LE BÉLIER

(21 mars – 20 avril)

Mots-Clés : Bélier, Mars, Zola, Moreau, Jupiter, Sémélé, Phaéton, Van Gogh, Tournesols, Vlaminck, Rachmaninov, Moussorgski, Bartók

Le Bélier est un signe cardinal

 

LA SYMBOLIQUE DU BÉLIER

Le bélier est un animal à cornes. Les cornes symbolisent la puissance et la fécondité. Il est prêt à bondir. Il fonce tête baissée, rien ne l'arrête sur son passage. Il est chef d'un troupeau.

Mars : le début du printemps

C'est l'équinoxe de printemps, les jours égalent les nuits. Mais rapidement le jour l'emporte sur la nuit, la lumière augmente de plus en plus. C'est la fin de l'hiver, la chaleur l'emporte sur le froid, les températures s'accroissent. Le soleil brille et les bourgeons éclatent de leur enveloppe. La nature s'enrichit : la sève irrigue les pousses. Au début du printemps, les jeunes pousses soulèvent la terre et jaillissent un peu partout. Les animaux s'accouplent. C'est la fin de l'hiver, une nouvelle saison commence, le printemps s'éveille.

Le feu originel

Le feu est l'élément du Bélier: l'élément d'animation et d'énergie intense, dynamique et transformateur. Il se particularise en Bélier par sa position dans le cycle zodiacal. Dans la trilogie des signes de feu, c'est le « premier feu»; le feu primordial, l'étincelle de vie, après lequel vient le feu fixe du Lion (le feu maîtrisé : la flamme de l'ego), puis le feu mutable du Sagittaire (la braise incandescente : le feu de l'esprit).

C'est le feu qui pétille, éclate, explose. Sa flamme va dans toutes les directions.  Pleine d'énergie, elle se renouvelle sans cesse.

Mars

Gouverné par Mars, dieu de la Guerre et des Combats, le Bélier veut avoir prise sur la vie.

Dans la mythologie, aux côtés de Mars, se groupe toute une série de divinités nommées : Audace, Épouvante, puis Honneur, Courage militaire, et enfin Victoire, Paix, Sérénité. Les attributs de Mars sont la lance, instrument de combat et de mort qui confère l'autorité, et la torche, symbole du feu purificateur et d'illumination. Mars est aussi l'amant fougueux d'Aphrodite. Son intrépidité et ses aventures font sourire les dieux. Un jour, il fut pris dans un filet avec Aphrodite, par Vulcain son mari; celui-ci convoqua l'Olympe pour constater le délit d'adultère et les dieux rirent à ses dépens. Même cette expérience des plus humiliantes (il y en eut d'autres) ne l'arrête pas. Il semble, pour les dieux, « n'avoir ni esprit ni âme ». Un jour, il se venge trop brutalement d'un des amants (Adonis) d'Aphrodite et l'Olympe le punit par l'exclusion.

Il sévit contre ce qui lui appartient, contre ce qui lui est consacré (Thèbes qu'il accable de guerres), contre ce qu'il aime (Aphrodite); il ne semble connaître que son agitation extérieure. Quand les géants d'Alaodès l'enchaînent et le gardent treize mois dans un cachot d'airin, il est sauvé grâce à Hermès-Mercure (l'intelligence).

La déesse qui lui inflige le plus d'échecs, est Athéna : la Sagesse. Elle dirigea le bras de Diomède qui blessa Mars ; ce dernier poussa un cri « comme celui de mille hommes » (Homère).

La tête

La partie du corps correspondant au Bélier est la tête : il marche souvent la tête en avant, avec un air décidé.

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LE NATIF BÉLIER

Le natif Bélier est un être viril, puissant et créateur. Il est impulsif et vigoureux. Il va droit au but, avec courage et audace. Il aime être à l'avant-garde des idées, c'est un précurseur, un conducteur, il a l'âme d'un chef.

Le natif Bélier est partagé entre les valeurs conscientes du jour et les valeurs inconscientes de la nuit : il n'est pas certain de ce qu'il est. Les valeurs de vie vont mettre en action les forces inconscientes : c'est un actif impulsif qui ne prend pas toujours le temps de réfléchir. Il agit avec passion. C'est un être pressé de vivre, il est incapable de ruse et peut avoir tendance à se précipiter naïvement. Il est plein de générosité et déborde d'élan vital. Aussi peut-il être tenté par trop d'entreprises et s'éparpiller. Il a l'instinct de vie et possède une grande capacité de renouvellement. Le Bélier se sent toujours concerné par quelque chose qui commence, il a l'instinct de conquête et possède un grand besoin d'agir.

