LE CANCER

(22 juin – 22 juillet)

Mots-Clés : Cancer, Lune, Kafka, Proust, Hemingway, Saint-Exupéry, Chagall, Rembrandt, Modigliani, Malher

Le Cancer est un signe cardinal

 

LA SYMBOLIQUE DU CANCER

Le Cancer est un animal aquatique. C'est un crustacé qui vit dans une carapace protectrice. Il possède des pinces puissantes. Il se cramponne aux rochers. Le crabe est un symbole lunaire ; comme la Lune, il marche soit en avant, soit en arrière.

Dans certains Zodiaques, il est souvent représenté sous les traits d'un enfant (le dieu Horus en Egypte).

Juillet: le début de l'été

Le Soleil est au zénith, le plus haut point dans le ciel : c'est le solstice d'été. C’est la période du cycle de la nature où les jours semblent s'éterniser : ils sont les plus longs de l'année. Les températures sont élevées, il commence à faire très chaud. Les arbres portent de beaux fruits. Les animaux se dorent au soleil. C'est la fin du printemps, l'été commence.

La source de l'émotivité

Le Cancer initie le signe zodiacal des signes d'eau, c'est l'eau cardinale : la source, l'émotivité, après vient l'eau fixe du Scorpion (les marais de l'inconscient), puis l'eau mutable des Poissons (l'océan de la spiritualité).

Dans l'eau cardinale, les émotions s'inscrivent du « premier jet » et coulent intensément dans son être : c'est souvent la première impression qui est la bonne. Le Cancer est un être hyper-émotif; il a un regard doux, mais exprimant une certaine crainte; la caractériologie en fait un surémotif lymphatique.

L'eau du Cancer est la source qui naît, jaillissant de la terre. Source qui ne tarit pas. Son cours passe rapidement, de roche en roche, en épousant leurs formes.

La Lune, sa planète

La Lune gouverne le Cancer. La Lune qui reflète la lumière du Soleil, le pôle de la connaissance conceptuelle et rationnelle et qui lui donne l'intuition. Les valeurs du Cancer sont tellement associées à celles de la Lune qu'on parle souvent de « type lunaire » ou de caractère lunatique quand on cherche à le comprendre.

Dans la mythologie grecque, trois divinités correspondant aux phases lunaires ont incarné la Lune; les découvrir, c'est tenter de percevoir un peu mieux les tendances cancériennes. Le symbole de la nouvelle lune : le croissant lunaire, soit tourné vers le ciel, soit vers la terre, fut incarné par Artémis-Diane, Diane chasseresse, courant à travers monts et forêts, toujours indomptée : elle était la sauvage déesse de la Nature.

« Oh! mon père », dit-elle un jour à Zeus, « accorde à ta fille de rester toujours vierge.»

Depuis ce jour, Artémis fut armée d'un carquois et d'un arc symbole de vertu : « Reine des forêts, l'impétueuse chasseresse n'eut de plaisir qu'à poursuivre et traquer les fauves. » (Mario Meunier).

Artémis châtie impitoyablement les femmes adultères. Mais elle protège les femmes enceintes, c'est la déesse des Enfantements, à qui l'on offre des sacrifices et des bêtes sauvages.

La phase de la pleine lune est symbolisée par Séléné-Hélène. C'est Hélène à la beauté transparente qui jeta le trouble chez Europe par la multiplicité de ses prétendants et que Pâris enleva.

À la Lune obscure, dans les nuits les plus noires, fut associée Hécate, déesse des Morts, qui règne sur l'Hadès et guide dans l'initiation. Ses attributs sont les poignards, les serpents et les clés de l'Hadès.

Dans sa course à travers les ténèbres, Hécate apparaît avec une torche à la lueur fumeuse et livide. Elle était invoquée lors des rites magiques.

Les seins et l'estomac

La partie du corps correspondant au Cancer est le sein maternel : c'est en son sein que la mère porte son enfant. Les valeurs principales du Cancer sont les valeurs maternelles de protection et de tendresse.

Lié à la fécondité et au lait qui est la première nourriture, le sein est associé aux images d'intimité, d'offrande, de don et de refuge. C'est aussi les valeurs de sécurité : le Cancer aime protéger et être protégé, pour à la fois « nourrir » et trouver un refuge à son intimité.

L'autre partie du corps lui correspondant est l'estomac. Il abrite les fonctions digestives qui affaiblissent la tension et portent parfois au sommeil.

Aux valeurs maternelles s'ajoutent les valeurs de rêve, de la mémoire et des souvenirs.

