analyse que la Vierge pense trouver l’essence de la vie, et peut-être la spiritualité. Ne comprend-elle pas finalement, un jour, que les deux mondes qu’elle veut réunir sont en elle, qu’ils ne sont séparés que par l’apparence. Elle doit comprendre que pour atteindre le monde caché, le monde de l’inconscient ou le monde de la spiritualité, il faut « savoir » bien vivre le monde des réalités apparentes, c’est-à-dire l’assumer pleinement. Telle est son éthique.

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La Vierge : un être estival, mutable, terrien, mercurien, auquel correspondent les intestins. Formule que nous pouvons traduire de la façon suivante :

Une nature ambivalente

Entre le bien et le mal, la Vierge se sent écartelée; ces deux forces la tendent en sens contraire : on dit d'elle qu'elle a une nature ambivalente. La Vierge est un être responsable, efficace, qui, devant le travail, élimine méthodiquement les difficultés, tel Richelieu qui «élimina» les éléments non assimilables par le royaume comme les protestants, afin d'organiser la France sous la seule éthique monarchique.

Richelieu

Armand Jean du Plessis de Richelieu

(09 septembre 1585 - 04 décembre 1642)

Un autre exemple : Colbert, qui exprime les aptitudes au travail et l'organisation du type Vierge, ne relâchait pas son attention durant seize heures par jour. Il voulut remettre de l'ordre dans les affaires de la France : il fit rédiger un code de Commerce, réglementa la manufacture, développa l'agriculture et l'industrie et créa plusieurs académies (dont on sait qu'il exclut l'astrologie!). Ayant au plus haut point le sens de la gestion, il tente de faire prendre conscience au roi Louis XIV de l'inutilité de certaines de ses dépenses. «Je déclare à Votre Majesté qu'un repas inutile de 1000 écus me fait une peine incroyable!»

Colbert

Jean-Baptiste Colbert

(29 août 1619 - 06 septembre 1683)

Une pensée méthodique qui n'affirme rien sans preuve

On l'imagine facilement, ou plutôt on le déduit, le type Vierge fit beaucoup de savants, d'hommes qui cherchèrent au-delà de l'apparence des choses. Puis, ayant trouvé l'ordre dans lequel elles s'inscrivent, le chercheur Vierge les classe méthodiquement afin qu'elles soient compréhensibles à la logique : c'est Lavoisier, le créateur de la chimie moderne, qui en dressa la nomenclature; c'est Cuvier, qui fit une classification rationnelle du monde animal.

Nous pourrions ainsi symboliser la pensée Vierge par un microscope ou une horloge.

Lavoisier

Antoine Laurent Lavoisier

(26 août 1743 - 8 mai 1794)

 

Georges cuvier

Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier, dit Georges Cuvier

(23 août 1769 - 13 mai 1832)

L'amour inquiet

Quel est l'être qui libérera le type Vierge de son inquiétude naturelle, le rassurera, saura le traiter avec toute la délicatesse et le tact que sa sensibilité introvertie n'ose pas demander. Loin de lui les grands élans superficiels, le lien se fait par une même communion d'idées : l'amour est quelque chose qui s'apprend. Le type Vierge étudie longtemps celui ou celle qui pourrait être destiné à lui faire faire les premiers pas : on ne viole pas « le cœur d'une Vierge ». Et, d'ailleurs, ne lui reste-t-il pas toujours ce sentiment de viol quand il a soulevé le voile de sa pudeur? Toutes les Vierges ne sont pas comme Saint-Just, l'austère célibataire. Leur nature ambivalente peut les entraîner soudainement vers des désirs qui se révèlent très proches de ceux des Scorpions.

