TRANSES ET ÉTATS DE CONSCIENCE MODIFIÉS

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Transe chaman mongol

Chaman en Mongolie

Il existe plusieurs formes de transe, état mental anormal caractérisé par une certaine dissociation de la conscience. Les plus connues du profane sont les transes hypnotiques et médiumniques, mais il y en a encore d'autres provoquées par les drogues, la musique et la danse et, au sens littéral du terme, par des centaines d'autres choses. Toutefois, à la base, tous les types de transe sont identiques. Les différences portent sur leur intensité, allant de la «transe légère» d'une personne qui peut se rappeler tout ce qui s'est passé pendant son état anormal jusqu'à la possession extatique du fidèle du vaudou qui ne se rappelle rien de ce qui s'est produit alors qu'il ou elle était «sous l'emprise » d'une divinité. Il faut noter également des différences de modes de comportement culturel, mais, en dépit du fossé apparemment large qui sépare, disons, les actes d'un prêtre umbanda dansant frénétiquement au Brésil et le maintien digne et les déclarations solennelles d'un oracle tibétain, ils vivent tous deux la même expérience: une dissociation de la conscience et une ponction opérée sur les couches subliminales du cerveau.

Il n'est pas douteux que les premiers hommes ont découvert la transe par hasard; la commotion provoquée par un coup sur la tête est, en effet, souvent liée à un état qu'on ne peut distinguer de la transe - un état dans lequel la personne a une partie de son cerveau «séparée» du reste. Elle peut continuer de parler et de se mouvoir, ou être à demi-comateuse, agir d'une façon absolument compatible avec son mode habituel de comportement ou d'une manière considérablement différente mais, dans la plupart des cas, elle ne gardera pas le souvenir intégral de ce qui s'est produit pendant la période de dissociation. C'est sur ce phénomène, pas entièrement compris de nos jours et totalement mystérieux pour l'homme primitif, que repose probablement la théorie selon laquelle l'âme, pendant la transe, quitte le corps, qui se trouve alors provisoirement occupé par un autre locataire: dieu, démon ou fantôme.

Une fois admise la valeur de la transe en tant que moyen de contact entre les êtres humains et les forces surhumaines, il était inévitable que les hommes commencèrent à rechercher des méthodes pour la provoquer délibérément. Il est possible que la trépanation - la perforation de trous dans les crânes d'hommes vivants - pratiquée habilement par les hommes de l'Âge de pierre, ait constitué une technique tendant à provoquer la transe mais, dans ce cas, elle a été remplacée par les drogues, la privation physique et les exercices respiratoires.

On croit communément que l'usage de substances psychotropes - celles qui produisent des altérations de la conscience- est particulièrement moderne. C'est une erreur, car, au contraire, le recours à ces substances à des fins de dissociation remonte très loin dans le temps. L'oracle de Delphes mâchait les «herbes d'Apollon», les chamans de Sibérie prenaient de l'amanite tue-mouches (le «champignon sacré» des théories modernes), et les héros demi-dieux de l'Inde ancienne buvaient le mystérieux soma, infusion d'amanite tue-mouches ou d’alcool. Aujourd'hui, les magiciens tantristes du Bengale continuent de fumer le haschisch en préliminaire aux cérémonies destinées à provoquer la transe, et les médiums des cultes semi-spiritualistes, semi-vaudous du Brésil, boivent de grandes quantités d'alcool de canne avant et pendant la durée de leurs transes.

On ne connaît pas très bien l'exact mécanisme psychologique qui provoque la transe, mais il paraît probable qu'un gros effort prolongé, physique ou intellectuel, imposé au cerveau, soit finalement capable de la produire. Les drogues, par exemple, la provoquent essentiellement en amenant une privation partielle d'oxygène dans le cerveau; par contre, les exercices respiratoires, qui comportent presque toujours une certaine hyperoxygénation, inonde le corps d'oxygène et prive le cerveau de sucre. C'est le moyen le plus facile de provoquer la transe et une respiration suffisamment prolongée, profonde, très rapide la produira à peu près chez n'importe quel sujet. Cette pratique, extrêmement dangereuse, ne peut en aucun cas être essayée sans examen médical préalable.