 

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LE NATIF CANCER

Nous rencontrons deux types de Cancer : le type « croissant tourné vers le ciel », qui se libère de son monde intérieur en chassant des images dans une vie nomade, ou le type « croissant tourné vers la terre », qui subit son monde intérieur, chassant des images dans une vie sédentaire.

Le natif Cancer est un être intuitif. Les motivations du Cancer remontent souvent à son enfance, elles sont lointaines et inconscientes. Il  ne se défait pas d'un inconscient riche et fécond en images, c'est un être très inventif. Ses émotions changent au contact des êtres, varient avec les paysages qu’il côtoie ; bohémien de l’imaginaire, il peut être instable.

Le Cancer a soif de pureté, il ne veut pas voir le mal. Comment comprendre l'apparence extérieure passive du Cancer, si l'on ne sait pas que c'est sur le plan intérieur qu'il déploie la plus grande partie de son énergie.

Animé d'une âme vertueuse, il s'emploie à chasser les monstres, les fauves ou les idées noires de son inconscient, et peut-être est-cela le secret de sa souffrance ?

Ce natif Cancer reste très attaché à la famille, aux traditions et aux coutumes; il ne supporte pas d'être trompé. Il sait se sacrifier pour ses enfants, c'est le signe le plus maternel.

Le Cancer dégage une impression un peu trouble d' «être toujours en devenir», dont il n'a pas conscience; il semble insaisissable comme un reflet et incite les autres à s'emparer de lui.

Quand il a failli à sa morale, le Cancer est rongé de remords, mais ses états ne durent pas; ils sont la préparation à une nouvelle naissance : comme la Lune, les phases de son âme poursuivent un cycle de mort et de renaissance.

Le Cancer est lié au monde par les voies irrationnelles ; il se sent porteur d'une « connaissance indirecte» (la Lune reflet du Soleil) inexplicable par la logique.

Ces fondements nous donnent la formule zodiacale du Cancer : un être estival, cardinal, aquatique, lunaire auquel correspondent le sein et l'estomac.

 

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Ces valeurs symboliques tendent à lui donner :

Une nature à la fois instable et obstinée

Trois Cancers : François II, l'époux de Marie Stuart; Mazarin et Henry VIII, qui semblent bien différents; pourtant, chacun à sa façon en trahit quelques aspects :

François II, que l'on appelait « le roi sans vice et sans vertu», nous montre la face douce et indolente de son signe ; son frère Charles IX était du même signe, il mourut hanté par les atrocités de la Saint-Barthelérny qu'il avait laissées commettre. Tous deux étaient fils de l'autoritaire Catherine de Médicis et le pouvoir était en fait aux mains de leur mère.

Mazarin, ministre de Louis XIII, traduit les valeurs de son signe dans une politique de protection de la France contre le monde extérieur.

Enfin, Henri VIII montrera tout à la fois l'obstination du Cancer et son caractère lunatique plein de revirements. Inspiré peut-être par Artémis, il défendait une tradition, mais pas n'importe laquelle, la sienne.

Dans la lignée des traditionalistes, il nous faut citer aussi le très catholique Ferdinand de Bohème qui persécuta les protestants par attachement à son culte.

Une pensée sensitive

« Je sentis avant de penser ». L'idéal de Rousseau (simplicité, vertu, liberté) ne lui est pas inspiré par une logique discursive mais par le sentiment. C'est cette façon toute cancérienne d'appréhender le monde qui influença la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en France et inspira au travers du Contrat social nombre de révolutions à l'étranger. L'idée fondamentale reposait sur le principe de la bonté naturelle de l'homme, qu'il fallait protéger par des institutions adéquates. Toute sa vie, Rousseau s'est attaché à défendre les valeurs traditionnelles de la liberté. L'écrivain laisse revenir à sa mémoire ses souvenirs d'enfance qu'il veut protéger contre les vices de la civilisation. Dans les Confessions ou dans les Rêveries du promeneur solitaire, il nous renvoie l'écho de ses résonances intérieures.

La pensée du cancérien est une pensée par reflets, comme celle des soirs de pleine lune où les lacs font miroir à l'astre de la nuit.

Le cœur romantique

C'est le cœur d'un enfant à la recherche du don total, que l'on retrouve chez Saint-Preux amoureux de Julie d'Étranges (La Nouvelle Héloïse); c'est un cœur qui n'oublie pas : « 0 Julie, il est des impressions éternelles que le temps et les soirs n'effacent point. La blessure guérit mais la marque reste. »

Le Cancer fait partie de ces êtres dont le cœur ne se cicatrise jamais tout à fait et qui laissent couler le sang des blessures qu'on leur a infligées.