St juste

Louis Antoine Léon de Saint-Just

(25 août 1767 - 28 juillet 1794 [ 10 thermidor an 2 ] )

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La Vierge dans la littérature

Ce n'est pas seulement par son appartenance au signe de la Vierge que l'on peut dire de la pensée goethienne qu'elle est ambivalente, car Goethe avait dans son thème d'autres indices de cette tendance : une Lune placée en Poissons, le rendant sensible à multiples harmonies, faisait face à un Soleil en Vierge, qui l'exhortait à la recherche de l'ordre. Pour comprendre et soutenir cette dichotomie, son « moi » à l'ascendant était trempé de la force saturnienne dans le signe du Scorpion. C'est ainsi qu'il sut allier la science à l'art. En effet, on connaît plus souvent l'auteur de poèmes, des « Souffrances du jeune Werther » ou de « Faust », et l'on oublie sa découverte de l'os intermaxillaire ou sa théorie des couleurs. Déjà, dans sa jeunesse, il avait ce goût, que l'on reproche parfois aux Vierges, de classer, collectionner, ranger jusqu'à la manie. Toute sa vie, il fut en quête de la vérité : « Toute ma vie, je me suis comporté loyalement envers moi-même et envers les autres, et, dans toute l'agitation terrestre, j'ai élevé sans cesse mes regards vers le haut. » Si dans une première partie de son existence, celle où il a écrit « Les Souffrances du jeune Werther », il a plus exprimé les sentiments de sa Lune en Poissons, dans la seconde partie, le pôle Vierge lui a donné la force nécessaire pour dominer son inconscient. Le Soleil en Vierge est son idéal, il l'appelle à la perfection, à la sagesse éternelle, et lui demande un perpétuel effort pour vaincre sa sensibilité. «Du pouvoir qui entraîne tous les êtres, seul se libère l'homme qui se maîtrise», dira-t-il dans les Mystères. C'est son éternelle inquiétude intérieure qui le pousse à chercher l'équilibre de son être et à se perfectionner toujours plus. Bien souvent, on lit sous sa plume l'expression de cette tension: «Mon inquiétude, mon impatience, mes efforts, mes recherches, mes réflexions, mes hésitations...» Il remet en question ses talents ou la valeur de son travail : « j'ai écrit toutes sortes de choses, relativement peu, et au fond rien », dira-t-il après le premier Faust. À la veille de ses trente ans, il fait un véritable acte de conscience dans son « Journal » : il y mesure sévèrement l'utilité de son travail accompli jusque-là, il constate tout le temps qu'il considère avoir perdu et prend des résolutions pour bien employer celui qui lui reste à vivre. Jusqu'à la fin de sa vie, il veut garder une conscience claire et juste de sa valeur, jamais il ne se laissera emporter par le succès, il garde toujours une grande humilité : « Mais si nous voulons être loyaux, qu'avais-je donc vraiment en propre sinon la capacité et l'inclination de distinguer et de choisir.» Il n'affirme rien sans preuve et la preuve pour lui ne peut être que le résultat de l'expérience, elle-même fruit de travail et de peine. Même au sujet de Dieu, alors qu'il veut croire, le doute l'assaille et il cherche à en trouver le chemin par des voies intellectuelles. Toujours incertain, il remet en cause périodiquement les approches ou les conclusions auxquelles il est arrivé. Il pense que toutes contiennent une parcelle de vérité qui dépend du tempérament de l'être, de son occupation et de son âge : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon père.» Peu importe la nature de la foi, qu'elle soit polythéiste ou panthéiste, Dieu reconnaîtra ceux qui ont répondu à une exigence morale. Et sa morale passe par une reconnaissance des limites de l'être : «L'homme n'est pas heureux avant que son effort indéterminé se soit fixé à lui-même ses limites»; mais aussi par l'oubli «de soi-même dans une activité qui soit pour l'être un devoir et pour la société une utilité». (La Vocation théâtrale de Wilhelm Meister). Goethe était très conscient de la difficulté que l'homme éprouvait à ne pas faillir et à résister aux forces antagonistes qui le déchirent. Le type Vierge, plus que tout autre signe, ressent inlassablement cette tension du bien et du mal : « [...] deux âmes, hélàs ! habitent en mon sein ». Avec la puissance et la perspicacité d'un ascendant Scorpion, Goethe exprimera dans Faust cette tension d'un Soleil Vierge qu'est l'éternel problème entre le bien et le mal.

Goethe

Johann Wolfgang Goethe

(28 août 1749 - 22 mars 1832)

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La Vierge dans la peinture

Les deux grands maîtres du classicisme en France au XIXème siècle, David et Ingres, sont Vierges tous les deux.