Une lecon clinique a la salpetriere 1887

Une leçon clinique à la salpêtrière - 1887

La seule photo connue de Charcot avec un malade (Photo de Pierre-André Brouillet)

La grotte de Trophonios

La transe résultant d'une privation matérielle est spécialement liée à la religion cathare et aux mouvements politiques totalitaires modernes. Dans l'Antiquité classique, les prêtres de Trophonios paraissent avoir provoqué la transe des personnes qui consultaient l'oracle en combinant le jeûne, les mauvais traitements physiques et, peut-être, les drogues. La consultation de l'oracle, la «descente dans la grotte de Trophonios», était précédée d'un séjour dans un temple consacré à la Chance. On y soumettait le sujet à un sévère régime alimentaire, avec purges et émétiques, et, pense-t-on, à l'absorption secrète d'une ou plusieurs drogues hallucinogènes. Pour commencer la visite effective de la grotte de l'oracle, qui durait, semble-t-il, environ trente-six heures, le consultant se couchait sur le sol, les pieds pendant au-dessus d'une étroite crevasse. Puis, brusquement, il y était précipité «tout comme un homme pourrait être saisi et entraîné par le tourbillon d'un fleuve rapide et puissant». Plutarque a décrit (dans Le Démon de Socrate) ce qu'il advenait ensuite. Il avait tiré son récit de celui d'un jeune étudiant en philosophie du nom de Timarchos. «Dès qu'il entrait, il était entouré d'épaisses ténèbres; puis, après avoir prié, il restait un grand moment allongé sur le sol, mais il ne savait pas s'il était éveillé ou s'il rêvait, il imaginait seulement qu'il avait reçu un bon coup sur la tête, et... son âme s'envolait…».

Cette impression de «fuite» de l'âme est typique de nombreux types de transe. Les expériences ultérieures de Timarchos paraissent être un mélange d'hallucinations et de fausse interprétation des choses véritablement vécues: «il ne voyait pas la terre, mais certaines îles brillant d'un feu doux, qui changeraient de couleur selon les différentes variations de la lumière, innombrables et très grandes, inégales mais toutes rondes ... » Cette expérience fantastique pourrait avoir été causée par un équivalent primitif du «spectacle lumineux» moderne, système souvent utilisé en liaison avec la musique «pop» et qui produit un état voisin de la transe chez la plupart des personnes qui y sont soumises. Les spectacles lumineux contemporains s'accompagnent fréquemment de bruits produits électroniquement au hasard, et il semble que les prêtres de Trophonios aient eu recours à quelque chose de semblable pour provoquer la transe: « ... un millier de hurlements et de mugissements de bêtes sauvages, de cris d'enfants, de gémissements d'hommes et de femmes, et toutes sortes de bruits terribles parvenaient à ses oreilles; mais faiblement et de loin et s'élevant par le vaste trou; et cela le terrifiait excessivement».

Après cela, une voix mystérieuse prodiguait à Trophonios un important enseignement ésotérique. Finalement, il tournait la tête pour voir qui avait parlé, «mais une violente douleur ... s'emparait de sa tête, de sorte qu'il perdait tout sens et entendement; mais il récupérait au bout d'un petit moment et se retrouvait à l'entrée de la grotte où il s'était primitivement allongé».

Hypnose

" Hypnose à Schrenck-Notzing " - Albert von Keller-1885

Par le recours à des méthodes très semblables, la police secrète des régimes totalitaires modernes, fascistes ou communistes, a réussi à obtenir des «confessions» mensongères de leurs victimes. La technique consiste à provoquer un état de transe chez le prisonnier au moyen de privations sensorielles, de privation de nourriture, d'un manque de sommeil et, avant tout, de violences physiques. Au XXème Congrès du parti communiste de l'URSS (14 février 1956), Nikita Khroutchev a donné cette définition de la police secrète: «des coups, des coups et encore des coups». Quiconque se trouve en état de transe est très suggestible; le possédé du vaudou se comporte de la façon dont ses compagnons espèrent qu'agira la divinité qui le possède; le médium spirite transmettra le genre de message «d'au-delà de la tombe» que les assistants s'attendent à entendre; et le prisonnier politique confessera à ses geôliers les crimes qu'ils souhaitent le voir avouer.