L'idéogramme du Cancer

L'idéogramme du Cancer pourrait être comparé à un embryon recroquevillé dans l'utérus : un être en devenir. Mais, symboliquement, c'est la rencontre des contraires polaires qui tournent l'un autour de l'autre dans un circuit fermé afin d'engendrer une nouvelle entité : le Cancer est un être fécondant.

 

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LE CANCER DANS LA LITTÉRATURE

 

Franz "Anshel" Kafka (03 juillet 1883 - 03 juin 1924)

Pris dans le dédale de son monde intérieur, Franz Kafka n'a cessé de s'expliquer avec lui. Il parcourt les méandres de son imaginaire : mais aucun sentier ne mène à un refuge pour abriter sa solitude d'être. Les thèmes de ses romans, la plupart inachevés, pourraient être les scènes d'une dramatique cancérienne : Le Procès, une procédure sans fin avec soi-même; Le Château, la recherche d'un sol où s'implanter et vivre une tradition qui pourrait se traduire par la quête de ses origines pour donner un sens à son moi profond; La Muraille de Chine, des gens qui semblent se livrer à un travail absurde en bâtissant une muraille dont ils ont perdu le plan initial, n'est-ce pas la parabole de l'angoisse de l'oubli qu'un être cherche à conjurer ?

Avec l'étonnement d'un enfant, Kafka nous a conté les images qui défilaient sur l'écran de sa solitude : une telle sensibilité intérieure pouvait-elle trouver un écho dans le monde extérieur ?

Marcel Proust (10 juillet 1871 - 18 novembre 1922)

Par sa vie d'abord, Proust a exprimé les deux tendances du Cancer : dans un premier temps, vagabond des cercles mondains, il oublie le temps en futilités, pour le reconstituer et le revivre intensément dans un deuxième temps, où il entreprend d'écrire La Recherche.

Par son œuvre, il nous fait pénétrer dans le monde du Cancer, où tout est prétexte à la mémorisation : « Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. » C'est à la saveur d'une madeleine plongée dans une tasse de thé qu'il doit la présence de ses souvenirs. Peut-être pourrions-nous suggérer que la valeur nutritive d'une madeleine lui permet de « digérer » à nouveau sa vie passée tandis que l'eau du thé le replonge dans des sensations diffuses?

« Un enfant qui n'a pas fini de naître [...] toujours revenant à la pulpe maternelle », dira Alain en parlant de Proust. Celui-ci est toujours resté attaché, voire assujetti, au sein maternel : « Ma seule consolation quand je montais me coucher était que maman viendrait m'embrasser quand je serais dans mon lit. »

 

Ernest Miller Hemingway (21 juillet 1899 - 02 juillet 1961)

Hemingway, l'auteur de « En avoir ou pas » (thème de l'indécision), était aussi Cancer. Son œuvre s'identifie à sa vie : il ne cesse de se raconter dans ses romans. « C'est la part d'une enfance en mal d'émancipation imaginaire », écrira Guy Dumur.

 

Antoine de Saint-Exupéry (29 juin 1900 - 31 juillet 1944)

Enfin, qui n'a pas lu Le Petit Prince de Saint-Exupéry, ce conte pour enfants qui s'adresse aux adultes? « Comment se faire un ami ? » demande le petit Prince, errant de planète en planète, sans pouvoir briser sa solitude spirituelle.

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LE CANCER DANS LA PEINTURE

 

Marc Chagall, né Moïche Zakharovitch Chagalov (07 juillet 1887-28 mars 1985)

Ce qui nous attire dans la peinture de Chagall, n'est-ce pas la saisie d'une existence hors du temps réel ? Ou bien n'est-ce pas tout simplement cette façon d'avoir su nous restituer nos images enfantines avec toute la nostalgie de l'âge adulte ? Ses toiles nous content un passé merveilleusement présent et la magie de Chagall est peut-être dans cette mutation du temps : seules les couleurs nous rappellent qu'il ne s'agit que d'un rêve. Des bleus, des verts, des roses que nos nuits auraient pu inventer et que nos réveils embrumés ramènent à notre mémoire. Pourquoi les pendules n'auraient-elles pas des ailes, pourquoi les vaches ne seraient-elles pas bleues, si notre monde intérieur les vit ainsi ? Chagall a illustré les fables de La Fontaine, un autre Cancer, que les enfants apprennent à l'école, et que les adultes ne peuvent oublier.