Dans le feu cardinal du Bélier (feu qui s'anime constamment), l'être ressent par jets et par bonds; c'est un hyperémotif qui traduit immédiatement ses émotions par des actes. La caractériologie en fait un bilieux actif, extraverti primaire.

Le natif Bélier se motive à tout instant, il est toujours en activité. Porteur d'idées, il est un éveilleur d'esprits qui cherche à entraîner les autres.

Le natif Bélier se sent motivé par des forces contradictoires : il se sent audacieux et aime parfois effrayer les autres. Il possède aussi le sens de l'honneur. Mais ne cherche-t-il pas à atteindre l'impossible en conciliant la victoire, la paix et la sérénité? Il se bat avec confiance, ne craignant pas la défaite. C'est un être qui est prêt à se sacrifier pour la vérité. C’est aussi un être possédant une forte sexualité. On ne comprend pas les risques qu'il prend ; imprévoyant, il agit avec excès et se retrouve parfois dans des situations inextricables. Il semble inclassable. Rien ne l'arrête, il ne craint pas l'humiliation. Emporté par l'aventure, il ne s'attarde pas à expliquer ses motivations aux autres, il continue. Il semble étranger au monde ; ne trouvant nulle place pour sa vérité, il cherche un sens à la vie. Comme pour se jauger, il est capable de se détruire, afin de saisir l'essence de ses forces. Mais, au fond de lui-même, il est déjà persuadé que le feu qui l'anime ne pourra s'éteindre et que le sens de la vie est en lui. L'intrépidité du natif Bélier l'expose parfois à des situations qui semblent sans issue ; mais confiant en son intelligence intuitive, il est sûr de trouver la solution. C'est l'être des situations impossibles. Téméraire, il ne se soumet pas aux valeurs de la sagesse : les multiples dangers qu'il affronte sont autant d'épreuves du feu qui le font passer de prise de conscience en prise de conscience au risque de sa propre personne : le bras qui se dirige contre lui, n'est-ce pas le sien et ne symbolise-t-il pas le sens du sacrifice que le Bélier porte en lui? Il tend à donner son sacrifice en exemple aux autres hommes.

Les valeurs du natif Bélier sont celles de l'engagement et de l'autorité. Il est gouverné par un désir de « plus être ».

Ces fondements nous livrent la formule zodiacale du Bélier : un être de feu, mais aussi un être printanier, cardinal, martien, auquel correspond la tête.

Mais la place du Soleil dans un thème natal ne nous donne pas, à elle seule, le portrait psychologique complet d'une personne ; elle nous renseigne sur la symbolique de son idéal et la façon dont elle s'exprime. Il faut, pour sa réalisation, le concours des autres planètes forces-psychiques.

La formule zodiacale d'un Soleil en Bélier nous aide à saisir l'un des principaux aspects de son comportement : l'extériorisation de sa personnalité qui, suivant le reste du thème, se trouvera plus ou moins révélée. Cette formule, étayée d'exemples, peut se traduire de la façon suivante :

La nature d'un fonceur et d'un chef

Happé par l'aventure, il « encorne la vie », rien ne l'arrête, il se jette dans la bataille avec entêtement : la plupart des maréchaux du Premier Empire étaient nés sous le signe du Bélier, mais aussi Bismarck, Thiers et Gambetta.

Le Bélier tient tête à ses adversaires, avec opiniâtreté et parfois véhémence, c'était le combat de Gambetta contre le cléricalisme ou le poing de Khroutchev sur la table des grandes assemblées internationales. Le Bélier se sent né pionnier et entraîne les autres. On est « avec ou contre lui », mais il ne peut y avoir de demi-mesure : c'est Lénine ou Napoléon III pendant le coup d'État.

Une pensée intuitive et créatrice

Il a l'audace de la pensée qui innove et rénove; le Bélier est souvent un éveilleur d'esprit. Par exemple, la carte du ciel d'Einstein, né à l'époque du Poisson, présente de nombreuses planètes en Bélier (Mercure, Saturne, Vénus) et en manifeste de nombreuses caractéristiques dans son refus de l'indéterminisme et des lois communément acceptées, quand il découvrit la relativité.

Le Bélier fonce dans ses idées : c'est Maurras combattant la République et toute la pensée philosophique du XVIII^ème siècle, avec cette logique véhémente qui provoquera bien des remises en question. Il possède une puissance créatrice parfois destructrice, qui en fait le précurseur d'un genre nouveau : l'originalité de l'art de Charlot dans la satire de la société.

La pensée du Bélier pourrait se comparer à la lame effilée d'un couteau ou à sa pointe.