Ces méthodes peuvent être utilisées non seulement pour briser les ennemis d'un régime, mais aussi pour soutenir l'enthousiasme de ses partisans. Aux rassemblements du parti nazi à Nuremberg, on provoquait délibérément un enthousiasme hystérique, semblable à un état de transe, par le recours à des coups de tambour rythmés, aux défilés, aux bannières bigarrées, aux torches allumées, aux projecteurs placés aux points stratégiques et, le plus important de tout, à la longue et monotone litanie des Sieg Heil. Ces méthodes atteignent incontestablement leurs buts. Comme l'a dit Aldous Huxley: «Nul homme ... ne peut entendre très longtemps le tam-tam africain ou la litanie indienne ... et maintenir intacte sa personnalité critique et consciente. Il serait intéressant de prendre un groupe des plus éminents philosophes, de les enfermer dans une pièce chauffée en compagnie de derviches marocains ou d'envoûteurs haïtiens et de mesurer... la puissance de leur résistance psychologique aux effets des sons rythmés ... tout ce que nous pouvons prévoir avec certitude, c'est que s'ils sont exposés assez longtemps aux tam-tams et aux chants, tous nos philosophes finiront par gambader et hurler avec les sauvages».

Transe chaman

Chamanisme

La méthode du Z 2

Ces méthodes qui, selon Huxley, conduiraient les philosophes à gambader et à hurler, et auxquelles recouraient Hitler et ses collègues pour stimuler le goût sentimental du sang de leurs bataillons de chemises brunes, ressemblent fondamentalement à celles utilisées par des magiciens tels que MacGregor Mathers (1854-1918) et Aleister Crowley (1875-1947) pour parvenir à l'union extatique avec les dieux.

Le système de Mathers, encore largement employé par les praticiens de la magie rituelle, est décrit dans un manuscrit de la Golden Dawn connu sous le nom de Z2. Il consiste à entourer le sujet de figures géométriques et d'autres objets en couleur censés correspondre au dieu invoqué. Que ces correspondances aient un lien objectif avec le dieu ou la force invoqués, c'est ce qu'on ne trouve ni ici ni là. Pour autant que le magicien soit, dans son subconscient, absolument convaincu que ces correspondances existent, il peut aisément créer chez le sujet un état d'extrême suggestibilité ou, en d'autres termes, de transe légère auto-hypnotique. Puis le magicien, son «temple» déjà plein des senteurs d'encens, dont certains types sont franchement hallucinogènes, commence à psalmodier son invocation d'une façon aussi sonore et rythmée que possible. Ce chant, la voie juste de la «vibration magique», est considéré comme l'une des clés essentielles de la pratique réussie de la magie rituelle. La cérémonie atteint son apogée avec l'expression frénétique des «mots barbares de l'évocation», des noms polysyllabiques à étrange consonance remontant à une haute Antiquité, le sens véritable de la plupart d'entre eux étant de longue date oublié. Cela se poursuit jusqu'à la «brèche», point où se produit la dissociation de la conscience et où le magicien est possédé par le dieu qui est, croit-on, une partie détachée de son propre cerveau.

Les soleils du vert et du rouge

Des méthodes plus simples mais également efficaces de provoquer la transe sont utilisées par des initiés de la sorcellerie moderne. Voici un récit encore inédit d'un sorcier du troisième degré qui raconte sa première entrée en transe et ce qu'il a éprouvé :

«La cérémonie écrite, qui me parut un peu sentimentale et «littéraire», étant achevée, la véritable fête commença. Nous avions eu de la chance dans la mesure où X ... était un cousin du propriétaire du bois de ... (qui est complètement isolé et privé), lequel nous l'avait prêté pour la nuit. Nous nous trouvions dans un assez grand espace vide, planté présentement de conifères, à environ 800 mètres de la grande route A4. Notre feu était installé près de l'endroit où nous avions fait le cercle et, de toute façon, la nuit était chaude. Nous n'étions distraits que par le bruit des lourds camions changeant de vitesse que le vent nous apportait de la route. X ... fit jouer son magnétophone (ce n'est pas mon instrument favori) et, au bout d'un certain temps, tomba sur une chanson populaire, d'une note modale mais d'un curieux rythme 3/4, qui paraissait correspondre à notre état d'âme. Il ne cessa de le répéter et nous entamâmes une danse du serpent, sous la conduite de Diane qui jouait des bongos qu'elle s'était passés autour du cou. Au bout d'un moment, elle nous fit sauter tous les trois tours par-dessus le feu qui s'apaisait un peu. De temps à autre, quelqu'un se détachait pour prendre un verre de punch de sorcier que j'avais préalablement préparé dans le «chaudron» (en réalité, un seau à charbon en cuivre bien nettoyé). C'était une boisson relativement forte: vin rouge, alcool et herbes diverses que j'avais ajoutées en l'honneur de la déesse, mais, d'une manière ou d'une autre, toute la fatigue et l'atmosphère générale conduisirent chacun à boire beaucoup et nous en étions tous un peu affectés.