David était le peintre officiel de Napoléon, qui lui demanda de représenter les principales phases de son règne. Mais excellant dans ce rôle, il en perdit probablement une certaine personnalité sur le plan artistique : ses œuvres étaient au service d'un idéal politique mais aussi d'un régime qu'il exaltait. Il prit les thèmes de l'histoire romaine pour traduire les vertus morales que l'époque honorait. Dans l'un de ses tableaux, le « Serment des Horaces », il répond parfaitement à l'appel de ses contemporains, mais exprime probablement aussi les valeurs qui étaient les siennes. La ligne est précise, le dessin impitoyable, il s'en dégage une maîtrise et une certaine dureté, autant dans l'art avec lequel il a été exécuté que par les émotions qu'il refuse. Au second plan, on voit des femmes pleurer, mais l'inflexibilité des guerriers n'y porte aucune attention. Ils sont tout entiers à leur destin, au destin qu'ils vont servir.

Le serment des horaces

"Le Serment des Horaces" - 1785 - David

David

Jacques-Louis David

(30 août 1748 - 29 décembre 1825)

Il fut reproché à David son manque de sentiment, sa froideur; qu'en pensait David ? Et ceux qui critiquent David sur ce plan, n'ont probablement pas la même perception du monde que lui. Qui sait si David n'avait pas l'impression de se trahir ou de se dévoiler. L'image qu'il avait de l'univers était autre chose que les épanchements de l'âme : dans « Marat assassiné », l'artiste s'est montré moins pudique, on y perçoit les aspirations secrètes et souvent informulées de la symbolique Vierge. Au-delà de l'actualité du meurtre, on pressent une aspiration vers la transcendance. Le fond du tableau est sombre, incertain; il s'en dégage une insondable profondeur. L'œuvre réunit à elle seule le réalisme de la vie (par la mort) et l'inaccessible idéalisé par le noir, qui expriment l'ambivalence Vierge.

Marat assassine

Marat assassiné - David - 1793

Ingres était son élève, il perpétua l'académisme de son maître. Pour peindre les personnages illustres de l'époque, il empruntait des portraits anciens. « La Grande Odalisque », exécutée pour Caroline Murat, sœur de Napoléon I , semble détachée du quotidien. Mais ici aussi, sous une autre forme, se traduit la dualité de la Vierge : l'excès de détachement, le regard froid et distant ne créent-ils pas une certaine excitation que l'artiste semble justement mépriser ?

La grande odalisque

"La Grande Odalisque" - 1814 - Ingres

Ingre

Jean-Auguste-Dominique Ingres

(29 août 1780 - 14 janvier 1867)

Les peintres Vierges ne se sont pas qu'exprimés au travers d'un strict classicisme. L'un des plus grands préromantiques allemands, Kaspar David Friedrich, était du même signe. Son art inquiet et tourmenté nous permet peut-être de comprendre certaines attitudes de la Vierge : « L'art se présente comme médiateur entre la nature et l'homme. Le modèle est trop grand, trop sublime pour pouvoir être saisi ». Dans « Le moine au Bord de la mer », n'est-ce pas l'homme en face de l'inaccessible, la condition humaine réduite à ses limites, face à l'infini? Une question semble se poser : l'être humain a-t-il les moyens de faire coïncider sa présence au monde avec l'éternité. Comment rendre cohérentes ces deux dimensions? Le monde de l'inconscient est un monde qui attire inexorablement bien des types Vierges. Mais comment l'atteindre sans tomber dans des abîmes qui nous feraient perdre pied ?

Moine au bord de la mer 1808 1810

"Le Moine au bord de la mer" - Vers 1808-1810 - Friedrich

Caspar david friedrich Caspar David Friedrich

(05 septembre 1774 - 07 mai 1840)

Trois personnages dans « Les Falaises de craie de l'île Rûgen » semblent nous donner trois éléments de réponse : le premier est une femme assise, dont la main gauche se retient aux racines d'un arbre, et la main droite dirigée vers les roches blanches semble interroger naïvement l'infini. Roches abruptes, d'un blanc virginal, qui se hérissent entre la terre ferme et le bleu du rêve ou la mer de l'inconscient. Le deuxième est un homme à plat ventre, à peine levé sur les bras, qui n'ose regarder le spectacle grandiose : en est-il capable, le risque n'est-il pas trop grand de quitter la terre ferme? Mais surtout, quelqu'un ne pourrait-il pas le surprendre : il a posé près de lui chapeau et canne, signes de son appartenance à une certaine société. Le troisième regarde, les jambes solidemment plantées au sol, il reste attaché au sol mais n'a plus l'inquiétude des deux autres : il a atteint peut-être la sérénité. Ces trois êtres pourraient symboliser les trois âges de la vie devant l'inconnu (ce que Friedrich a souvent représenté dans ses œuvres).