Le cœur-coup-de-foudre

Le Bélier est un passionné, l'amoureux le plus spontané, qui ne voit que l'objet de sa conquête : Casanova n'exprime pas à lui seul tout l'amour de type Bélier, mais il en traduit bien les emballements. Le Bélier est en quête d'un amour qui avive sa passion continuellement : cet absolu, sainte Thérèse d'Avila l'avait trouvé en Dieu.

L'idéogramme du Bélier

Il exprime son archétype : c'est le point gamma, intersection de l'écliptique avec l'équateur vers lequel le Soleil monte au printemps. Il marque un renouveau dans la nature. Le hiéroglyphe du Bélier stylise aussi l'impulsion des premières pousses frémissantes, leur émergence hors de la terre. Enfin, certains pourront y voir le V de la Victoire.

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LE BÉLIER DANS LA LITTÉRATURE

 

Émile Zola

L'ardeur de Baudelaire : possédé par l'inspiration, il voulait choquer, frapper les autres de son angoisse, mais sous la forme absolue de l'art. Il fut l'initiateur de la poésie moderne. On trouve dans son œuvre des thèmes Bélier, comme l'extase, l'envoûtement, le satanisme et la mysticité, qui, tous, expriment dans l'excès l'absolu d'une tendance.

La révolte du Bélier Baudelaire se fait entendre dans « Le reniement de saint Pierre » où ses vues cherchent à détruire l'ordre établi, dans l'espoir peut-être d'en créer un nouveau :

« Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait

D'un monde où l'action n'est pas la sœur du rêve,

 Puissé-je user du glaive et périr par le glaive!

Saint Pierre a renié Jésus ... il a bien fait! »

« La haine est sainte [...] haïr, c'est aimer, c'est sentir son âme chaude et généreuse [...] la haine grandit », écrit Zola (Mes Haines). L'œuvre de Zola est une lutte : dans L'Assommoir ou La Bête humaine, il décrit des vies qui saignent alors que la sienne est l'expression d'une foi ardente dans un meilleur avenir ; pour lui, la morale des temps nouveaux devait se fonder sur « la Fécondité, le Travail, la Vérité et la Justice» (cf. J’accuse). N'est-ce pas là la devise de tout Bélier?

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LE BÉLIER DANS LA PEINTURE

 

Gustave Moreau

Inclassable parce que précurseur, on qualifia de fantastique, symbolique et excentrique l'art de Gustave Moreau.

« Les qualités sont si grandes ! Les défauts si laborieusement voulus! C'est un mets pour les délicats, pour les rêveurs, les blasés, pour ceux à qui la nature ne suffit plus et qui cherchent au-delà une sensation plus âpre, plus bizarre ... » (Théophile Gautier.)

Quittant les voies de l'impressionnisme, Moreau ouvre le chemin du surréalisme : par la précision de son trait et par les sujets qu'il aborde, c'est une rencontre passionnée entre le concret et l'abstrait. Il met en scène les forces du Mal et les forces du Bien, l'inconscient et le conscient, où l'impur est représenté par la femme et le pur incarné par l'homme. Moreau nous offre une peinture apparemment virile que seule sa poésie, son goût pour les surcharges esthétiques, les décors brillants nous laissent soupçonner qu'il n'a pas encore vaincu la « femme-désir » qui l'inspire. Malgré les apparences souvent passives qu'il nous donne d'elle, on sent qu'elle exerce sur l'auteur un charme envoûtant. Tout en appelant à la pureté, elle est la tentatrice éternelle, elle est aussi le destin et la mort : il faut pour atteindre le divin compter avec elle. Comme le dieu Mars, le peintre G. Moreau a voulu concilier, résoudre, les problèmes éthiques que posaient la volupté, la justice et le courage. Sa quête est celle d'un mystique qui veut atteindre le divin en exorcisant le feu des passions qui le nourrissent : "Alors, sous cette incarnation et cet exorcisme sacré, tout se transforme, s'épure, s'idéalise; l'immortalité commence, le divin se répand en tout et tous les êtres, ébauches encore informes, se dégagent de leur union terrestre et aspirent à la vraie lumière. [ ... ] C'est une ascension vers les sphères supérieures de l'esprit, une montée des êtres épurés, purifiés, vers le divin. La mort terrestre est l'apothéose dans l'immortalité. [ ... ] Tout se transforme, C'est un hymne à la divinité." Ainsi commentait-il Jupiter et Sémélé.