X... abandonna son magnétophone et vint participer à la danse, mais Diane continua de tambouriner et accéléra le rythme. Nous continuâmes de danser et je commençai à éprouver ce détachement du monde que l'on ressent dans de longues randonnées automobiles. J'avais conscience de tout ce que je faisais et, en même temps, je me sentais curieusement détaché de mon corps; je l'habitais encore, bien sûr, je ne l'avais pas projeté astralement, mais j'y étais seulement en observateur impartial, en simple compagnon de promenade, sentimentalement détaché. Un instant plus tard, G ..., qui était le troisième dans le serpent, quitta la danse et se jeta sur le sol, se tordant convulsivement et tentant de parler, mais n'arrivant qu'à bredouiller. L'espace d'une demi-seconde, nous hésitâmes, mais Diane, continuant de battre du tambour, nous lança: «C'est la déesse. Poursuivez la danse». Au tour suivant, je ratai mon saut, alors que nous étions arrivés au feu, et j'atterris dans les cendres qui me collèrent à la plante des pieds. Je remarquai avec surprise, mais sans intérêt, que mes pieds n'éprouvaient plus aucune sensation, pas plus le contact avec le sol que la brûlure du feu. Les seules choses qui comptaient encore étaient le tambourinage et la danse; d'une certaine manière, mon corps ne faisait qu'un avec eux.

Marche feu

Marche sur le feu

Le temps se déforma, s'allongea. Chaque pas de danse durait un siècle, chaque saut par-dessus le feu me maintenait en l'air, lévitant au-dessus du feu pendant une éternité, et durant tout ce temps, l'absence de sensation qui s'était d'abord manifestée dans les pieds remontait le long de mon corps jusqu'aux fesses, au ventre et à la poitrine. Je savais qu'elle atteindrait ma tête et elle l'atteignit en effet. Je voyais littéralement des étoiles, de grands soleils flamboyant de vert et de rouge, qui tournaient en moi. Tout s'obscurcit et ce que je distinguai ensuite, ce fut moi, étendu sur le sol, frissonnant sous une couverture, mes pieds me faisant épouvantablement mal. Pendant près d'une demi-heure, le dieu s'était servi de mon corps.»

Aleister Crawley employa des méthodes similaires de mise en transe, bien qu'elles aient été plus raffinées et orientées sexuellement. Il posa la question: «Comment peut-on parvenir à l'extase?», et répondit: «Par l'invocation de Bacchus, d'Aphrodite et d'Apollon» ou, en d’autres termes, les mots, le vin, la femme et le chant. Crowley réfléchit profondément à ce sujet et rapporta ses conclusions dans un essai sur « L'enthousiasme stimulé», qu'il publia un numéro de son propre périodique, The Equinox. Il décréta que la musique la plus efficace était celle du tam-tam (comme le pensait également Aldous Huxley) et la boisson la plus appropriée, la «coupe d’amour», infusion de mescaline (drogue hallucinogène) dans l'alcool. Les lois sur l'obscénité de l'époque l’empêchaient de publier son avis sur la façon dont il convenait d'invoquer Aphrodite, car lorsqu'il mit ses théories en pratique dans une série de rites magiques désignés collectivement sous le nom de «pratiques de Paris», les éléments sexuels des cérémonies étaient exclusivement homosexuels. Les «pratiques de Paris» semblent avoir connu un grand succès: Crowley et son disciple Victor Neuburg furent possédés en diverses occasions, ou ils le crurent, par les dieux qu'ils invoquaient. Malheureusement, la plupart des renseignements ou des leçons que les dieux transmirent par la bouche des magiciens possédés se révélèrent respectivement faux ou inutiles.

Un autre moyen de dissociation utilisé par Crowley et ses fidèles ressemble beaucoup à la technique de la «méthode» théâtrale. Les magiciens jouent des rôles dans une sorte d’allégories et s'identifient fortement à leurs rôles. Un magicien jouant le rôle de saint Jean-Baptiste, par exemple, fait de son mieux pour oublier qu'il joue et pour être Jean, avec toutes ses pensées, tous ses sentiments et croyances. Crowley écrivit une série de métaphores, The Rites of Eleusis, destinés à ce jeu théâtral. Ces « Mystères » furent un jour présentés dans une maison privée du Dorset avec Victor Neuburg dans le rôle de Mars. Neuburg entra en transe et fut prétendument possédé par cette divinité guerrière. Selon Crowley, le dieu (Neuburg en transe) réussit à prédire non seulement la guerre des Balkans de 1912, mais aussi la Première Guerre mondiale de 1914-1918.  