 

Marc Chagall – « La pendule à l’aile bleue » (1949)

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Rembrandt van Rijn « Rembrandt » (15 juillet 1606 ou 1607 - 04 octobre 1669)

« Nul art, jamais, ne lança un aussi pressant appel à transgresser le visible pour accéder à l'invisible », nous dit René Huyghes de Rembrandt, autre Cancer. Le Philosophe en méditation, Faustus ..., les personnages de Rembrandt semblent porteurs d'un message qu'une mystérieuse lumière envoie vers eux : ils sont lunarisés et apparaissent eux-mêmes comme le reflet des lueurs de la lune. Ils incitent les êtres à les questionner, mais la connaissance qu'ils ont reste du domaine de l'indicible, c'est une connaissance intérieure, longuement mûrie, qui n'est pas de l'ordre de la logique : c'est le langage de l'âme. Ses sujets sont dans le deuxième versant de la vie, prêts peut-être à nous quitter, emportant avec eux leur secret. Une infinie tendresse et une infinie tristesse se dégagent de leur regard, posé sur nous et nulle part : ils sont insaisissables. On devine que ces regards sont le reflet d'un long voyage intérieur : ces personnages semblent n'être plus atteints par la réalité du monde extérieur et nous incitent imperceptiblement à regarder en nous-mêmes. Et pourtant, nous ne répondons pas à leur appel, car nous ne pouvons pas nous détacher d'eux: ils nous envoûtent. Rembrandt était Cancer.

« Le Philosophe en méditation » - Rembrandt – 1632

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Amedeo Clemente Modigliani  (12 juillet 1884 - 24 janvier 1920)

Modigliani, dont la vie est une errance, promenait ses inquiétudes de Cancer et son ivresse noctambule de café en café. Les lignes de ses sujets sont flexibles et frêles, elles touchent notre sensibilité, mais la douceur et la nonchalance de leurs attitudes nous les rendent insaisissables : des visages au « regard d'eau » dont les bleus nous renvoient les reflets d'un monde imaginaire. Comme étonnés d'être, les personnages de Modigliani nous posent des questions informulées, auxquelles nous ne savons répondre.

« Fillette en bleu » - Amedeo Modigliani - 1918

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LE CANCER DANS LA MUSIQUE

 

Gustav Mahler (07 juillet 1860 - 18 mai 1911)

« Vous aimez votre mère, l'avez recherchée dans chaque femme », c'est ainsi que Freud s'adressa à Mahler, venu s'entretenir avec lui. Cancer, Mahler accusait les symptômes caractéristiques de son signe : la fixation maternelle. Il en a aussi les traits physiques : un regard doux et rêveur. Nulle part il ne se sent véritablement accepté : « Partout un intrus, nulle part désiré.», disait-il de lui-même. Aussi cherchera-t-il en divers pays un coin pour abriter sa solitude et sa souffrance intérieures. Sa musique est celle d'un « mélodiste intime » qui, à base de lieder -ballades ou romances allemandes-, cherche à faire passer ses émotions, ses sensations. Pleine de nostalgie du passé, il tente de retenir le temps en de longues symphonies que l'on a souvent jugées interminables. La musique était pour lui le meilleur rempart à l'agression extérieure qu'il avait du mal à supporter : elle lui permettait de se « bâtir un monde à lui », expression toute cancérienne. Ce monde intérieur s'élaborait surtout en été : « Je suis un compositeur d'été. » La plupart de ses œuvres en effet virent le jour en ces périodes estivales. « Je laisse derrière moi une œuvre non pas achevée, terminée comme je l'avais rêvé, mais imparfaite, incomplète : tel est le destin de l'homme. » Comme l'être en perpétuel devenir qu'il était, Mahler nous a laissé une œuvre avec des points de suspension : tant dans l'expression, où certains passages semblent arrêter le temps, que dans sa réalisation inachevée.

Mahler « Lieder eines fahrenden Gesellen »  (Chants d'un compagnon errant) - 1896

Dans la préface du Petit Prince, Saint-Exupéry nous dit : « Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants (mais bien peu d'entre elles s'en souviennent), je corrige donc ma dédicace : A Léon Werth, quand il était petit garçon ».

Peut-être aussi à de nombreux Cancers qui ont si bien entendu le Petit Prince ...

Le Petit Prince

ASTRAL 2000 – Gérard - Mars 2017