Jupiter et Sémélé par G. Moreau

Jusqu'à la rencontre mystique entre Dieu et l'être humain symbolisé par Léda et le Cygne (ainsi que par Jupiter et Sémélé), Moreau nous conte les multiples entraves à cette fusion. Le sujet de Phaéton est probablement un thème qui trouve de nombreux échos au sein de l'univers Bélier : Phaéton a été élevé dans l'ignorance de sa filiation divine, apprenant qu'il est le fils du dieu Soleil, Hélios, il entend le prouver au reste du monde. Son exaltation le rend excessif dans sa quête : il demande à son père de conduire le char du Soleil ou la Lumière divine, afin d'éclairer les hommes de vérité. Son père le supplie de renoncer à son vœu car Phaéton manque d'expérience pour conduire une telle mission. Mais, lié par la promesse, Hélios consent finalement à lui remettre les rênes du char. Phaéton monte trop haut dans les étoiles, si bien que Zeus doit le foudroyer.

Phaéton par Moreau

La peinture de Moreau nous montre Phaéton vaincu par les forces qu'il voulait dominer et replongeant dans le chaos. Derrière lui se profile la roue du Zodiaque, roue de la vie qu'il cherchait à dépasser ou transmuer. Cette œuvre pourrait être l'allégorie de ces foudroyantes prises de conscience auxquelles, souvent, par leur imprudence, les Béliers sont soumis.

« Mon cerveau, ma raison me semblent éphémères et d'une réalité douteuse. Mon sentiment intérieur seul me paraît éternel et incontestablement certain. » Saisissant l'essence de ses forces, le Bélier Moreau sait qu'au fond de lui-même, le feu qui l'anime est le sens de la vie.

Créateur infatigable, on trouve beaucoup de peintres chez le Bélier : ainsi Van Gogh, qui mit toute sa « force Bélier » dans l'acharnement avec lequel il peignit ses toiles où se reflétaient l'élément feu : le soleil, les tournesols.

Van Gogh - Les Tournesols

Beaucoup de « fauves » étaient Bélier, chez lesquels s'exprime le goût des couleurs chaudes (le rouge), comme Odilon Redon ou Vlaminck. La couleur pour certains, le sujet pour d'autres, trahit l'appartenance à ce signe : c'est la violence, l'outrance d'un Goya qui, par son art, cherche à transformer l'apparence des choses. Ce sont les lignes et les formes de Max Ernst qui transfigurent la réalité pour n'en saisir que l'émergence.

Enfin, tout Bélier s'honorera de savoir que Vinci, le créateur inépuisable, était des siens !

Restaurant de la Machine par Vlaminck

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LE BÉLIER DANS LA MUSIQUE

 

Sergueï Vassilievitch Rachmaninov

En musique aussi, les Béliers expriment soit leur originalité, soit la puissance de leurs émotions.

Ne disait-on pas de la musique de Rachmaninov qu'elle éclatait? En l'écoutant, il nous semble que l'être ressent par jets et par bonds.

Rachmaninoff-Rhapsody

Moussorgski était aussi Bélier; certaines de ses œuvres, Sans soleil, Salammbô, portent des titres solaires. Il n'apprit jamais à fond la musique, mais son intuition lui fit deviner ce qu'il ne connaissait pas et lui permit d'inventer de nouvelles formes d'expression musicale. À la hardiesse et à l'originalité de son art s'ajoute une vérité humaine parfois bouleversante, comme dans Boris Godounov.

 

Boris Godounov, Op.58 - Méditation de Boris (BolchoÏ / Bolshoi) - M. Moussorgski  

 

Mais les accents Béliers se retrouvent pleinement dans le nouveau style de Béla Bartók, dont on a dit qu'il était peut-être le plus grand créateur de notre époque. Au travers des vicissitudes de sa vie, Béla Bartók n'a jamais failli à sa création. Il est difficile de classer son genre musical car il est fait de constantes innovations. Jean Hamon parle à son sujet de « l'exaltante image de l'énergie créatrice faite homme, d'influx nerveux en perpétuel jaillissement qui demeurait après son passage ... » Il refusa le succès facile des musiques de concessions, il ne voulut se laisser guider que par la sincérité et la probité de son cœur. Hongrois, il remonte aux sources de son folklore afin de retrouver les origines d'un art qui lui permette de traduire avec plus d'authenticité encore la puissance qui l'anime. Honegger dit de lui : « Bartók est le véritable représentant de la révolution musicale. »

 

Béla Bartók - Romanian Folk Dances

S'il nous fallait représenter l'univers profond du Bélier par un mythe, ce serait peut-être la quête du Graal de Perceval, qui traduit la soif des origines, la quête du feu sacré de cet archétype zodiacal.

Astral 2000 - Gérard - Janvier 2017