La transe médiumnique

Avec la renaissance de la magie en plein essor depuis quelques années, de nombreux occultistes occidentaux provoquent des transes dans les conditions indiquées ci-dessus. Mais magiciens et sorciers poursuivent ordinairement leurs activités dans des milieux secrets, très fermés et le genre de transe auquel le public a le plus facilement accès est lié à la médiumnité spirite qui, bien que moins spectaculaire, est, sous divers aspects, encore plus intéressante.

Transe afrique

Transe - Afrique

Bien entendu, la transe médiumnique est parfois simulée. Il y a toujours eu, et il ne fait aucun doute qu'il y aura toujours, des médiums truqueurs prêts à faire leur proie des familles de défunts. C'est particulièrement dans le domaine de la médiumnité à effets physiques que s’est répandue la fraude, et il faut accueillir avec la plus grande circonspection les «médiums à transfiguration» de notre époque, dont les visages se transforment prétendument en ceux de personnes désincarnées. De même que l'existence de fausse monnaie ne prouve pas qu'il n'en existe pas de vraie, il n'y a pas lieu de suspecter la bonne foi de la plupart des médiums. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut admettre les hypothèses spirites de communication avec les morts, qui ont été édifiées pour expliquer les phénomènes de médiums à transe.

Les vrais médiums semblent être des individus qui peuvent, à leur gré, obtenir une dissociation de la conscience sans passer par les efforts que magiciens et sorciers doivent s'imposer. La plupart d'entre eux disent de leur entrée en état de transe qu'il résulte du passage à travers diverses «couches de transe»; en d'autres termes, d'une dissociation progressive qui, au début, ressemble beaucoup au rêve éveillé et va jusqu'à un stade où les informations sont «vues» (clairvoyance) ou «entendues» (clairaudience). Dans quelques cas, pas dans tous, le processus se poursuit jusqu'à ce que soit atteint l'état de transe profonde. Celle-là ressemble à un sommeil agité et le médium se met à respirer pesamment, et même à grogner d'une manière presque porcine, mais il se réveille ensuite n'étant plus lui-même. C'est théoriquement une entité désincarnée, un « émetteur-récepteur » céleste, dont la fonction consiste à assurer la liaison entre le médium et les esprits. Mais en réalité, il est très probable qu’il s’agisse d’une personnalité extérieure au médium lui-même. Le médium maintient généralement à distance les autres entités communicantes, rapportant leurs remarques et leurs messages, mais il pourra lui arriver de permettre à l'une ou à plusieurs d'entre elles à se succéder dans son corps. Les résultats peuvent être spectaculaires: la façon de s'exprimer du médium et même son aspect physique se modifient profondément, et les assistants racontent qu'ils sont en train de parler à un parent ou à un ami décédé. Même dans ces conditions, il est difficile d'admettre l'hypothèse spirite bien qu'on ne puisse l'écarter entièrement, et la plupart des chercheurs sérieux croient que les entités ne sont pas des êtres désincarnés, mais des parties détachées de l'inconscient du médium.

Spirite 1

Spirites et ectoplasmes

Des psychologues appartenant à toutes les écoles de pensée se sont beaucoup intéressés, ces dernières décennies, à la transe et en ont donné leurs diverses explications. Les disciples de Wilhelm Reich l'ont expliquée comme une réaction du cerveau aux effets physiques provoqués par la mystérieuse «énergie orgone» (https://fr.wikipedia.org/wiki/Orgone), ce qui n'a pas empêché certains adeptes d'essayer de s'en servir pour entrer en contact avec leur maître décédé. Certains jungiens y voient «une descente dans l'inconscient collectif», bien que, si l'inconscient collectif existe, cet intitulé est plus une description qu'une définition. L'approche la plus satisfaisante de la transe est peut-être celle qui a la faveur des béhavioristes. Ces pavloviens modernes la considèrent comme un aspect de ce qu'ils appellent l'inhibition transmarginale (ITM), le mécanisme protecteur grâce auquel le cerveau, sous la contrainte, peut radicalement modifier la façon dont il répond aux stimuli extérieurs. Les médiums sont des gens sur lesquels il n'est nécessaire d'exercer qu'une légère contrainte pour les amener à cet état et l'inhibition est devenue chez eux une forme conditionnée de l'activité du cerveau. La personne qui vit une transe ne s'intéresse généralement pas à son mécanisme, physiologique ou psychologique, car, pour elle, seule l'expérience vécue importe.

 

ASTRAL 2000 - Gérard - Novembre 2016

 

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