Falaises de craie a rugen 1818

"Les Falaises de craie de l'île Rûgen" - Vers 1818 - Friedrich

Un autre tableau, « Homme et femme contemplant la Lune », traduirait le sens du destin : avec l'arbre enraciné, qui est le monde des croyances, et l'arbre déraciné, qui est celui de la mort de l'individu, un même symbole exprime les deux antipodes de l'existence.

Femme et homme en contemplant la lune 1824

"Homme et femme contemplant la Lune" - Vers 1824 - Friedrich

Il faut une grande maturité d'esprit pour accepter le destin exprimé par Friedrich : un chemin où l'on ne rencontre que d'éphémères croyances et qui nous conduit indubitablement à la mort. Le destin est-il cette impossible atteinte des montagnes de la vérité « éternelle » ?

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La Vierge dans la musique

L'œuvre de Bruckner est mal connue du public. L'homme était Vierge et sa timidité naturelle l'empêcha de se mettre en avant ou tout simplement en valeur.

Toujours insatisfait de lui-même, il travaillait et retravaillait ses partitions.

Allant de déception en déception sur le plan sentimental, il sublima sa souffrance dans l'art. Un art qui transcrit sa quête de Dieu. La « IX ème Symphonie », qui restera inachevée, exprime son aspiration mystique.

Bruckner traduit cet autre aspect de la Vierge : « pour porter fruit, il faut que le grain meure » : ayant pressenti la véritable destinée humaine, l'être peut se détacher de la matérialité et porter le sens du sacrifice à un niveau extrême. Marqué par la douleur, en proie à l'éternel doute, Bruckner se sublime dans le travail tout en gardant une grande humilité. Il demandait à la Vierge Marie de le soutenir et de l'aider à se transcender. Sa vie se trouve d'ailleurs souvent en relation symbolique avec le mois d'août : c'est soit l'époque où il publie une œuvre, soit le moment où il demande la main d'une jeune femme, qui lui sera toujours refusée. Désenchanté par la vie quotidienne, tout à la fois il se consacre à ses élèves, compose assidûment et demeure simple organiste dans l'église dont il dépend. Sa musique exprime son amour de l'absolu divin avec une tension souvent inégalée.

Anton bruckner

Anton Bruckner

(04 septembre 1824 – 11 octobre 1896)

 

"La Symphonie no 9 en ré mineur" - Dernière symphonie d'Anton Bruckner

Quant au « Dodécaphonisme » de Schönberg, il traduit apparemment, sous une autre forme, une expression du type Vierge; sa musique est dépouillée de tous rapports affectifs; les sons, les accords en série n'expriment guère la spontanéité. Pour la comprendre, au-delà de l'apparence, il faut chercher derrière les sons, ce qui fit dire de la composition de Schönberg qu'elle était intellectuelle : « J'aime mieux composer comme un intellectuel que comme un imbécile », répond-il.

Arnold schonberg

Arnold Schönberg (Schoenberg)

13 septembre 1874 - 13 juillet 1951

 

Quelques mesures de Schönberg

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Beaucoup de symboles jalonnent le mythe d'Isis, à la recherche de son mari disparu : Isis cherche à rassembler les morceaux du corps d'Osiris, dispersés par Seth, le dieu des Ténèbres. Après les avoir réunis, et alors qu'Osiris revient à la vie, Isis découvre l'importance d'Horus, son fils, qu'elle a porté en son sein. En Grèce, ce mythe correspond à celui de Déméter. Il nous semble exprimer la quête de la pureté dans le monde extérieur puis sa découverte en soi-même. N'y a-t-il pas certaines correspondances avec la Vierge?

ASTRAL 2000 – Gérard – Avril 2017

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